lundi 17 octobre 2022

France : Le 17 octobre est-il un jour sans fin pour les rappels de produits alimentaires ? 11 rappels sur 12 ont pour cause Listeria monocytogenes

C’est effectivement un peu comme un jour sans fin ..
Un jour sans fin (Groundhog Day), ou Le Jour de la marmotte en version québécoise, est une comédie où Bill Murray y interprète Phil Connors, un cynique et misanthrope présentateur météo chargé de couvrir le traditionnel jour de la marmotte à Punxsutawney, petite ville de Pennsylvanie, et qui se retrouve bloqué dans une boucle temporelle le forçant à revivre indéfiniment cette journée , celle du 2 février. Source Wikipédia.

Un jour sans fin est un peu comme ce que vivent les consommateurs avec les rappels nombreux de produits alimentaires …

Prenez au hasard le lundi 17 octobre, c’est un jour sans fin avec en plus Listeria en vedette, jugez plutôt ...

Le 17 octobre est un jour où il y a eu de nombreux de rappels de pâté en croûte, à moins que cela ne soit le jour de de Listeria en France, à vous de voir ...

Après deux rappels publiés le 14 octobre (1 et 2) concernant du pâté en croûte, voici de nouveau huit rappels de pâté en croüte le 17 octobre, soit donc dix rappels en deux semaines, il y aurait peut-être chez nos autorités des choses à surveiller ici et là.

Notons que tous ces produits ont été commercialisés pour certains du 7 au 13 octobre et pour d’autres du 4 au 14 octobre 2022.

Pourquoi le 14 octobre ?
Tout simplement parce que vraisemblablement l’entreprise alimentaire en cause a rappelé ses produits à cette date, mais le temps que cela arrive à RappelConso, il s’est passé quelques jours dont le week-end.

Le 17 octobre est aussi, comme je l’ai dit, un jour sans fin pour Listeria monocytogenes.

Le 17 octobre, il y a eu 12 avis de rappels, dont 11 ayant eu pour cause la présence de Listeria monocytogenes. Le douzième rappel concernait la présence de Salmonella, c'est dire ...

D’après mon décompte, depuis le debut du mois d’octobre, il y a eu 26 rappels ayant pour cause la présence de Listeria monocytogenes.

Comme je l’indiquais en commentaire d’un article récent, L'Espagne signale un record d'alertes alimentaires en 2021, «Nos amis espagnols sont des amateurs, car chez nous, nous sommes hors catégore, voir, 2021, des rappels de produits alimentaires d'une étendue sans précédent en France

Des alcaloïdes de lupins doux passent dans le lait en petites quantités lorsqu'ils sont donnés aux vaches

«Des alcaloïdes de lupins doux passent dans le lait en petites quantités lorsqu'ils sont donnés aux vaches», source Communication n°025/2022 du BfR du 17 octobre 2022.

Les lupins sont une précieuse source indigène de protéines pour remplacer les aliments importés tels que le tourteau de soja. Ils sont également de plus en plus utilisés dans l'alimentation des vaches laitières en tant que composant de la ration alimentaire. Cependant, avec les plantes, les animaux ingèrent également les alcaloïdes naturellement présents dans les lupins. Si des lupins doux bleus sont donnés aux vaches, certains de ces composés végétaux passent dans le lait, comme le rapportent des scientifiques de l'Institut fédéral d'évaluation des risques (BfR) dans le Journal of Agricultural and Food Chemistry, «Investigations on the Transfer of Quinolizidine Alkaloids from Lupinus angustifolius into the Milk of Dairy Cows».

Les alcaloïdes du lupin (le mieux étudié est la spartéine) bloquent les sites d'amarrage de l’acétylcholine, un neurotransmetteur, par exemple sur les cellules nerveuses. Cela peut entraîner des troubles gastro-intestinaux, des troubles visuels et des arythmies cardiaques, et à des doses très élevées également des troubles circulatoires et respiratoires.

L'équipe de scientifiques a distribué de la farine de lupin bleu doux (Lupinus angustifolius) comme composant typique de la ration alimentaire de vaches laitières pendant plusieurs jours. Ensuite, ils ont déterminé combien des différents alcaloïdes étaient passés dans le lait. Cette proportion variait considérablement selon l'alcaloïde. Dans l'ensemble, seules de petites quantités ont été retrouvées dans le lait. L'étude montre cependant que ces alcaloïdes peuvent passer de l'alimentation au lait. Cela donne des raisons d'étudier plus avant la teneur en alcaloïdes des lupins doux - ainsi que les facteurs d'influence.

