mercredi 4 janvier 2023

Faut-il un étiquetage de prévention pour les graines germées crues ?

«Une épidémie à Salmonella liée à des graines germées rend malade 15 personnes dans 3 États des États-Unis», source article de Lisa Schnirring paru le 3 janvier 2023 dans CIDRAP News.

Une épidémie à Salmonella Typhimurium liée à des graines germées de luzerne de SunSprout Enterprises, basée au Nebraska, a jusqu'à présent rendu malades 15 personnes dans trois États, ont déclaré le Centers for Disease Control and Prevention (CDC) des États-Unis dans une annonce du 30 décembre 2022.

Les dates d'apparition de la maladie vont du 2 au 13 décembre. L'âge des patients varie de 19 à 78 ans et, sur 14 personnes disposant d'informations disponibles, 2 ont été hospitalisées. Aucun décès n'a été signalé. Les États touchés sont le Nebraska (8 cas), le Dakota du Sud (6) et l'Oklahoma (1).

Des entretiens avec des personnes malades ont révélé que les 12 personnes avaient mangé des germes de luzerne avant le début de leurs symptômes. Les données génétiques du système PulseNet du CDC montrent que les bactéries des personnes malades étaient étroitement liées, suggérant qu'elles sont tombées malades de la même source.

Les informations de traçabilité de la Food and Drug Administration suggèrent que les restaurants et les magasins impliqués dans l'épidémie ont reçu leurs germes de SunSprout Enterprises. Deux patients ont également confirmé avoir acheté des germes de luzerne de marque SunSprouts dans leurs épiceries locales.

Le 29 décembre 2022, la société a rappelé quatre lots de ses graines germées crues, qui ont été distribués dans le Nebraska, le Kansas et l'Iowa. Les produits étaient vendus dans des contenants à clapet en plastique transparent et dans des emballages de 2,5 livres. Les dates de péremption vont du 10 décembre 2022 au 7 janvier 2023.

Le CDC a exhorté les consommateurs à jeter ou à retourner les germes rappelés et à laver les surfaces qui pourraient avoir touché le produit rappelé.

Les graines germées crus et insuffisamment cuits sont une source connue de maladies et d'épidémies d'origine alimentaire, et le CDC exhorte les consommateurs, les restaurants et les autres distributeurs à suivre des pratiques alimentaires sûres pour prévenir les maladies.

Dans un autre article, Bill Marler, l’éditeur de Food Safety News, se demande, «N’est-il pas temps d'apposer une étiquette d'avertissement sur les graines germées crues ?»

J'ai perdu la trace du nombre de «Sproutbreaks» (contraction de sprouts, graines germées, et d’outbreaks, épidémie -aa) au fil des ans liées à E. coli, Salmonella ou Listeria. Mes amis du Barblog ont noté les «Sproutbreaks» depuis des années : «Nous documentons au moins 55 épidémies aux graines germées dans le monde, affectant un total de 15 233 personnes depuis 1988. Un tableau complet des épidémies liées aux graines germées crues peut être retrouvé ici

Est-il temps d'avoir une étiquetage d'avertissement pour les graines germées crues ?

Peut-être que l'étiquetage pourrait refléter les exigences que l'on trouve actuellement sur les jus non pasteurisés ?

Avertissement : Ce produit peut contenir des bactéries dangereuses pouvant causer des maladies graves chez les enfants, les personnes âgées et les personnes dont le système immunitaire est affaibli.

Ou peut-être, aller un peu plus loin ?

Selon un ancien document du CDC, «Graines germées : Ce n’est pas un aliment sain pour tout le monde».

Selon un article de 1999 paru dans Emerging Infectious Diseases, la revue à comité de lecture du CDC, les enfants, les personnes âgées et les personnes dont le système immunitaire est affaibli ne devraient pas manger de graines germées crues.

Bien que les graines germes soient souvent considérés comme un «aliment santé», les conditions chaudes et humides nécessaires à la croissance des germes à partir de graines sont également idéales pour la prolifération des bactéries. Salmonella, E. coli et d'autres bactéries peuvent se développer à des niveaux élevés sans affecter l'apparence des germes.

Les auteurs ont examiné les articles des États-Unis et de plusieurs autres pays sur les épidémies causées par la consommation de graines germées crues contaminées issues de divers types de graines (par exemple, la luzerne, le haricot mungo et le trèfle). La plus grande épidémie à E. coli O157:H7 signalée au monde, qui s'est produite au Japon en 1996, était liée à la consommation de graines germées de radis blanc (daikon). Environ 10 000 personnes sont tombées malades lors de cette épidémie.

