mardi 27 juin 2023

Des fromages de brebis importés de France impliqués dans une éclosion à Listeria en Europe rappelés aux États-Unis

«Des fromages importés de France impliqués dans une éclosion à Listeria en Europe rappelés aux États-Unis», source Food Safety News du 26 juin 2023.

FMA International de Brooklyn, New York (source FDA), rappelle un lot de fromage au lait de brebis de la SAS Fromagerie Ottavi Tome Corse, en raison d'une contamination potentielle par Listeria monocytogenes.

Le rappel est le résultat d'un rappel en cours et d'une éclosion à Listeria monocytogenes en Europe associée au fromage de la SAS Fromagerie Ottavi. FMA International a été informé par le fabricant français et a immédiatement rappelé le fromage importé aux États-Unis.

FMA International a importé au total une caisse du lot affecté.

Le fromage Ottavi Tome Corse a été distribué dans l'État de l'Oregon à un distributeur de produits alimentaires spécialisés.

Une caisse du lot rappelé a depuis été comptabilisée et a ensuite été détruite. Il n'a jamais été vendu à des distributeurs ou à des restaurants.


Produit rappelé :
Les consommateurs ayant acheté de la 'Tome Corse de la SAS Fromagerie Ottavi' ne doivent pas consommer, ni distribuer le produit et sont priés de le rapporter au lieu d'achat pour un remboursement complet.

Pour mémoire, la seule information officielle que nous ayons de France est ce communiqué diffusé de la Préfecture de Haute-Corse, dont j’extrais ces deux éléments :

- Depuis le 15 juin 2023, la fromagerie Ottavi procède à un retrait de la vente et à un rappel de ses produits affinés à pâtes molles et à pâtes pressées suite à la mise en évidence d’une contamination par listeria monocytogenes...
- La souche bactérienne retrouvée est similaire à celle identifiée chez plusieurs patients présentant des symptômes de listériose.

Comme le blog vous l’avait signalé, les rappels ont eu lieu bien avant la date du 15 juin ...

Par ailleurs, il y a eu une notification au RASFF de l’UE par Allemagne le 22 juin concernant des fromages de brebis contaminés par Listeria monocytogenes. Le RASFF n’est décidément pas un réseau d’alerte rapide …

Selon la notification, les pays où les produits ont été distribués sont l’Allemagne, l’Italie et la France.

NB : Photo d'illustration.

Pologne : Neuf chats testés positifs pour la grippe aviaire H5N1

Pas besoin d’un podcast d’anticipation, cher à l’Anses, qui interroge les liens entre santé humaine et santé animale, voici qu’en «Pologne : Neuf chats testés positifs pour la grippe aviaire H5N1 », source Oubreak News Today.

Selon le vétérinaire en chef de la Pologne (CVO), les résultats des analyses sur des prélèvements réalisés sur des chats morts de Lublin et de Poznań sont disponibles :

Le 26 juin, 11 échantillons ont été testés à l'Institut vétérinaire national de Puławy, dont 9 ont donné un résultat positif pour la grippe H5N1. Les échantillons positifs proviennent de Poznań, Tri-City et Lublin. D'autres études détaillées du matériel génétique des virus sont en cours.

De plus, des études préliminaires excluent l'origine du virus de la grippe aviaire qui a rendu les goélands malades ces dernières semaines.

Une réunion sanitaire et épizootique a eu lieu, où un plan d'action supplémentaire a été discuté.

Des travaux sont en cours pour établir un protocole de surveillance de la maladie chez le chat afin de recueillir des données plus détaillées sur son évolution et sa survenue.

La source de l'infection n'a pas encore été identifiée.

En analysant les données d'autres pays, il a été établi que les règles pour prévenir un éventuel contact des chats avec le virus devraient être basées sur :


- Garder les chats à l'intérieur si possible.
Toute libération de l'animal sur le balcon ou la terrasse doit être précédée d'un lavage des salissures avec des détergents standards ;
- Emêcher le contact entre les chats et d'autres animaux sauvages, y compris les oiseaux.
- Empêcher les chats d'entrer en contact avec des chaussures utilisées à l'extérieur de la maison ;
- Nourrir les chats uniquement avec des aliments provenant de sources connues ;
- Se laver les mains après contact avec les animaux (maintenir les règles d'hygiène standard après être sorti à l’extérieur).

Commentaire
Cela serait-il une conséquence du nombre anormalement élevé de chats dans ce pays qui chassent les oiseaux un peu partout ?

NB : Photo d'illustration.

