19 euros le prix d'un seul jouet |
L’article du Point est réservé aux abonnés, «Porcelets privés de jouets, c’est l’amende assurée. Au nom du bien-être animal, le monde de l’agriculture fait face à une pluie de décisions souvent absurdes.»
André Heitz cite le passage idoine pour vous éclairer sur l'absurdité de l'absurdité :
«Ayant eu la chance d’intervenir au début de ce mois de septembre dans une assemblée générale d’agriculteurs tenue dans l’ouest de la France, à l’occasion des «questions–réponses», un agriculteur prit la parole. J’eus tout d’abord du mal à le comprendre car, pris par l’émotion, sa voix flottait et l’on sentait ses larmes monter; en outre, ce que j’entendais me paraissait insensé. Une fois ma propre gêne surmontée, je me retournai pour découvrir un homme solide, grisonnant, d’une cinquantaine d’années et lui demandai alors de bien vouloir reprendre son témoignage que j’avais mal compris. Son voisin et ami, compatissant, le répéta à sa place et, incrédule, je partis d’un grand éclat de rire, rire aussi nerveux que compatissant.
<Eleveur de 2600 porcelets, il nous racontait donc qu’il venait d’être taxé d’une amende de 96 000 euros parce que 128 de ses 2600 petits cochons n’avaient pas de jouets ! Oui, il s’agit bien de jouets, de jouets pour petits cochons certes, mais bel et bien de jouets; eux aussi, n’est-ce pas, doivent s’épanouir et ne pas être tout le temps dans les pattes de leur maman ? La directive «bien-être animal» exige en effet pour les éleveurs de truies, et donc naisseurs de porcelets, un accès permanent à des matières «manipulables», si l’on peut utiliser cet adjectif comme le fait l’administration alors qu’il s’agit de quadrupèdes; «mandipulables» eût été plus approprié, mais, quoi qu’il en soit, ces jouets devraient diminuer leur stress. Ainsi, en un clic, on trouve sur Internet des boules et des balles dont certaines sont à mâcher. Allant de 4 euros à plus de 40 euros. Elles ne sont donc pas particulièrement bon marché.
Précisons que rien de ce qui de se passer avec cet éleveur n’existe dans les propos du document du ministère de l’agriculture de février 2019 sur le Bien-être animal : la réglementation qui encadre l'élevage et les contrôles officiels.
Mais, en revanche, dans un autre document du ministère de l’agriculture de février 2019, Le bien-être et la protection des porcs, il est rapporté,
Des contrôles des services vétérinaires sont réalisés pour vérifier les conditions d'hébergement des animaux, la qualité de l'identification, le bon état général des animaux, les soins vétérinaires éventuellement apportés. Par exemple, lors d'un contrôle, l'inspecteur vérifie que les truies soient bien en groupe et qu'il y ait bien la présence de matériaux manipulables dans les logements.
Il vous faut savoir, mais, je pense, cher lecteur, que vous le savez, il existe une tendance bien française à ajouter une couche réglementaire aux directives européennes, c'est ce que le regretté Philippe Murray appelait L'empire du bien.
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