Il se lit comme un roman policier scientifique, vous allez ainsi pénétrer au cœur des travaux de brillants scientifiques, d’entreprises de biotechnologies et des filières de finacement, il est à offrir pour les étrennes à venir, c’est «Le marathon du messager», livre de Jérôme Lemonnier et Nicolas Lemonnier, avec la collaboration de Steve Pascolo et Chantal Pichon, qui rapporte l’histoire des vaccins à ARN messager. Collection : edp sciences, Hors Collection Janvier 2022.
À l’heure où nous écrivons ces mots, une véritable course contre la montre est en train de se jouer tout autour du globe, dont les principaux protagonistes sont, d’un côté, le Sars-CoV-2 et, de l’autre, les chercheurs – et tout spécialement ceux spécialistes des vaccins à ARN messager. L’histoire de ces vaccins inédits est avant tout européenne, grâce aux travaux décisifs de chercheurs allemands et français, commencés dès 1993 et poursuivis jusqu’à nos jours. Contre la pensée unique ambiante, ces chercheurs ont en effet imposé un nouveau concept thérapeutique, en définissant les clés biotechnologiques qui allaient ouvrir la voie à la préparation de l’ARN messager thérapeutique dans la lutte contre les cancers et les infections virales. Toutefois, revues scientifiques et leaders d’opinion américains taisent cette vérité. En s’appuyant sur le succès incontestable des vaccins anti-Covid mis sur le marché par Pfizer et Moderna, ils donnent une vision clairement déformée de l’histoire de ces nouveaux vaccins. Face à cette manipulation – voire cette usurpation – il est grand temps que les Européens rétablissent la vérité, en rappelant le rôle essentiel qui a été le leur dans la mise au point des vaccins à ARN messager.
Cet ouvrage s’adresse aux scientifiques comme au grand public.
Eh oui, le vaccin à ARN messager a une origine européenne, voire aussi française …
Le livre est dédié à François Jacob et François Gros.
En effet, «Il y a tout juste soixante ans, le 13 mai 1961, François Jacob et François Gros, chercheurs à l’Institut Pasteur de Paris, invités dans deux laboratoires américains pour valider leur hypothèse, relataient simultanément la découverte de l’ARN messager dans le même numéro de la prestigieuse revue Nature.»
Vous l’aurez compris à l’instar du messager Euclès qui revint hors d’haleine du champ de bataille de Marathon afin de relater la victoire grecque sur les Perses en l’an 430 avant Jésus-Christ, et qui tomba mort en disant, «Réjouissez-vous, nous avons vaincu». Cette bonne nouvelle ressemble, d’une certaine manière, à l’ARN messager.
«Le marathon du messager constitue une approche analytique, critique et objective de l’histoire des vaccins à ARN messager. Le propos et la démonstration sont fondés sur une grande richesse de sources documentaires disponibles, à savoir des brevets et des articles médicaux que l’on peut facilement retrouver sur Internet. Le caractère objectif de l’analyse nous paraît être la meilleure réponse à tout soupçon de partialité ou d’arbitraire.» ont écrit les auteurs dans l’avant-propos.
Le livre nous rappelle fort opportunément que nous connaissons déjà parmi les vaccins, un vaccin à ARN messager, bien avant celui contre la Covid-19. Le ROR (rougeole/oreillons/rubéole), mis au point dans les années 1960, mérite une mention particulière, puisqu’il s’agit du premier vaccin à ARNm à proprement parler. Pour les puristes, on dira que dans le cas du ROR, il s’agit d’un vaccin à ARN naturel, alors que dans le cas du Sars-CoV-2, il s’agit d’un ARN de synthèse.
Un volet important du livre est consacré à CureVac (Cure pour guérir, Vac pour vacciner), strat-up allemande avec un français comme directeur scientifique, Steve Pascolo, créée en 2000 par des pionniers de l’ère nouvelle de l’ARN messager.
Des travaux acharnés ont été nécessaires pour qu’un ARN messager de synthèse puisse être administré à l’homme afin de le prémunir ou de le soigner contre des infections virales ou contre des cancers. La compétition aidant, les trois biotechs majeures que sont CureVac, BioNTech et Moderna ont contribué, de l’an 2000 jusqu’à nos jours, à l’optimisation de la molécule d’ARNm, de sa conception au transport préalable à son injection. Le rôle déterminant des Drs Ugur Sahin et de Özlem Türeci de BioNTech doit être souligné.
En 2008, Steve Pascolo se montre conscient d’une telle vaccination à ARNm contre mes maladies infectieuses lorsqu’il écrit, «Le fait que la molécule d’ARNm soit active de manière naturellement transitoire dans le cytoplasme lui permet d’être considérée comme une alternative éventuellement plus sûre et puissante que l’ADN dans une vaccination génique. Il a été ainsi démontré que l’ARNm optimisé (…) était un moyen puissant de vaccination génique lorsqu’il était délivré nu, dans des liposomes, enrobé dans des particules ou tranfecté in vitro dans des cellules dendritiques. Les essais cliniques réalisés sur l’homme indiquent que cet ARNm induit la réponse immunitaire attendue spécifique à l’antigène ciblé.»
Ce livre tord aussi le cou aux rumeurs et aux marchand de superstitions. Il raconte dans le détail de rôle essentiel joué par la prééminence des journaux scientifique et médicaux anglo-saxons, et en particulier , le pouvoir charismatique des KOL, Key Opinion Leaders.
Un certain nombre de scientifiques avaient entendu parlé de nouveaux vaccins à ARNm, mais peu connaissaient leur état d’avancement. Même parmi les biologistes, la plupart ignoraient le travail de fond biotechnologique, son financement, et les presque trente années nécessaires à l’avènement des vaccins à ARNm comme la première solution à la première pandémie de la Covid.
Et tout à coup, plus de vintg ans de «mutisme» général ont été balayés par l’annonce faite en mars 2020 par Moderna, et en avril 2020, par Pfizer/BioNTech, de premières injections de vaccins à ARNm anti-Covid.