Les lupins produisent des alcaloïdes qui sont utilisés pour éloigner les prédateurs. Ceci est évidemment basé sur le goût amer et la toxicité de ces substances. Certaines espèces de lupin contiennent jusqu'à huit pour cent de leur poids sec en alcaloïdes. En dehors de ces «lupins amers», les «lupins doux» qui ont été cultivés et utilisés comme aliments pour animaux contiennent très peu de ces substances - d'où le nom de lupin doux.

Dans l'étude, quatre vaches laitières ont reçu quotidiennement un kilogramme de farine de lupin doux pendant sept jours, puis, après une pause de dix jours, deux autres kilogrammes avec une teneur connue en alcaloïdes de lupin dans la ration. Il a été déterminé à quelle vitesse les alcaloïdes s'accumulaient dans le lait et à quelle vitesse ils disparaissaient du lait après la fin de l'alimentation du lupin. La demi-vie des substances après la fin de l'alimentation était d'environ six heures. Passé ce délai, la teneur en alcaloïdes du lait avait déjà diminué de moitié.

NB : L’image est issue de J. Agric. Food Chem. 2022, 70, 37, 11749-11758.

Royaume-Uni : La Food Standards Agency aux prises avec un déficit de compétences après le Brexit, selon un rapport

Après Un vent mauvais souffle sur la sécurité des aliments au Royaume-Uni et La Food Standards Agency présente un plan pour combler les lacunes du système de laboratoires, voici «La FSA aux prises avec un déficit de compétences après le Brexit, selon un rapport», source Food Safety News du 17 octobre 2022.

Selon un rapport, des autorités telles que la Food Standards Agency (FSA) sont aux prises avec un déficit de compétences après la sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne.

Le House of Commons Public Accounts Committee (Comité des comptes publics de la Chambre des communes) a dit que les agences avaient du mal à recruter et à conserver les compétences nécessaires pour réglementer efficacement dans leurs rôles nouveaux et élargis.

Il y a une pénurie de vétérinaires pour surveiller la sécurité des aliments et le bien-être des animaux dans les abattoirs et de toxicologues pour évaluer les risques alimentaires et la sécurité chimique, ce qui augmente les risques pour les consommateurs.

Un manque de vétérinaires dans les abattoirs en raison d'une demande accrue a conduit à des mesures temporaires à l'automne 2021 pour s'assurer qu'il y avait suffisamment de personnel. La FSA revoit les rémunérations et les conditions pour rendre la carrière plus attractive. Environ 95% des vétérinaires fournis par Eville and Jones viennent de l'étranger.

La FSA a écrit aux propriétaires d'abattoirs et d'ateliers de découpe au sujet des changements potentiels concernant la manière dont les contrôles sont effectués par les vétérinaires officiels.

Junior Johnson, directeur des opérations de la FSA, a dit : «Malgré les difficultés de recrutement vétérinaire, l'agence a maintenu une prestation de service complète et continue des contrôles officiels dans les abattoirs et il n'y a eu aucune interruption de service à ce jour.»

«Les vétérinaires officiels sont cependant très rares et nous travaillons avec des partenaires pour trouver des solutions à ce qui est un problème de ressourcement systémique afin que la FSA puisse continuer à fournir un service fiable à l'industrie et à maintenir la sécurité des aliments, protéger la santé et le bien-être des animaux, et permettre aux entreprises de vendre de la nourriture au pays et à l'étranger.»

Ressources et accès au système réduits
La FSA a également perdu l'accès complet au système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), qui donne aux pays membres de l'UE des informations sur la sécurité des aliments. L'agence a estimé qu'elle avait besoin d'environ 65% de ressources humaines supplémentaires pour fournir le même échange international d'informations.

Le Royaume-Uni a également été exclu du réseau des chefs d'agences de sécurité des aliments et s'est donc recentré sur le Forum international des chefs d'agences alimentaires, qui comprend l'Australie, l'Irlande, le Japon, Singapour, la Chine et l'Arabie saoudite.

Les services réglementaires ont été invités à modéliser des réductions de personnel de 20% à 40%. La FSA a déclaré qu'une réduction de 20% aurait un impact significatif sur l'industrie de la viande qui ne peut pas mettre de viande sur le marché au Royaume-Uni ou l'exporter sans surveillance vétérinaire. La réglementation actuelle définit le rôle des vétérinaires dans les contrôles d'hygiène de la viande et des changements nécessiteraient de nouvelles lois.

Les retards du gouvernement signifient que la FSA n'effectuera pas de contrôles complets des importations d'aliments à haut risque importés de l'UE avant la fin de 2023.