Des chercheurs ont traité les graines et les germes par la chaleur ou les ont lavées dans des solutions de chlore, d'alcool et d'autres produits chimiques. Certains de ces désinfectants réduisaient les niveaux de bactéries, mais un danger potentiel subsistait, en particulier pour les personnes dont le système immunitaire était affaibli. Des températures élevées qui tueraient les bactéries sur les graines les empêcheraient également de germer.

Je pense qu'il est temps, dit Bill Marler, d’avoir une étiquette d'avertissement. Voici mon idée :

mardi 3 janvier 2023

3 janvier 2023 en France, rappel et notification au programme ...

1. Le 28 novembre 2022, étaient rappelées par RappelConso des «Gourd'o fruits» : gourdes de purées de fruits sans sucres ajoutés 12x90g (pomme ; pomme-framboise ; pomme-pêche ; pomme-fraise-banane) de la marque Leader Price pour cause de présence de patuline (mycotoxine) >25 microgrammes/kg.

Ce rappel a eu lieu alors les produits commercialisés du 17/11/2022 au 26/11/2022. Pas vraiment proactif ce rappel, alors on se dit alors, on fera mieux la prochaine fois ?

La prochaine fois est le 3 décembre 2023 avec un rappel de gourdes pomme fraise / pomme abricot sans sucre ajoute U Mat & Lou de la marque U pour cause de patuline au-delà des limites réglementaires. Voir image ci-dessus.

La fiche de rappel ne contient pas la date de début de commercialisation, ce qui est dommage, par conséquent, on va opter pour un rappel proactif ; cela étant deux rappels en deux mois pour des marques distributeurs, ce doit être pourtant simple de remonter au fabricant pour qu’il réalise enfin des analyses de patuline, avant de mettre ses produits sur le marché.

On lira aussi sur ce sujet cet article du blog, Aussi sucré que du cola : les dentistes britanniques appellent à une action radicale sur les gourdes ou poches à boire pour bébés.

2. En France, la pâte à croissant est une pâte levée feuilletée comme celle des pains au chocolat. Elle utilise les mêmes principes que la pâte feuilletée normale, à la différence que le pâton dans lequel on plie le beurre contient de la levure de boulanger qui fera gonfler la pâte avant et pendant la cuisson …
S’agissant de croissants, voici une notification au RASFF de l’UE par la France le 3 décembre 2022 de la présence de
Escherichia coli producteurs de shigatoxines (STEC) dans des croissants surgelés de France, suite à contrôle de l’entreprise. Distribution au Pays-Bas.
La notification rapporte qu’il s’agit de croissants au beurre prêts à cuire surgelés 75g.

Désormais, en termes de recommandations en France
«Les préparations à base de farine (pizza/pâte à cookies/gâteau/tarte/crêpe...) ne doivent pas être consommées crues ou peu cuites.» 
Il était temps. Sachez cependant que la présence de pathogènes, Salmonella par exemple, dans de la pâte crue de farine pour faire des gâteaux était connue depuis 1993, selon cette bande dessinée ...
A suivre ...

Une référence de croissants, la société Picard propose cette information sur la cuisson au four de croissants au beurre surgelés,
    Préchauffez votre four à 180°C (thermostat 6). Déposez les croissants sur une plaque recouverte de papier cuisson et enfournez à mi-hauteur. Laissez cuire le temps indiqué. Four traditionnel : 20 minutes. Four à chaleur tournante : 18 minutes Laissez refroidir 10 minutes avant de déguster.

Un nouvelle exemple de la rapidité du réseau d’alerte ou RASFF de l’UE

Souvent, voire même très souvent, je me moque du réseau d’alerte rapide sur les denrées alimentaires et les aliments pour animaux, dénommé RASFF pour
Rapid Alert System for Food and Feed (RASFF) en raison de sa lenteur voire son retard à la publication d’une notification.

Vous vous dites, le blog exagère, c’est un outil indispensable !
Vous avez raison, mais vous avez aussi tort, jugez plutôt par cet énième exemple.

Nous sommes le 30 novembre 2022 (voir image ci-dessus) et l’ECDC nous informe qu’une épidémie causée par Salmonella Mbandaka ST413 s'est développée dans sept pays de l'UE et de l’EEE, au Royaume-Uni et en Israël. Pour en savoir plus, allez sur ce lien.

Au 8 novembre 2022, 196 cas avaient été signalés en République tchèque, Estonie, Finlande, France, Allemagne, Irlande, Pays-Bas, Royaume-Uni et Israël. Dix-neuf cas ont été hospitalisés et cinq cas ont eu une septicémie ; il y a eu un cas mortel au Royaume-Uni. Des cas se sont produits dans tous les groupes d'âge et il n'y a pas de différence globale lorsque le sexe est pris en compte.

