mardi 10 septembre 2019

Le monde scientifique pleure le décès d'une voix éminente sur la résistance aux antibiotiques, Stuart Levy


« Le monde scientifique pleure le décès d'une voix éminente sur la résistance aux antibiotiques », source CIDRAP News.

Stuart Levy, une voix influente sur les dangers de la surconsommation d'antibiotiques chez l’homme et l’animal, est décédé la semaine dernière après une longue maladie.

Levy était un médecin et chercheur distingué qui a enseigné à la faculté de médecine de l'Université Tufts pendant près de 48 ans. Il a également été directeur d Center for Adaptation Genetics and Drug Resistance de Tufts, ainsi que fondateur et président de l'Alliance for Prudent Antibiotic Use, une organisation à but non lucratif qui promeut l'utilisation appropriée des antibiotiques.

Levy a publié plus de 300 articles et revues au cours de sa carrière, et a écrit et publié plusieurs livres. Son livre de 1992, The Antibiotic Paradox: How Miracle Drugs are Destroying the Miracle, a été traduit en quatre langues.

Recherche pionnière
Parmi ses nombreuses contributions sur le terrain, Levy a mené des recherches pionnières sur les gènes de résistance aux antibiotiques et les pompes à efflux, deux mécanismes importants utilisés par les bactéries pour lutter contre les antibiotiques. Mais il est peut-être surtout connu pour ses recherches novatrices sur les effets de la faible utilisation d'antibiotiques chez les animaux destinés à l'alimentation humaine, affectant la santé humaine, comme le rapporte Big Chicken, le livre de Maryn McKenna.

En 1974, dans une première étude du genre, Levy et ses collègues ont mené une expérience visant à déterminer si l’alimentation des poulets avec de faibles niveaux d’oxytétracycline entraînerait des modifications des bactéries intestinales dans un élevage familiale de poulets. En quelques jours à peine, ils ont découvert que des bactéries résistantes à la tétracycline commençaient à apparaître dans les échantillons de selles des poulets et qu'en l'espace d'une semaine, leur flore intestinale était presque entièrement constituée de bactéries résistantes à la tétracycline. Après plusieurs semaines, des bactéries multirésistantes ont commencé à apparaître.

Ces travaux n'étaient pas une surprise. Cependant, au bout de 4 mois, des bactéries tétracyclines et multirésistantes ont commencé à apparaître dans les échantillons de selles d'un groupe témoin de poulets ayant reçu une nourriture sans antibiotiques. Et au bout de 5 mois, Levy et ses collègues ont découvert des bactéries multirésistantes à la tétracycline dans près du tiers des échantillons de selles de l’élevage familiale.

« Les résultats actuels démontrent clairement que les aliments supplémentés en antibiotiques sont un facteur contribuant à la sélection de souches de bactéries humaines résistantes », ont écrit Levy et ses collègues dans le New England Journal of Medicine de 1976. « Ces données vont à l'encontre de l'utilisation non qualifiée et illimitée des aliments médicamenteux en élevage et plaident en faveur d'une réévaluation de cette forme de traitement généralisé des animaux. »

Modèle et mentor
Selon Gail Hansen, consultante en médecine vétérinaire et en santé publique, Levy a été l'un des premiers scientifiques à explorer l'importance de la gestion responsable des antibiotiques, une question qui deviendra l'une de ses priorités.

« Le Dr Levy était un médecin et un pionnier dans l’étude systématique et scientifique de la résistance aux antibiotiques chez l’homme et les animaux… Ses études ont fourni certaines des premières données sur l’utilisation des antibiotiques à faible concentration chez les animaux destinés à l’alimentation et la résistance aux bactéries qui entraîne des maladies chez l’homme », a déclaré Hansen. « Il s'est rendu compte que la menace d'une résistance aux antibiotiques provenant de toutes les utilisations était un dommage collatéral résultant de l'utilisation bénéfique de médicaments. »

Hansen a ajouté que M. Levy avait également compris l'importance de communiquer de bonnes données scientifiques au public et qu'il encourageait les autres scientifiques travaillant sur la résistance aux antibiotiques et leur gestion. « Il était un modèle, un mentor et un ami pour de nombreuses personnes qui s'efforcent de maintenir l'efficacité des antibiotiques pour lutter contre les maladies », a-t-elle déclaré.