Complément
On lira aussi les articles parus dans Avian Flu Diary et  Flu Trackers.

lundi 26 juin 2023

Rappel très tardif de rosette de Lyon pour cause de présence de Salmonella

Avec ce rappel du 26 juin 2023 de la
véritable rosette de Lyon au jambon en forme de fuseau de marque Chillet, on nous dit qu’il s’agit d’une non conformite suite analyse client : présence de salmonelles.

Voilà qui est utile mais cette analyse client intervient très tardivement, jugez plutôt …


Ce produit de charcuterie est sur le marché depuis le 14 avril 2023.
La commercialisation s’est terminée le 14 mai 2023.
La DDM (ex DLUO) est du 31 juillet 2023.

Plus d’un mois après la commercialisation, voici le rappel !

Que peut faire le consommateurs qui a acheté cette rosette en avril voire en mai 2023 ?

L’avis de rappel est assez humoristique en ce qui concerne la conduite à tenir par le consommateurs :

- Ne plus consommer
- Rapporter le produit au point de vente
- Contacter le point de vente

Complément
Dans le même sens, un rappel le 26 juin 2023 de Saint-Nectaire pour cause de détection de Listeria monocytogenes
Lot              Date
A31500146 Date limite de consommation 14/06/2023
A31510004 Date limite de consommation 15/06/2023
A31520005 Date limite de consommation 16/06/2023
A31530005 Date limite de consommation 17/06/2023
A31560022 Date limite de consommation 20/06/2023
Date début/Fin de commercialisation : du 31/05/2023 au 18/06/2023

Mais que peut faire le consommateur ?

Mise à jour du 29 juin 2023
Bis repetita. Comment se fait-il que le produit ait toujours été sur le marché après le rappel du 26 juin 2023 ?
Rappel le 29 juin 2023 par Carrefour de rosette de Lyon véritable au jambon forme fuseau.
A la demande du fournisseur Maison Chillet, la société David Master procède à un retrait de la vente et à un rappel des produits suivants suite à la mise en évidence de Salmonelles. Ces produits ont été vendus au rayon à la coupe (traditionnel).
Mais pas encore d'avis de rappel par RappelConso ...
Rappel de l’AFSCA de Belgique du 29 juin 2023. Saucisson sec «Véritable rosette de Lyon au jambon forme fuseau» de la marque Chillet.
Problématique : présence possible de Salmonella.

On notera une notification au RASFF de l’UE par la France le 27 juin 2023 avec distribution en France et Belgique.

Bilan de mai 2023 des mesures prises en matière d'hygiène en Seine-Saint-Denis

La Préfecture de Seine-Saint-Denis avait publié le bilan du CODAF (comité opérationnel départemental anti-fraude) d'avril 2023.

Voici celui du mois de mai 2023 et le moins que l’on puisse dire est qu'il n'y a pas de baisse de forme de la Préfecture de Seine-Saint-Denis ...

La Préfecture de Seine-Saint-Denis nous informe sur twitter de ses actions en matière d’hygiène et de sécurité des aliments mais aussi en ce qui concerne le travail illégal.

Pour le mois de mai, seuls 36 établissements ont été contrôlés lors des opérations CODAF. 33 établissements ont fait l’objet d’une mesure de fermeture, tous types de contrôles confondus.

S’agissant des actions liées au manque d’hygiène, les données de mai ont identiques à celle d'avril 2023 :

- 6 fermetures envisagées
- 10 avertissements
- 6 mises en demeure

En mars 2023, il n’y avait eu  que 17 mesures prises : 6 fermetures, 8 avertissement et 3 mises en demeure. Les mesures adoptées au titre de l’hygiène sont donc en hausse par rapport à janvier et février avec respectivement 13 et 9 mesures prises, contre 17 en mars 2023. Cela va donc crescendo depuis mars

Depuis janvier 2023,

- 154 établissements ont été contrôlés lors des opérations CODAF,
- 138 établissements ont fait l’objet d’une mesure de fermeture, tous types de contrôles confondus.

Potentiel thérapeutique des lysines de phages de Bacillus cereus dans les infections oculaires

Les lysines de phage
s
sont une alternative très tendance aux antibiotiques généraux. Dans mSphere, «Therapeutic potential of Bacillus phage lysin PlyB in ocular infections», des chercheurs démontrent que la lysine de phages, PlyB, est une option thérapeutique prometteuse pour les infections oculaires à Bacillus cereus.