Impact des différentes règles
Les divergences entre l'UE et le Royaume-Uni, et au sein du marché intérieur britannique offrent des opportunités, mais peuvent rendre la législation moins efficace et plus coûteuse pour les services réglementaires, les consommateurs et les entreprises. Un exemple est l'interdiction de l'UE sur le dioxyde de titane, qui est toujours autorisé comme additif alimentaire au Royaume-Uni.

Les plans à plus long terme incluent la réforme des contrôles d'hygiène dans l'industrie de la viande afin d'introduire une approche davantage basée sur les risques. Cependant, de tels changements pourraient empêcher les exportations de viande vers l'Europe si les articles sont produits selon des règles différentes.

Meg Hillier, présidente de la commission des comptes publics, a dit : «Six ans après le vote sur le Brexit et avec des accords commerciaux internationaux clés encore en suspens pendant des années, les retards répétés dans la mise en œuvre d'un nouveau régime d'importation continuent d'avoir un impact sur les entreprises britanniques et d'augmenter les risques pour les consommateurs. . Les effets d'éventuelles réductions d'effectifs allant jusqu'à 40% ne sont pas clairs mais, s'ils étaient mis en œuvre, ils rendraient les modèles réglementaires actuels insoutenables sans une réforme fondamentale, y compris des modifications de la législation.»

«La mauvaise préparation et planification du gouvernement s'est combinée aux réalités politiques internationales et le résultat est l'exposition des consommateurs et des entreprises britanniques à des risques et des coûts plus importants. Les services réglementaires et les départements politiques doivent maintenant identifier l'impact des réductions potentielles sur le risque réglementaire et définir les domaines où des changements importants dans le modèle réglementaire seraient nécessaires pour les atténuer.»

Commentaire
Je rappelle à ceux qu’il l’auraient oublié que nous aussi Français avont voté contre dans le référendum sur la Constitution européenne par 54,86% versus 45,14% qui étaient pour. La participation était de 70% …

Bien sûr, c’est la galère au Royaume-Uni (peut-être aussi en France, où l'on ne sait pas bien où l'on va), mais au moins il a été tenu compte du vote des électeurs !

Double discours de la France, soutien aux agriculteurs mais à Bruxelles, on s'abstient pour le renouvellement du glyphosate

Mais où est la science dans tout ça ? 

Mise à jour du 4 décembre 2022 

dimanche 16 octobre 2022

Carrefour France et le soutien aux agriculteurs de France, il ne suffit pas de le dire, il faut le faire !

Si vous allez sur le site de Carrefour France, il est indiqué «Ensemble, restons mobilisés et soutenons les agriculteurs, les éleveurs et les pêcheurs Français.»
Soutenons les agriculteurs
Pour soutenir la production française, chez Carrefour, nous avons décidé d'arrêter la vente de fruits et légumes d’origine étrangère quand nous avons une solution française disponible.

La preuve que ce qui est écrit n’est pas sincère avec ce tweet où l’on voit bien la campagne de Carrefour en faveur du made in France mais hélas, il n’y a pas que ça …

La FAO et l'OMS braquent les projecteurs sur la sécurité des aliments des algues

«La FAO et l'OMS braquent les projecteurs sur la sécurité des aliments des algues», source Food Safety News du 16 octobre 2022.

La FAO et l'OMS ont mis en évidence une série de risques pour la sécurité des aliments liés à la consommation d'algues, ainsi qu'un manque de données et de réglementation.

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) et l'Organisation mondiale de la santé (OMS) ont déclaré qu'il était nécessaire de procéder à une évaluation des risques liés aux dangers des algues pour comprendre leur importance pour la santé publique.

Le rapport passe en revue les informations actuelles sur la sécurité sanitaire des aliments concernant les algues récoltées dans des stocks sauvages et l'aquaculture. Les pays asiatiques comme la Chine et l'Indonésie sont de loin les plus gros producteurs.

La demande devrait augmenter à mesure que la population augmente et que des moyens durables de production alimentaire sont recherchés. Les algues ont longtemps été utilisées comme aliments dans différentes parties du monde. Ils sont consommés comme légumes de mer dans les soupes et les salades, utilisés dans les emballages de sushis et ajoutés à divers aliments comme ingrédients.

Les facteurs qui peuvent influer sur la présence de dangers comprennent le type d'algue, sa physiologie, la saison de production, les eaux de production, les méthodes de récolte et de traitement.

Dangers et épidémies possibles
Plusieurs dangers tels que les métaux lourds et les biotoxines marines seraient associés aux algues. Cependant, la législation et les documents d'orientation sur la production et l'utilisation font généralement toujours défaut.