Levy était fréquemment honoré pour son travail. En 2012, il a reçu l’Abbott-ASM Lifetime Achievement Award de l'American Society for Microbiology pour ses contributionsà la microbiologie et ses décennies de recherche sur la résistance aux antibiotiques.

En plus de ses recherches sur la résistance aux antibiotiques, Levy a été impliqué dans le développement d'antibiotiques et a été le cofondateur de Paratek Pharmaceuticals, à Boston, où il a contribué au développement de deux antibiotiques à base de tétracycline, la saracycline et l'omadacycline.

« Stuart était un médecin distingué à la pointe du développement des antibiotiques et un défenseur dévoué de l'utilisation prudente des antibiotiques », a déclaré le PDG de Paratek, Evan Loh, dans un communiqué de presse. « Il va beaucoup nous manquer. »

lundi 9 septembre 2019

Possible ajout d'eau dans des escalopes de poulet surgelées made in Danemark dans le cadre du Fonds européen d’aide aux plus démunis, mais la DGCCRF est là!


L’affaire des steaks hachés frauduleux a une suite … des contrôles supplémentaires !

Vous avez pu lire :

« Aide alimentaire : les services de l’État renforcent leurs actions pour garantir la qualité des produits distribués », nous dit un communiqué de la DGCCRF du 9 septembre 2019. Comme quoi des contrôles, ça sert ...
Les services de l’État sont mobilisés auprès des associations distribuant l’aide alimentaire pour renforcer le contrôle de la bonne exécution des marchés publics passés dans le cadre du Fonds européen d’aide aux plus démunis (FEAD) et leur garantir, ainsi qu’aux bénéficiaires de l’aide alimentaire, des produits conformes aux cahiers des charges, et détecter les éventuelles fraudes sur les produits.
Ainsi, dans le cadre d’un plan d’actions, il a été décidé d’intensifier les contrôles réalisés par les services de l’État dès la fin de cette année. Des travaux entre la direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), la direction générale de la cohésion sociale (DGCS) et FranceAgriMer sont engagés pour renforcer l’analyse de risques et s’assurer que les analyses pertinentes en fonction du produit concerné sont effectivement réalisées par les fournisseurs au moyen d’autocontrôles renforcés, et complétées par les analyses des services de l'État.

Bla, bla, bla usuel pour dire que cette fois-ci, on ne sera pas pris au dépourvu puisqu’on renforce les contrôles, ce que l’on n’avait peu ou pas réalisés auparavant …
Les investigations complémentaires menées dans le cadre du plan d’actions ont conduit à analyser dans les laboratoires de la DGCCRF des échantillons de lasagnes au saumon et des escalopes de poulet surgelées, produits ciblés après une analyse de risques. Le contrôle sur les lasagnes au saumon a permis de s’assurer du respect du cahier des charges par le fabricant.
En revanche, selon les analyses effectuées par la DGCCRF, les escalopes de poulets présentaient une teneur en eau supérieure à la norme autorisée, indice d’un possible ajout d’eau dans les denrées. Si cette possible fraude économique permet à une entreprise d’augmenter artificiellement la masse des produits qu’elle commercialise et donc sa marge, elle n’induit cependant d’impact ni sur la santé des bénéficiaires, ni sur les propriétés des produits. Les autocontrôles réalisés par l’entreprise ayant remporté le marché comme ceux diligentés par FranceAgriMer confirment que ces produits sont conformes aux exigences sanitaires.

Produit supposé frauduleux, mais sain et sûr …
Les associations distribuant l’aide alimentaire ont immédiatement été informées de ces résultats d’analyse et immédiatement suspendu la distribution à titre provisoire pour permettre un examen attentif des analyses. Après une consultation des différentes autorités compétentes et une concertation avec les associations, il a été décidé de reprendre la distribution de ces escalopes.

