samedi 21 mars 2020

Semmelweis, l'apôtre du lavage des mains


Voici une rediffusion d'un article du 5 août 2012, à propos de « Semmelweis, l'apôtre du lavage des mains ».

Le Figaro.fr a eu la bonne idée de traiter cet été, l’Histoire de la Médecine, et voici dans le numéro du 5 août 2012, « Semmelweis, l'apôtre du lavage des mains ».
Ce médecin hongrois a été le premier à remarquer que les femmes ne mouraient plus en couches quand l'accoucheur se lavait les mains. Il a fini dans un asile, ses théories ayant été considérées comme insensées.
Il est difficile de croire aujourd'hui qu'au milieu du XIXe siècle en Europe, un médecin ait été ostracisé par ses confrères, banni des hôpitaux et des maternités, considéré comme demi-fou, parce qu'il prônait au personnel de se laver les mains avant…


Nommé maître en chirurgie en 1846, il devint professeur assistant de Klin, qui régnait sur une grande maternité de la ville de Vienne. Céline décrit avec brio, dans un style inimitable, la « danse macabre » de la fièvre puerpérale dans les maternités de la capitale autrichienne. Cette véritable hécatombe fauchait un pourcentage effrayant de jeunes femmes atteintes par cette fièvre des accouchées.
Semmelweis, avec perspicacité, mit au jour pour la première fois le rôle de la transmission manuportée du « processus pathogène ». Les étudiants en médecine qui venaient examiner les femmes en travail après avoir disséqué des cadavres, sans s'être lavé les mains, furent désignés comme responsables. Il constata que les femmes examinées par les élèves sages-femmes, qui n'avaient pas accès à la salle d'anatomie, étaient beaucoup moins souvent atteintes par la fièvre puerpérale. Il nota également que les femmes qui accouchaient dans la rue, de peur de mourir à l'hôpital, étaient épargnées par la maladie.
Semmelweis, déterminé, engagea le combat pour que les étudiants et les médecins accoucheurs se lavent les mains avec une solution de chlorure de chaux avant d'examiner les patientes. Il eut immédiatement des résultats spectaculaires sur la mortalité, mais se heurta violemment au mandarinat obscurantiste des maîtres de l'obstétrique viennoise et subit toutes les vexations, y compris le sabotage de sa méthode.
Semmelweis était un être passionné et caractériel, persuadé de détenir la vérité. Il campa sur ses positions, seul contre tous, et sombra peu à peu dans la folie, finissant par se blesser volontairement lors d'une dissection. Il mourut, délirant, de « pourriture hospitalière » dans un asile d'aliénés !
Ce combat du précurseur de l'antisepsie, cette triste histoire humaine sont brossés de manière inimitable par Louis-Ferdinand Céline.
En cette période d'accréditation de nos structures hospitalières, la lutte contre les infections nosocomiales et la mise en place des moyens d'une hygiène hospitalière efficace sont des sésames incontournables. Les mots « vigilance » et « traçabilité » sont devenus notre quotidien, mais la rigidité des procédures ne doit pas nous faire oublier la clairvoyance de « veilleur de la société » que nous devons garder.
 Cela étant, Céline, signalait page 41, « Nous devons à la vérité de signaler un grand défaut de Semmelweis : celui d’être brutal en tout et surtout pour lui-même. »

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