E. coli O7:H4 était à l'origine d'une épidémie au Japon en 2020 avec près de 3 000 patients causés par des algues rouges utilisées dans une salade. En 2019, plus de 100 personnes sont tombées malades en Norvège après avoir mangé une salade d'algues surgelées en provenance de Chine. Contaminée par norovirus.

Les dangers varient également en fonction de facteurs tels que la qualité du produit alimentaire à base d'algues récoltées ou achetées, les pratiques de manipulation des consommateurs et si elles sont consommées crues ou transformées.

Bien que les décès liés à la consommation d'algues soient rares, les données limitées suggèrent que certains dangers présentent des problèmes potentiels de sécurité des aliments modérés à mineurs. Il s'agit notamment des risques chimiques tels que les métaux lourds tels que l'arsenic inorganique et le cadmium, les polluants organiques persistants tels que les dioxines et les biphényles polychlorés, les radionucléides et les résidus de pesticides ; les risques microbiologiques, dont Salmonella, Bacillus et norovirus et les dangers physiques tels que le métal, le verre, les carapaces de crustacés, les micro- et nanoplastiques et enfin les allergènes.

Besoin de lignes directrices et d’une législation
Une réunion conjointe d'experts FAO-OMS sur la sécurité sanitaire des algues en octobre 2021 a abouti à plusieurs suggestions, notamment la collecte et l'évaluation des données sur la consommation d'algues aux niveaux national et régional et la surveillance des dangers de ces produits destinés à l'alimentation humaine et animale.

Esther Garrido Gamarro, responsable des pêches à la FAO, a déclaré que les recommandations pourraient soutenir l'élaboration de directives ou de normes du Codex au niveau international ainsi que de législations régionales et nationales.

«À leur tour, les normes et les politiques protégeraient la production, la transformation et l'utilisation des algues pour l'alimentation humaine et animale tout en protégeant la santé des consommateurs», a-t-elle déclaré.

La Chine a une limite réglementaire pour le cadmium dans les algues comestibles, et la France a des niveaux maximums pour l'arsenic inorganique, le cadmium, le plomb et le mercure dans les algues comestibles. Bien que certaines normes privées existent, elles ne traitent pas directement ou en détail de la sécurité des aliments.

L'occurrence des aléas est influencée par des facteurs tels que les classes et les familles d'algues, l'âge avant la récolte, les conditions de l'environnement de culture et la manipulation et la transformation.

Les méthodes de tranformation des algues comprennent le séchage, la fermentation, le blanchiment, la congélation ou une combinaison, mais le séchage est le principal.

samedi 15 octobre 2022

Une étude détaille comment la résistance aux antimicrobiens frappe l'Europe

«Une étude détaille comment la résistance aux antimicrobiens frappe l'Europe», source article de Chris Dal dans CIDRAP News.

Une nouvelle analyse du la charge de la résistance aux antimicrobiens (RAM) en Europe estime que les bactéries résistantes aux médicaments étaient liées à plus d'un demi-million de décès dans la région en 2019.

L'étude, publiée dans The Lancet Public Health, a révélé que, dans les 53 pays de la région européenne de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), 541 000 décès étaient associés à la RAM d’origine bactérienne et 133 000 décès étaient directement attribuables aux pathogènes résistants aux antibiotiques. Les taux de mortalité les plus élevés à la fois attribuables et associés à la RAM se trouvaient en Europe de l'Est, suivie de l'Europe centrale.

La grande majorité des décès dus à la RAM ont été causés par sept pathogènes bactériens, Staphylococcus aureus résistant à la méthicilline (SARM) et Escherichia coli résistant à l'aminopénicilline étant les principaux coupables.

Les auteurs de l'étude disent que l'analyse fournit l'évaluation la plus détaillée et la plus complète à ce jour de la charge de la RAM en Europe.

«Les niveaux élevés de résistance de plusieurs pathogènes bactériens importants et de combinaisons pathogène-antibiotique, ainsi que les taux de mortalité élevés associés à ces pathogènes, montrent que la résistance aux antimicrobiens est une menace sérieuse pour la santé publique dans la région européenne de l'OMS», ont-ils écrit.

Décès attribuables et associés
L'étude, menée par une équipe internationale de scientifiques et dirigée par des chercheurs de l'Institute for Health Metrics and Evaluation de l'Université de Washington, a utilisé des données provenant de diverses sources pour estimer, grâce à la modélisation statistique, les décès et les années de vie ajustées sur l'incapacité (DALYs) attribuables et associés à 23 pathogènes bactériens et 88 médicaments utilisés contre les pathogènes dans la Région européenne de l'OMS en 2019.