Pourquoi reprendre la distribution alors que les investigations ne sont pas terminées ?
Eléments de réponse made in DGCCRF …
La DGCCRF a engagé des investigations approfondies auprès de l’entreprise fournissant ces denrées aux associations et en a informé les autorités danoises, l’entreprise fabriquant ces produits étant située au Danemark. Ces investigations doivent permettre de comprendre ces anomalies et de déterminer si elles sont liées à une éventuelle tromperie.
Si les manquements suspectés sont confirmés, la direction générale de la cohésion sociale et FranceAgriMer appliqueront les dispositions prévues, dans un tel cas, par le cahier des charges et la DGCCRF envisagera les suites appropriées.
Les services de l’État sont attachés à garantir la loyauté et la sécurité des produits alimentaires consommés par les Français. À cet égard, ils seront intransigeants face à des pratiques qui visent les plus fragiles d’entre eux.

J’ai très peur de l’intransigeance des services de l’Etat face à des pratiques qui visent les plus fragiles d’entre eux.

N’aurait-il pas été possible suspendre la livraison aux associations caritatives compte tenu du fait qu’il s’agit d’un produit surgelé et donc réputé stable dans l’attente des résultats des investigations ?

Cela étant, pour créer le buzz, une certaine presse en rajoute une couche, « Des escalopes de poulet gorgées d'eau vendues à des associations par centaines de tonnes ».
Les Restos du cœur et le Secours populaire ont été victimes d'une nouvelle fraude. Cette fois 360 tonnes d'escalopes de poulet sont en cause.
La distribution a d’abord été stoppée à titre conservatoire par les autorités le temps de mener des tests. Elle a désormais repris ou est en cours de reprise dans plusieurs associations. « Les autorités françaises discutent avec les autorités danoises. Des tests ont été menés et il n’y pas de danger, la distribution va donc reprendre », confirme un membre d’une des associations concernées au HuffPost, qui assure que le scandale n’est pas comparable à celui des steaks hachés.

dimanche 8 septembre 2019

A propos d'un différent entre le règlement REACH et un gentil écologiste, passé les bornes, il n'y a plus de limites ...


Est paru le 29 août 2019, le « Petit écolo-bêtisier de l’été » de Jean-Paul Oury dans European Scientist, mais il est possible de le poursuivre car le sujet semble inépuisable ...

Ainsi, le 8 septembre 2019, voici ce que déclarait un soit disant dirigeant écologiste, écoutez bien, car c'est du très lourd, 
Réponse d’un intervenant sur twitter,

Il parait que le gouvernement s'appuie sur la science ... quand ça l'arrange!


Tiens, le gouvernement s’appuie sur la science, quand ça l’arrange … mais alors quelle unanimité !

« On suit strictement des avis scientifiques », affirme Elisabeth Borne, selon l’AFP du 7 septembre 2019, cité par le site Agri Mutuel.
Le gouvernement a suivi « strictement » des avis scientifiques pour proposer une distance minimale de 5 à 10 mètres entre les habitations et les zones d'épandage de produits phytosanitaires, assure à l'AFP la ministre de la transition écologique Elisabeth Borne.
Pesticides: le ministre de l'Agriculture Didier Guillaume affirme que le gouvernement « s'appuie sur la science ».
Didier Guillaume a affirmé ce samedi sur BFMTV qu'« il ne faut pas polémiquer », après la décision du gouvernement concernant la distance nécessaire entre les champs utilisant des pesticides et les habitations. Cette décision « s'appuie sur la science », a-t-il ajouté.
« C'est un problème de santé publique que nous prenons en compte et nous souhaitons le faire de manière scientifique, dépassionnée. On a une ambition très forte en matière de réduction d'utilisation des pesticides, nous en avons donné un exemple sur le glyphosate en particulier mais nous avons aussi la préoccupation de faire des choix qui soient des choix étayés scientifiquement », a fait valoir la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye au micro de BFMTV.

On lira un résumé de cet avis ici.