Sur la base d'entretiens de cas en Finlande et au Royaume-Uni, des produits de poulet prêts à consommer (PAC) et/ou de la viande de poulet réfrigérée, tels que ceux utilisés dans les sandwichs et les wraps, sont les vecteurs probables d'infection.

 À la suite d'investigations, l'autorité de sécurité alimentaire finlandaise a lié les produits PAC suspects à une société estonienne, mais ce lien n'a pas pu être vérifié par l'identification des lots, ni par des preuves microbiologiques. L'entreprise estonienne a reçu de la viande de poulet transformée de différents fournisseurs et son rôle en tant que source de l'infection n'a pas pu être établi.

Les données épidémiologiques et les preuves microbiologiques issues du séquençage du génome entier d'isolats humains indiquent qu'il existe plusieurs sources actives dans différentes chaînes de distribution alimentaire, avec une source commune probable plus en amont de la chaîne d'approvisionnement. De nouveaux cas sont susceptibles de se produire dans l'UE et de l’EEE jusqu'à ce que la source ait été identifiée et maîtrisée.

L'ECDC encourage les États membres à séquencer les isolats de S. Mbandaka à partir de cas humains et à interroger les cas d'infection à S. Mbandaka ST413 en se concentrant sur la consommation de diverses viandes de volaille et de produits connexes. Des investigations complémentaires sont recommandées en coopération avec les autorités de sécurité des aliments

Et grâce au RASFF de l’UE, nous apprenons qu’il y a eu une notification 2023.0022 (voir image ci-dessus) le 2 janvier 2023 par la Finlande de la présence de Salmonella Mbandaka dans du poulet entier réfrigéré de Lettonie via l'Estonie.

La décision du risque est jugée ‘pas grave’, et pour cause, le produit n'est plus sur le marché !

Bon exemple de fonctionnement du RASFF de l’UE, quand on intervient après coup, on est sûr de ne pas se tromper …

NB : Merci à Joe Whitworth de m'avoir signalé ces informations.

Les bactéries et la libération d’oxygène dans l’atmosphère terrestre

Le second article, le plus lu par les lecteurs des articles de l’American Society for Microbiology, va à un article, The Great Oxidation Event: How Cyanobacteria Changed Lifesur le grand évènement qu’est l'oxydation, qui a été catalysée par des microbes !

Découvrez comment les cyanobactéries ont modifié la chimie de notre planète en libérant de l'oxygène dans l'atmosphère terrestre, entraînant l'évolution du métabolisme aérobie.

La Microbiologie est fantastique!

2023 : Affaires judiciaires, changements de règles et célébrations du Codex

«2023 : Affaires judiciaires, changements de règles et célébrations du Codex», source article de Joe Whitworth paru le 2 janvier 2023 dans Food Safety News.

Bienvenue en 2023 ! Les calendriers ont été modifiés, les fêtes de fin d'année touchent à leur fin et il est temps de se recentrer avant ce qui sera assurément une autre période digne d'actualité pour le secteur alimentaire.

Cette année marque une décennie depuis le scandale de la viande de cheval en Europe. La fraude alimentaire concernait de la viande de cheval dans des produits de viande bovine sans être mentionnée sur l'étiquetage. La Food Safety Authority of Ireland (FSAI) a signalé des découvertes de viande de cheval dans des hamburgers mi-janvier 2013.

Certains des problèmes répertoriés en 2022 se poursuivront également cette année. De plus, au bas de cet article, vous pouvez trouver une sélection d'événements, en dehors des États-Unis, par ordre chronologique.

Conflit entre la Russie et l’Ukraine
L'invasion de l'Ukraine par la Russie a commencé en février 2022. Outre les pertes en vies humaines et les dommages aux infrastructures, des inquiétudes ont été exprimées concernant la sécurité des aliments. L'Ukraine était l'un des principaux exportateurs de céréales et le conflit a contribué à la hausse des prix des denrées alimentaires. La Russie et l'Ukraine sont les principaux fournisseurs de blé, de maïs et d'huile de tournesol. Les pays d'Afrique et du Moyen-Orient ont été particulièrement touchés. L'impact de la hausse des prix des aliments et de l'énergie est un autre domaine à surveiller. La question a été soulevée lors des réunions du Codex et de l'Organisation mondiale du commerce, mais on ignore comment et quand l'action militaire prendra fin.

Les rouages de la justice
Des audiences sont en cours en Espagne autour de l'épidémie à Listeria liée au porc farci de chez Magrudis en 2019. Plus de 200 personnes sont tombées malades et cinq sont décédées.