Dans l'ensemble, 471 millions de dossiers individuels ou d'isolats bactériens ont été obtenus auprès de sources telles que le Réseau européen de surveillance de la résistance aux antimicrobiens, le Réseau de surveillance de l'Asie centrale et de l'Europe de la résistance aux antimicrobiens et le Système mondial de surveillance de la résistance aux antimicrobiens (GLASS pour Global Antimicrobial Resistance Surveillance System) de l'OMS.

La méthodologie de l'étude était similaire à l'approche utilisée dans le rapport de la recherche mondiale sur la résistance aux antimicrobiens (GRAM pour Global Research on Antimicrobial Resistance) publié plus tôt cette année, qui estimait que 1,27 million de décès dans le monde étaient directement attribuables à la RAM en 2019 (sur 4,95 millions qui étaient associés à pathogènes résistants aux antibiotiques). Les auteurs disent que cette étude étend ces résultats tout en fournissant des estimations plus granulaires et spécifiques à chaque pays en Europe.

Comme dans le rapport GRAM, les chercheurs ont calculé la charge de la RAM (décès et DALYs) en utilisant une approche basée sur deux scénarios contrefactuels. Pour estimer les décès directement attribuables aux bactéries résistantes, ils ont envisagé un scénario dans lequel ces infections étaient remplacées par des infections sensibles aux antibiotiques. Pour estimer les décès associés, ils ont considéré un scénario dans lequel les infections résistantes étaient remplacées par une absence d'infection.

Sur les 133 000 décès attribuables estimés (intervalle d'incertitude à 95% [II], 90 100 à 188 000) et 541 000 décès associés (II à 95%, 370 000 à 763 000), la plus grande charge mortelle due à la RAM provenait des infections du sang, avec 47 200 décès attribuables et 195 000 décès associés liés à toute combinaison antibiotique-pathogène résistant. Les autres principales causes de décès dues à toute combinaison antibiotique-pathogène résistant étaient les infections intra-abdominales (31 200 décès attribuables et 127 000 décès associés) et les infections respiratoires (28 500 décès attribuables et 120 000 décès associés).

Sept principaux pathogènes bactériens étaient responsables de 112 784 décès attribuables et de 457 591 décès associés : E. coli, S aureus, Klebsiella pneumoniae, Pseudomonas aeruginosa, Enterococcus faecium, Streptococcus pneumoniae et Acinetobacter baumannii.

Le SARM était la principale combinaison antibiotique-pathogène pour les décès attribuables à la RAM dans 27 pays (51% de la région), tandis que E. coli résistant à l'aminopénicilline était la principale combinaison antibiotique-pathogène pour les décès associés dans 47 pays (89% de la région) . Une distribution similaire a été observée avec les DALYs pour les combinaisons pathogène-antibiotique.

Les taux de mortalité estimés pour 100 000 habitants observés en Europe de l'Est (19,9/100 000 attribuables et 74,0/100 000 associés) et en Europe centrale (16,6/100 000 attribuables et 68,0/100 000 associés) étaient considérablement plus élevés qu'en Europe de l'Ouest (11,7/100 000 attribuables et associés) et 52,5/100 000 associés). Compte tenu des taux de mortalité normalisés selon l'âge pour 100 000 habitants, les pays les plus touchés par la RAM étaient concentrés en Asie centrale (qui est considérée par l'OMS comme faisant partie de la Région européenne).

L'analyse a également révélé que les pays de la région dotés de plans d'action nationaux sur la résistance aux antimicrobiens élaborés, approuvés, financés et mis en œuvre se situaient dans le 50e centile le plus bas des taux de mortalité normalisés selon l'âge, tant pour les décès attribuables que pour les décès associés. Les pays ayant des scores d'indice sociodémographique (SDI) inférieurs - une mesure du développement global - avaient une charge de mortalité liée à la RAM plus élevée.

De plus, une corrélation positive entre le taux brut de mortalité liés à la RAM et l'utilisation d'antimicrobiens ont été observés, la relation la plus forte étant observée en Europe occidentale et centrale.

Nécessité de stratégies de réduction de la résistance aux antimicrobiens
Par rapport aux estimations du rapport GRAM, la région européenne de l'OMS, qui représente environ 12% de la population mondiale, représente 10,5% des 1,27 million de décès estimés dans le monde attribuables à la RAM, et 10,9% des 4,95 millions estimés associés des décès.

