samedi 2 février 2019

Viandes avariées : Communication imprécise du ministère de l'agriculture. Pologne, business as usual ?

Selon 20 minutes.fr,
Le ministère français a d’ailleurs indiqué avoir eu connaissance de l’information « par la presse », puis avoir été informé via le Réseau d’Alerte Européen (RASFF) que neuf entreprises étaient destinataires de lots de viandes incriminés.
Selon ce que j'ai lu sur un communiqué du ministère de l'agriculture aujourd'hui 'disparu', il s'agissait du 30 janvier 2019. Comme à son habitude, le ministère adapte sa com en effaçant les communiqués précédant, c'est imparable et certain d'avoir toujours la bonne réponse …

Cela étant, une notification au RASFF par la Pologne date du mardi 29 janvier 2019, référence 2019.0311, que chacun peut vérifier.

On peut lire aussi que la France a demandé des explications une fois le 30 janvier et deux fois le 31 janvier 2019.

Le site de 20 minutes poursuit,
Gros mystère pour l’instant. Sur les 800 kilos arrivés en France « plus de 500 kilos » avaient été retrouvés à la mi-journée par les services sanitaires du ministère et détruits, a précisé la Direction générale de l’alimentation (DGAL) sur le site du ministère. Pour le reste, « on ne sait pas s’ils sont partis dans le commerce, cela a pu rester dans des frigos », a dit le ministre, interrogé ce vendredi matin sur CNews, estimant que les entreprises françaises avaient été « dupées ». Des enquêtes sont menées par les directions départementales en charge de la protection des populations (DDPP) dans les neuf établissements ciblés, qui « pour la plupart n’exercent qu’une activité de négoce sans manipulation des viandes » selon le ministère.

La nouvelle com du ministère est désormais la suivante à propos de Viandes polonaises frauduleuses : état des investigations menées en France.
La Commission européenne nous a alertés mercredi de la présence de viande de bœuf frauduleuse provenant d’un abattoir en Pologne. 13 pays européens sont concernés. Sur 2,7 tonnes exportées par la Pologne, 795 kg de viande ont été vendues en France.
On sait désormais que ce n'est pas mercredi mais mardi que la notification au RASFF de l'UE a eu lieu, et 14 pays européens, y compris la Pologne, sont concernés …
Les services du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation ont identifié hier les 9 entreprises de négoce qui ont reçu en première intention cette viande frauduleuse.Des enquêtes des services vétérinaires ont été organisées sans délai. Les investigations sont conduites par les directions départementales en charge de la protection des populations.Les résultats des investigations font état, ce vendredi 1er février en fin journée, de 650 kg retrouvés sur les 795 kg. Parmi ces 650 kg, 500 kg ont été détruits et 150 kg ont été vendus au consommateur via notamment des boucheries.Ces boucheries ont mis en place dès cet après-midi des affichettes pour informer leurs clients. Ces rappels sont justifiés par la fraude et le non-respect de la réglementation.Aucune viande frauduleuse n’a été, à ce stade, retrouvée dans les circuits de la grande distribution.
Enfin, les équipes du ministère sont mobilisées pour poursuivre les recherches sur les 150 kg restants.
Un peu de bla bla pour finir,
« Je m’engage à informer en toute transparence de l’état d’avancement des investigations. La rapidité avec laquelle les investigations sont menées souligne l’efficacité de notre dispositif de traçabilité et de contrôle sanitaire en France ». Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation.
Où est l’efficacité de notre dispositif de contrôle sanitaire en France, puisque la viande est entrée comme une lettre à la poste …

Enfin, Un film secret montre des vaches malades abattues pour leur viande en Pologne. Ce film fait craindre des risques graves pour la santé d'un grand pays exportateur de l'UE, selon The Guardian du 27 janvier 2019.

« Cela semble vraiment être une activité criminelle bien organisée et bien orchestrée. Il sera extrêmement difficile, voire impossible, de savoir où est allée toute cette viande… Pour ce qui est de savoir si une partie de cette viande aurait pu entrer au Royaume-Uni, la réponse est que je n'en ai aucune idée. Dans le passé, lorsque j’examinais de la sorte les chaînes d’approvisionnement illicites, elles allaient toujours très loin, car il y avait beaucoup d’intermédiaires dans différents pays qui manipulaient cette viande, essayant de l’introduire dans des chaînes d’approvisionnement véritables. »

Et en Pologne même, la question de savoir si les allégations aboutiront à des mesures réglementaires strictes, mesures réglementaires qui, selon les observateurs, avaient fait défaut la dernière fois qu'un tel scandale a éclaté, reste posée.

