🐂 🐕 La santé des animaux, c'est aussi la nôtre.
— Anses (@Anses_fr) February 20, 2023
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«L'hygiène, avant la microbiologie, n'est hygiénique que dans ses intentions. C'est la science des apparences qui repose entre des mains d'aveugles : est sain ce qui est beau, bon, et ne sent pas mauvais.» Pierre Darmon, L'homme et les microbes, Fayard, 1999.
lundi 20 février 2023
La santé des animaux, c’est aussi la notre, selon l'Anses. Bienvenue au Terminal 2 de Roissy et au marché de Château rouge !
Les scandales alimentaires de nouveau à la une des médias
Il n’est pas nouveau que nos médias consacrent leur une aux scandales alimentaires récents ou passés, en voici quelques exemples :
«Avant Kinder et Buitoni : vache folle, lasagnes à la viande de cheval… 26 ans de scandales alimentaires», source Sud-Ouest du 7 avril 2022.
«Le scandale alimentaire, scénario à répétition du secteur agroalimentaire et de la grande distribution», source Le Monde du 11 août 2017.
«Kinder, Buitoni, Lactalis : pourquoi les scandales sanitaires se multiplient», source L’Humanité du 7 avril 2022.
«Scandales alimentaires : le ministère de l'Agriculture prend la tête d'une ‘police unique’», source La Dépêche du 12 mai 2022.
«Buitoni, Kinder, Lactalis... Pourquoi un nouveau scandale est possible», source enquête du Point du 19 février 2023.
Un an après l’affaire des pizzas contaminées, quelles leçons ont été tirées ? Les contrôles sont-ils plus efficaces en France ? Des experts s’inquiètent.
À Caudry (Nord), les salariés ont repris le chemin de l’usine Buitoni après dix mois d’arrêt forcé. Les machines ronronnent à nouveau mais seule la ligne de production numéro 2 tourne. La ligne 1, destinée aux pâtes crues, là où était produite la tristement célèbre pizza Fraîch’Up – responsable de la contamination à la bactérie E. coli d’une soixantaine de personnes et de la mort de deux enfants – est toujours à l’arrêt.
Des travaux de rafraîchissement et de mise aux normes – estimés à deux millions d’euros, selon nos informations – ont été réalisés dans cette usine vieillissante dont les conditions d’hygiène avaient été dénoncées bien avant sa fermeture par arrêté préfectoral, le 1er avril dernier.
«Les DDPP manquent de moyens, mais elles se dispersent aussi beaucoup trop, insiste le patron d'une société française agroalimentaire. Depuis 2020, elles ont fait détruire des millions de litres de crème glacée au motif qu'elles contenaient de l'oxyde d'éthylène [un pesticide, NDLR] en quantité à peine détectable.
«Scandale alimentaire et sanitaire : notre dossier spécial», source La Croix du 16 février 2023.
Bactéries E.coli dans les pizzas Buitoni, salmonelles dans le lait infantile de Lactalis et dans les chocolats Kinder...
Des scandales alimentaires et sanitaires ont été mis au jour récemment et soulèvent des questions sur la sécurité alimentaire en Europe et le contrôle des groupes agroalimentaires.
La France ne sait plus nourrir les siens !
La France🇫🇷 ne sait plus nourrir les siens😱😥! https://t.co/Eqw5Z2anoI @CGB_FR @BruCardot @G_wullens @alexis_hache @fermeenweppes @SvarletVarlet @VisioCrop @FrancoisArnoux @FnseaGBP @ecvass02 @ChLambert_FNSEA @emma_ducros @GeWoessner @AEGRW @DesrumauxRegis @smessaertluc
— Le Betteravier français (@LeBetteravierFR) February 20, 2023
Une semaine somme toute banale en France, au moins 44 produits alimentaires rappelés
En janvier, il y a eu 123 rappels et depuis le 1er février, il y a eu en France 115 rappels et le mois est en cours ...
Je ne connais aucun pays au monde qui ait eu autant de rappels en une seule semaine, c’est dire le niveau exceptionnel de sécurité des aliments en France, nous sommes donc rassurés et vraiment chanceux, et surtout, ne changez rien, si l’on en croit ce qui suit ...
