mercredi 23 novembre 2022

Augmentation des alertes mondiales en sécurité des aliments, selon INFOSAN

«Augmentation des alertes par le réseau mondial de la sécurité des aliments : des baies surgelées provoquent des épidémies dans six pays», source article de Joe Whitworth paru le 23 novembre 2022 dans Food Safety News.

Le nombre d'incidents liés à la sécurité des aliments impliquant un réseau international a augmenté au troisième trimestre de cette année par rapport aux trois mois précédents.

Le Réseau international des autorités de sécurité des aliments (INFOSAN) a été partie prenante de 58 alertes de juillet à septembre, contre 46 au deuxième trimestre 2022.

Trente-deux incidents étaient dans la catégorie danger biologique qui était dominée par Listeria monocytogenes et Salmonella avec 10 alertes pour chacun de ces dangers. E. coli était troisième avec six alertes, Clostridium botulinum et le virus de l’hépatite A en ont causé deux alertes pour chacun de ces dangers, et Bacillus cereus et Coxsackievirus une alerte pour chacun de ces dangers.

Onze alertes concernaient un allergène ou un ingrédient non déclaré tel que du lait, des amandes, des œufs, des noix, des arachides, du soja ou du blé. Sept alertes ont été causés par des dangers physiques, notamment du verre, du métal, des insectes et du plastique.

Huit étaient dus à des dangers chimiques comme les mycotoxines, l'aconitine, l'hydroxytoluène butylé (BHT), l'éthylène glycol, l'oxyde d'éthylène, l'histamine et l'acide peracétique. L'aconitine est une toxine produite par les plantes et le BHT est un additif dans les aliments tels que les céréales.

Hépatite A liée aux baies
INFOSAN est géré par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).

Les catégories d'aliments les plus souvent concernées étaient les collations, les desserts et d'autres aliments, lait et produits laitiers, aliments composés, viande et produits à base de viande, et légumes et produits végétaux, poissons et autres fruits de mer, céréales et produits à base de céréales, fruits et produits à base de fruits, et les herbes, les épices et les condiments ont également causé quelques incidents.

Plus de la moitié de tous les incidents ont été signalés par les membres d'INFOSAN, 28% via le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) de la Commission européenne et 19% via divers canaux de l'OMS.

L'un des faits saillants a été l'hépatite A dans six pays européens et au Royaume-Uni, qui a un lien avec les baies surgelées. Des cas groupés et des éclosions liés au génotype IB du virus de l'hépatite A (VHA) avec quatre séquences de VHA uniques mais apparentées ont été signalées avec plus de 300 cas en Autriche, Allemagne, Hongrie, Pays-Bas, Slovénie, Suède et Royaume-Uni.

Les investigations suggèrent que les baies surgelées pourraient être liées aux épidémies et aux cas groupés de cas, parallèlement à la transmission interhumaine des souches de VHA associées, a dit INFOSAN.

En juillet, une épidémie a été liée à un restaurant en Hongrie, où 16 personnes sont également tombées malades avec une infection par le VHA IB. Certains patients avaient consommé une soupe froide faite avec des baies surgelées. Cela a provoqué un rappel du mélange Ardo Fruitberry, produit et conditionné par un sous-traitant du groupe en Pologne et distribué dans plus de 25 pays.

Formations et ateliers
Un autre événement a impliqué la détection de E. coli producteurs de shigatoxines (STEC) dans des épinards et de la roquette en provenance des Pays-Bas. Les produits impliqués avaient été distribués à l'échelle internationale dans 16 pays, dont la Belgique, Allemagne, Koweït, Singapour, République de Corée, Suisse, Royaume-Uni et États-Unis.

D'autres investigations ont été menées par les membres d'INFOSAN pour tenter de comprendre une augmentation des alertes impliquant E. coli O157 et E. coli non-O157.

INFOSAN a également participé à une formation organisée par le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) et le bureau régional de l'OMS pour la Méditerranée orientale, sur la surveillance et la riposte aux maladies d'origine alimentaire. Les sessions ont été dispensées au Soudan, en Syrie, en Arabie saoudite et au Qatar.

Quatre ateliers virtuels INFOSAN ont été organisés au cours du trimestre au Bénin, Guinée, Côte d'Ivoire, Irlande et Royaume-Uni. L'objectif était d'aider les pays à renforcer leurs capacités à gérer les risques liés à la sécurité des aliments.

Évaluation des rapports d'inspection dans le système du notation en hygiène des aliments dans la restauration commerciale au Royaume-Uni

«Évaluation des rapports d'inspection du système du notation en hygiène des aliments dans la restauration commerciale au Royaume-Uni», source affiche de Omotayo Irawo, Arthur Tatham et Elizabeth C. Redmond de la Cardiff School of Sport and Health Sciences, Cardiff Metropolitan University, Cardiff, Royaume-Uni. Cette affiche a été présentée à la 19e annual UK Association for Food Protection (UKAFP).

Objectif
Cette étude a évalué les rapports d'inspection afin de quantifier les infractions en hygiène des aliments dans des PME de la restauration commerciale dans le but d'identifier les infractions fréquentes.