« Nous sommes inquiets que la même chose se passe, comme toujours », a déclaré Tomasz Patora de Superwizjer, « que les autorités essaieront d'affirmer qu'il s'agit d'un incident isolé et qu'elles ne sont pas en faute, et que les choses vont revenir à la normale, comme toujours. »

Paweł Jakubczak, responsable de l’inspection vétérinaire de la région de Mazovie, a annoncé samedi que le vétérinaire désigné de l’abattoir et son supérieur hiérarchique au niveau du comté avaient été licenciés et que la police avait déjà ouvert une enquête.

« Je pense que la police, qui est déjà engagée dans ce dossier, n'essaiera pas pas d'expliquer le rôle des autorités de contrôle dans cette procédure criminelle illégale, répréhensible et carrément criminelle. »


Complément. On lira « Closed Polish abattoir sent meat to 13 EU countries » de Joe Whitworth paru le 2 février 2019 dans Food Safety News.


Complément du 2 février du ministère de l'agriculture. Difficile de s'y retrouver dans la com du ministère puisqu'un communiqué suivant efface le précédent …

Ce samedi 2 février, la totalité de la viande a été retrouvée. Très précisément, sur ces 795 kg, 500 kg ont été bloqués et seront détruits, 150 kg ont été vendus au consommateur via notamment des boucheries. Les 145 kg restants ont été identifiés dans des lots de viande commercialisés par des grossistes, boucheries ou restaurants. Une partie de ces lots a pu être retirée du marché.
Les boucheries concernées ont mis en place des affichettes pour informer leurs clients et rappeler ces produits frauduleux.
A ce stade, quelques dizaines de restaurants et de boucheries sont concernés, en région Ile de France principalement, et dans les départements d’Ille et Vilaine (35) et du Loiret (45). Ces chiffres seront précisés en début de semaine prochaine après consolidation des données au niveau national.
Cette viande est impropre à la consommation car elle n’a pas fait l’objet d’une inspection officielle à l’abattoir mais aucun élément ne permet à ce stade d’identifier un risque pour le consommateur. Le risque bactérien est écarté par la cuisson.
Moi qui pensait que les vaches étaient malades en Pologne et que la viande était avariée, maintenant, on nous dit que Le risque bactérien est écarté par la cuisson. Franchement, ça ne va pas du tout ! La notification au RASFF parle de viande impropre à la consommation humaine !

Didier Guillaume « Je tiens à  souligner la réactivité des services du Ministère de l’agriculture et de l’alimentation et des professionnels du secteur qui se sont mobilisés pour gérer cette crise en moins de 72 h. Cela démontre bien l’efficacité de notre système de traçabilité en France ».

«  efficacité de notre système de traçabilité en France » mais qu'en est-il du système de contrôle ? Le sujet ne semble plus d'actualité ...

Autre complément« Viande avariée polonaise : l’exécutif veut une force d’inspection européenne », selon un article du Parisien du 3 février 2019.
Et si le nouveau scandale de viande avariée polonaise allait permettre la mise d’une place d’une « force européenne d’inspection sanitaire » ? C’est ce que souhaite la ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau, qui plaide pour une telle idée « depuis longtemps », afin de mieux protéger les consommateurs.
« Les Européens ont le droit de savoir ce qu’il y a dans leur assiette, la qualité de l’air qu’ils respirent et de l’eau qu’ils consomment. Parce que les produits circulent, il faut donner à l’Union européenne une responsabilité qu’elle n’a pas encore », a-t-elle déclaré ce dimanche midi sur RTL. « Aujourd’hui il n’y a pas assez d’Europe, ce sont les autorités sanitaires nationales qui ont la responsabilité de lutter contre les fraudes » a-t-elle poursuivi, en rappelant le scandale Spanghero des lasagnes au cheval en 2013, dont le procès est en cours.
C'est curieux cette manie qu'ont les politiques de demander plus d'Europe, quand on fait pas le job en France …
Oui, c'est aux autorités nationales de faire le job et non pas un soit disant corps européen d'inspection sanitaire !

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