En outre, Strauss fait face à une action civile pour un incident de confiserie lié à Salmonella en Israël, Ferrero fait l'objet d'une enquête par le parquet luxembourgeois et des poursuites sont en cours contre Nestlé en France en raison d'une épidémie à E. coli associée à des pizzas.

Souvenez-vous de l'épidémie à Listeria liée à des saucisses polony de chez Tiger Brands Enterprise en Afrique du Sud ? C'était en 2017 et 2018 mais nous n'avons pas encore atteint la première étape du procès. Espérons que 2023 verra cela se produire et que le recours collectif pourra aller de l'avant.

Joyeux anniversaire au Codex et à l’OMS
Cette année marque le 60e anniversaire de la Commission du Codex Alimentarius et le 75e de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Les célébrations prévues pour le Codex n'auront pas lieu un jour précis. Des études de cas sur la mise en œuvre des textes du Codex dans des scénarios nationaux sont prévues.

Le 7 juin, la Journée mondiale de la sécurité des aliments, promue par l'OMS et l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), sera célébrée et consacrée au thème des normes.

Développements des agences chargées de la réglementation
Jersey a proposé un projet de loi visant à réglementer les aliments afin de protéger la santé des consommateurs. Elle remplacera la précédente loi sur la sécurité des aliments avec une période de commentaires qui se tiendra prochainement. En décembre, le Sénat nigérian a adopté un projet de loi 2022 sur la sécurité et la qualité des aliments. L'Agence mauricienne des normes alimentaires (MFSA pour Mauritius Food Standards Agency) sera opérationnelle à partir de janvier 2023. À la mi-2022, le Cambodge a signé une loi sur la sécurité des aliments.

Les réformes de la législation alimentaire en Israël sont entrées en vigueur en janvier 2023. Le pays est en train d'adopter la législation de l'UE sur les contaminants, les critères microbiologiques et les résidus de pesticides, à quelques exceptions près. Les autorités lituaniennes, grecques, autrichiennes et hongroises soutiendront Israël dans le cadre d'un projet de 24 mois. L'Administration vétérinaire et alimentaire luxembourgeoise (ALVA) a été créée fin 2022 en regroupant la plupart des organismes de contrôle de la chaîne alimentaire en une seule agence. Depuis le début de ce mois, la loi sur la sécurité des produits alimentaires est entrée en vigueur en Azerbaïdjan. Des efforts sont toujours en cours pour créer une Agence africaine de sécurité sanitaire des aliments.

Modifications de la législation de l'UE
La Commission européenne a prolongé l'approbation du glyphosate jusqu'au 15 décembre 2023. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) devrait publier une évaluation en juillet 2023.

L'UE a limité les niveaux de quatre produits chimiques environnementaux, les substances perfluoroalkylées (PFAS), dans les aliments. L'acide perfluorooctane sulfonique (PFOS), l'acide perfluorooctanoïque (PFOA), l'acide perfluorononanoïque (PFNA) et l'acide perfluorohexane sulfonique (PFHxS) sont connus comme des «produits chimiques éternels». Les règles s'appliquent à partir de janvier 2023.

Les niveaux modifiés de polychlorobiphényles (PCBs), dioxines et dioxin-like, dans certains aliments s'appliquent désormais. Des limites maximales pour le lait et les produits laitiers ont été abaissées et couvrent désormais tous les œufs de volaille, à l'exception des œufs d'oie. Les produits de viande tels que le cheval, le lapin, le sanglier, le gibier à plumes et la venaison sont inclus.

Les teneurs maximales en mycotoxine ochratoxine A dans les produits de boulangerie, les raisins secs, le café torréfié et le café soluble ont été abaissées. Les règles couvrent désormais certains fruits secs, certains produits de réglisse, les herbes séchées, certains ingrédients pour infusions, certaines graines oléagineuses, les pistaches et la poudre de cacao. Une surveillance est en cours pour le fromage et le jambon.

Des teneurs maximales en acide cyanhydrique dans des aliments tels que les graines de lin, les amandes et le manioc sont entrées en vigueur. Le cyanure est toxique pour les humains mais se trouve naturellement dans certaines plantes.

Les pays de l'UE surveillent également le mercure dans les poissons, les crustacés et les mollusques pour recueillir des données pour une évaluation actualisée des risques pour le consommateur. L'UE travaille également sur une mise à jour de Listeria monocytogenes dans les règles sur les aliments prêts à consommer.