Résultats
- Au total, 299 rapports d'inspection ont été analysés.
- La majorité des entreprises de restauration sont situées en milieu urbain (54%) et 46% en milieu rural.
- La majorité (65%) des types d'entreprises ont été classés comme ‘restaurants’, ‘cafés’ ou ‘cantines’.
- Des infractions courantes en hygiène associées à des risques accrus d’infection d’origine alimentaire ont été identifiées.

Scores ou notes en hygiène des aliments
- Les résultats indiquent que la majorité (72%) des entreprises de restauration ont obtenu un score de 4 ou 5 (bon ou très bon); cependant, les scores spécifiques associées à l'évaluation de l’«hygiène» n'ont indiqué aucune infraction grave nécessitant des améliorations ‘majeures’ ou ‘urgentes’.
- Pour les entreprises de la restauration évaluées qui avaient des scores en hygiène comme ‘bon’ ou ‘très bon’, la proportion en zone rurale était plus élevée (93%), par rapport à la zone urbaine (78%) .
- Proportionnellement, les plats à emporter étaient associés à des scores d'hygiène alimentaire plus élevés que les autres entreprises de restauration.

Infractions à l'hygiène dans les entreprises de restauration
- Cumulativement, 160 (53%) rapports d'inspection de l'hygiène alimentaire des entreprises de restauration avaient jusqu'à sept infractions en hygiène des aliments.
- La contamination croisée a été présente dans 72 (24%) des rapports indiquant une séparation absente et/ou insuffisante des aliments crus et cuits, des aliments non couverts et des surfaces sales en contact avec les aliments.
- Des infractions à la rotation des stocks ont été signalées dans 65 (22%) des rapports, concernant principalement des aliments périmés ou non étiquetés.
- Une mauvaise maîtrise de la température a été enregistré dans 47 (16%) des rapports indiquant des aliments à haut risque au-dessus de 8°C ou des aliments entreposés à température ambiante.
- Des infractions à l'hygiène personnelle ont été relevées dans 42 (14%) des signalements, principalement associés à des installations inadéquates pour le lavage des mains et à l'absence de vêtements de protection ou à des vêtements de protection inadéquats.
- Les raisons des non-conformités peuvent être multiples et les problèmes sous-jacents doivent être traités et/ou corrigés pour assurer la sécurité des consommateurs et le respect de la réglementation.
- Certains problèmes d'hygiène étaient généralement associés à un type d'entreprise, par exemple une mauvaise maîtrise de la température plus répandue dans les plats à emporter ; du riz laissé à température ambiante était notamment fréquemment enregistré dans les plats à emporter et les restaurants de cuisine chinoise.

Manquements fréquents à l'hygiène
Contamination croisée
- Ségrégation inadéquate des aliments crus et cuits, des aliments non couverts
- Surfaces de travail sales
- Utilisation de produits chimiques inappropriés
Rotation des stocks
- Aliments non étiquetés ou mal étiquetés
- Articles au-delà de la date de péremption / date de péremption
Mauvaise maîtrise de la température
- Aliments à haut risque conservés au-dessus de 8°C et/ou laissés à température ambiante
- Aliments chauds maintenus en dessous de 63°C
Hygiène personnelle
- Installations de lavage des mains non fournies et/ou inadéquates
- Vêtements de protection non portés

Importance de l'étude
Trois des facteurs les plus couramment cités dans les intoxications alimentaires, mauvais couple temps/température, mauvaise hygiène personnelle et contamination croisée, sont directement liés aux pratiques de sécurité des aliments des employés, aux facteurs organisationnels et à une prévention, si des pratiques recommandées sont mises en œuvre, des ressources fournies et des comportements de sécurité alimentaire sont appliqués.

Les données sur la fréquence des infractions peuvent éclairer l'élaboration d'approches d'interventions ciblées pour cibler et/ou maximiser l'impact et réduire le risque d’infections d’origine alimentaire. Ces données ont des implications pour la compréhension et l'amélioration de la culture de la sécurité des aliments.

Des nouvelles de Ferrero, des paroles, paroles et encore des paroles ...

Joe Whitworth de Food Safety News nous dit dans un tweet (ci-dessous), «Gardez le silence sur ce qui s’est passé, un gros incident avec Salmonella ne signifie pas que tout va mal chez Ferrero».

Voici le message de Ferrero,
«Nous promouvons une culture de qualité et une sécurité des aliments chez Ferrero Notre organisation centrale de la qualité supervise l'ensemble de notre chaîne de valeur, des matières premières au marché, voir ce lienCe lien donne accès au «Ferrero Sustainability Report 2021» ou Rapport du développement durable 2021 de Ferrero.

En fait Ferrero ne garde pas vraiment le silence et voici un extrait des propos tenus par le principal dirigeant du groupe Ferrero, M. Lapo Civiletti en avant-propos à ce rapport. Il fait référence à «l’incident de 2022», mais, ouf, «les résultats présentés dans le Sustainability Report 2021 ne sont pas impactés par l'événement.» Salmonella est un mot à ne surtout pas prononcer dès fois que ...

