vendredi 4 janvier 2019

Il était une fois les aventures des vilains pesticides de synthèse et les gentils pesticides « bio »


Une bien curieuse affichette  est paru dans les magasins Intermarché …
Cliquez sur l'image pour l'agrandir
Ce n’est que l'énième avatar ou remake du combat entre les vilains pesticides (forcément de synthèse) et les gentils pesticides 'naturels' ou bio (forcément non toxiques voire sains) !

Le blog Ravijen rapporte dans son excellent article, Pourquoi je ne signerai pas l’appel de M. Nicolino
Extraits,
Interdire tous les produits phytosanitaires parce que certains ont des effets négatifs, relève du même niveau d’amalgame que d’interdire tous les médicaments parce que certains se sont révélés avoir des effets secondaires. 
… il faut Interdire les produits dont l’usage est dangereux (cancérogènes, polluants persistants), ou avec des impacts importants sur le climat et la biodiversité, quand les faits sont reconnus par le consensus scientifique. Oui, Bien sûr.
Mais la dichotomie chimique/naturel, n’a aucun sens. 
L’opposition synthèse/naturel.

Un produit bio serait il forcément au dessus de tout soupçon ? Cela part du présupposé que seuls les produits de synthèse auraient des effets négatifs sur la santé et sur les écosystèmes. Qu’un produit, ou une méthode naturelle serait sans danger.

Il n’y a pas de différence fondamentale entre une molécule d’origine naturelle ou de synthèse. Il faut regarder les impacts de la production et de l’usage de chaque molécule. 
Et pourtant que fait cette affichette, si ce n'est mettre en opposition les « vilains » pesticides et les « gentils » produits bio …
Les pesticides « bio » ne sont pas anodins : Prenons deux exemples. 
La bouillie bordelaiseLa bouillie bordelaise est un mélange de sulfate de cuivre hydraté (CuSO4,5H2O), et de chaux éteinte (Ca(OH)2).
Je vous laisse lire le contenu très documenté de l’article concernant le rôle du cuivre et je vous suggère de lire une des références mentionnées, un article paru dans Libération du 29 août 2018 qui cite Françoise Weber, directrice générale déléguée aux produits réglementés à l’Anses.

Je vous conseille aussi d’écouter la vidéo d’Emmanuelle Ducros, On a un problème avec le cu.
Le pyrèthre. Le « pyrèthre » (un mélanges de six esters, les pyréthrines) est un insecticide utilisé en agriculture biologique.

Il est présent dans des spécialités comme le « Pyrévert » et la dose d’emploi préconisée par passage est de 30 g/ha. L’agriculture biologique accepte 3 passages par culture !


Le pyrèthre est « Bio », parce que issu d’une plante. Est ce suffisant pour fermer les yeux sur les surfaces que cela représente au détriment de cultures vivrières ?
Faut-il préciser, que l’étiquette « bio » ne suffit pas à rendre ce produit inoffensif pour les abeilles ? Réponse : non. Ce produit est dangereux pour les abeilles.
Il existe une alternative ….  de synthèse.
La perméthrine est un ester pyréthrinoïde. Ce produit a été classé par l’OMS comme une substance indispensable à l’avenir de l’humanité. Il y a aussi la deltaméthrine dont la biodégradabilité et les effets sur la santé sont identiques aux pyréthrines extraites de plantes.
Enfin si la synthèse chimique de molécules émet en moyenne 6 kg CO2 eq/Kg de produit, le transport par avion depuis la Tanzanie (7 200 km) représente à lui seul 18 kg de CO2/kg.
Et l'article blog Ravijen de conclure,

Retirer un certain nombre de matières actives nuisibles de la circulation est évidemment nécessaire. Cela est d’ailleurs déjà le cas. Des molécules sont retirées de la commercialisation tous les ans. Mais ces retraits doivent aussi concerner l’agriculture biologique. Comment expliquera-t-on le renouvellement d’homologation de la bouillie bordelaise, autrement que par des actions de lobbying qui n’ont rien à envier à celle de Monsanto ?
Une autre question essentielle : Que fera t-on quand nous aurons interdit tous les pesticides de synthèse sans distinction, et que malgré tout, les insectes continueront à disparaître ?
NB : On lira Les pesticides chimiques pour les jardiniers amateurs sont désormais interdits, publié le 3 janvier 2019 sur le site du ministère de l'agriculture. Heureusement, certains ont fait des 'réserves' et on peut en acheter ailleurs qu'en France, libre circulation des produits dans l'UE ...

Complément du 6 janvier 2019. On lira l'article de seppi, Les aliments biologiques sont pires pour le climat, d'après un communiqué de l'Ecole polytechnique Chalmers de Suède.

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