Retard dans les règles alimentaires à Singapour
Un nouveau système de licence visant à fournir une meilleure assurance de la sécurité des aliments aux consommateurs de Singapour a été reporté à juillet 2025. Le cadre d'assurance de la sécurité des établissements alimentaires (SAFE pour Safety Assurance for Food Establishments) devait commencer à partir de 2023. L'Agence alimentaire de Singapour a dit que le retard fait suite à des commentaires pour fournir plus de temps à l'industrie pour se préparer. Le nouveau système comportera des récompenses d'or, d'argent et de bronze, certains sites ayant besoin d'un système de management de la sécurité alimentaire (SMSA) accrédité et d'un agent avancé en hygiène alimentaire (FHO pour Food Hygiene Officer) formé. Plus de détails ici.

Evènements programmés en 2023
- Global Forum for Food and Agriculture, 18-21 janvier à Berlin.
- Next steps for UK food regulation and standards 26 janvier à Londres.
- BRCGS Food Safety Europe, 1er février à Londres.
- Food Safety and Quality Summit, 22-23 février à Dusseldorf, Allemagne.
- Arab Food Safety Summit, mars en Arabie Saudite et Bahrein.
- IAFP Europe, 3-5 mai à Aberdeen, Ecosse.
- European Food Sure Summit, 9-10 mai à Milan, Italie.
- Cell culture-derived foods and food ingredients, 1-12 mai à Bruxelles.
- Food Safety Summit South Africa, 30-31 mai.
- Government Chemist Conference, 20-21 juin à Londres.
- CIEH Food Safety Conference, 27-28 juin en ligne.
- World Mycotoxin Forum, 9-11 octobre, Anvers, Belgique.
- China International Food Safety and Quality Conference, 2-3 novembre à Pékin.
- ESCAIDE, date à définir, Barcelone, Espagne.
- EU Food Safety Forum: date à définir.

Commentaire
La France a été un peu oubliée. Eh oui, en 2023, elle devrait se doter enfin d’une police sanitaire sensée être unique. Du côté de l’évaluation des risques, de mon point de vue, l’Anses s’occupe de beaucoup trop de domaines d’activités, et délaisse sensiblement la sécurité des aliments.
Suggestion pour l’améliorer, remplacer les sociologues par des microbiologistes !

Une note de synthèse traite des rejets aux frontières en raison de la sécurité des aliments

«Une note de synthèse traite des rejets aux frontières en raison de la sécurité des aliments», source Food Safety News.

L'incapacité de certains pays à respecter les normes de sécurité des aliments d'autres pays et les rejets frontaliers associés contribuent aux pertes et au gaspillage alimentaires, selon une note de synthèse.

Le G20 est un forum de 19 pays et de l'Union européenne qui traitent des questions économiques. Il a pour rôle de coordonner l'échange d'informations entre les pays concernant les normes et réglementations relatives aux denrées alimentaires commercialisées au niveau international.

La plateforme G20 Insights est une initiative du réseau Think20, qui sont des groupes de réflexion qui proposent des propositions politiques au G20. Think20 fait partie de la Global Solutions Initiative.

La note de synthèse de l'Université IPB en Indonésie propose trois initiatives. Premièrement, au niveau national, il est important d'investir dans des contrôles de qualité et de sécurité des aliments avant l'exportation des produits.

Deuxièmement, un centre mondial d'échange d'informations entre les partenaires commerciaux sur les procédures liées aux mesures non tarifaires doit être établi en développant des portails commerciaux nationaux et en créant des services d'assistance gérés par les gouvernements dans les pays exportateurs et importateurs. Troisièmement, il est nécessaire de renforcer les accords internationaux sur l'échange d'informations concernant les normes de sécurité des aliments qui contribuent à réduire les risques de rejet par les pays importateurs.

Bien faire les choses localement
La cause profonde du rejet par les pays importateurs concerne souvent des problèmes de sécurité des aliments. Les produits bloqués comprennent le poisson, les légumes, les fruits, la viande et les produits de viande, les céréales et les produits de boulangerie.

La quantité de nourriture rejetée par les pays importateurs dans le monde a atteint 649 000 tonnes pour une valeur de près de 1,13 milliard de dollars par an, selon la note.

Des conditions particulières peuvent être imposées par les importateurs aux pays d'origine des produits refusés. Ceux-ci peuvent devenir des obstacles au commerce qui augmentent les refus et diminuent la valeur des produits, ce qui finit par contribuer à la perte d’aliments. Les produits refusés peuvent être réimportés dans le pays d'origine et modifiés, vendus localement, transformés en aliments pour animaux ou détruits.

La première proposition fait référence à la chaîne de valeur agroalimentaire au niveau national. Les facteurs associés à la perte d’aliments avant la récolte comprennent les dommages aux produits dus à des facteurs tels que les ravageurs et la contamination microbiologique, les produits chimiques et les problèmes physiques tels que la mauvaise manipulation ou le traitement en raison d'un manque de technologies appropriées après la récolte.