Enfin, au moment où nous terminons ce rapport, le groupe Ferrero a collaboré avec les autorités belges afin de reprendre totalement ses activités à l'usine d'Arlon. La sécurité des aliments, la qualité et le soin apporté aux consommateurs sont au cœur de Ferrero depuis la création de l'entreprise. Nous sommes vraiment désolés pour ce qui s'est passé et voudrions nous excuser une fois de plus auprès de toutes les personnes concernées. Nous n'avions jamais connu une telle situation dans nos 75 ans d'histoire. Nous avons tiré les leçons de cet événement malheureux et nous ferons tout pour que cela ne se reproduise plus. Les résultats présentés dans le Sustainability Report 2021 ne sont pas impactés par l'événement.

mardi 22 novembre 2022

Une enquête européenne montre le besoin de plus de connaissances sur les antibiotiques

«Une enquête européenne montre le besoin de plus de connaissances sur les antibiotiques», source CIDRAP News.

Une enquête publiée la semaine dernière par la Commission européenne montre que moins d'Européens ont déclaré avoir pris des antibiotiques au cours de l'année écoulée que les années précédentes, mais beaucoup les prennent pour de mauvaises raisons, et le manque de connaissances sur les antibiotiques reste un problème.

Les résultats de l'enquête Eurobaromètre, menée du 21 février au 21 mars 2022, révèlent que 23% des Européens déclarent avoir pris des antibiotiques oraux au cours des 9 à 12 mois précédents, contre 32% dans une enquête de 2018 et le niveau le plus bas enregistré depuis la première enquête menée en 2009. Mais la proportion de personnes interrogées déclarant prendre des antibiotiques variait considérablement, allant de 15% en Suède à 42% à Malte. Environ 8% des répondants ont déclaré avoir pris des antibiotiques sans ordonnance.

De plus, plus de 30% des répondants ont déclaré prendre des antibiotiques pour des maladies qui n'en avaient pas besoin, comme le rhume (11%), la grippe (12%) et le COVID-19 (9%), tandis que d'autres en prenaient pour des maladies. qui nécessitent des analyses supplémentaires, comme la bronchite (12%). Plus de la moitié des répondants (53%) ont déclaré qu'ils n'avaient pas passé de test pour déterminer la cause de leur maladie avant de commencer à prendre des antibiotiques.

Interrogés sur leurs connaissances sur les antibiotiques, seuls 50% savaient que les antibiotiques sont inefficaces contre les virus, tandis que 62% savaient que les antibiotiques sont inefficaces contre le rhume. Seuls 28% ont répondu correctement aux quatre questions sur les connaissances en matière d'antibiotiques. Plus de 8 sur 10 (82%) savaient que l'utilisation inutile d'antibiotiques les rend moins efficaces, et 67% savaient que la prise d'antibiotiques peut entraîner des effets secondaires comme la diarrhée.

La commissaire européenne à la santé et à la sécurité alimentaire, Stella Kyriakides, a déclaré que les résultats de l'enquête mettent en évidence l'une des raisons pour lesquelles la résistance aux antimicrobiens est devenue une crise de santé publique majeure.

«Les antibiotiques tuent les bactéries, pas les virus. L'utilisation excessive d'antibiotiques alimente la résistance des bactéries à nos médicaments», a déclaré Kyriakides dans un communiqué de presse. «L'enquête que nous présentons aujourd'hui montre pourquoi ce risque existe.»

Les auteurs du rapport affirment que l'amélioration de la sensibilisation du public aux antibiotiques et à la résistance aux antimicrobiens sera cruciale dans les efforts visant à réduire la surutilisation et l'abus d'antibiotiques, et que les campagnes d'éducation doivent cibler les personnes qui ont des connaissances incomplètes.

Des producteurs de fruits portent plainte contre Julien Bayou

Plusieurs organisations syndicales représentant des producteurs de fruits et légumes déposent une plainte contre Julien Bayou pour incitation à la désobéissance civile. 

Mise à jour du 26 novembre 2022
«Stupéfaits et dépités», les producteurs de fruits et légumes déplorent ce vendredi 25 novembre 2022, le classement sans suite de leur plainte déposée contre le député écologiste Julien Bayou pour «incitation à la dégradation de propriétés privées». Ils annoncent se tourner vers le Garde des Sceaux. Source La France Agricole.

Mise à jour du 28 novembre 2022
«La justice est parfois rapide», source blog-notes d’Olivier Masbou.
Qui a dit que la justice française était lente ? Le 18 novembre, l’Association Nationale Pommes Poires (ANPP), la Fédération Française de la Coopération Fruitière, Légumière et Horticole (FELCOOP), la Fédération Nationale des Producteurs de Fruits (FNPF) et l’Association d’Organisation de Producteurs «Tomates et Concombres de France» ont annoncé porter plainte contre Julien Bayou, député (EELV, Paris) pour «provocation suivie ou non d’effet à commettre un délit, infractions réprimées par la loi sur la presse du 29 juillet 1881». Etaient visés des propos du député, sur BFM-TV le 23 août qui a «explicitement encouragé les actes de destruction contre les réserves d’eau agricoles, et assuré qu’il soutiendrait devant les tribunaux toute personne commettant de tels actes» selon les plaignants. Ils estiment que «en appelant à la destruction de ces réserves d’eau, Monsieur Julien Bayou a directement encouragé et provoqué, mais aussi légitimé la commission des évènements de Sainte-Soline». Selon nos informations, la plainte a été envoyée le 18 novembre par LRAR au Procureur de la République de Poitiers. Le 25 novembre, la plainte était classée sans suite par le magistrat. Moins d’une semaine entre le dépôt de plainte et la décision, pas mal !
Devant cette célérité, l’ANPP, FELCOOP, la FNPF et l’AOP « Tomates et Concombres de France » ont décidé de saisir le ministre de la Justice, Éric Dupont-Moretti.