Ainsi, on se demande pourquoi le gouvernement ne suit pas la science, en l’occurrence les avis de l’Anses sur le glyphosate, ainsi cette interview du directeur général de l’Anses du 7 mai 2018, Beaucoup trop de contre-vérités autour du glyphosate ou encore ce tweet du 28 juin 2019 de Gil Rivière-Wekstein, Agriculture & Environnement,
Ou bien encore cette information sur Europe 1 du 18 mai 2019, « Selon le patron de l'ANSES, « il n'y a pas de risque sanitaire avec les produits à base de glyphosate »

Mis à part cela, le gouvernement s’appuie sur la science … et quant au blog, il s’appuie sur le récent article du collectif Science-Technologies-Action (STA), Glyphosate : gaspillage de fonds publics pour justifier une décision politique !

Mise à jour du 9 septembre 2019. On lira avec un grand intérêt l'article de Gil Rivière-Wekstein, Les arrêtés illégaux des maires écolos, dont j'extrais le passage suivant:
Ce mouvement est doublement dangereux. D’abord, parce qu’il sous-entend que l’État ne prend pas ses responsabilités pour protéger la santé de ses citoyens. Plus précisément, il suggère que l’Anses autoriserait l’usage de produits dans des conditions qui mettraient en péril la vie des habitants. C’est d’ailleurs à ce titre que le parquet de Paris a reçu jusqu’à présent 1505 plaintes pour « mise en danger de la vie d’autrui», et « atteinte à l’environnement » par le mouvement des « Pisseurs volontaires de glyphosate ». C’est aussi la thèse des militants écolos Fabrice Nicolino et Stéphane Foucart, qui viennent, chacun pour leur compte, de publier un nouveau brûlot contre les pesticides. Ensuite, parce que ce mouvement entretient cette lamentable phytophobie dans laquelle la France semble s’enfoncer de plus en plus, y compris à la tête de l’État. Chacun y va de sa surenchère, mettant de facto en danger notre agriculture, pourtant primée comme la « plus durable du monde » pour la troisième année consécutive par la revue britannique The Economist. Car, ne nous y trompons pas : l’objectif affiché de ce mouvement, porté aujourd’hui par quelques maires, c’est bel et bien la conversion forcée de toute l’agriculture française au modèle bio. Autrement dit, la fin de ce modèle français et, par voie de conséquence, l’ouverture massive de notre marché intérieur aux produits agricoles d’importation.
Complément du 1er octobre 2019. On lira Glyphosate : « Ne cédons pas à la chimiophobie ». Entretien avec Robin Mesnage dans Agriculture & Environnement du 1er octobre 2019.

Membre du CRIIGEN et auteur d’une thèse réalisée dans l’équipe du Pr. Séralini étudiant les effets des pesticides et des OGM sur la santé, Robin Mesnage est aujourd’hui toxicologue au département de génétique moléculaire et médicale du King’s College de Londres. Il revient en exclusivité pour A&E sur le cas du glyphosate.

Quand Ratatouille s'invite à la cantine, un épisode en Suède


« Suède: tartes à la souris sur de la charcuterie dans la cuisine d'une école, taux élevé de E. coli », source article de Doug Powell du barfblog.

Un matin, alors que le déjeuner du jour devait être préparé au restaurant Torskolan de Torsås, le personnel a découvert que la charcuterie qui devait être cuite était recouverte de déjections de souris (musbajs).

L'école m'a appelé et m'a dit que quelque chose de similaire à des crottes de rongeurs avait été retrouvé dans une boîte ouverte. Nous avons ensuite contacté la société auprès de laquelle nous achetons la charcuterie, qui l'a immédiatement retirée, a déclaré Gustaf Nilsson, inspecteur en environnement de la municipalité de Torsås.

La charcuterie prévue pour le déjeuner a rapidement été remplacée par de la soupe et un travail de détective a été entrepris pour déterminer par où les souris sont entrées.

« Je ne sais pas où elles ont réussi à entrer, mais avant de venir à l’école, la charcuterie était aussi dans une usine et dans un centre de transport. Cependant, il est peu probable que cela se soit passé à l'école. Le personnel a détaillé leurs activités de routine.

Gustaf Nilsson a dit qu'il n'a jamais été dans une situation semblable.

