vendredi 14 janvier 2022

Pas d'effet COVID-19 sur le nombre de cas de syndrome hémolytique et urémique post-diarrhéique chez l’enfant de moins de 15 ans en France en 2020

Santé publique de France a publié le 14 décembre 2021 les données de surveillance du syndrome hémolytique et urémique post-diarrhéique chez l’enfant de moins de 15 ans en France en 2020.  

Il est indiqué de façon très nette par Santé publique de France que le nombre de cas va de 100 à 160 par an (Incidence annuelle du SHU pour 100 000 personnes-années chez les enfants de moins de 15 ans en France), c’est une façon de voir les choses, mais depuis 2017, 2018, 2019 et 2020, les cas sont respectivement de 164, 154, 168 et 167, c’est-à-dire plus proche de 160 cas …

Dix-sept investigations ont été initiées en 2020 autour de cas de SHU pédiatriques ou d’infections à STEC dont deux permettant d’émettre des hypothèses sur une origine potentielle de la contamination : une en lien avec la consommation de fromage au lait cru de vache et une en lien avec la baignade en lac d’eau douce. Pour ce dernier, il s’agit de la première description en France de cas groupés en lien avec cette exposition à risque connue.

La survenue de cas groupés de SHU pédiatrique en lien avec la consommation de fromages au lait cru montre la persistance du risque associé aux produits laitiers au lait cru. Santé publique de France rappelle que, par précaution, la consommation de lait cru et de fromages à base de lait cru est déconseillée pour les jeunes enfants ; il faut préférer les fromages à pâte pressée cuite (type Emmental, Comté, etc.), les fromages fondus à tartiner ou les fromages au lait pasteurisé. La même recommandation vaut pour les femmes enceintes, les personnes immunodéprimées et les personnes âgées. Depuis quelques années, et en particulier depuis 2020, de plus en plus de fabricants de fromages au lait cru mettent en place ces recommandations de consommation sur l’étiquetage de leurs produits. Ces recommandations sont également diffusées par différentes sources en ligne, 1 et 2. Il est nécessaire de continuer à renforcer les messages de prévention auprès des consommateurs, en particulier des populations les plus sensibles.

On lira aussi les recommandations concernant le lait cru et les fromages au lait cru du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation.

Curiosités
Un aspect particullier concerne des cas groupés de SHU pédiatriques en lien possible avec la consommation de fromage au lait cru de vache
Entre le 4 mai et le 22 juin 2020, sept cas de SHU pédiatriques rapportaient la consommation d’un même type de fromage au lait cru de vache. Pour cinq cas, une souche de STEC O26:H11 possédant les gènes stx2 et eae a été isolée (cas confirmés; analyse négative pour deux cas). L’analyse phylogénique réalisée par le Centre National de Référence des Escherichia coli, Shigella et Salmonella a montré que les cinq souches appartenaient à un même cluster génomique. La traçabilité des fromages a permis d’identifier un seul établissement de fabrication. Cependant, les investigations n’ont pas identifié un lot commun de fromages consommés par les cas. L’établissement de fabrication disposait de résultats d’analyses favorables sur tous les lots de fromages identifiés par les investigations. Une inspection officielle a permis de confirmer que les procédures de gestion du risque STEC étaient conformes. Au vu des éléments de l’investigation et l’absence de nouveaux cas, il n’y a pas eu de mesures de rappel ou retrait de produit.

Un second aspect particulier concerne des cas groupés de SHU pédiatriques en lien avec la baignade en lac.
Fin juillet 2020, Santé publique de France a identifié plusieurs cas de SHU pédiatriques pour lesquels la baignade dans un même lac était rapportée sur la fiche de signalement.
Au total, cinq cas de SHU ont été identifiés en lien avec cette alerte. Tous les enfants ont fréquenté une même plage entre le 11 et 26 juillet 2020 et toutes les familles ont rapporté une ingestion par l’enfant d’eau du lac ou de sable mouillé.

Caractéristiques microbiologiques
En 2020, des informations sur la recherche de STEC dans les selles étaient disponibles pour 142 cas4 sur les 167 notifiés. Une infection à STEC a été confirmée (présence des gènes stx codant les Shiga-toxines par PCR dans les selles) au Service de microbiologie du CHU Robert Debré pour 125 (88 %) de ces 142 cas.
Trois sérogroupes sont historiquement prédominants en France (O26, O80 et O157). Une diminution du nombre de souches O157 isolées est observée depuis 2013.

A noter dans le système de surveillance
Les cas «importés» survenus pendant ou dans les jours suivant un séjour hors de France sont exclus des résultats du système de surveillance.
Les cas de SHU sporadiques notifiés à Santé publique de France ne font pas l’objet d’une investigation épidémiologique systématique visant à identifier la source de contamination, en raison des multiples sources de contamination possibles.
Une investigation est mise en œuvre si des cas de SHU ou d’infection à STEC groupés dans le temps ou dans l’espace sont signalés.

Par ailleurs, on apprend, mieux vaut tard que jamais, par un communiqué de l’Anses du 14 janvier 2022, la mise en place d'un partenariat pour mieux lutter contre les bactéries dans les ateliers de transformation des aliments (ouf !). Pour les STEC, ce sera sans doute un autre partenariat.

La présence des bactéries Listeria et Salmonella dans les ateliers de transformation des aliments pose plusieurs problèmes : ces bactéries pathogènes pour l’être humain sont capables de persister longtemps dans l’environnement et de résister aux traitements par des produits biocides. L’Unité mixte technologique (UMT) Actia Fastypers vient d’être créée par le ministère de l’Agriculture pour cinq ans, afin de travailler sur ces problématiques. Elle associe des équipes de recherche (Anses, Inrae) et des instituts techniques agro-industriels (Actalia - filière laitière et l'Institut du porc (IFIP)).

Aux lecteurs du blog
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