Les lacunes dans les infrastructures et les installations, y compris les entrepôts frigorifiques, restent un problème, en particulier dans les zones reculées. L'augmentation des importations en provenance des pays en développement dans lesquels nombre d'entre eux n'ont pas créé de normes alimentaires détaillées contribue aux rejets dans les pays importateurs.

Les acteurs de la chaîne d'approvisionnement au niveau national doivent accroître le contrôle de la qualité et la gestion de la sécurité des produits alimentaires en améliorant les infrastructures d'exportation, notamment les installations de débarquement, les systèmes de gestion de la chaîne du froid et les laboratoires. Il est également important de renforcer la capacité à mettre en œuvre les meilleures pratiques, telles que les bonnes pratiques de manipulation et les bonnes pratiques de fabrication (BPF), selon la note.

Résoudre le problème des normes différentes
L'incapacité de se conformer aux normes de sécurité des aliments fixées par les pays importateurs, dont l'objectif principal est de protéger les consommateurs nationaux, pose un autre défi.

Chaque pays a son propre niveau de normes et les pays développés appliquent généralement des normes plus strictes que les pays en développement. Cette situation est exacerbée par l'absence d'institutions qui aident et supervisent les exportateurs pour qu'ils respectent les normes établies par d'autres pays. La différence d'utilisation de la technologie entre les pays développés et les pays en développement dans les activités d'exportation et d'importation a le potentiel d'augmenter les cas de rejet.

Pour réduire le taux de rejet des produits alimentaires dans le commerce international, les chercheurs ont suggéré des mesures de facilitation des exportations via la numérisation, l'augmentation de la transparence des portails commerciaux nationaux par des certificats phytosanitaires électroniques et la mise en place de services d'assistance qui fournissent des informations relatives aux réglementations dans les pays exportateurs.

La troisième proposition stipule que pour réduire le volume d'aliments rejetés, la coopération entre les pays partenaires commerciaux doit être renforcée en appliquant des normes internationales, telles que celles du Codex Alimentarius. Cependant, certaines directives ne traitent le problème qu'après le rejet des aliments commercialisés et ne fournissent pas de mesures de réduction pour éviter que le problème ne se produise.

Un risque qui doit être réduit est la lenteur de la notification des réglementations récemment mises à jour sur les normes de sécurité des aliments dans les pays importateurs. Il faut souvent trop de temps pour notifier les changements de réglementation aux pays exportateurs. Pour réduire ce risque, il est important d'améliorer l'échange d'informations. Le risque peut également être réduit en développant des forums pour discuter des nouvelles méthodes et technologies d'assurance de la sécurité des aliments mises en œuvre dans les pays importateurs.

La normalisation des meilleures pratiques en matière de transormation des aliments importés rejetés peut réduire les pertes et le gaspillage. Au lieu de jeter automatiquement tous les aliments rejetés, il pourrait être déclassés et traités comme des denrées alimentaires ou des aliments pour animaux de mauvaise qualité sans compromettre la sécurité sanitaire.

Détection des bactéries dans les aliments grâce à l'intelligence artificielle et à l'imagerie optimale

La détection précoce des agents pathogènes dans les aliments est essentielle pour prévenir les maladies et les épidémies d'origine alimentaire. Dans Applied and Environmental Microbiology, des chercheurs décrivent une stratégie pour accélérer la détection des bactéries dans les aliments grâce à l'intelligence artificielle et à l'imagerie optimale.

Le titre de l’article est «Accelerating the Detection of Bacteria in Food Using Artificial Intelligence and Optical Imaging» (Accélérer la détection des bactéries dans les aliments grâce à l'intelligence artificielle et à l'imagerie optique).

Résumé
Lors de l'évaluation de la sécurité microbienne des aliments, la présence de Escherichia coli est un indicateur essentiel de la contamination fécale. Cependant, les méthodes de détection conventionnelles nécessitent l'isolement de macrocolonies bactériennes pour la caractérisation biochimique ou génétique, ce qui prend quelques jours et demande beaucoup de travail. Dans cette étude, nous montrons que l'algorithme de détection et de classification d'objets en temps réel You Only Look Once version 4 (YOLOv4*) peut identifier avec précision la présence de E. coli au stade de la microcolonie après une culture de 3 heures. En s'intégrant à l'imagerie microscopique à contraste de phase, YOLOv4 a discriminé E. coli de sept autres espèces bactériennes d'origine alimentaire courantes avec une précision moyenne de 94%. Cette approche a également permis la quantification rapide des concentrations de E. coli sur 3 ordres de grandeur avec un R2 de 0,995. Pour de la laitue romaine enrichie en E. coli (10 à 103 UFC/g), le détecteur YOLOv4 entraîné avait un taux de faux négatifs inférieur à 10%. Cette approche accélère l'analyse et évite la détermination manuelle des résultats, qui a le potentiel d'être appliquée comme une approche de détection bactérienne rapide et conviviale dans les industries alimentaires.