Résumé

Les enzymes lytiques des bactériophages (c'est-à-dire les lysines de phages) sont une alternative tendance aux antibiotiques généraux pour lutter contre la résistance croissante aux antimicrobiens. Bacillus cereus, bactérie Gram positif, provoque l'une des formes les plus graves d'infection intraoculaire, entraînant souvent une perte de vision complète. Il s'agit d'un micro-organisme intrinsèquement résistant aux β-lactamases qui est hautement inflammogène dans l'œil, et les antibiotiques ne sont souvent pas bénéfiques comme seule option thérapeutique pour ces infections cécitantes.

L'utilisation de lysines de phages comme traitement de l'infection oculaire à B. cereus n'a jamais été testée, ni rapportée. Dans cette étude, le phage lysine PlyB a été testé in vitro, démontrant la destruction rapide de B. cereus végétatif mais pas de ses spores.

PlyB était également hautement spécifique au groupe et tuait efficacement les bactéries dans diverses conditions de croissance bactérienne, y compris le corps vitreux du lapin (Vit) ex vivo. De plus, PlyB n'a démontré aucune activité cytotoxique ou hémolytique envers les cellules rétiniennes humaines ou les érythrocytes et n'a pas déclenché d'activation innée. Dans des expériences thérapeutiques in vivo, PlyB était efficace pour tuer B. cereus lorsqu'il était administré par voie intravitréenne dans un modèle expérimental d'endophtalmie et par voie topique dans un modèle expérimental de kératite. Dans les deux modèles d'infection oculaire, la propriété bactéricide efficace de PlyB a empêché les dommages pathologiques aux tissus oculaires. Ainsi, PlyB s'est avéré sûr et efficace pour tuer B. cereus dans l'œil, améliorant considérablement un résultat autrement dévastateur. Dans l'ensemble, cette étude démontre que PlyB est une option thérapeutique prometteuse pour les infections oculaires à B. cereus.

Importance

Les infections oculaires causées par Bacillus cereus résistant aux antibiotiques sont dévastatrices et peuvent entraîner la cécité avec peu d'options de traitement disponibles. Les lysines de bactériophages sont une alternative aux antibiotiques conventionnels avec le potentiel de contrôler les bactéries résistantes aux antibiotiques. Cette étude démontre qu'une lysine appelée PlyB peut tuer efficacement B. cereus dans deux modèles d'infections oculaires à B. cereus, traitant et prévenant ainsi les effets aveuglants de ces infections.

NB : L’image proposée est une illustration issue du site CRIOAc (Centre de Référence des Infections Ostéo‑Articulaires complexes) de Lyon sur les lysines de bacétriophages.

De l'auge à l'assiette, pourquoi une alimentation sûre des animaux est importante aussi pour la santé humaine, selon le BfR

«Tout ce qu'un animal mange peut entrer dans sa circulation sanguine et de là se retrouver dans sa viande, ses œufs ou son lait.» Effet carry over (effet de rémanence).

«De l'auge à l'assiette, pourquoi une alimentation sûre des animaux est importante aussi pour la santé humaine», source BfR 11/2023 du 23 juin 2023.

Le nouveau magazine scientifique «BfR2GO» se concentre sur les aliments pour animaux et leur sécurité sanitaire. Le 11ème numéro vient de sortir.

Ce que les animaux mangent à travers son alimentation peut également se retrouver dans nos assiettes via l'animal. Les aliments pour animaux doivent donc être sûrs et ne pas affecter la santé animale ou humaine. L'Institut fédéral allemand d'évaluation des risques (BfR) évalue les risques pour la santé pouvant découler des aliments pour animaux. «Un aspect important est le développement de méthodes de détection et d'outils assistés par ordinateur. Ceux-ci nous permettent de tracer les substances indésirables tout au long des chaînes de produits. De plus, nous pouvons les utiliser pour estimer le transfert de substances indésirables des aliments pour animaux aux aliments», a dit le président du BfR, le professeur Andreas Hensel. Outre l'évaluation des risques, les principaux sujets du nouveau BfR2GO incluent également les défis du commerce mondial des aliments pour animaux et l'alimentation animale du futur.

Malgré tous les efforts déployés tout au long des chaînes de produits, les aliments pour animaux peuvent parfois être contaminés par des substances indésirables, notamment des toxines végétales et fongiques et d'autres contaminants environnementaux. Le BfR utilise des études d'alimentation pour déterminer si certaines substances peuvent passer dans les aliments d'origine animale. «Si des données importantes manquent, il est de notre devoir de combler toute lacune dans les connaissances», a dit le Dr Robert Pieper, responsable au BfR des sujets liés à la sécurité sanitaire dans la chaîne alimentaire.