Comme le dit le 18 janvier 2023 un responsable allemand de l’Office fédéral de la protection des consommateurs et de la sécurité alimentaire (BVL):
« L'augmentation récente des signalements sur le portail Lebensmittelwarning.de montre que les entreprises et les distributeurs respectent leurs obligations légales en matière de signalement et contribuent ainsi au niveau élevé de sécurité des aliments en Allemagne», résume Georg Schreiber après plus de dix ans sur le portail.Il y a eu une augmentation constante des rapports ces dernières années, 2022 (311), 2021 (282), 2020 (273). «Mais cela ne signifie pas que les aliments sont devenus moins sûrs en Allemagne», déclare Schreiber. Au contraire, les raisons qui conduisent à une augmentation des avis de rappel et, en fin de compte, à une augmentation de la sécurité des aliments sont :- Les entreprises sont moins réticentes aux rappels de nos jours. Les rappels publics sont désormais considérés comme faisant partie d'une gestion responsable qui fait également preuve de fiabilité.- Grâce aux progrès techniques, les méthodes d'analyse et de test se sont tellement développées que même la moindre contamination peut être détectée aujourd'hui.- De plus, les réductions des quantités maximales autorisées entraînent davantage de signalements et, globalement, une meilleure protection de la santé.
La grosse différence dans le ‘fameux couple franco-allemand’, est que la France, contrairement à l’Allemagne, a une explosion des rappels et non pas une simple augmentation constante au fil des ans, la tendance de février 2023 en est une illustration. Je ne sais donc pas si ce qui valable en Allemagne est valable en France, car si l’on additionne les mois de janvier et février, nous en sommes déjà aux deux tiers des produits rappelés en Allemagne en un an !
Notons tout de même que la plupart de ces rappels ne sont pas préventifs, les produits ont été le plus souvent déjà commercialisés avant l’avis de rappel …
Selon les données extraites de RappelConso, voici le nombre des rappels,
- 2021, 3 243
- 2022, 2 441
- 2023, 255 (février en cours)
dimanche 19 février 2023
Un cas de botulisme associé à du lait d’amande en Australie
Les autorités sanitaires ont été informées de la survenue en France de 5 cas graves de listériose, dont 4 chez des femmes enceintes ayant présenté des accouchements prématurés. Ces 5 personnes, infectées par la même souche de Listeria, ont signalé des symptômes entre avril et décembre 2022.
Le 17 février 2023, Food Safety News rapporte un cas de botulisme lié à du lait d’amades en Australie. Une marque de lait d'amande a été associée à un cas de botulisme en Australie.
Le problème a été identifié lorsqu'une personne a présenté de graves symptômes de botulisme après avoir bu l'alternative laitière. Cette personne a été hospitalisée et continue de recevoir des soins.
Les premières investigations des autorités ont confirmé la présence de toxine botulique dans un échantillon de produit. La NSW Food Authority enquête sur le processus de fabrication pour déterminer la cause de la contamination.
Le botulisme est une maladie rare mais potentiellement mortelle causée par des toxines produites par la bactérie Clostridium botulinum.
La NSW Health a conseillé aux personnes de ne pas consommer la boisson. L'agence a déclaré que le produit rappelé n'était pas sûr et a demandé aux personnes de vérifier leurs réfrigérateurs et leurs armoires. Si les consommateurs ont acheté la boisson concernée, il leur est conseillé de la jeter ou de la rapporter au lieu d'achat pour un remboursement.
Le botulisme est extrêmement rare en Australie avec 26 cas enregistrés depuis le début de la collecte des données nationales de notification en 1992. Seuls trois d'entre eux sont d'origine alimentaire.
«Les premiers symptômes du botulisme d'origine alimentaire comprennent la faiblesse, la fatigue et les vertiges. Bien que ces symptômes surviennent généralement en raison d'un certain nombre de problèmes de santé, le botulisme est généralement suivi d'une vision floue, d'une bouche sèche et de difficultés à avaler. Des nausées et des vomissements peuvent également survenir», a-t-elle dit.