« Après tout, les actions de routine ont échoué et il est très regrettable que cela se soit produit. Cependant, le personnel de Torskolan a tout mis en œuvre pour découvrir les crottes avant de commencer à cuisiner. »

Les échantillons prélevés sur la charcuterie montrent des niveaux élevés de E. coli, c'est-à-dire en provenance des crottes. On soupçonne que cela provient de souris de la forêt.

samedi 7 septembre 2019

Des renifleurs de Clostidium difficile: Des chiens traqueurs d’odeurs aident les hôpitaux à trouver ces superbactéries


« Des renifleurs de Clostidium difficile: Des chiens traqueurs d’odeurs aident les hôpitaux à trouver ces superbactéries », source CIDRAP News.

Angus, un springer anglais âgé de 5 ans, ne connaît pas les ravages que peut causer Clostridioides difficile. Mais il sait que lorsqu'il trouvera l'odeur de la bactérie mortelle à l'Hôpital général de Vancouver, il obtiendra une récompense.

« Une seule odeur au monde est importante pour lui, et c'est C. difficile », déclare sa maîtresse, Teresa Zurberg.

Angus et Zurberg, qui travaillent à la qualité et la sécurité des patients à l'hôpital, font partie d'un programme de détection des odeurs chez le chien initié en 2016 pour détecter C. difficile sur les équipements et les surfaces environnementales de l'hôpital. Lorsque Angus détecte l'agent pathogène causant la diarrhée dans un poste de soins infirmiers ou dans un couloir, son reniflement devient plus intense. Si Angus s'assoit, se couche ou commence à faire les cent pas, Zurberg sait qu'il a trouvé ce qu'il cherchait.

Et puis Angus est payé.

« Tout est un jeu », dit Zurberg. « Angus sait que s'il trouve cette odeur, il obtient ce qu'il veut vraiment, à savoir le jouet dans ma poche arrière ou la friandise dans ma main. »

Sur la piste de Clostridium difficile
C'est peut-être un jeu pour Angus, mais pour les hôpitaux, C. difficile est une faire sérieuse. Liées à l'utilisation croissante des antibiotiques à large spectre, capables d'éliminer les bactéries intestinales normales du patient et de permettre à des bactéries de se multiplier et de produire des toxines qui enflamment le côlon, les infections à C. difficile sont la principale cause de diarrhée d'origine hospitalière dans le monde.

Les Centers for Disease Control and Prevention estiment que C. difficile cause chaque année plus de 450 000 infections dans les hôpitaux américains, est associé à plus de 29 000 décès et coûte au système de santé américain près de 5 milliards de dollars.

Photos de Vancouver Coastal Health
L'une des principales raisons pour lesquelles C. difficile est devenu un tel fardeau pour les hôpitaux, c'est qu'il se transmet facilement - généralement par contact entre patients malades et personnel de santé - et qu'il est très difficile de s'en débarrasser.

« C. difficile est particulièrement problématique car il peut produire des spores et peut persister dans l'environnement pendant de longues périodes. Il est récalcitrant pour bon nombre de nos désinfectants hospitaliers et les procédures de désinfection », a dit Elizabeth Bryce, clinicien à l'hôpital. et directeur du contrôle des infections au Vancouver Coastal Health, l'autorité sanitaire régionale. « C'est particulièrement problématique quand un patient l'acquiert, car bien que vous puissiez avoir des cas bénins, vous pouvez aussi attraper une maladie potentiellement mortelle. Il est donc de notre devoir, pour le bien de nos patients, de faire quelque chose à ce sujet. »

Zurberg, qui forme des chiens détecteurs de stupéfiants et de bombes depuis des années, sait à quel point C. difficile peut être dangereux. Il y a six ans, elle a contracté l'infection à C. difficile après avoir été traitée pour une blessure à la jambe avec de fortes doses d'antibiotiques par voie intraveineuse. « J’ai perdu environ 10 kg en une semaine… et depuis ce jour, j’ai encore des effets durables de C. difficile », dit-elle.

Environ un an après cette expérience, le mari de Zurberg, qui travaille également au Vancouver General Hospital, lui a présenté un article sur un chien dans un hôpital néerlandais qui avait été formé à la détection de C. difficile chez des patients. C'est alors qu'ils ont eu l'idée de former des chiens à la détection de l'agent pathogène présent dans l'environnement et de le présenter à l'équipe de direction de l'hôpital.