Le nouveau numéro traite également des insectes commes aliments, pour certains, une alternative aux produits carnés, pour d'autres, difficile à imaginer comme aliment. Le BfR étudie si leur consommation peut causer des problèmes de santé. Les aliments crus et la bonne façon de les manipuler sont un autre sujet abordé dans le magazine, tout comme les risques pour la santé pouvant provenir des sachets de nicotine ou des culottes menstruelles.

En outre, le magazine examine si des substances hormonales actives pourraient être responsables d'une prétendue crise du sperme, ainsi que les moyens possibles d'utiliser moins d'animaux de laboratoire. La controverse «De bonne foi» porte sur la confiance dans la science et la recherche. Nous avons demandé : quel est l'état de leur réputation ?

Avec d'autres sujets, y compris la vitamine C et la migration des substances des matériaux d'emballage dans les aliments, le magazine scientifique actuel BfR2GO fournit, comme toujours, le plein de connaissances compactes et il est rempli à ras bord d'informations à jour et bien fondées sur la recherche et son évaluation en matière de protection de la santé des consommateurs et de protection des animaux de laboratoire. Chaque numéro présente un sujet axé sur l'un des domaines de travail actuels du BfR. De plus, il y a des reportages, des interviews et des nouvelles de tous les domaines de travail du BfR.

Le dernier numéro apparaît dans un nouveau look ainsi que des chapitres renommés et, comme toujours, au choix en allemand ou en anglais.

Salmonella dans la volaille : Prélèvements réduits après que les Pays-Bas aient atteint l'objectif de l'UE

«Prélèvements réduits après que les Pays-Bas aient atteint l'objectif de l'UE», source Food Safety News du 25 juin 2023.

La fréquence de prélèvements de recherche de Salmonella dans les troupeaux reproducteurs doit être réduite aux Pays-Bas après que le pays ait atteint les objectifs européens.

A partir de juillet, les prélèvements obligatoires pour la surveillance de Salmonella par les propriétaires de troupeaux reproducteurs de volailles auront lieu au moins toutes les trois semaines. Les personnes possédant ce type d'animaux doivent actuellement effectuer des prélèvements au couvoir ou à l'élevage toutes les deux semaines.

Des analyses de détection de Salmonella sont effectués pour garantir la sécurité des aliments et la santé publique. Il s'agit d'essayer d'empêcher des produits contaminés d'entrer dans la chaîne alimentaire, a dit l'Autorité néerlandaise de sécurité des aliments et des produits de consommation (NVWA).

Comme les Pays-Bas ont atteint l'objectif européen en 2021 et 2022, les prélèvements obligatoires seront réduits à partir de début juillet. La fréquence des prélèvements officiels par les autorités est également réduite. Cela signifie que chaque troupeau d'un élevage sera prélevé deux fois par cycle de production, au lieu de trois fois. La société C-Mark réalise ce plan de prélèvements pour le compte de la NVWA.

Les règles européennes de janvier 2010 stipulent qu'un maximum de 1% des troupeaux reproducteurs adultes dans un État membre peut être infecté par Salmonella Enteritidis, Infantis, Hadar, Typhimurium (y compris le variant monophasique) et Virchow. Ces mesures chez les éleveurs visent à avoir un effet positif au niveau des poulets de chair et des poules pondeuses.

Si un pays atteint cet objectif pendant au moins deux années consécutives, l'autorité nationale peut autoriser des prélèvements dan sl’élevage toutes les trois semaines. Les agences nationales peuvent décider de maintenir ou de revenir à un intervalle de test de deux semaines en cas de détection de types pertinents de Salmonella dans un troupeau reproducteur de l'exploitation ou dans tout autre cas qu'elles jugent approprié.

En 2020, l'objectif n'a pas été atteint aux Pays-Bas et 1,42% des troupeaux reproducteurs adultes étaient infectés par Salmonella. Cependant, en 2021, le chiffre était de 0,38% et en 2022, il était de 0,25%.

En Allemagne, les informations de l'Institut fédéral d'évaluation des risques (BfR) montrent que Salmonella a été détectée dans six, soit 0,8 %, des troupeaux reproducteurs en 2022, contre 4,8 % en 2021. Un seul des six résultats en 2022 concernait l'un des cinq types de Salmonella mentionnés dans la législation.

Renforcer la bonne exécution

La NVWA a également dit qu'elle imposerait des sanctions plus sévères dans le secteur équin si les exigences pertinentes ne sont pas respectées. Les réglementations sur l'identification et l'enregistrement ont été renforcées en 2021. Les règles européennes signifient qu'il existe un passeport pour les chevaux, les ânes et les poneys.