Dans un commentaire d'accompagnement, des experts en maladies infectieuses des Hôpitaux universitaires et de la Faculté de médecine de Genève disent que les résultats illustrent l'impact négatif substantiel sur la santé des infections liées à la RAM dans toute l'Europe. Ils ajoutent que les futures stratégies de réduction de la résistance aux antimicrobiens dans la région nécessiteront de développer et de maintenir des réseaux de surveillance de la résistance aux antimicrobiens de haute qualité pour faire progresser les connaissances sur la véritable charge de la résistance aux antimicrobiens, en finançant la recherche pour évaluer la charge de combinaisons spécifiques d'agents résistants et de développer des interventions spécifiques aux pathogènes, et la quantification de l'impact économique et des coûts indirects attribuables à la RAM.

«Tous ces éléments peuvent combler les lacunes dans les connaissances et ouvrir la voie à une stratégie de sortie de cette pandémie silencieuse», ont écrit Nasreen Hassoun-Kheir et Stephan Harbarth.

Ils disent également que les résultats devraient encourager les cliniciens et les décideurs politiques de toute l'Europe à approuver et à mettre en œuvre des plans de contrôle de la résistance aux antimicrobiens spécifiques à chaque pays, en mettant parallèlement l'accent sur la mise en œuvre des meilleurs programmes de contrôle des infections et de gestion des antibiotiques dans les établissements de santé.

Les temps ont-ils changé ? Voilà que l'USDA propose un plan pour réduire les risques de Salmonella dans les produits de volaille

«L'USDA propose un plan pour réduire les risques de Salmonella dans les produits de volaille», source article de Lisa Schnirring dans CIDRAP News.

Le Food Safety and Inspection Service (FSIS) du ministère américain de l'Agriculture (USDA) a proposé de nouvelles règles qui soutiendraient une stratégie visant à réduire la contamination par Salmonella dans les produits de volaille afin de réduire les maladies d'origine alimentaire.

En un mot, l'USDA étudie si certains niveaux ou types de Salmonella dans les produits de volaille crus présentent un risque suffisant pour être considérés comme des contaminants. En août, le FSIS de l'USDA a annoncé qu'il déclarerait Salmonella comme contaminant dans les produits de poulet cru panés et farcis, qui ont été liés à pas moins de 14 épidémies d'origine alimentaire depuis 2018.

300 000 cas d’infection liés à la volaille par an
Les bactéries Salmonella causent environ 1,35 million d'infections chaque année, ainsi que 26 500 hospitalisations, selon les estimations des Centers for Disease Control and Prevention (CDC).

Parmi l'ensemble des maladies à Salmonella, plus de 23% (soit environ 300 000) sont liées à la consommation de volaille. Au cours des dernières années, par exemple, plusieurs épidémies dans plusieurs États ont été liées à des produits de poulet cru panés et à de la viande hachée de dinde.

L'USDA évalue le coût total des infections à Salmonella d'origine alimentaire à 4,1 milliards de dollars par an, avec une perte de productivité de 88 millions de dollars pour l'économie.

Série d'actions stratégiques
La sous-secrétaire de l'USDA, Sandra Eskin, a déclaré dans un communiqué de presse que Salmonella dans la volaille est un problème complexe sans solution unique. «Cependant, nous avons identifié une série d'actions stratégiques que le FSIS pourrait prendre qui sont susceptibles de réduire les infections à Salmonella liées à la consommation de produits de volaille, et nous les présentons dans ce cadre», a-t-elle déclaré.

Le cadre proposé est le résultat de mois de collecte d'informations et de contributions des parties prenantes, de chercheurs et de scientifiques, a dit l'USDA. Les trois éléments clés exigeraient que les troupeaux entrants soient testés pour Salmonella, augmenter le processus de contrôle et la vérification par le FSIS dans les établissements, et mettre en œuvre une norme de produit fini exécutoire.

En outre, la proposition de stratégie traite des analyses de Salmonella et de l'impact des changements sur les petits et très petits établissements.

Craig Hedberg, professeur et codirecteur du Minnesota Integrated Food Safety Center of Excellence, a déclaré dans le communiqué de l'USDA que le cadre est une étape importante pour passer d'une réglementation basée sur les dangers à une réglementation basée sur les risques. «Se concentrer sur les niveaux de Salmonella et les souches hautement virulentes de Salmonella plutôt que sur la simple présence ou absence de Salmonella devrait réduire le nombre de maladies associées à la volaille», a-t-il ajouté.

Angie Siemens, vice-présidente de Cargill pour la sécurité, la qualité et la réglementation des aliments, a déclaré que l'entreprise soutient la nécessité de développer une approche de santé publique basée sur les risques pour aider à atteindre les objectifs du gouvernement fédéral liés à Salmonella dans ‘Healthy People 2030’. Siemens a également déclaré que Cargill avait hâte de revoir le cadre et de faire partie d'un dialogue solide sur la question.