«Ces symptômes peuvent évoluer vers la paralysie des muscles des bras et continuer le long du corps jusqu'au tronc et aux jambes, et la paralysie des muscles respiratoires peut être mortelle. Nous exhortons toute personne ayant consommé ce produit et présentant ces symptômes graves à consulter immédiatement un médecin. La plupart des cas guérissent s'ils sont diagnostiqués et traités tôt.
Inside Out Nutritious Goods a dit qu'il se concentrait sur la santé et la sécurité des clients et prenait très au sérieux tout problème potentiel de contamination.
«Nos pensées vont au client concerné et nous lui souhaitons un prompt rétablissement. Dès que nous avons été informés d'un problème de contamination potentiel, nous avons lancé un rappel volontaire et avons fourni toute l'assistance aux autorités compétentes. Nous travaillons avec NSW Health et la NSW Food Authority pour enquêter sur ce qui s'est passé. Inside Out engage également des experts indépendants pour enquêter sur la question», a déclaré un communiqué de la société.
Dans le botulisme d'origine alimentaire, les symptômes commencent généralement 18 à 36 heures après avoir mangé des aliments contaminés. Cependant, ils peuvent commencer dès six heures ou jusqu'à 10 jours plus tard.
samedi 18 février 2023
Épidémie de shigellose signalée chez des voyageurs revenant de Cap Vert
Le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a dit qu’il avait plus de 250 cas de shigellose parmi les voyageurs revenant du Cap-Vert signalés lors d'une épidémie qui a débuté en novembre 2022.
Dans une évaluation rapide des risques, l'ECDC a dit qu'il y avait eu 221 cas d’infection confirmée à Shigella sonnei et 37 cas possibles de l'Union européenne et de l’Espace économique européen (UE/EEE), du Royaume-Uni et des États-Unis avec des liens vers le Cap-Vert, un archipel et pays insulaire au large de la côte ouest de l'Afrique. De nombreux cas auraient séjourné dans des hôtels tout compris situés dans la région de Santa Maria sur l'île de Sal. Les cas les plus récents ont été signalés en Suède le 19 janvier.
La shigellose est une affection gastro-intestinale causée par l'une des quatre espèces de bactéries Shigella : Shigella sonnei, S. flexneri, S. boydii ou S. dysenteriae. Les symptômes vont de la diarrhée légère à la dysenterie sévère. L'infection à Shigella est généralement associée à une exposition à des aliments ou à de l'eau contaminés par des matières fécales humaines, mais la transmission peut également se produire par contact direct de personne à personne.
L'ECDC affirme que la source la plus probable de l'épidémie est les aliments, bien qu'elle n'ait pas exclu la transmission de personne à personne. Le séquençage de 106 isolats montre un cluster génétiquement compact, ce qui indique une source commune d'infection. Des co-infections à Shigella avec d'autres pathogènes gastro-intestinaux bactériens et parasitaires (par exemple Salmonella Mbandaka, Campylobacter, Cryptosporidium et des souches de Escherichia coli entérotoxinogene) ont été signalées parmi les cas.
Les souches de S. sonnei identifiées parmi les cas-patients ont prédit une résistance au triméthoprime et à la streptomycine, certains isolats présentant une multirésistance.
L'ECDC indique être en contact régulier avec des responsables de Cap Vert pour soutenir les enquêtes sur la source de l'épidémie et encourage les autorités de santé publique de l'UE et de l’EEE à sensibiliser les professionnels de la santé aux infections à Shigella parmi les personnes qui ont récemment voyagé dans ces îles.
NB : L'image est du CDC des Etats-Unis.
Les maladies transmises par les arthropodes sont des maladies acquises par des vecteurs arthropodes, le plus souvent par la piqûre de moustiques, de tiques, de phlébotomes ou de puces infectés. Le fardeau de ces maladies est principalement supporté par les pays en développement, y compris les pays du continent africain.
One Health en France ? Les douanes de Roissy débordées par l’afflux illégal de viande de brousse
Pangolins, têtes de singe ou encore chauve-souris : à l'aéroport parisien de Roissy-Charles-de-Gaulle, les douaniers saisissent chaque semaine des chaque semaine des centaines de kilogrammes de viande de brousse, débordés et agacés que personne n'ait «tiré les enseignements du Covid».