Les inspections effectuées par la NVWA en 2022 chez les détenteurs d'équidés ont montré que le respect de la réglementation révisée était faible. Dans la plupart des cas, l'enregistrement du lieu de résidence ou de l'animal dans ce milieu n'était pas correct. Les motifs de non-conformité allaient de la méconnaissance des règles à la négligence.

Étant donné que les non-conformités concernaient de nouvelles réglementations, la NVWA n'a pas infligé d'amende aux contrevenants mais a émis un avertissement écrit. Cependant, l'agence a déclaré qu'elle renforcerait désormais la surveillance.

Un enregistrement correct est important car il permet une traçabilité plus rapide des animaux ou des produits d'origine animale en cas d'épidémie de maladie animale infectieuse ou si la viande de cheval est contaminée.

dimanche 25 juin 2023

De la chasse aux antibiotiques chez les microbes inhabituels et incultivables. De nouveaux antibiotiques efficaces existent. C'est simplement une question d'où (et comment) on regarde !

À mesure que la crise de la résistance aux antimicrobiens s'aggrave, le besoin de découvrir de nouveaux antibiotiques augmente également. Où les scientifiques devraient-ils chercher ? Les bactéries inhabituelles et (autrefois) incultivables sont un bon point de départ.

Les travaux rapportés dans cet article ont été présentés à ASM Microbe, la réunion annuelle de l’American Society for Microbiology, qui s’est tenue du 15-19 juin 2023 à Houston.

«Chasse aux antibiotiques chez les microbes inhabituels et incultivables », source ASM News.

L'émergence d'agents pathogènes résistants aux antibiotiques a largement dépassé la découverte de nouveaux antibiotiques pour les combattre. Cela s'explique en partie par le fait que les efforts de découverte d'antibiotiques se concentrent généralement sur le dépistage des microbes environnementaux cultivables (par exemple, les bactéries du sol) pour les composés antimicrobiens. Cependant, la plupart des microbes environnementaux ne peuvent pas être cultivés en laboratoire et sont donc inutiles du point de vue de la découverte de médicaments ou le sont-ils ? Aidés par des techniques de culture intelligentes, des scientifiques accèdent à des bactéries autrefois inaccessibles et, à partir de ces microbes, découvrent une série de nouveaux antibiotiques.

L'âge d'or de la découverte des antibiotiques

Ci-contre bactéries Actinomycetes, source grottes de l'Oregon/Wikimedia Commons.

Il fut un temps où il semblait que les antibiotiques étaient découverts à gauche et à droite. Cet «âge d'or» de la découverte d'antibiotiques a débuté dans les années 1940 lorsque Selman Waksman, microbiologiste lauréat du prix Nobel, a découvert l'antibiotique à large spectre, la streptomycine, d'une espèce d'actinomycètes du sol. La découverte de Waksman a montré que les actinomycètes du sol étaient des sources potentielles de nouveaux antibiotiques et a motivé les efforts de toute l'industrie pharmaceutique pour exploiter les bactéries à la recherche de pistes prometteuses.

Ces efforts ont conduit à la découverte de plusieurs des principales classes d'antibiotiques utilisés aujourd'hui (par exemple, les aminoglycosides, les tétracyclines, les β-lactamines, etc.). Cependant, dans les années 1960, les progrès s'essoufflent. Les actinomycètes du sol ont été extraits de nouveaux antibiotiques qui pourraient être découverts avec des méthodes de dépistage standard. Les dépistages ultérieurs d'antimicrobiens synthétiques ont également été largement infructueux ; la plupart des molécules synthétiques sont incapables de contourner la membrane cellulaire bactérienne (en particulier les charges répulsives et les pompes de la membrane externe chez les bactéries Gram négatif), et sont donc inefficaces.

Depuis lors, les progrès dans la découverte d'antibiotiques ont été marginaux - ou, comme l'a déclaré lors de l’ASM Microbe 2023, Kim Lewis, professeur émérite universitaire et directeur de l’Antimicrobial Discovery Center de la Northeastern University, «Nous ne sommes pas dans une bonne place.»

Cependant tout n'est pas perdu. Pour Lewis et ses collègues, la clé pour lancer la découverte de produits naturels consiste à regarder là où les scientifiques n'ont jamais regardé auparavant. «Une proposition simple est de commencer le dépistage en dehors des actinomycètes et de voir ce que nous pouvons trouver», a dit Lewis. «Et si vous sortez des actinomycètes, pourquoi ne pas cibler des bactéries non cultivables ?