« Nous étions intrigués, tant au département de la sécurité des patients qu'au sein de notre division de contrôle des infections », a déclaré Bryce. « Nous avons pensé que cela en valait la peine. »

Une fois par mois, Zurberg et Angus, ainsi qu'un autre chien détecteur d'odeurs, Dodger, et son entraîneur, Jaime Knowles, effectuent des recherches dans toutes les unités cliniques et les zones de l'hôpital, en se concentrant sur les zones les plus à risque pour C. difficile, et ceux avec de nouveaux cas. Ils commencent par une évaluation du contrôle qualité, en utilisant des tampons parfumés cachés avec des échantillons ou des cultures de selles positifs à C. difficile et des tampons parfumés avec des échantillons négatifs.

« Nous voulons nous assurer qu'ils sont sur la bonne voie et sur les odeurs », a déclaré Bryce. « Nous devons nous assurer, dans la petite zone qu'ils recherchent, qu'ils ont détecté le positif mais pas le négatif. »

Ensuite, les chiens et leurs maîtres se dirigent vers le reste de l'hôpital, accompagnés par un membre du personnel des services de nettoyage de l'environnement. Une fois que les chiens ont trouvé l'odeur et alertent leurs maîtres, l'article ou la zone est nettoyé et désinfecté avec du peroxyde d'hydrogène et de la lumière UV-C.

« Nous nous occupons de tout dans l'instant », dit Zurberg.

Contamination dans des endroits inattendus
Comme le montre une étude récente publiée dans le Canadian Journal of Infection Control, les capacités de détection des odeurs d’Angus et Dodger ont aidé le personnel du Vancouver General Hospital à mieux comprendre où se cachait C. difficile à l’hôpital et comment il se répandait vers ces endroits.

Ils ont notamment appris que les chambres des patients ne constituaient pas le seul réservoir de l'agent pathogène dans l'environnement.
Angus au travail
Sur une période de 18 mois, une équipe de recherche comprenant Bryce et Zurberg a découvert que, sur 391 alertes positives d'Angus et Dodger (sur 659 recherches), 321 (82,1%) étaient en milieu hospitalier, principalement sur les articles dans le couloir. Plus de la moitié des réponses dans l'environnement général (192/321, 59,8%) concernaient des articles presque exclusivement manipulés par le personnel de santé, tels que des chariots, des équipements permettant de mesurer et de surveiller les signes vitaux du patient et des casiers réservés au personnel. Des alertes ont également eu lieu dans des zones partagées avec le public, notamment des salles d'attente et des toilettes.

« Ce sont des zones où plusieurs personnes touchent plusieurs choses. Elles ont donc le contact le plus élevé avec les mains… des mains du personnel de santé, des patients et des visiteurs », a déclaré Bryce.

« Cette étude a montré à quel point C difficile était répandu dans l'environnement », a déclaré Karen Hoffman, actuelle présidente de l’Association for Professionals in Infection Control and Epidemiology.

Pour Bryce et Zurberg, l'un des principaux avantages du programme est qu'il s'agit d'une stratégie de contrôle des infections en temps réel qui met en lumière les problèmes et suscite des discussions immédiates sur les voies de transmission et les stratégies de nettoyage. « La valeur de ce programme est qu'il nous permet, de manière totalement non punitive et sans jugement, de simplement ré-engager tout le monde et d'utiliser un enseignement instantané », a déclaré Bryce.

« Cela montre tout ce que nous avons essayé d'enseigner au personnel, aux patients et à la famille », dit Zurberg. « Quand les gens voient les chiens nous alerter en temps réel ... cela ouvre des voies de communication qui n’étaient peut-être pas là, entame des conversations qui n’auraient peut-être pas été entamées autrement, et rend les gens conscients de leurs pratiques. »

Hoffman affirme que ce type de retour d'information immédiat est crucial, étant donné que d'autres méthodes de détection de C difficile, telles que l'échantillonnage environnemental, prennent beaucoup plus de temps. « Nous avons parfois besoin d’approches originales, car C difficile continue d’être une cause majeure de morbidité et de mortalité dans les établissements de santé. Je pense que tout effort de lutte contre C difficile devrait bénéficier d’une détection de l’environnement en temps réel. »

« Je pense que cela a beaucoup de potentiel pour prévenir la transmission croisée et même pour contrôler les épidémies », a-t-elle ajouté.