Importance
Une méthode simple, rentable et rapide est souhaitée pour identifier la contamination potentielle par des agents pathogènes dans les produits alimentaires et ainsi prévenir les maladies d'origine alimentaire et les épidémies. Cette étude a combiné l'intelligence artificielle (IA) et l'imagerie optique pour détecter les bactéries au stade de la microcolonie dans les 3 heures suivant l'inoculation. Cette approche élimine le besoin d'isolement de colonies basé sur la culture et d'approches moléculaires gourmandes en ressources pour l'identification bactérienne. L'approche développée dans cette étude est largement applicable pour l'identification de diverses espèces bactériennes. De plus, cette approche peut être mise en œuvre dans des zones à ressources limitées, car elle ne nécessite pas d'instruments coûteux et de ressources humaines bien formées. Cette détection assistée par l'IA permet non seulement d'obtenir une grande précision dans la classification bactérienne, mais offre également le potentiel d'une détection bactérienne automatisée, réduisant la charge de travail dans les industries alimentaires, la surveillance environnementale et les environnements cliniques.

En conclusion, les résultats de cette étude suggèrent que l'algorithme de détection et de classification d'objets en temps réel YOLOv4 fournit une détermination simple, rapide et précise de la contamination par E. coli, qui est utilisée comme micro-organisme indicateur d'hygiène dans les industries alimentaires. La détection cible les microcolonies bactériennes qui sont préparées avec un temps de culture court dans des conditions standardisées. Avec l'aide de YOLOv4, la classification bactérienne peut être complétée instantanément après une culture de 3 h avec une précision moyenne élevée (94%).

La contamination par des bactéries pathogènes et d'altération d'origine alimentaire peut être identifiée en utilisant E. coli comme indicateur. Cette méthode a également le potentiel de classer les cultures bactériennes multi-espèces. Le détecteur YOLOv4 entraîné a identifié avec succès 11 échantillons de laitue sur 12 contaminés par E. coli, suggérant son application potentielle comme approche de dépistage dans les industries alimentaires.

En raison de l'exigence d'équipement relativement faible et de l'opération pratique minimale, cette méthode pourrait être adaptée par les industries alimentaires et d'autres milieux aux ressources limitées.

Mots-clés
agent pathogène d'origine alimentaire, détection rapide, microcolonies, classification multi-espèces, apprentissage automatique, indicateur microbien.

*YOLOv4 est un modèle de réseau de neurones dédié à la détection d’objets dans des images, publié en avril 2020.

lundi 2 janvier 2023

L’Académie d’Agriculture de France propose Questions sur … «Les zoonoses»

L’Académie d’Agriculture de France propose dans Questions sur … «Les zoonoses», par Barbara Dufour, membre de l’Académie d’Agriculture de France.

Résumé
En France, dans les années 2020, le risque zoonotique peut être considéré comme modéré. En effet, la plupart des zoonoses majeures ne sont pas présentes sur le territoire, soit parce que leurs réservoirs n'y sont pas présents (Ébola, peste humaine, etc.), soit parce qu'elles ont été maîtrisées, telles la brucellose, la tuberculose bovine ou la rage). La lutte contre les zoonoses alimentaires a également porté ses fruits, aussi ces dernières sont en très forte diminution. Cependant, la mondialisation des échanges et les risques d'émergence, permanents dans certains pays du Sud notamment, sont réels et peuvent conduire à une réintroduction de certains pathogènes disparus (rage par exemple) ou à la circulation très rapide d'un nouvel agent zoonotique. Il convient donc de se préparer à lutter contre ces maladies que les vétérinaires connaissent souvent mieux que les médecins, car ils y ont été plus souvent confrontés. L'avenir est donc résolument à une collaboration entre ces deux professions dans l'optique "Une seule santé" (One health).

Commentaire
Très bon document, très explicite et pédagogique.

Le document indique que parmi les zoonoses, le virus de la variole du singe se transmet par contact cutané. Dans l’émergence du virus de la variole du singe dans des pays occidentaux, dont la France, on a dit que cette situation est atypique du fait de la circulation du virus dans des pays où celui-ci est habituellement absent.

Cela étant, les cas sont survenus principalement, mais pas uniquement, chez des hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes multipartenaires, sans liens directs avec des personnes de retour de zone endémique.

Dans ces conditions, aux Etats-Unis, des médécins rapportent que la maladie liée au virus de la variole du singe est une maladie sexuellement tansmissible.