Cultiver l'incultivable

Seulement 1% des bactéries environnementales peuvent se développer sur une boîte de Petri, laissant un énorme 99% non cultivé. La plupart de ces bactéries ne peuvent pas être cultivées en laboratoire en utilisant des techniques de culture traditionnelles ; si les scientifiques ne peuvent pas les cultiver, ils ne peuvent pas accéder à leurs produits potentiellement utiles. Au cours des 20 dernières années, cependant, Lewis et ses collaborateurs ont développé des méthodes pour cultiver des microbes du sol incultivables. Le ticket, a expliqué Lewis, est de faire en sorte que les microbes se sentent chez eux, c'est-à-dire de «tromper» les cellules en leur faisant croire qu'elles se développent dans leur environnement naturel, où elles ont accès aux nutriments et à d'autres facteurs de croissance. Avec son collègue, Slava Epstein, professeur de biologie à la Northeastern University, Lewis a inventé ce qu'il a qualifié en plaisantant de «système très sophistiqué».

Le système se compose d'une membrane semi-perméable, tamponnée avec un mélange d'agar et de cellules environnementales (c'est-à-dire un échantillon de sol dilué), prise en sandwich entre 2 rondelles métalliques. Le sandwich peut être placé dans un site d'échantillonnage extérieur ou dans un environnement naturel simulé en laboratoire. La membrane permet aux molécules de l'environnement de se diffuser vers l'intérieur et vers l'extérieur. Après plusieurs semaines d'incubation, des microcolonies bactériennes peuplent la membrane et peuvent être isolées. Notamment, une fois qu'une population cellulaire a été établie, les bactéries sont plus aptes à se développer sur une boîte de Petri en laboratoire (jusqu'à 40% de récupération de la croissance). Une autre itération de la technologie, connue sous le nom de puce d'isolement (ichip), comprend des centaines de minuscules chambres de diffusion contenant environ 1 cellule bactérienne chacune, rationalisant ainsi le processus en permettant aux scientifiques de cultiver et d'isoler des bactéries individuelles.

La ichip. Pour assembler l'appareil, une plaque recouverte de minuscules trous est plongée dans une suspension de cellules environnementales, recouverte de membranes et scellée entre 2 plaques supplémentaires. Source : Nichols D., et al. Applied and Environmental Microbiology, 2010.

NovoBiotic Pharmaceuticals, une société de biotechnologie cofondée par Lewis et Epstein, qui se concentre sur la découverte et le développement de nouveaux médicaments à partir de sources naturelles, a utilisé la technologie de la chambre de diffusion pour cribler des échantillons de sol à l'échelle industrielle. La société possède désormais une collection de plus de 64 000 isolats bactériens incultivables et, à partir de ces isolats inhabituels, a identifié plusieurs antibiotiques prometteurs.

Médicaments provenant de microbes incultivables

Le principal antibiotique de la société, la teixobactine, a été isolé à partir d'une bactérie du sol précédemment non cultivée appelée Eleftheria terrae. Lewis a souligné que le composé montre une excellente activité contre un grand nombre d'agents pathogènes Gram positif, quel que soit leur profil de résistance aux antibiotiques, est non toxique pour les cellules eucaryotes et, sur la base des preuves actuelles, semble tuer les agents pathogènes sans résistance détectable. Cela est probablement dû au fait que les cibles de la teixobactine sur la membrane cellulaire (lipide II et lipide III - respectivement précurseurs du peptidoglycane et de l'acide teichoïque,) sont immuables. Autrement dit, ce ne sont pas des protéines (c'est-à-dire qu'elles ne sont pas directement codées par des gènes) et n'acquièrent donc pas de mutations génétiques susceptibles de conférer une résistance aux antibiotiques. Cette découverte suggère que «le paradigme selon lequel les bactéries développeront toujours une résistance à tout est incorrecte», a dit Lewis.

L'efficacité de la teixobactine est également liée à son mécanisme unique à deux volets. Les molécules de teixobactine ne se contentent pas de se lier à leurs cibles, ce qui inhibe la synthèse de la paroi cellulaire, mais s'associent également pour former des structures supramoléculaires en forme de feuille. «La membrane s'amincit sous la structure supramoléculaire», a expliqué Lewis. «Nous avons pensé que [cela] pourrait perturber la membrane - et c'est le cas.» Il a souligné que «la teixobactine nous donne une recette pour développer des composés sûrs et actifs sur la membrane», qui sont restés quelque peu insaisissables, malgré les meilleurs efforts des scientifiques pour les trouver. Les scientifiques ont depuis découvert un autre antibiotique, la clovibactine, qui cible de la même manière le lipide II et «se transforme en une structure supramoléculaire», bien qu'un peu différente de la teixobactine.