L'USDA organisera une réunion publique virtuelle le 3 novembre pour obtenir les commentaires des parties prenantes sur sa proposition.

Aspirationnel ou réaliste ?
Bill Marler, avocat en sécurité des aliments basé à Seattle qui publie Food Safety News, a déclaré dans un article sur son blog qu'il n'aurait jamais pensé voir l'USDA stipuler que 23% des maladies d'origine alimentaire à Salmonella sont attribuables à la volaille ou proposer que les troupeaux entrants devraient être testé pour Salmonella.

Cependant, il a déclaré que les propositions manquent actuellement de délais ou de réglementations clairs. «Nous verrons si cette nouvelle décision du FSIS est plus ambitieuse ou plus réaliste.»

Commentaire
Le titre de l’article de Bill Marler est soi tout un symbole puisqu’il s’intitule «The times they are a changing?» with Salmonella, Poultry and the FSIS. Les temps changent, mais vont-ils vraiment changer la problématique Salmonella aux Etats-Unis ?

C’est donc une excellente raison d’espérer et aussi d’écouter «The times they are a changing?» de Bob Dylan ...

Auto-expérience : le corps humain peut absorber du PFOA à travers la peau, selon le BfR

«Auto-expérience : le corps humain peut absorber du PFOA à travers la peau», source Communication du BfR n°024/2022 du 13 octobre 2022.

Les substances per- et polyfluoroalkyles (PFAS) sont des produits chimiques industriels contenant du fluor à longue durée de vie. En raison de leurs propriétés hydrofuges, graisseuses et antisalissures, ils sont incorporés dans de nombreux produits de consommation tels que les emballages en papier pour aliments, les textiles d'extérieur ou les poêles antiadhésives. Les PFAS se sont répandus dans le monde entier dans l'environnement et sont ingérés en petites quantités par les aliments. Certains de ces composés, comme l'acide perfluorooctanoïque (PFOA), sont excrétés très lentement par l'homme. Pour cette raison, ils s'accumulent dans l'organisme et sont donc considérés comme particulièrement problématiques.

Pour améliorer leurs propriétés, les PFAS sont ajoutés à une faible proportion de produits cosmétiques. Ceux-ci doivent être indiqués sur l'emballage. Ces cosmétiques peuvent contenir des composés problématiques tels que le PFOA en tant qu'impuretés ou produits de dégradation. Jusqu'à présent, on supposait que ces substances ne pénètraient pas dans l'organisme de manière significative après application sur la peau. Cependant, les données sur l'absorption des PFAS par la peau humaine n'étaient pas disponibles. Un scientifique de l'Institut fédéral d'évaluation des risques (BfR) a désormais testé pour la première fois dans une auto-expérience si du PFOA ajouté à un écran solaire est absorbé par le corps. Comme l'ont rapporté le chercheur et un collègue dans la revue scientifique «Environment International», c'est bien le cas : Une petite quantité de la substance a traversé la peau barrière et pourrait être détecté dans le sang.

Le PFOA ne peut pas être utilisé dans les produits cosmétiques. La production, l'utilisation, la commercialisation et l'importation de PFOA sont interdites dans l'UE à quelques exceptions près. En tant que contaminant non intentionnel et inévitable, le PFOA ne peut être contenu dans les produits qu'à un maximum de 0,025 microgramme par gramme en raison de la réglementation en place au niveau européen depuis juillet 2020. Pour les autres composés perfluorés importants à longue demi-vie, les réglementations correspondantes entrera en vigueur en février 2023.

Des études épidémiologiques indiquent que l'utilisation de produits cosmétiques individuels tels que la crème solaire, la poudre de fard à joues et les nettoyants pour le visage peut être liée à une augmentation des niveaux de PFAS dans le sang. Cependant, des études sur des rongeurs et des modèles de peau n'ont jusqu'à présent fourni aucune preuve que la substance PFOA pénètre dans l'organisme par la peau en quantités significatives. L'étude actuelle a été la première à étudier cette absorption dans des conditions réalistes chez l'homme. À cette fin, 110 microgrammes (millionièmes de gramme) de PFOA ont été mélangés à 30 grammes d'un écran solaire, puis l'ensemble de la peau a été appliqué comme avant un bain de soleil. Après deux jours, les résidus ont été lavés.