En France, le 8 juillet 2022, un communiqué de l’Académie de médecine de France n’a pas fait grand bruit et n’a pas été repris, «Variole du singe : zoonose et infection sexuellement transmissible (IST)» Voir l’article du blog ici.

Buitoni remporte le Cactus d’or de la conso 2022, selon la revue 60 Millions

Cela me semble amplement mérité, «Pizzas contaminées : Buitoni remporte notre Cactus d’or de la conso 2022», source revue 60 Millions de consommateurs du 29 décembre 2022.

Pour la sixième année, la rédaction de 60 Millions décerne ses Cactus aux sociétés, produits et services qui ont failli. Ils sont nombreux !

Comme chaque année depuis 2017, les Cactus de la consommation piquent là où ça fait mal les entreprises dont les pratiques contestables n’ont pas ménagé la vie des consommateurs. Ils sont décernés par les journalistes de 60 Millions, après passage en revue de nos enquêtes et études de l’année, ainsi que par vos témoignages que nous recevons par milliers tout au long de l’année.

En 2022, neuf entreprises se voient décerner un Cactus. Parmi elles, Buitoni après le scandale des pizzas contaminées par des bactéries Escherichia coli, Indexia et ses abonnements non désirés, ou Intermarché dont le thé vert contenait pas moins de quatre résidus de substances chimiques non autorisées…

Pizzas Buitoni : Nestlé connaissait le risque
L’affaire éclate le 18 mars 2022 lorsque Nestlé, propriétaire de Buitoni, est contraint de rappeler ses pizzas surgelées Fraîch’Up, à l’origine de dizaines de cas d’intoxication par des bactéries Escherichia coli. Pas moins de 56 cas de syndrome hémolytique et urémique (SHU) sont recensés, dont 55 chez des enfants. Deux sont décédés et plusieurs autres garderont des séquelles à vie. Rapidement, les soupçons se portent sur les conditions de fabrication dans l’usine de Caudry, dans le Nord. Le 1er avril, le préfet du département décide de stopper la production. Deux inspections ont mis en évidence «un niveau dégradé de la maîtrise de l’hygiène alimentaire».

Selon l’ex-salarié qui a lancé l’alerte, interrogé par l’émission Envoyé spécial sur France 2, les employés ne se lavaient pas toujours les mains en sortant des toilettes. Après la découverte de «matière fécale» sur la chaîne de production, selon ce témoignage, le responsable avait rappelé les règles d’hygiène élémentaires. Depuis 2015, Nestlé a réduit quasiment de moitié le temps de nettoyage, assuré par les employés alors qu’il était confié à une société spécialisée auparavant.

Un document interne aurait montré que des bactéries E. coli avaient déjà été retrouvées dans de la farine, en 2021, lors d’un autocontrôle. Nestlé a décidé de ne pas transmettre ces résultats à la direction départementale de la protection des populations, l’autorité de contrôle. «Seules les autorités pourront expliquer l’origine de la contamination», explique un porte-parole de Nestlé à 60 Millions. «Elle pourrait venir de la farine, puisqu’on a retrouvé des E. coli dans la farine stockée dans les silos.»

Les meuniers qui fournissent Caudry réfutent l’accusation et rappellent qu’un nettoyage complet des silos de l’usine chaque année est nécessaire. Or, selon le témoignage de salariés cités dans Envoyé spécial, les silos de Caudry n’auraient jamais été lavés depuis que le nettoyage a été passé en interne en 2015. Interrogé par 60 Millions, Nestlé confirme que ce nettoyage n’était pas effectué chaque année. Une juge d’instruction a été nommée en mai, mais aucune mise en examen n’a été décidée pour le moment.

Ajoutons qu'un redémarrage partiel de l'usine a été autorisé en décembre 2022.

Qui du taux de CO2 ou du soleil entraîne le réchauffement climatique ?

Le blog vous avait proposé il y a peu, «Une curiosité, quel est le pourcentage de CO2 dans l’atmosphère ?».

Il vous a été églaement conseillé le tout à fait remarquable livre de Steven Koonin, «Climat, la part d’incertitude» dans Climat, la part d’incertitude ou Stop à la panique climatique!

Le blog poursuit sa réflexion avec qui du taux de CO2 ou du soleil entraîne le réchauffement climatique ?

«Quelle sera la conclusion de l’homme de la rue, pendant vingt ans des centaines de scientifiques se sont trompés, et donc, je crains, que le plus mauvais service que nous est rendu cette trop grande sûreté, je dirais même une forme d’arrogance des conclusions du GIEC, cela soit un terrible retour de bâton anti-science ...» source Vincent Courtillot , membre de l’Académie des Sciences.