Avant toute chose c’est l’odeur rance et forte du sang qui prend à la gorge. Puis on aperçoit derrière les douaniers des piles de morceaux de viande, allant du poulet cuisiné aux morceaux de python, en passant par de gros vers blancs séchés.
Le jour n’est pas encore levé sur le plus grand aéroport d’Union européenne que les douaniers ont déjà saisi plusieurs kilogrammes de viande d’animaux sauvages, en fouillant quelques bagages de voyageurs à la sortie de leur vol venu d’Afrique australe.
«Regardez l’état de ce poisson. Ne me dites pas que vous allez manger ça !», s’exclame un jeune agent blond, brandissant un animal grouillant de vers blancs, lesquels ne manquent pas de dégouliner dans la valise de la passagère impeccablement habillée. «Cela nous arrive tous les matins de saisir ce genre de chose», confie le douanier - qui souhaite rester anonyme – avant de jeter l’animal sur un tas et de prendre le passeport de la voyageuse. Celle-ci s’en sortira sans amende, faute de temps et de moyens. Seuls les multirécidivistes ou ceux transportant des espèces protégées sont sanctionnés.
Car face à l’afflux massif de viande de brousse, les douanes françaises se disent «dépassées». En 2021, les douanes du terminal 2 ont saisi 36 tonnes de produits illégaux issus d’espèces sauvages, principalement venues d’Afrique ou d’Asie. Une partie de ces viandes sont destinées à de la consommation personnelle, «mais il y a également des grands courants de fraude» qui alimentent entre autres des restaurants clandestins, explique Adrien Clopier, chef adjoint de la brigade du T2.
À cela s’ajoute l’impact sur la biodiversité, avec un «grand nombre d’espèces protégées» saisies : «des singes, des grands primates en voie de disparition», énumère-t-il.
Cas emblématique : celui du pangolin, à la fois en voie de disparition et potentiellement porteur de maladies. «Le pangolin, ça parle à tout le monde après le Covid, pourtant on en saisit plusieurs par semaine», dit-il dans une allusion aux soupçons portés sur cet animal quant à l’origine de la pandémie. «Tout comme des primates porteurs du virus Ebola», rouspète le chef douanier.
Sachant que les douanes n’estiment saisir «qu’environ 10% du trafic de viande», «on est sur une roulette russe» face aux maladies, met en garde M. Bizeray, déplorant «un problème systémique».
(…) Entre odeurs écœurantes, blessures en se piquant sur des arrêtes et craintes face aux éventuels virus, les agents équipés de simples masques chirurgicaux et de gants déplorent leurs conditions de travail difficiles face à une tâche sisyphéenne. Las, l’un d’eux lâche : «qu’est-ce qu’ils attendent pour réagir? Qu’on se tape un nouveau Covid ?»
Psst … on vous prépare une surprise…
— Anses (@Anses_fr) February 17, 2023
Préparez-vous, prochainement on vous lance un défi !
A suivre très vite sur les réseaux !
🐈⬛🔬 pic.twitter.com/nD4e5vwj9u
Le 18 février 2023 était la journée mondiale du pangolin.
Un nouvel épisode d'un mauvais feuilleton de l'ARS : Ce n'est pas une intoxication alimentaire mais une gastro !
Dans la soirée du vendredi 10 au samedi 11 février 2023, 35 enfants de l’école Molière, située dans le quartier de l’Eure, au Havre (Seine-Maritime), ont été pris de maux de ventre et de vomissements. Source actu.fr du 14 février 2023.
Cela a bien évidemment suscité l’inquiétude des parents d’élèves qui, ce lundi, s’interrogeaient sur l’origine de cette épidémie de symptômes. L’un d’eux nous a sollicité pour en savoir plus.
«Le directeur de l’école a immédiatement appelé le 15 dès qu’il a eu connaissance de la situation et les consignes des urgentistes ont été transmises aux parents d’élèves grâce à l’application de l’école», assure la direction des services départementaux de l’Éducation nationale de la Seine-Maritime.
Selon l’ARS, il s’agirait plutôt d’une transmission virale interhumaine, c’est-à-dire que les écoliers se seraient transmis un virus, a priori une gastro-entérite, tout au long de la semaine.