Comprendre la contamination par Campylobacter des poulets de chair sur des lignes de transformation

«Détermination quantitative de Campylobacter sur des poulets de chair le long de 22 chaînes de transformation au Royaume-Uni afin d’identifier les points de maîtrise potentiels du processus et la contamination croisée des troupeaux colonisés vers les troupeaux non colonisés», source Journal of Food Protection.

Résumé
Dans le cadre d'un programme visant à réduire le nombre de Campylobacter, un agent pathogène humains, chez des poulets vendus au détail, 22 chaînes de transformation de poulets de chair, représentant plus de 90% de la production britannique, ont été caractérisées en dénombrant Campylobacter sur la peau du cou poolée après exsanguination, échaudage, plumaison, éviscération, lavage intérieur-extérieur et refroidissement à l'air. Seize des chaînes de transformation étudiées ont montré des réductions significatives (P <0,05) du nombre de Campylobacter lors de l'échaudage des carcasses. Cependant, dans toutes ces lignes, l'étape de plumage suivante a entraîné une augmentation significative de la contamination par Campylobacter qui a effectivement annulé les réductions causées par l'échaudage. Sur quatre lignes de transformation, le refroidissement primaire a également entraîné une réduction significative du nombre de Campylobacter. Sur trois lignes, il y avait un bénéfice microbiologique significatif du lavage intérieur-extérieur. Les étapes au cours desquelles le nombre de Campylobacter ont été réduits nécessitent une enquête plus approfondie pour déterminer les mécanismes spécifiques responsables afin que les réductions des agents pathogènes observées puissent être optimisées puis plus largement mises en œuvre. Le transfert de jusqu'à 4 log UFC de Campylobacter par g de peau du cou d'un troupeau colonisé à un troupeau non colonisé suivant a été observé. La contamination croisée était importante et toujours détectable après que 5 000 carcasses d'un troupeau non colonisé aient été transformées. Le nombre de Campylobacter récupérés dans les troupeaux non colonisés était le plus élevé sur le premier des oiseaux non colonisés à passer le long de la ligne, et en général, le nombre diminuait à mesure que davantage d'oiseaux non colonisés étaient transformés. L'échantillonnage de l'air a permis de récupérer de faibles nombres aux étapes de transformation surveillées, ce qui indique qu'il est peu probable que la transmission par voie aérienne soit le principal mécanisme de transfert opérant pour la contamination croisée entre les troupeaux.

Le en même temps du gouvernement avec les agriculteurs en France et à Bruxelles

Voici un bon exemple du 'en même temps' du gouvernement. Veut-on défendre nos agriculteurs, oui ou non ? Ecoutez ces propos c'est clair et net !

Les habitants microbiens de nos appareils et outils quotidiens de nettoyage

Des machines à laver aux brosses à dents, les ustensiles et les appareils que les consommateurs utilisent pour nettoyer leurs affaires ou eux-mêmes sont pleins de microbes. Beaucoup de ces organismes sont inoffensifs, mais certains peuvent présenter un risque d'infection. Que peut-on faire pour les combattre ?

«Les habitants microbiens de nos appareils et outils de nettoyage», source Madeline Barron sur ASM News du 21 novembre 2022.

Quel est le point commun entre les éponges, les machines à laver, les lave-vaisselle, les douches et les brosses à dents ? Des personnes les utilisent pour nettoyer, soit leurs biens, soit eux-mêmes. Cependant, de nombreux espaces, outils et appareils ménagers que les personnes associent au «propre» sont loin de là, d'un point de vue microbien. En fait, ils hébergent divers micro-organismes bien adaptés pour survivre à des conditions difficiles, comme les détergents et les températures élevées. Certains de ces organismes peuvent avoir un potentiel pathogène, bien que le risque d'infection ne soit pas toujours clair. Pourtant, il y a des choses que l'on peut faire pour limiter la croissance microbienne dans et sur les appareils et objets associés à l'entretien ménager et à l'hygiène personnelle.

Éponges de cuisine
Les éponges de cuisine sont connues pour avoir une charge microbienne élevée. Avec leurs surfaces humides et poreuses, les éponges offrent des conditions favorables à la croissance de hordes de bactéries (jusqu'à environ 50 milliards de cellules bactériennes par cm3). Les espèces gammaprotéobactériennes (par exemple Escherichia coli) sont des membres courants du microbiote des éponges. Les agents pathogènes d'origine alimentaire, comme Klebsiella pneumonieae,qui peuvent tout infecter, des poumons aux voies urinaires, habitent également les éponges, ainsi que divers virus et archées.