Transfert lent dans le sang
Le sang de la personne testée a été examiné pour la présence de PFOA pendant 115 jours. Il a été constaté que la substance n'était absorbée que lentement par la peau et que la concentration la plus élevée dans le sang n'était atteinte qu'après trois semaines. Après cela, le niveau a progressivee diminué. Le PFOA utilisé a une demi-vie estimée à 1,8 ans dans l'organisme. Passé ce délai, la moitié est excrétée. Cela correspond aux découvertes précédentes sur l'excrétion lente de la substance chez l'homme. Les scientifiques estiment qu'environ 1,6% du PFOA de la crème est entré dans le corps. Avec ce résultat, il a pu être démontré dans cet essai pilote qu'une proportion notable de PFOA dans les cosmétiques peut passer dans l'organisme et que cette voie d'absorption par la peau ne peut être négligée si la substance est contenue en quantité pertinente. Cela s'applique probablement non seulement au PFOA, mais également aux autres PFAS.

La proportion de PFOA provenant de la crème solaire dans la quantité totale de PFOA dans le sang du sujet testé était au maximum d'un peu moins de dix pour cent. Cela signifie qu'une proportion élevée de la quantité totale de PFOA dans le corps a déjà été atteinte après une seule application. Cela est dû à la concentration expérimentalement élevée en PFOA de 3,7 microgrammes par gramme de crème solaire. Des concentrations aussi élevées de PFOA n'ont été que rarement détectées dans des produits cosmétiques dans le monde par le passé, mais pas du tout au sein de l'UE.

Selon le règlement (UE) 2019/831, le PFOA ne peut pas être utilisé dans les produits cosmétiques. La production, l'utilisation, la commercialisation et l'importation de PFOA sont généralement interdites dans l'UE, à quelques exceptions près (voir le règlement délégué (UE) 2020/784 de la Commission). En tant que contaminant à l'état de trace non intentionnelle et inévitable, le PFOA ne peut être mesurable qu'à un maximum de 0,025 microgrammes par gramme dans les produits en raison de la réglementation en place au niveau européen depuis juillet 2020. Pour d'autres composés perfluorés importants à longue demi-vie, correspondant le règlement entrera en vigueur en février 2023.

Évaluation des risques des PFAS
Une quantité totale élevée de PFAS dans le corps est associée à divers changements biologiques dans les études épidémiologiques. Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour clarifier la relation causale. La réduction de la formation d'anticorps observée chez des enfants après la vaccination est considérée comme particulièrement critique. L'évaluation actuelle des risques de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) est basée sur ces données immunologiques. Cependant, en raison de la réglementation, l'exposition à la substance PFOA a considérablement diminué au cours des 20 dernières années.

Plus de 50 personnes atteintes de salmonellose en Suède

«Plus de 50 personnes atteintes de salmonellose en Suède», source article de Joe Whitworth paru le 15 octobre 2022 dans Food Safety News.

Plus de 50 personnes sont tombées malades dans une épidémie nationale à Salmonella en Suède dont la source n'a pas encore été identifiée.

Au total, 54 cas confirmés à Salmonella Typhimurium ont été signalés dans 20 régions différentes du pays du 17 septembre au 5 octobre.

Les patients sont âgés de 8 à 86 ans ; 31 d'entre eux sont des femmes.

Les cas ont été reliés par le séquençage du génome entier de prélèvements de patients. Cela signifie qu'ils sont suspectés d'avoir été infectés par une source commune, selon l'Agence de santé publique de Suède (Folkhälsomyndigheten).

Les unités locales de contrôle des infections, l'Agence suédoise de l'alimentation (Livsmedelsverket) et Folkhälsomyndigheten enquêtent sur l'épidémie pour identifier la source de l'infection, qui est soupçonnée d'être un aliment largement répandu en Suède.

Des entretiens avec des patients pour compiler des informations sur ce que les malades ont mangé avant de tomber malades sont en cours. Les réponses seront utilisées pour formuler des hypothèses sur la source et comparées à ce que les personnes d'un groupe témoin qui ne font pas partie de l'épidémie ont mangé.

L'incident ne semble pas être lié à une épidémie à Salmonella Typhimurium en cours au Danemark. Les responsables pensent que l'épidémie en Suède est causée par une source différente car les souches ne se regroupent pas.

Au Danemark, 14 cas ont été enregistrés entre le 15 août et le 16 septembre. Les patients sont sept hommes et sept femmes âgés de 4 à 84 ans, avec un âge médian de 61 ans.

Le Statens Serum Institut (SSI), l'Administration vétérinaire et alimentaire danoise (Fødevarestyrelsen) et le DTU Food Institute enquêtent pour trouver la source de l'épidémie.