L'utilisation
de techniques avancées de traçage génétique et le partage des
données produites en temps réel pourraient limiter la propagation
de bactéries, comme Bacillus
cereus, responsables
de maladies d'origine alimentaire, selon des chercheurs.
Dans le
cadre d'une étude récente, des
chercheurs de la Penn State University ont mis en œuvre le
séquençage du génome complet lors d'une innvestigation sur une
épidémie liée au pathogène, à la suite d'une épidémie de
maladies d'origine alimentaire à New York en 2016.
« Ici,
dans notre étude, nous utilisons cette approche pour la première
fois sur Bacillus cereus », explique Jasna Kovac,
professeur assistant en sciences des aliments à Penn State. « Nous
espérons que nos recherches permettront de réaliser plus souvent le
séquençage du génome entier de Bacillus, car cela nous permettra
de différencier les différentes espèces de Bacillus cereus et de
mettre en avant le risque de sécurité des aliments qui leur est
associé. »
Le
projet signale pour la première fois que des chercheurs ont effectué
un séquençage du génome entier pour enquêter sur une épidémie
de Bacillus cereus afin de relier des isolats provenant de cas
cliniques humains à des aliments. L'épidémie de New York en 2016 a
duré moins d'un mois et provenait de haricots frits contaminés
servis par une petite chaîne de restaurants mexicains.
Aux
États-Unis, on estime que la bactérie productrice de toxines est à
l’origine de 63 400 cas de maladies d’origine alimentaire par an,
mais Bacillus cereus ne reçoit pas l’attention portée aux
agents pathogènes d’origine plus mortels tels que Listeria
et Salmonella.
Étant
donné que les maladies causées par Bacillus
cereus
disparaissent généralement en quelques jours et que les épidémies
sont spontanément résolutives, les maladies d'origine alimentaire
causées par des membres de ce groupe d'agents pathogènes sont
souvent sous-déclarées. Bien que des cas d'infections graves ayant
entraîné la mort subite du patient aient été signalés, les
isolats du groupe Bacillus
cereus
liés à des cas cliniques de maladie d'origine alimentaire chez
l'homme ne font généralement pas l'objet d'un séquençage du
génome complet, ce qui est en train de devenir la règle pour
d'autres agents
pathogènes d'origine alimentaire.
Dans
ce cas, le département de la santé de l'État de New York a
coordonné les investigations épidémiologiques. Les méthodes
employées comprenaient une étude de cohorte, une revue de la
préparation des aliments, une traçabilité des produits
alimentaires, des analyses de l'environnement, des aliments et de
l'eau et une investigation dans une usine de production en
Pennsylvanie ayant produit les haricots frits contaminés. Les
chercheurs ont séquencé la majorité des isolats de Bacillus
cereus, provenant d'aliments et d'humains, au Penn State Genomic Core
Facility, qui fait partie du Huck Institutes of Life Sciences.
Bacillus cereus. Image Mogana Das Murtey et Patchamuthu Ramasamy |
Le Comité scientifique de l'AFSCA (Belgique) a procédé à une « Évaluation du risque pour le consommateur de la présence de Bacillus cereus dans les denrées alimentaires (dossier SciCom 2018/04) », document de 29 pages.
Contexte & QuestionsIl est demandé au Comité scientifique sur base de quels éléments scientifiques le risque pour le consommateur peut être évalué, lorsque des concentrations élevées de Bacillus cereus (B. cereus) (> 105 ufc/g ou ml) présentant un potentiel de production de toxines sont constatées dans une denrée alimentaire. Il est également demandé sur la base de quels critères des mesures devraient être prises suite à la constatation de nombres élevés de B. cereus. Une attention particulière est, en outre, également demandée concernant la sécurité d'utilisation de B. thuringiensis comme biopesticide.
RésultatsL'étude bibliographique n'a livré aucune nouvelle information par rapport à l'opinion de l'EFSA de 2016 relative aux éléments permettant d'évaluer les risques que représente la présence de B. cereus dans les denrées alimentaires, tant pour les cellules végétatives que pour les spores et les toxines. Pour cette raison, le Comité scientifique n'a effectué aucune réévaluation des risques pour B. cereus. De manière générale, les souches commerciales de B. thuringiensis utilisées comme biopesticide sont considérées comme sûres en raison de leur long historique d'utilisation. Il reste toutefois important d'évaluer la sécurité de ces souches de manière individuelle. Il n'existe actuellement pas de marqueurs permettant de distinguer facilement ces souches de celles de B. cereus.
ConclusionsSur la base d'une étude bibliographique et de l'opinion d'experts, le Comité scientifique n'a pas trouvé de nouveaux éléments scientifiques permettant de mieux évaluer le risque de B. cereus dans les denrées alimentaires. Par conséquent, le comité scientifique propose , compte tenu des incertitudes, d’appliquer une limite d’action pragmatique pour le B. cereus (105 ufc/g ou ml) et de prendre des mesures sur la base de cette limite d’action. Le Comité scientifique recommande également d’envoyer des échantillons de denrées alimentaires contenant des concentrations élevées (> 105 ufc/g ou ml) de B. cereus présumé au laboratoire de référence, pour une identification plus approfondie de l’espèce afin d'accroître les connaissances sur les souches en circulation.
Cela
étant,
Le Comité scientifique souhaite également attirer l'attention sur le fait que certaines souches de B. cereus sensu stricto ne sont pas les seules à pouvoir représenter un risque potentiel pour la sécurité alimentaire, mais que cela peut être également le cas de certaines souches d'autres espèces du groupe B. cereus, comme B. thuringiensis, B. pseudomycoides ou B. cytotoxicus. Le Comité scientifique recommande donc d'appliquer la même limite d'action (105 ufc/g ou ml) aux autres espèces du groupe B. cereus, comme B. thuringiensis (y compris les souches utilisées comme biopesticide), car aucune information concluante ne peut être donnée sur leur pouvoir infectieux pour l'homme. Le Comité scientifique recommande également de réévaluer la limite d'action pour B. cereus et les autres espèces du groupe B. cereus si, le cas échéant, de nouvelles informations devenaient disponibles. Enfin, le Comité scientifique recommande de séquencer les souches de B. thuringiensis utilisées comme biopesticides et d'analyser ces souches pour la présence de gènes de résistance aux antibiotiques cliniquement pertinents.
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