Ce qui peut être fait ?
Éviter d'essuyer les dégâts dangereux (par exemple, la viande crue) est une bonne idée. L'utilisation d'outils de nettoyage alternatifs, comme les brosses à vaisselle, qui sèchent plus rapidement et hébergent moins de bactéries, est également une option pour gérer les microbes de l'éponge, tout comme la désinfection de l'éponge elle-même. Une étude réalisée en 2008 par le ministère de l'agriculture des États-Unis (USDA) a montré que le passage d'éponges dans un four à micro-ondes trempées dans une bouillie de bœuf haché (environ 31 millions d'UFC bactériennes/éponge) pendant 1 minute réduisait la charge bactérienne à 2-3 unités formant colonies (UFC) par éponge. Cependant, l'efficacité du passage des éponges au four à micro-ondes peut dépendre de la puissance du four et du degré de saleté de l'éponge (c'est-à-dire de la charge microbienne). L'USDA a également constaté que faire passer des éponges dans le lave-vaisselle est une stratégie tout aussi efficace, en particulier pour tuer les moisissures et les levures.

Appareils de nettoyage : lave-vaisselle et machines à laver
Au lieu (ou en plus) des éponges, de nombreuses personnes utilisent des lave-vaisselle pour nettoyer leur vaisselle. Cependant, les lave-vaisselle sont loin d'être exempts de microbes. Les communautés microbiennes des lave-vaisselle sont ensemencées par l'eau du robinet, qui contient des bactéries prélevées dans le système de plomberie, ainsi que par les microbes et les aliments présents sur la vaisselle sale chargée dans la machine. La fréquence d'utilisation du lave-vaisselle et son âge façonnent également la composition de la communauté microbienne. Par exemple, des chercheurs ont découvert que la composition des biofilms bactériens sur les joints en caoutchouc des nouveaux lave-vaisselle (vieux de 0 à 4 ans) était unique (par exemple, il y avait une plus grande abondance de protéobactéries) par rapport aux lave-vaisselle plus anciens (8 ans), ce qui suggère qu'il y a eu des changements dans la structure communautaire au fil du temps. Cette dynamique est influencée, en partie, par les interactions avec les champignons, y compris des genres contenant des agents pathogènes comme Candida et Cryptococcus, qui vivent sur les joints en caoutchouc des lave-vaisselle, les distributeurs d'eau et les siphons.

Les machines à laver sont un autre appareil de nettoyage domestique riche en microbes, avec une charge bactérienne moyenne estimée à 21 000 UFC/cm-2 sur divers sites d'échantillonnage (par exemple, le tiroir à détergent et le joint en caoutchouc de la porte). D'où viennent ces microbes ? Les vêtements piègent les organismes de la peau humaine, des sécrétions et excrétions corporelles et de l'environnement, qui peuvent se transférer entre les vêtements pendant le lavage, et vers et depuis la machine à laver elle-même.

Comme dans les lave-vaisselle, l'eau du robinet contribue également à la communauté. L'abondance et les types de microbes vivant dans les machines à laver dépendent de la fréquence d'utilisation de la machine, du cycle de lavage (c'est-à-dire chaud ou froid) et du type d'appareil. Par exemple, les machines à laver à chargement frontal et écoénergétiques que l'on trouve dans de nombreuses maisons peuvent contenir de l'eau résiduelle dans le tambour, ce qui crée un environnement humide qui peut favoriser la croissance bactérienne. Parfois, il suffit d'un reniflement pour détecter les microbes de la machine à laver - les bactéries peuvent dégrader le détergent et les matières organiques sur les vêtements pour générer une odeur désagréable.

Ce qui peut être fait ?
Pour les lave-vaisselle et les lave-linge, l'augmentation de la température du cycle de lavage peut aider à contrôler la contamination microbienne. On peut également exécuter un cycle de «nettoyage» (sans vêtements, ni vaisselle) pour laver l'appareil. Le nettoyage manuel des pièces de la machine (par exemple, les joints et les parois en caoutchouc) périodiquement peut également prévenir l'accumulation de biofilm.

Douches
Qu'en est-il des endroits où les personnes vont se nettoyer ? Les pommeaux de douche peuvent littéralement inonder les personnes de microbes. Par exemple, les espèces mycobactériennes non tuberculeuses (MNT) se distinguent par leurs associations avec les aérosols de douche. Omniprésentes dans l'environnement, les MNT (par exemple Mycobacterium abscessus et M. avium complex [MAC]) sont couramment détectées dans l'eau de douche et des pommeaux de douche, où ils forment des biofilms. Bien que généralement inoffensives, ces espèces peuvent provoquer des maladies pulmonaires chez les personnes immunodéprimées.

Les rideaux de douche sont également recouverts de microbes. En effet, les «moisissures roses» qui se développent couramment le long des murs et des rideaux de douche est causée par deux espèces bactériennes pigmentées roses, Serratia marcescens et Aureobasidium pullalans, qui se nourrissent de résidus de savon et d'autres composés organiques qui éclaboussent autour de la douche. Oh, et ces canards en caoutchouc qui rendent l'heure du bain si amusante ? À l'intérieur, ils peuvent contenir jusqu'à 9,5 millions d'UFC bactériennes/cm2.

