Les épidémies infectieuses d'origine hydrique (EIOH) sont toujours un problème de santé publique dans le monde. Elles sont généralement causées par la contamination microbiologique de l'eau du robinet, et la gastro-entérite aiguë (GEA) est le syndrome le plus fréquent chez les personnes atteintes. Face à cette problématique, de nombreux pays ont mis en place des systèmes de surveillance dédiés. Cependant, les processus de notification (volontaires ou obligatoires) varient, tout comme les définitions de EIOH. Des informations standardisées sont collectées comprenant des données épidémiologiques, cliniques et, occasionnellement, biologiques, ainsi que des données sur la zone d'approvisionnement en eau potable (ZAE) concernée et les incidents d'exploitation et de distribution. Une ZAE fait référence à une zone géographiquement définie dans laquelle l'eau destinée à la consommation humaine provient d'une ou plusieurs sources, et où la qualité de l'eau peut être considérée comme approximativement uniforme. Bien que la plupart des systèmes de surveillance soient affectés par la sous-détection, les évaluations tendent toutes à mettre en évidence les mêmes facteurs de risque: événements pluvieux entraînant pollution et inondation de la ressource en eau, vulnérabilité microbiologique de la ressource, incidents d'exploitation (échec de la désinfection, incident de filtration) ou incident de distribution (rupture de canalisation, refoulement des eaux usées vers l'alimentation en eau potable). De plus, les facteurs environnementaux contributifs peuvent être aggravés par le changement climatique, augmentant ainsi le fardeau de santé attribuable à l'eau du robinet.
En France, les autorités sanitaires notifient les EIOH à Santé publique France. Santé publique de France enquête ensuite sur le problème signalé. Il n'y a pas de procédure de déclaration standard pour déclarer une EIOH. Elles sont généralement notifiées aux autorités de santé par le biais d'un signalement volontaire par les médecins généralistes ou les pharmaciens suite aux résultats officiels de la surveillance de l'eau potable, ou à la suite de plaintes de consommateurs (odeur, goût, etc.). Rarement, les EIOH sont également notifiées via le système de surveillance obligatoire des toxi-infecrtions alimentaires collectives (TIAC), qui est également géré par Santé publique de France. L'absence d'un système de surveillance spécifique des EIOH conduit à une sous-estimation de leur impact sur la santé. Des études basées sur l'amélioration de la sensibilité, en utilisant les données de l'assurance maladie pour enregistrer les cas de gastro-entérite aiguë médicalisée (GEAm), ont prouvé à la fois leur utilité dans l'étude du risque infectieux attribuable à l'eau du robinet, et leur applicabilité dans les systèmes de détection rétrospective des EIOH.
Dans ce cadre, Santé publique de France, en partenariat avec le ministère de la Santé et les Agences régionales de santé (ARS), a conçu un système national français de surveillance des EIOH basé sur les données de l'assurance maladie. La période de démarrage de 3 ans pour tester le système a débuté en avril 2019. Ses principaux objectifs sont (i) de faciliter l'identification et la gestion des ZAE qui doivent être sécurisées et rendues sûres pour protéger la santé des consommateurs et (ii) de améliorer la prévention des contaminations par une meilleure connaissance des EIOH en France et des facteurs de risques associés. De plus, ce nouveau système fournira des indicateurs épidémiologiques pour mieux estimer l'impact sanitaire des EIOH.
Cet article présente la structure et l'organisation de ce nouveau système français de surveillance des EIOH. Nous ciblons l'application Internet EpiGEH, qui a été spécialement développée pour le système par Santé publique de France.
Référence
On lira aussi Détection des épidémies d'origine hydrique : une étude basée sur des simulations d'épidémies (2018) sur le site de Santé publique de France.
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