La transmission se produit soit de personne à personne, soit par contamination des aliments ou de l'eau. [1, 15, 33] Les statistiques du CDC montrent que l’aliment est le véhicule de transmission le plus courant de norovirus ; sur 232 éclosions à norovirus entre juillet 1997 et juin 2000, 57% étaient d'origine alimentaire, 16% se sont propagées d'une personne à l'autre et 3% étaient d'origine hydrique. [6, 31] Lorsque l’aliment est le véhicule de transmission, la contamination se produit le plus souvent par un manipulateur d'aliments manipulant incorrectement un aliment juste avant qu'il ne soit mangé. [4, 9, 10]
Le plan de réduction des émissions de la Commission européenne touchera plus d’élevages que prévu
Le 17 février 2022, EURACTIV a révélé que les seuils fixés dans la directive sur les émissions industrielles était basé sur d'anciennes données, augmentant le nombre d'exploitations avicoles touchées de 15% à 58% et de porcs 18% à 61% au niveau européen. Comment est-il possible de baser des décisions sur une telle erreur de calcul !
En effet, «En raison de l’utilisation d’ensembles de données obsolètes datant de 2016, les plans de l’UE visant à réduire les émissions industrielles pourraient toucher plus du triple des exploitations porcines et près du quadruple des exploitations avicoles que ce qui avait été suggéré précédemment. C’est ce qu’il ressort d’un document de la Commission qui a été divulgué et qu’EURACTIV a pu consulter.»
Après l'étude d'impact sur #farmtofork soigneusement cachée en 2021, la Commission européenne récidive en cachant les vraies conséquences de la directive "émissions industrielles" sur les élevages européens. On ne perd par les mauvaises habitudes...https://t.co/8JwlGQUguu
— Gil Rivière-Wekstein (@AEGRW) February 17, 2023
vendredi 17 février 2023
Curieux retour sur l'épidémie à Salmonella liée aux produits Kinder de chez Ferrero
Ainsi que l’a dit le journaliste Joe Whiworth dans un tweet, Certes, cela aurait pu être pire, mais je ne dirais pas que 455 personnes malades dans 17 pays comptent comme une catastrophe «évitée».
Le plus grand rappel de produits chocolatés de l'histoire mondiale, juste avant Pâques, a évité des milliers de cas supplémentaires. Un total de 455 cas à Salmonella Typhimurium trouvés dans 17 pays. Le Royaume-Uni avait la plupart des cas avec 128.
Comme tout autre produit alimentaire manufacturé, le chocolat peut être contaminé si des ingrédients ou des processus clés sont altérés. Dans une présentation lors d'une journée pré-ECCMID (European Congress of Clinical Microbiology & Infectious Diseases) pour le Congrès européen de microbiologie clinique et des maladies infectieuses de cette année (ECCMID 2023, Copenhague, 15-19 avril), la Dr Johanna Takkinen, experte principale pour les maladies d'origine alimentaire et hydrique au Centre européen de contrôle et de prévention des maladies (ECDC), Stockholm, Suède, discutera du drame au fur et à mesure que l'histoire s’est déroulé et les leçons tirées d'une épidémie à Salmonella Typhimurium liée à des œufs Kinder en chocolat issus d’une chocolaterie belge.
«Sans une action claire et coordonnée à travers l'Europe et au-delà, plusieurs milliers d'enfants supplémentaires auraient pu tomber malades, et potentiellement de nombreux décès», dit la Dr Takkinen.
Les autorités britanniques (la UK Health Security Agency [UKHSA]) ont pour la première fois sonné l'alarme sur la plate-forme d'alerte EpiPulse hébergée par l'ECDC le 17 février 2022, signalant qu'un groupe de 18 enfants ont été déclarés malades d'infections à Salmonella Typhimurium monophasique depuis janvier 2022. Parmi ceux-ci, sept ont été hospitalisés et cinq des sept ont eu une diarrhée sanglante, un symptôme grave. «Les entretiens préliminaires des premiers cas ont indiqué que des produits au chocolat Kinder étaient un vecteur possible d'infection. Plusieurs pays ont alors commencé à signaler un nombre croissant d'infections avec des souches identiques à celles de l'épidémie au Royaume-Uni», explique la Dr Takkinen. Au 18 février, la France avait signalé ses 2 premiers cas et au 18 mars, 59 cas avaient été signalés dans cinq pays.