Ce qui peut être fait ?
La désinfection ou le remplacement régulier des pommeaux de douche, des rideaux, des jouets de bain et des tuyaux peut entraver la croissance bactérienne. Cela peut être plus important dans les maisons avec des personnes à haut risque.

Brosses à dents
Outre la douche, le brossage des dents est un élément clé des régimes d'hygiène personnelle. Les brosses à dents sont l'un des objets les plus densément colonisés de la maison. Les microbes sur les brosses à dents comprennent des taxons buccaux humains (par exemple, des espèces de Streptococcus, qui sont des membres abondants du microbiote oral), ainsi que ceux associés au microbiote cutané et à l'environnement domestique (par exemple, l'air). Des agents pathogènes comme Acinetobacter baumanii, Staphyloccocus aureus et Candida albicans ont également été détectés.

Le microbiote de la brosse à dents dépend de l'âge de la brosse à dents, du dentifrice et de la période d'utilisation, entre autres facteurs.

Ce qui peut être fait ?
Il existe des moyens de désinfecter les brosses à dents : le passage d'une brosse à dents au four à micro-ondes pendant 1 minute peut réduire la croissance bactérienne, tout comme le trempage dans du peroxyde d'hydrogène à 3% ou un rince-bouche comme la Listerine®. Le Centers for Disease Control and Prevention (CDC), cependant, a dit qu'il n'est pas nécessaire de tremper les brosses dans des solutions désinfectantes, car cela «pourrait propager des germes dans de bonnes conditions». Le mieux est de mettre les brosses à dents en position verticale pour leur permettre de sécher (un récipient fermé favorise davantage la croissance microbienne que de laisser la brosse exposée à l'air). De plus, il est recommandé de remplacer les brosses à dents tous les 3-4 mois, ou plus souvent si les poils semblent usagés.

Comment les microbes survivent-ils dans des environnements domestiques difficiles ?
Dans de nombreux espaces et outils évoqués ci-dessus, les microbes sont exposés à des produits chimiques et détergents agressifs, à des températures et à des forces mécaniques, ou à une combinaison de tous ces facteurs de stress. Comment survivent-ils ?

Les types et la gravité des facteurs de stress auxquels les microbes sont confrontés dépendent en grande partie de l'emplacement. Par exemple, les microbes présents dans le tiroir à lessive des machines à laver doivent tolérer des composés tels que l'eau de javel, les tensioactifs ou les parfums, tandis que ceux présents dans le joint de la porte doivent pouvoir survivre à des périodes fluctuantes de conditions sèches et humides et à des valeurs de pH variables. Le comportement humain compte aussi. Étant donné 90% de l'énergie utilisée par les machines à laver va au chauffage de l'eau, de plus en plus de personnes optent pour des cycles d'eau froide pour augmenter l'efficacité. Aux États-Unis, la température moyenne de lavage à l'eau froide est de 14,4°C, une forte baisse par rapport aux 40-60°C recommandés pour tuer la plupart des bactéries.

En général, la formation du biofilm est une condition essentielle à la survie microbienne dans des environnements domestiques hostiles. La matrice ue biofilm collante aide les cellules bactériennes à adhérer aux surfaces, tout en les protégeant des agressions environnementales. Par exemple, les conditions des pommeaux de douche sélectionnent probablement des espèces formant un biofilm qui peuvent résister à une pression d'eau élevée. Certains matériaux, comme le caoutchouc, un composant courant des appareils, offrent une surface favorable à la croissance du biofilm. De plus, certains microbes peuvent métaboliser les plastiques, les tensioactifs et les détergents trouvés dans ces endroits et les utiliser comme source de nutriments.

Souvent, les microbes qui se développent dans toute la maison sont aptes à faire face à de nombreux facteurs de stress simultanément. Par exemple, les espèces fongiques polyextremotolérantes (par exemple, les espèces de levures noires comme Exophiala dermititidis, une cause rare d'infections fongiques) peuvent résister à tout, des températures extrêmes aux radiations. Bien qu'ils soient présents en faible abondance dans l'environnement, ils sont généralement isolés des lave-vaisselle, ce qui souligne à quel point des conditions relativement inhospitalières sélectionnent des microbes abondants. À cette fin, il existe un lien présumé entre la polyextremotolérance et la pathogénicité opportuniste, ce qui suggère que certains des mêmes traits qui facilitent la survie microbienne permettent également la colonisation et l'infection de l'hôte. De même, les gènes bactériens de résistance aux antibiotiques, qui ont été détectés dans les siphons de douche, les joints de lave-vaisselle, les têtes de brosse à dents et d'autres endroits, sont liés aux réponses au stress. Ainsi, des conditions hostiles dans et sur les objets ménagers peuvent favoriser la croissance de bactéries résistantes aux antibiotiques.

Quels sont les risques ?
Dans cet esprit, des personnes peuvent-ils tomber malades à cause des outils qu'ils utilisent pour nettoyer ? Les preuves directes d'infections causées par le nettoyage des appareils, des espaces et des objets, en particulier dans les environnements domestiques, sont rares. Une étude a montré qu'une machine à laver de style domestique était responsable de la transmission de Klebsiella oxytoca, une bactérie qui peut causer diverses infections (par exemple, pneumonie, une bactérie qui peut causer diverses infections (pneumonie, infections de plaies et plus), chez les nouveau-nés dans une unité de soins intensifs. Lorsque la machine a été retirée, la transmission s'est arrêtée, mettant ainsi en évidence les machines à laver comme une voie de transmission potentielle pour les agents pathogènes.