La teixobactine endommage la membrane cellulaire. Ici, des cellules de Staphylococcus aureus en l'absence d'antibiotique (No AB) ou traitées à la teixobactine (Teix) ou à la vancomycine (Vanc), un autre antibiotique qui cible le lipide II et perturbe la synthèse des peptidoglycanes. Source Homma T., et al. Antimicrobial Agents and Chemotherapy, 2016.

«La conclusion de ces composés est… [que] la nature a clairement développé des composés qui ont évolué pour éviter la résistance», a dit Lewis. «Et notre notion de ce qui est une cible appropriée ou médicamenteuse n'est pas pertinente parce que la nature est inconsciente de cette [notion].»

La teixobactine est actuellement en phase de développement préclinique avancé. Des composés de la collection NovoBiotic qui ciblent M. tuberculosis ont également été découverts, et la société a récemment reçu un financement pour exploiter sa collection de médicaments antifongiques afin de lutter contre l'agent pathogène fongique Candida auris.

S'attaquer aux Gram négatif

La découverte d'antibiotiques contre les bactéries Gram positif est notable. Cependant, Lewis a reconnu qu'il existe un besoin primordial de composés qui ciblent les agents pathogènes Gram négatif, qui sont particulièrement préoccupants du point de vue de la résistance aux antimicrobiens (3 des 5 agents pathogènes répertoriés comme des menaces de résistance aux antimicrobiens «urgentes» par le Centers for Disease Control des États-Unis et Prévention sont Gram négatif). Pourtant, lors du screening du sol, le «taux de réussite» pour les composés ciblant les bactéries Gram négatif est 2 fois plus faible que pour les bactéries Gram positif. Lewis estime qu'il faudrait 100 ans pour trouver des pistes contre les bactéries Gram négatif avec le pipeline d'échantillonnage standard de sol.

Image ci-contre de nématodes entomopathogènes isolés d'une espèce de teigne du pommier. Source : Alexandra695, Wikimedia Commons.

Pour résoudre ce problème, Lewis et ses collaborateurs réduisent leur champ d'action, en se concentrant sur les bactéries dont ils savent qu'elles ont des exigences similaires en matière d'antibiotiques que les humains (par exemple, actifs contre les bactéries Gram négatif, faible toxicité, efficacité in vivo). Il s'avère que les bactéries vivant dans les intestins des nématodes entomopathogènes sont de bons candidats. Les composés antimicrobiens produits par ces microbes intestinaux doivent avoir une faible toxicité vis-à-vis de leur hôte nématode, être capables de voyager à travers les tissus et doivent agir contre les agents pathogènes à Gram négatif, qui sont des concurrents clés dans l'environnement intestinal des nématodes.

Jusqu'à présent, cette approche a été couronnée de succès. Par exemple, un screening d'isolats intestinaux de nématodes appartenant au genre Photorhabdus a révélé un antibiotique, la darobactine, qui est actif contre les agents pathogènes Gram négatif prolifiques (par exemple, Pseudomonas aeruginosa, Klebsiella pneumonieae, Acinetobacter baumannii et autres) in vitro et chez la souris, mais montre une activité limitée contre les micro-organismes Gram positif et d'autres symbiotes. Surtout, la darobactine cible un complexe sur la surface bactérienne Gram négatif (le complexe BAM), qui surmonte la nécessité de contourner la membrane externe, une formidable barrière pour de nombreux composés. Lewis a noté que d'autres composés dérivés de Photorhabus sont en cours de développement.

Dans l'ensemble, le travail de Lewis et de ses collègues - de la culture de microbes du sol incultivables à la capitalisation sur les microbes intestinaux des nématodes - pointe vers un message clé : de nouveaux antibiotiques efficaces existent. C'est simplement une question d'où (et comment) on regarde.

samedi 24 juin 2023

Fermeture administrative d'une boulangerie de Tours pour non-respect de l'hygiène

Le préfet d'Indre-et-Loire ferme une boulangerie de Tours pour non-respect de l'hygiène, selon France bleu,

Depuis l'arrivée du nouveau préfet, Patrice Latron, la préfecture d'Indre-et-Loire communique dès qu'elle décide la fermeture administrative d'un établissement. C'est le cas ce vendredi 23 juillet. Les services de l'État ont fermé en urgence la boulangerie «La Touraine» située au 31 rue de Sapaille, à Tours.

Les images publiées ce vendredi par les services de l'État sont pour le moins effrayante, avec une saleté manifeste dans le Val d’Oise laboratoire. La préfecture précise que la mesure de fermeture sera levée «dès que l’établissement sera aux normes en vigueur».