Fin mars 2022, l'ECDC a coordonné une téléconférence avec les pays touchés lorsque quatre isolats non humains de Salmonella Typhimurium monophasique, génétiquement proches des isolats humains, ont été identifiés dans une base de données publique. En une semaine, ces isolats ont été confirmés provenant d'une chocolaterie belge .
Auparavant, il a été difficile d'identifier l'usine ou les usines impliquées, car il existe quatre usines au sein de l'Union européenne qui produisent du chocolat Kinder en grandes quantités. Ces nouvelles preuves microbiologiques ont permis aux différentes agences de concentrer leurs investigations sur une seule usine.
Pendant ce temps, la Food Standards Agency (FSA) au Royaume-Uni et la Food Safety Authority en Irlande (FSAI) et la UK FSA ont décidé de rappeler, le 2 avril, certains produits Kinder au chocolat (dont les œufs Kinder Surprise). Le 8 avril, les autorités, désormais convaincues que l'usine était identifiée, ont ordonné la fermeture de cette chocolaterie (Ferrero) et, deux jours plus tard, ont lancé un rappel mondial des produits de l'usine. L'alerte a atteint 130 pays, et en plus des 401 cas identifiés dans l'UE et le Royaume-Uni combinés (le Royaume-Uni avait le plus de cas, avec 128), d'autres cas ont été identifiés en Suisse (49) et au Canada (4) et aux États-Unis. (1), soit un total mondial de 455 cas dans 17 pays. L'ECDC et l'EFSA ont également publié des évaluations rapides des épidémies pour tenir le public informé.
Les enfants de moins de 10 ans représentaient la plupart des cas signalés (86 %) et environ les deux tiers (61%) étaient des femmes. Un certain nombre d'adultes (27), la plupart âgés de 21 à 40 ans et des femmes (18 sur 27), ont également été infectés. Parmi ces adultes figuraient une poignée d'hommes et de femmes âgés de 41 à 70 ans. Sur 349 cas analysés, 28% étaient suffisamment graves pour être hospitalisés, beaucoup présentant des symptômes tels qu'une diarrhée sanglante. Sur 179 cas interrogés (principalement via des membres de la famille), 170 (95%) ont dit avoir consommé des types de produits au chocolat de la marque Kinder fabriqués dans l'usine belge impliquée.
Les analyses (la plupart par PCR) de plusieurs produits de l'usine ont donné 81 prélèvements positifs à Salmonella, avec deux souches différentes, dans l'usine belge entre le 3 décembre 2021 et le 25 janvier 2022. Les autorités ont estimé que l'événement de contamination initial s'est produit avant décembre 2021 ; un produit final a été positivement identifié comme contaminé par Salmonella le 3 décembre, et le premier cas avec progression des symptômes a eu lieu le 12 décembre. En raison du temps nécessaire pour passer de la production aux sites de vente au détail, la majorité des premiers cas ont commencé à apparaître en janvier 2022. Un tank de matière grasse laitière anhydre (appelée babeurre) a été identifié comme point de la contamination, la matière grasse laitière anhydre provenant d'une usine en Italie qui a été testée négative pour Salmonella. L'usine Ferrero a subi plusieurs cycles de nettoyage et de désinfection avant d'être réautorisée à ouvrir le 17 juin 2022, pour trois mois sous conditions, mais avec sa licence permanente de production a été réémise le 17 septembre 2022.
La Dr Takkinen dit : «Les enfants couraient un risque très élevé lors de cette épidémie, avec plusieurs produits de chocolat mais surtout des œufs au chocolat touchés avant Pâques. C’est seulement grâce à une collaboration intensive avec des équipes multidisciplinaires d'experts en santé publique (microbiologistes, épidémiologistes) et à une communication intersectorielle régulière (santé publique et sécurité des aliments), que les autorités ont pu prévenir une épidémie mondiale dévastatrice.
Elle ajoute : «La détection précoce efficace des cas grâce à la surveillance de Salmonella au Royaume-Uni et la vérification précoce d'une épidémie en évolution rapide dans plusieurs pays et grâce aux réponses rapides des pays ont également été cruciales pour prévenir l'escalade de l'épidémie.»