mardi 23 août 2022

L’ADN de l’eau

«L’ADN de l’eau», source FAO.

Rôle de l’eau et du séquençage du génome entier dans la protection de la santé des êtres humains, des animaux et des écosystèmes

L’eau est l’une des ressources les plus précieuses au monde. Élément qui nous lie les uns aux autres, sans exception, elle est fondamentale dans tout ce que nous faisons. L’eau est ainsi vitale dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, ou encore dans les domaines de la production alimentaire, de la sécurité nutritionnelle et de la santé.

Mais, à l’échelle mondiale, la qualité de l’eau se dégrade à un rythme alarmant et les ressources foncières et hydriques sont au bord de la rupture, comme le souligne le dernier rapport sur L’État des ressources en terres et en eau pour l’alimentation et l’agriculture dans le monde.

Au niveau mondial, 80 pour cent environ des eaux usées sont rejetées sans avoir été correctement traitées et, en Amérique latine, en Afrique et en Asie, un tiers de l’ensemble des fleuves, de leurs affluents et des deltas sont gravement pollués par des agents pathogènes, ce qui met en péril la santé de millions de personnes.

La qualité de l’eau a aussi une incidence sur la qualité des aliments et il importe de gérer cette question tout au long de la chaîne d’approvisionnement, depuis la production jusqu’à la consommation. Les maladies d’origine alimentaire sont souvent dues à la consommation d’aliments contaminés par une eau de mauvaise qualité.

Bien que l’accès à une eau propre et à une alimentation saine et nutritive soit un droit humain fondamental, 420 000 personnes meurent tous les ans dans le monde après avoir mangé des aliments contaminés et quelque 600 millions, soit plus ou moins une personne sur dix, tombent malades. Les aliments contaminés freinent le développement socioéconomique, pèsent sur les systèmes de santé et fragilisent la croissance économique et le commerce.

Il vaut mieux prévenir que guérir et, au niveau des exploitations, s’attaquer simultanément aux risques liés à la qualité de l’eau et à la sécurité sanitaire des aliments. La gestion de la première dans le cadre de la seconde réduit le risque d’exposition à des agents pathogènes dangereux dans l’eau et dans l’offre alimentaire qui en résulte.

Au moyen du programme One Water One Health, littéralement «Une eau, une santé», la FAO élargit le recours aux technologies, par exemple le séquençage du génome entier, afin d’étudier le génome des agents pathogènes, de suivre leur cheminement de l’eau jusqu’aux aliments et, ainsi, de prévenir la contamination de ces derniers à la source. En intégrant la question de la qualité de l’eau dans les considérations relatives à la sécurité sanitaire des aliments et en mettant en place une surveillance génomique dans le cadre de ce processus, le programme permet aux pays d’envisager la qualité de l’eau et celle des aliments comme un enjeu intégré.

La FAO mène actuellement des expériences qui permettent d’exploiter le séquençage du génome entier pour surveiller la présence d’agents pathogènes, de l’eau et jusqu’aux aliments, dans six pays qui n’avaient encore jamais mené cette activité. En Indonésie, l’Organisation collabore par exemple avec l’Agence nationale de la recherche et de l’innovation (ANRI) en vue de réaliser une étude génomique de la qualité de l’eau des systèmes d’élevage avicole et piscicole à Blitar (Java oriental). Dans cette zone, l’élevage intégré de volailles et de poissons est une pratique courante, qui permet de fertiliser l’eau des étangs et de produire des aliments pour les poissons à partir des effluents avicoles. La fiente de volaille est un excellent engrais, qui contribue à la croissance du phytoplancton et du zooplancton dont se nourrissent les poissons.

Ces systèmes présentent des avantages évidents pour les exploitants car ils ne nécessitent pas de dépenses supplémentaires en aliments pour poissons. Le risque de contamination ou de maladie au sein des stocks ichtyques et dans l’environnement est toutefois relativement élevé et de mauvaises conditions d’assainissement ou de biosécurité peuvent constituer un problème si le système n’est pas géré correctement. Grâce au séquençage du génome entier, l’étude de l’ANRI permet de suivre les agents pathogènes susceptibles de passer de l’eau aux poissons et l’éventuelle résistance aux antimicrobiens des pathogènes présents dans l’eau.

La technologie novatrice du séquençage du génome entier permet d’identifier et de caractériser les microorganismes avec une précision sans précédent. Du fait de ses nombreuses applications et de la baisse des coûts correspondant, le séquençage du génome entier pourrait profondément modifier les approches de gestion des terres et de l’eau ces prochaines années en ce qui concerne la prévention des contaminations alimentaires à la source et, ainsi, contribuer à une meilleure protection des consommateurs, à la facilitation des échanges et au renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle.

La prévention est la meilleure stratégie. À cette fin, nous devons faire en sorte que les connaissances relatives aux facteurs antérieurs à la récolte qui jouent un rôle dans la sécurité sanitaire des aliments, en particulier la qualité de l’eau, soient bien prises en considération dans l’ensemble de la production alimentaire. Il s’agit d’un objectif crucial alors que la rareté de l’eau à travers le monde nous pousse à exploiter des sources hydriques de mauvaise qualité. Il faut mieux comprendre les liens qui existent entre la qualité de l’eau et la sécurité sanitaire des aliments pour préserver la santé de chacun, mettre en place une agriculture durable et améliorer les résultats environnementaux.

Enfin, le séquençage du génome entier et les nouvelles approches de suivi et de surveillance de la qualité de l’eau et de la sécurité sanitaire des aliments contribueront non seulement à prendre conscience de cet enjeu au niveau mondial, mais aussi à prévenir l’apparition des maladies d’origine alimentaire.

NB : Merci à Joe Whitworth de m’avoir signalé cette information.

Aux lecteurs du blog
La revue PROCESS Alimentaire censure pour une triste question d’argent les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors que la revue a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire a fermé le blog et refuse tout assouplissement. Derrière cette revue, il faut que vous le sachiez, il y a une direction aux éditions du Boisbaudry, pleine de mépris, et un rédacteur en chef complice !

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