 Selon La Nouvelle République,

À la suite d’un contrôle réalisé par des agents de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP), le préfet d’Indre-et-Loire, Patrice Latron, a ordonné la fermeture immédiate de la boulangerie La Touraine, située rue de Sapaillé, dans le quartier de l’Europe à Tours, vendredi 23 juin 2023.

La fermeture est consécutive au non-respect des règles d’hygiène. En mai 2023, un lanceur d’alerte dénonçait dans un courrier adressé à La Nouvelle République, l’état de saleté des lieux : « le laboratoire est dans un état catastrophique, les bacs à pâte et les chambres sont sales… »

«Les croissants dans des caisses par terre»

L’homme faisait également état de pratiques peu scrupuleuses : « Ils congèlent les pains spéciaux une fois pétris et façonnés et il les sort la veille pour les cuire le lendemain sans le dire aux clients […] Ils stockent les croissants et les pains au chocolat dans des caisses par terre pleine de poussière et de farine… »

La réouverture de la boulangerie ne pourra intervenir qu’à l’issue de la vérification, par les inspecteurs de la DDPP, de la mise en œuvre de toutes les mesures correctives imposées à la suite du contrôle.

Commentaire

Le préfet est un nouveau venu, donc attendons de voir pour juger s’il est disciple de celui du Val d’Oise ... 
 Deux réactions entre autres à ce tweet du préfet,

- Une internaute avocate, «Je comprends pas cette publicité sur les réseaux sociaux. La loi prévoit-elle de jeter publiquement l'opprobre sur les commerces concernés en plus de la sanction administrative ?»

- Un internaute, «C’est vrai que la forme (un tweet sponsorisé) est curieuse. D’autant que si la préfecture du 37 se gargarise de cette fermeture, l’état de la cuisine montre que cette situation ne date pas d’hier, et que l’on agit bien.»

Une journée de rappels de produits alimentaires en France as usual. 42 rappels au compteur !

Nous voilà revenu, semble-t-il, au bon temps de l’oxyde d’éthylène. Notez que les records sont faits pour être battus, mais ici, il ne s’agit pas de sport, mais de rappels de produits alimentaires …

Je me suis dis, il y a quelques jours, qu’il y aurait une décrue dans les avis de rappel en 2023,

Voici que le 23 juin est en train de me démonter le contraire, tenez vous bien, RappelConso nous informe de 42 rappels de produits alimentaires, oui, 42 avis de rappel !

Parmi les causes des rappels, Listeria monocytogenes se taille la place principale avec 28 sur 42 (67%).

Dans le détail, les principaux patogènes sont présents et cela donne,

- 8 rappels de fromages de chèvre dont du Sainte-Maure de Touraine pour cause de suspicion de Escherichai coli producteurs de shigayoxines (STEC). Certains fromages étaient commercialisés depuis le 4 juin 2023.

- 1 saucisson à l’ail pour cause de présence de Listeria monocytogenes. La date début et de fin de commercialisation va du 14/06/2023 au 15/06/2023.

- 1 fromage pâte préssée au lait cru pour cause de présence de Listeria monocytogenes. La date début et de fin de commercialisation va du 07/06/2023 au 13/06/2023.

- 23 produits de charcuterie de Corse pour cause de présence de Listeria monocytogenes. Aucune date n’est fournie.

- 1 hachis de viande nature pour cause de présence de Salmonella. La date début et de fin de commercialisation va du 16/06/2023 au 17/06/2023.

- 1 wrap poulet rôti Tex Mex pour cause de ruptute de la chaîne du froid. La rupture de la chaîne du froid pouvant induire le développement d’une flore entrainant une dégradation de la qualité pouvant le rendre impropre à la consommation. La date début et de fin de commercialisation va du 17/06/2023 au 22/06/2023. Le distributeur, ici Carrefour, a mis du temps avant de s’en rendre compte …

- 2 rappels de pâté au piment d’Espelette en raison d’un défaut de stérilisation. La date début et de fin de commercialisation va du 01/06/2023 au 23/06/2023.

- 4 rappels de poulets prêt à cuire. Ces produits ont commencé à être commercialisés à partir du 1er ou du 2 juin.

- 1 rappel de cêpes extra séchés pour cause de présence de pesticides supérieure à la limite autorisée par la réglementation européenne. La date début et de fin de commercialisation va du du 21/02/2023 au 11/05/2023.

La très grande majorité de ces rappels ne sont pas proactifs, que peut donc faire le consommateur ? s’il tombe malade, le consommateur n’a pas commis de faute ...