Pour plusieurs raisons. La première est idéologique, lorsque le «propriétaire terrien» ou «l’exploitant agricole» est considéré comme étant un rentier, voire un employeur de main d’œuvre «bon marché» par des élus qui voient des capitalistes et des esclavagistes un peu partout.
Le constat peut choquer, mais il est souvent prégnant dans nos campagnes où l’agriculteur à fini par perdre la main au sein des conseils municipaux avec, pour lui succéder, ceux qui veulent remplacer le périmètre agricole dédié au travail par des terrains de loisir, des parcours emménagés «politiquement corrects» ou des espaces constructibles définitivement artificialisés. Il s’agit de la seconde raison qui répond aux besoins d’une urbanisation galopante et à l’arrivée de populations, sédentaires ou touristiques, appréciant moyennement le voisinage agricole. Lequel, et les nouveaux arrivants sont abondamment renseignés par certains médias sur ce point, est rarement écolo-compatible. D’où les plaintes qui affluent en mairie concernant la poussière des labours, le bruit des machines, la pulvérisation, l’épandage, les cloches, les mouches, les bouses et tout ce qui, depuis des millénaires, accompagne notre quotidien champêtre.
Dans de nombreuses communes, et nous abordons ici la troisième raison, le maire est submergé par les plaintes d’associations qui représentent un nombre de plus en plus conséquent de voix, alors que celui des paysans s’amenuise d’un suffrage à l’autre pour ne plus représenter qu’un pourcentage négligeable d’électeurs en voie de disparition. Quatrième raison : l’agriculteur se rend lui aussi en mairie pour signaler des vols sur les récoltes et, depuis quelques temps, des saccages sur son exploitation, des visites nocturnes, des actes malveillants commis par ceux qui s’opposent à certaines pratiques culturales ou aux modes d’élevage conventionnels. Là encore, l’élu est confronté à un dilemme sociétal avec, d’un côté, ceux qui, et c’est bien normal, veulent protéger leur outil de travail et, de l’autre, ceux qui ont décidé de sévir en toute impunité (avec la bénédiction de quelques parlementaires) car ils pensent détenir le monopole de l’éthique et de la moralité.
Priver un agriculteur d’eau en période estivale équivaut à laisser perdre les cultures et à abandonner les récoltes. Ceux qui prennent ou veulent prendre de telles décisions radicales sont-ils prêts, puisqu’il faut montrer l’exemple, à sacrifier une année de salaire, leurs indemnités, parfois meme une vie de labeur ? Voilà la question que les responsables agricoles doivent poser à ceux qui se cachent derrière leurs écharpes pour expier quelques frustrations, soigner leur électorat, punir ceux qui osent encore générer une induction, fournir de l’emploi et, sacrilège suprême, obtenir des résultats.
Des paysans devenus persona non grata un peu partout en France. Sauf, bien sûr, lorsqu’il faut déneiger les routes, prêter main forte aux pompiers quand l’incendie menace la cité, nourrir les populations et, plus généralement, entretenir ces millions d’hectares qui font ce qu’est notre pays quand il s’agit d’attirer les touristes et vanter les mérites de nos spécialités. Ces touristes qui ne sont pas, ou si peu en définitive, concernés par les restrictions d’eau. Cette eau que certains élus veulent retirer au monde agricole pour privilégier le littoral et les stations balnéaires.
A l’heure où, pour un oui ou pour un non, l’agriculture est systématiquement désignée comme étant responsable de tous les maux, son avenir proche dépendra du respect des élus à son égard. Si d’aventure, sans discernement et avec des aprioris manifestes, ils décident de sacrifier celui qui nourrit, ils devront endosser ad vitam aeternam la gestion des risques naturels, la responsabilité des pénuries alimentaires, la déprise rurale, mais aussi le déclin économique, social et environnemental de tout un pays.
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