Une note de service de la DGAL (DGAL/SDSSA/2018-957
du 27-12-2018) nous informe du « Plan exploratoire relatif à la
surveillance de la contamination des produits de la pêche et des mollusques
bivalves par les Vibrio spp. »
Résumé. Ce plan de surveillance est destiné à estimer la contamination par les trois espèces Vibrio parahaemolyticus, Vibrio cholerae et Vibrio vulnificus des produits de la pêche et des mollusques bivalves mis sur le marché en France. Il est réalisé à titre exploratoire. 200 échantillons (n = 1) doivent être prélevés au stade de la distribution. Ces prélèvements seront répartis proportionnellement à la population humaine dans les 13 régions métropolitaines. La période de réalisation des prélèvements s'étend du 2 janvier au 31 décembre 2019 pour les produits de la pêche et du 1er avril au 31 octobre 2019 pour les mollusques bivalves vivants. Les résultats individuels compilés par le laboratoire national de référence (LNR) dans un tableur seront transmis à la DGAL au plus tard le 1er février 2020.
Vibrio parahaemolyticus |
Il est également noté :
Depuis plusieurs années, plusieurs espèces de bactéries du genre Vibrio sont une source de préoccupation grandissante en santé publique. En lien avec le dérèglement climatique, ces pathogènes ont émergé parfois jusque sur nos côtes. Les espèces Vibrio parahaemolyticus, Vibrio cholerae et Vibrio vulnificus véhiculées par l’eau et les produits de la mer, sont potentiellement capables d’induire des infections gastro-intestinales et des septicémies chez l’homme. Par ailleurs, elles sont parfois porteuses de facteurs d'antibiorésistance. Pour information, la FAO a établi un suivi de l’évaluation des risques pour ces trois espèces de Vibrio du fait de leur impact sur la santé et sur le marché international.
La réglementation européenne ne prévoit pas la recherche des Vibrio pathogènes pour l’homme dans les aliments, et il n’existe à ce jour, pas de critère réglementaire.
Considérant d’une part, que la recherche des Vibrio spp. dans les cas de gastroentérites, est rarement effectuée en France, et leur incidence certainement sous-estimée, et d’autre part, l’absence de donnée sur les niveaux de contamination pour ces trois espèces Vibrio parahaemolyticus, Vibrio cholerae et Vibrio vulnificus, une surveillance à titre exploratoire est apparue nécessaire afin d’évaluer la prévalence de ces bactéries dans les coquillages vivants et les produits de la mer, et par conséquent évaluer l’exposition du consommateur.
Effectivement, Phyllis Entis a écrit dans cet article,
Le changement climatique a également joué un rôle. Par exemple, on sait que les mollusques et les crustacés hébergent Vibrio parahaemolyticus. Cependant, cet agent pathogène est sensible au froid et ne présentait pas de danger pour la sécurité des aliments dans les eaux au large de la côte ouest du Canada par le passé. Avec la hausse des températures de l’eau, Vibrio parahaemolyticus a été retrouvé plus fréquemment dans les coquillages pêchés dans ces eaux.
Pour bien comprendre l’intérêt de ce « plan de surveillance exploratoire »,
il nous faut revenir en arrière, même très en arrière, avec cette demande « L’Anses a été saisie le 22 décembre 2010 par
la Direction générale de l’alimentation pour la réalisation de l’expertise suivante
: demande d’évaluation du risque lié à Vibrio parahaemolyticus via la
consommation de produits de la mer. »
L’Anses y a répondu en décembre 2012 avec une « Évaluation
du risque lié à Vibrio parahaemolyticus lors
de la consommation de coquillages vivants. Avis de l’Anses. Rapport d’expertise
collective ».
Selon le document de l’Anses :
Le rapport suggère au gestionnaire du risque de faire réaliser des analyses à la sortie des établissements, lors de leur entrée dans le circuit de commercialisation. Un plan d’échantillonnage est proposé pour les huîtres et moules, privilégiant la période où la prévalence et la concentration des Vibrio sont les plus élevées, c’est-à-dire de mai à octobre, en privilégiant les bassins les plus a priori à risque.
Voilà donc le « plan
de surveillance exploratoire », et nous étions en 2012, par
conséquent, nous aurons, si tout va bien, les résultats en 2020-2021 …, soit 7 à 8
ans après, logique du temps administratif, en attendant, lisez bien le document
de l’Anses qui suit …
L’Anses a publié en juillet 2012 une fiche de
description de danger biologique transmissible par les aliments, Vibrio parahaemolyticus.
Il est rapporté sur les modalités de surveillance :
En France, comme dans les autres pays européens, leur incidence est difficile à connaître, en particulier pour les formes les moins sévères, car ces infections ne sont pas à déclaration obligatoire, et sont par ailleurs probablement sous-diagnostiquées. Leur fréquence est donc vraisemblablement sous-estimée.
Au niveau des données épidémiologiques en France :
V. parahaemolyticus a été détecté dans le bassin d’Arcachon en 1988. Une épidémie à V. parahaemolyticus a été recensée en 1997 dans un régiment du Var, liée probablement à la consommation de moules ou de crevettes incorporées dans une sauce. En 2001, une épidémie (100 cas) a été reliée à la consommation de moules en provenance d’Irlande. En 2009, une épidémie liée à la consommation de moules a touché quatre personnes et les souches isolées étaient porteuses du gène codant pour l’hémolysine TDH et appartenaient au sérogroupe O3:K6.
Entre 1995 et 2012, le Centre national de référence des vibrions et du choléra de l’Institut Pasteur rapporte 20 cas de gastro-entérites, trois chocs septiques et deux surinfections de plaies dues à cette bactérie.
Toutes les souches responsables de gastro-entérites portaient le gène codant pour l’une ou l’autre des hémolysines TDH et TRH, une souche portait les deux. Sept cas de gastro-entérites étaient associés au clone O3:K6.
Recommandations aux opérateurs :
- Limiter le temps entre la sortie des huîtres de l’eau et la première réfrigération.
- Appliquer les bonnes pratiques d’hygiène. Lors de l’application des principes HACCP, prendre en considération le danger Vibrio pouvant aller jusqu’à des études de prévalence concernant ce danger.
- Respecter scrupuleusement les températures réglementaires lors des manutentions et du transport, ainsi que lors de la présentation dans les magasins. Il est recommandé de maintenir les coquillages en dessous de 10 °C.
Recommandations aux consommateurs :
- Considérer que la consommation des fruits de mer crus en été augmente le risque de gastro-entérite causée par Vibrio.
- L’été, transporter les coquillages et fruits de mer dans un contenant isotherme (glacière) et mettre au réfrigérateur rapidement (4°C)
- Respecter les bonnes pratiques d’hygiène lors de la manipulation et de la préparation des aliments :
- consommer dans les deux heures qui suivent la sortie du réfrigérateur;
- éviter le contact entre des aliments cuits et des fruits de mer crus pour limiter les transferts de contaminations.
- Pour les patients atteints de maladies sous-jacentes, maladies hépatiques chroniques (hépatite, cirrhose, alcoolisme), maladies exposant à une surcharge en fer, ou pour les patients immunodéprimés (diabète, cancers), présentant une sensibilité accrue aux infections à Vibrio, éviter de manger des fruits de mer crus ou insuffisamment cuits (p.ex. huîtres, moules, palourdes, crevettes).
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.