De même, une épidémie d'infections causées par Saprochaete cllavata (une levure qui peut rendre malades des personnes immunodéprimées) dans un centre anticancéreux à Marseille, France, a été attribuée à un lave-vaisselle avec un chauffage défectueux, suggérant qu'il servait de «vecteur de contamination». Les éponges peuvent également propager des microbes - la contamination des éponges de cuisine par des coliformes fécaux (par exemple, E. coli) ou Staphylococcus aureus était prédictive d'autres surfaces de cuisine ayant la même contamination.

Dans le domaine de l'hygiène personnelle, une analyse de plus de 650 foyers domestiques aux États-Unis et en Europe a démontré que les régions géographiques présentant des niveaux élevés de mycobactéries pathogènes dans les pommeaux de douche résidentielles chevauchaient généralement les régions où les maladies pulmonaires à MNT étaient les plus répandues, suggérant une association possible entre les aérosols des pommeaux de douche et la manifestation de la maladie. Dans le même ordre d'idées, des chercheurs ont montré que les brosses à dents d'enfants atteints de mucoviscidose traités avec des antibiotiques pour des infections pulmonaires contenaient des agents pathogènes viables (c'est-à-dire Pseudomonas aeruginosa et S. aureus). Ils ont conclu que les brosses à dents pouvaient propager des bactéries susceptibles de déclencher de nouvelles infections dans les voies respiratoires inférieures.

Néanmoins, il convient de reconnaître que les exemples ci-dessus sont largement associatifs. La présence de microbes n'est pas intrinsèquement dangereuse, ils sont, après tout, partout. Même si des agents pathogènes opportunistes viables sont détectés, cela ne suffit pas pour déterminer leur potentiel pathogène. En fin de compte, davantage de recherches sont nécessaires pour découvrir des liens directs entre les microbes dans et sur les lieux et les outils de nettoyage à domicile et la santé humaine.

NB : Photo de l’éponge, source Pille R. Priske/Unsplash.

La sécurité des aliments au menu de l'événement affilié à l'IAFP au Pays de Galles

Il est toujours utile de savoir ce qui se dit lors d’une conférence sur la sécurité des aliments et de plus une surprise vous attend en fin d'article. Voici donc un résumé de «La sécurité des aliments au menu de l'événement affilié à l'IAFP au Pays de Galles», source Food Safety News.

Près de 150 professionnels de l'industrie ont discuté de la sécurité des aliments au Royaume-Uni lors d'un événement organisé par une filiale de l'International Association for Food Protection (IAFP).

La 19e édition annuelle de l'UK Association for Food Protection (UKAFP) s'est tenue au All Nations Centre de Cardiff, Pays de Galles, à la mi-novembre et a été organisée par le ZERO2FIVE Food Industry Centre de l'Université métropolitaine de Cardiff.

Les participants ont entendu des experts en sécurité des aliments tels que Nathan Barnhouse et le professeur Robin May de la Food Standards Agency (FSA), sur le rôle de l'autorité dans un système alimentaire en évolution.

Parmi les autres intervenants figurait le professeur John Holah de Kersia UK, qui a partagé ses idées sur la conception hygiénique en matière de sécurité des aliments. John Holah est également le président de l'UKAFP.

Deb Smith, spécialiste de l'hygiène chez Vikan, a présenté les défis et les solutions en matière de management des allergènes, Carol Wallace, de l'Université de Central Lancashire, a parlé du HACCP et Sarah Hall a échangé sur les modifications apportées à la version 6 de la norme Safe and Local Supplier Approval (SALSA).

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Le professeur David Lloyd, directeur du ZERO2FIVE Food Industry Centre, a dit : «Le paysage de la sécurité des aliments et des boissons au Royaume-Uni a connu de nombreux changements au cours des dernières années, notamment l'impact du départ du Royaume-Uni de l'UE en 2020, la pandémie de COVID-19, une accélération de le rythme des nouvelles technologies qui ont modifié la façon dont les consommateurs achètent des aliments, une prise de conscience accrue de l'impact de la production alimentaire sur notre planète et des préoccupations croissantes concernant l'abordabilité des aliments et leur contenu nutritionnel.

«En tant que professionnels de la sécurité des aliments, il est important que nous nous réunissions pour discuter de la manière dont nous pouvons répondre à un paysage de la sécurité des aliments en constante évolution et planifier un avenir durable, sain et sûr pour les consommateurs.»

Soutenu par le gouvernement gallois, ZERO2FIVE travaille avec des entreprises alimentaires et de boissons de toutes tailles pour fournir une assistance en matière de conception d'usine, de conseils en démarrage, développement, nouveaux produits, conception hygiénique, certification par des tierce partie et conformité aux normes alimentaires mondiales, sécurité des aliments, authenticité et législation sur la sécurité, l'alimentation et l'étiquetage et analyse du marché.

Richa Bedi-Navik, responsable senior des normes mondiales pour le BRCGS, a informé les participants des récents changements dans la version 9 récemment lancé.