Bryce estime que depuis le lancement du programme en 2016, le nombre de cas à C difficile à l'hôpital a été réduit de près de moitié, même si elle prévient que cette réduction pourrait résulter d'une convergence de facteurs.

« Tous ces enseignements immédiats améliorent l'hygiène des mains, les pratiques générales de prévention des infections et l'utilisation appropriée de la barrière de protection, comme les gants », dit-elle.

« Nous sommes donc très prudents en disant que cela est uniquement dû aux chiens. »

Bien que le programme soit basé au Vancouver General, les équipes de détection des odeurs effectuent également des recherches mensuelles dans les autres hôpitaux du Vancouver Coastal Health et ont visité plus de 30 établissements de santé canadiens afin de procéder à des évaluations. Et ils ajoutent un nouveau membre à l’équipe, Rudy, qui vient de passer son test de reconnaissance des odeurs.

Bryce dit que pour l'avenir, ils prévoient de poursuivre leurs recherches pour déterminer exactement ce que les chiens sentent et pour déterminer à quel point leur nez est sensible à l'odeur. Ils veulent aussi développer ce programme.

« Nous sommes vraiment impatients de collaborer avec d'autres hôpitaux », dit-elle.

France: Maladies infectieuses d'origine alimentaire, listériose et salmonellose au menu de l'été, mais où est la communication?


On a appris le 7 septembre 2019 par le ministère de l’agriculture, « Signalement de cas de listériose : retrait et rappel de produits laitiers bio de la Ferme DURR (67) »
Sept personnes atteintes de listériose, infectées par la même souche de Listeria, ont été identifiées par le Centre national de référence (CNR) des Listeria. Une huitième personne pourrait être concernée.
Les investigations menées par Santé publique France et les services de la Direction générale de l’alimentation ont permis d’identifier la consommation de produits laitiers bio par ces personnes puis de faire le lien avec les produits fabriqués par la Ferme DURR dans le Bas-Rhin (67), à la suite d’analyses réalisées sur des prélèvements alimentaires.

Cela signifie « le retrait vente et à un rappel de tous ses produits laitiers bio de la marque DURR (yaourts nature et aux fruits, crèmes, fromages blancs et fromages) quelle que soit la DLC/DDM, à l’exception des flans. Toute la production de cet établissement est à l’arrêt jusqu’à nouvel ordre. »

Ces produits sont commercialisés en vente directe à la Ferme DURR sur les marchés et en magasins sur tout le territoire français.

Le 9 août 2019, le ministère de l’agriculture communiquait sur un « Signalement de cas de listériose en lien avec la consommation de fromages de la marque Castérieu. »
Quatre personnes atteintes de listériose, infectées par la même souche de Listeria, ont été identifiées par le Centre national de référence (CNR) des Listeria. Les investigations menées par Santé publique France et la Direction générale de l’alimentation ont permis d’identifier à ce stade la consommation de fromages fabriqués par la Ferme du Castérieu dans les Hautes-Pyrénées pour deux des cas.

On n'en sait toujours pas plus aujourd'hui ...

On a appris le 19 juillet 2019 que « Suite à un autocontrôle sur des fromages mettant en évidence la présence de Salmonela Enteritidis et des cas humains de salmonellose potentiellement en relation épidémiologique, l’établissement GAEC Froidevaux Cornuet  procède au retrait/rappel de fromages de brebis … »

