vendredi 4 janvier 2019

De nouvelles sources possibles d'infection à Campylobacter identifiées au Danemark, selon une étude

Le Danemark semble assez bien connaître Campylobacter.

Rien qu’au niveau du RASFF de l’UE en 2018, le Danemark est la bête noire des poulets de France. Ainsi, le Danemark a publié 10 notifications pour la présence de Campylobacter sp. dans des volailles de France, c’est même supérieur au plan de surveillance de la DGAL, c’est  dire …

« Des chercheurs danois découvrent que la viande hachée bovine et les fraises sont souvent à l'origine de maladie à Campylobacter », source article Joe Whitworth paru le 4 janvier 2019 dans Food Safety News.

Une étude danoise a examiné les sources d’infection à Campylobacter afin d’améliorer les directives nationales de prévention.

Des chercheurs du Statens Serum Institut (SSI) et de l'Université de Copenhague ont mené une étude cas-témoins auprès de Danois âgés de 1 à 30 ans de janvier à décembre 2016. Les personnes de ce groupe d'âge seraient les plus exposées au risque de maladie.

La campylobactériose est l'infection bactérienne gastro-intestinale la plus répandue au Danemark avec plus de 4 000 cas rapportés chaque année et une tendance à la hausse depuis 2012.

Les participants ont été invités par lettre à remplir un questionnaire en ligne. L'étude a recruté 1 366 cas et 4 418 témoins, dont 887 et 2 935 respectivement, ont rempli le questionnaire et les résultats ont été publiés dans le journal Clinical Epidemiology (article en accès libre -aa).

Un modèle de régression multivarié pour les cas contractés au pays a montré un risque accru d'infection avec une baignade en eau douce, le contact avec du sable de la plage, la possession d'un chien souffrant de diarrhée et la consommation de viande hachée bovine ou de poulet. Le modèle pour enfants mettait en évidence des facteurs similaires et incluait la baignade dans une pataugeoire et la consommation de fraises fraîches. Le risque lié aux fraises peut être lié à des pratiques d'hygiène, telles que ne pas les laver car les enfants mangent souvent des fraises dans les champs lors de la cueillette ou directement dans les boîtes en distribution.

Une analyse distincte pour les personnes signalant des voyages à l'étranger a montré un risque accru d'infection lors de voyages en Asie, en Afrique ou en Turquie, ainsi que le fait de manger dans des cuisines de rue et d'avoir un contact avec de l'eau pendant les voyages étaient aussi des facteurs de risque.

L'étude a reconfirmé la manipulation et la consommation de poulet comme facteur important, de risque tout en soulignant que le viande hachée bovine était un nouveau problème potentiel. Il en ressort que près d'un tiers des cas à Campylobacter au Danemark peuvent être attribués chaque année au poulet.

Le risque associé à la viande hachée bovine, pourrait être un événement récent lié à l’introduction du conditionnement sous atmosphère modifiée. La viande hachée contenue dans le conditionnement sous atmosphère modifiée a de plus faibles concentrations en oxygène, ce qui améliore la durée de conservation et réduit la décoloration, mais lors de la préparation, la viande vire rapidement au brun, augmentant le risque de consommation avant d'être correctement cuite.

J’ai signalé à de multiples reprises que la couleur de la viande était un indicateur trompeur de la cuisson à cœurs d’un steak haché et récemment encore ici et ici. Voir enfin ici pour une sélection d’articles plus anciens mais toujours d’actualité.

La viande hachée bovine et les fraises fraîches ont été identifiées comme deux nouvelles sources possibles d’infection et sont en cours d’examen par la Danish Food and Veterinary Administration dans le cadre du plan d’action national contre Campylobacter.
Les facteurs environnementaux et le contact avec les animaux représentaient une proportion non négligeable des infections à Campylobacter domestiques dans le groupe d'âge étudié.

Manger dans un café ou un restaurant ou dans un établissement de restauration rapide comportait un risque accru d’infection, tout comme manger des aliments servis à l’extérieur et consommer ses propres aliments lors d’un pique-nique à la campagne ou en forêt. La consommation de viande cuite au barbecue à la maison était également associée à une infection. Pour les pratiques d'hygiène à la maison, la manipulation du poulet réfrigéré dans les 5 jours après une période d'exposition a été associée à un risque accru d'infection.

Les cas étaient plus susceptibles que les témoins d’avoir consommé du lait cru non pasteurisé et de vivre dans un foyer avec de l’eau potable fournie par un fournisseur privé. Les fraises fraîches, les framboises et les myrtilles ont augmenté le risque d'infection, tout comme les smoothies préparés avec des baies congelées.

Campylobacter reste principalement une infection d'origine alimentaire, bien qu'avec une composante environnementale. Les résultats suggèrent que la campylobactériose n'est pas attribuable à une source principale d’aliment mais plutôt à une combinaison de facteurs non alimentaires et de facteurs alimentaires. L'importance de ceux-ci est susceptible de varier selon les personnes, les lieux et tout au long de l'année.

Plus d'épidémies que prévu
Une autre étude impliquant le SSI a montré que le regroupement des cas et les épidémies de Campylobacter semblent se produire plus souvent que prévu.

L’étude, publiée dans le journal Clinical Microbiology and Infection, a appliqué le séquençage du génome entier à 245 isolats de Campylobacter jejuni provenant de patients atteints d'une infection acquise sur le territoire national au cours d'une période de neuf mois en 2015 et 2016.

Les épidémies ont été liées à la contamination de l'eau, du lait cru (non pasteurisé), du contact avec des animaux et aux expositions environnementales telles que la boue et le sable.

Le séquençage du génome entier a mis en évidence 62 des 245 isolats groupés génétiquement. Au total, 21 clusters génétiques ont été identifiés, dont quatre comprenaient cinq isolats ou plus. Dix-sept des 21 clusters génétiques ont été groupés dans l'espace et/ou dans le temps. Sur les 245 isolats, 49 appartenaient à un groupe temporel et/ou géographique. Les groupes identifiés ont été inclus dans deux épidémies : l’un n’avait pas été identifié par le système de surveillance existant.

Pour la présence de Campylobacter au niveau de l’UE, voir Campylobactériose : Rapport annuel épidémiologique 2016 en Europe.

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