«L'un des thèmes centraux de la nouvelle édition de la norme mondiale BRCGS est l'importance de développer une culture positive de la sécurité des aliments et son rôle pour assurer la mise en œuvre efficace des systèmes de management de la sécurité des aliments, qui à leur tour aident à prévenir les incidents liés à la sécurité des produits.»

Un certain nombre de posters (affiches) ont également été présentées sur des sujets tels que l'hygiène des mains dans une sandwicherie, les pratiques de traite dans des élevage laitiers, des informations sur la sécurité des aliments dans les recettes de kits de repas et des rapports d'inspection du Food Hygiene Rating Scheme (FHRS ou système de notation en hygène des aliments).

Les présentations de la conférence sont disponibles gratuitement ici.

Parmi les autres événements à venir de l'IAFP, citons l’European Symposium on Food Safety (Symposium européen sur la sécurité des aliments) qui se tiendra du 3 au 5 mai 2023 à Aberdeen, Écosse.

La photo illustre le professeur David Llyod à l'UKAFP conference 2019.

Commentaire
L’intérêt de cet article est de pouvoir avoir accès aux interventions et aux posters, chose assez rare pour être ici souligné.
Le blog vous proposera bientôt sous forme d’articles certains posters de cette conférence au Pays de Galles.

Biodynamie : «l’influence» de l’anthroposophie

La dernière moisson de l’excellent blog-notes d’Olivier Masbou du 21 novembre traite de la Biodynamie : «l’influence» de l’anthroposophie.

La Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Mivuldes) a publié récemment son rapport annuel. Elle revient sur le sujet de l’anthroposophie «doctrine spirituelle et philosophique» développée dans les années 1920 par l’Autrichien Rudolf Steiner.

La mission estime que ce mouvement décline «son influence» dans plusieurs domaines, dont «le domaine agricole avec la biodynamie». «Perçu comme un simple courant de pensée ‘alternatif’, le groupe apparait ainsi sous des visages différents auprès d’un public qui n’en perçoit pas nécessairement les ramifications ésotériques. Ces dernières génèrent un profit* extrêmement important au mouvement et se recoupent toutes vers un pouvoir centralisé, symbolisé par le Goetheanum, un monolithe au sommet d’une montagne près de la commune de Dornach en Suisse. Le bâtiment abrite le siège de la Société anthroposophique universelle. «Si la Miviludes n’a pas à porter de jugement sur une croyance, elle doit toutefois être capable d’identifier une dérive sectaire lorsqu’un mouvement matérialise son idéologie au travers d’activités susceptibles de présenter un danger pour la population» précise le rapport, qui cette année n’enquête pas sur la biodynamie mais sur deux des ramifications (la médecine anthroposophique et les écoles Steiner-Waldorf) du mouvement anthroposophique qui pourraient entraîner de lourdes dérives auprès de populations vulnérables : les personnes malades et les mineurs. Selon plusieurs sources (dont Actu Environnement), «près de 15  000 hectares de cultures sont certifiés en biodynamie en France. Les domaines viticoles composent 2/3 de cette surface». C’est effectivement en viticulture que la biodynamie connaît le plus de succès. Ce qui explique la tribune publiée récemment dans Le Point.fr (Pour en finir avec la biodynamie – L’encombrant Rudolf Steiner) du vigneron bourguignon Frédéric Mugnier.

Il y rappelle que la biodynamie est une pratique agricole «ni paysanne ni ancestrale.» «Peu de vignerons sont bavards à propos de Rudolf Steiner. On les comprend, écrit-il. La production de Steiner est massive – des dizaines de milliers de pages – et très indigeste, voire confuse. En plus, elle sent le soufre. Ils n’ont aucune envie de s’y frotter et ils préfèrent souvent dire qu’ils n’ont pas besoin de Steiner pour faire de la biodynamie. Mais la pirouette n’est pas recevable pour deux raisons. La première est que la certification Demeter met en tête de son cahier des charges la référence à Steiner. C’est clair : ce qui se fait sans Steiner n’est pas de la biodynamie. La seconde est que, très pratiquement, les gestes de la biodynamie n’ont de sens que par référence à Steiner». Dans son explication, Frédéric Mugnier se veut tranchant : «La biodynamie est une spiritualité, pas une agronomie. On ne peut pas s’intéresser à la biodynamie sans s’interroger sur Steiner et l’anthroposophie, ni la pratiquer sans les assumer». Ainsi, faire de l’agriculture en biodynamie, c’est participer au mouvement antroposophique (et le financer*), un mouvement qui intéresse grandement l’autorité française en charge de la surveillance des phénomènes sectaires. Il convient de l’assumer.

*Demeter en France est membre de la Fédération Biodynamique Demeter International (FBDI), née en février 2020 de la fusion entre Demeter International (fédération des associations nationales de certification Demeter) et l’association biodynamique internationale. FBDI «soutient fièrement le Congrès Agricole Biodynamique annuel, organisé par la section agricole du Goetheanum» peut-on lire sur le site de Démeter.

Si vous souhaitez en savoir plus sur la biodynamie, voici une vidéo qui va finir, je crois, par vous convaincre définitivement …
Mise à jour  du 16 décembre 2022