Mais voilà qu’on apprend le 3 août 2019 par Food Safety News,
Près de 50 personnes ont été malades en France dans le cadre d’une épidémie d’origine alimentaire liée à la consommation d’une marque de fromage de brebis au lait cru et non pasteurisé. 
Une porte-parole de Santé publique France a déclaré à Food Safety News que Salmonella Enteritidis était responsable de 49 cas de maladie et qu'une personne avait besoin d'être hospitalisée. 
Les malades sont des hommes et des femmes, principalement des adultes âgés de 22 à 94 ans, mais cinq enfants ont été infectés. Les patients vivent dans cinq régions différentes du pays. 
Les premiers patients ont été signalés début juin et la maladie a été rapportée le plus récemment début juillet. Deux cas d'intoxication alimentaire avec des isolats de Salmonella Enteritidis chez des patients ont été déclarés via une déclaration obligatoire par les autorités sanitaires régionales du Centre-Val-de-Loire. 
Les patients ont été interrogés sur la consommation d’aliments et des souches de Salmonella isolées de leurs selles ont été envoyées au Centre national de référence pour Salmonella de l'Institut Pasteur pour typage. 
Toutes ces personnes avaient consommé du fromage de brebis et des contrôles effectués ont révélé la présence de Salmonella Enteritidis.

La question que l’on peut toujours se poser est quand Santé publique de France va communiquer ?

Le 12 juillet 2019, on découvrait la présence de plusieurs foyers de toxi-infections alimentaires collectives à Salmonella liés à de la coppa d'Italie, mais fabriquée avec des matières premières de France et d'Allemagne.

Selon Food Safety News du 20 juillet 2019, au moins 83 personnes avaient été contaminées par Salmonella Typhimurium et que 13 d'entre elles avaient eu besoin d'un traitement hospitalier.

Mais toujours pas d’information de Santé Publique de France ...

Compte tenu du nombre important de rappels en France depuis le début de l'année, il est à craindre que ces épisodes signalés plus haut ne soient qu'une partie du cas de maladies infectieuses d'origine alimentaire.

Rappelons que la salmonellose est la première cause de mortalité d'origine alimentaire, selon une étude parue en janvier 2018 et selon Santé publique de France, il y a 198 000 cas annuels de salmonelloses en France dont 183 000 par transmission alimentaire.

La listériose est la deuxième cause de mortalité d’origine alimentaire en France et il y aurait entre 300 à 400 cas de listériose invasive sont déclarés chaque année en France.

Mise à jour du 8 septembre 2019. Le 3 septembre, rappel de fromages de chèvre de la ferme du Verdoulet pour cause de présence de salmonelles, information fournie par Oulah

Des fromages de chèvres au lait cru et ses faisselles sont retirés de la vente, « suite à la mise en évidence de la présence de salmonelles ». Source Le Dauphiné du 3 septembre 2019 : 
«  … un ou plusieurs malades ont été identifiés sur Avignon. C’est avec ces signalements que les services vétérinaires ont remonté la filière jusqu’à nous », indique Christophe Baumet, exploitant de cette ferme depuis 20 ans. Entre le 1er juillet et le 31 août, des produits (buchette, picodon, fumade, pyramide, bouchon, moulé frais, verdoulet, dragonnet, tomette et faisselle) ont été commercialisés dans de nombreux magasins du Vaucluse et de la Drôme. » 
Au 8 septembre, toujours pas de communication sur le site du ministère de l’agriculture, est-ce étonnant?

Mise à jour du 10 septembre 2019. Nouveau communiqué du ministère de l'agriculture du 10 septembre concernant des Cas de Listériose : fermeture administrative de l’établissement et extension du retrait - rappel à tous les produits laitiers et produits de négoce issus de la « ferme DURR »
Les investigations conduites depuis plusieurs jours par les services de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Bas-Rhin dans l’établissement « ferme DURR » actuellement mis en cause dans des cas de Listériose humaine ont révélé de graves dysfonctionnements dans l’entreprise. Par ailleurs, les résultats défavorables des contrôles officiels obtenus ce jour par les services de contrôle de l’alimentation de la DDPP ont immédiatement conduit le Préfet à procéder à la fermeture administrative de l’établissement. Dans ce contexte, le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation étend les mesures de retrait- rappel à TOUS les produits laitiers de la marque Ferme DURR (FR 67-055-001 CE) et aux produits de négoce commercialisés par l’entreprise.
À ce jour, sept personnes atteintes de listériose et, infectées par la même souche de Listeria, ont été identifiées par le Centre national de référence (CNR) des Listeria. Une huitième personne pourrait également être concernée.
Toujours rien du côté du ministère de la santé ...