«Idée reçue n°4 : les lobbies de l’agrochimie tirent les ficelles d’un gouvernement aux ordres», source Alerte Environnement du 25 août 2022.
A l’heure des fake news et des théories complotistes, certains trouvent séduisants d’affirmer que de méchants lobbies de l’agrochimie feraient la pluie et le beau temps en matière d’agriculture. Ils seraient si puissants qu’ils dicteraient les politiques à tenir au nez et à la barbe des décideurs politiques ou carrément avec leur entière collaboration. Une accusation proférée par des figures de l’écologie politique comme Yannick Jadot qui s’emportait, en 2018, contre le ministre de l’Agriculture d’alors, Stéphane Travert, qualifié de «prince des lobbies». Quand les responsables politiques n’entrent pas dans une logique de décroissance et d’agriculture 100% bio, alors le «lobby de l’agrochimie […] tire les ficelles». Le même Yannick Jadot déclarait en 2022 : «Les lobbies ont piloté la politique du gouvernement sur l’agriculture, le pétrole», tenant comme une urgence de «séparer l’Etat et les lobbys». Complotisme, quand tu nous tiens…
Les professionnels de l’agrochimie, si souvent dénoncés par Yannick Jadot sont regroupés au sein de Phyteis (ex-UIPP), une structure qui comprend 19 adhérents et représente une grande majorité des acteurs de ce secteur. Un porte-voix idéal, mais pas forcément un lobby capable de dicter sa loi en matière agricole en faisant pression sur les décisions gouvernementales. Représenter un secteur ne veut pas dire avoir porte ouverte dans les ministères et encore moins s’assurer de décisions favorables. Les produits phytosanitaires sont scrutés de toutes parts et font l’objet de cabales qui rendent encore plus difficiles les demandes de rendez-vous. La menace – pour les décideurs politiques – de se voir reprocher une collusion avec des entités privées est forte. Or, recevoir et discuter ne signifie pas que les points de vue sont partagés…
Dire que le lobby de l’agrochimie est aux manettes de l’agriculture est particulièrement curieux à l’heure où le bio (considéré à tort par les écologistes comme l’antithèse du secteur de l’agrochimie) et le principe d’une baisse drastique de l’usage des phytos sont soutenus à bras le corps par les directives/règlements européens et les lois françaises. Il n’y a qu’à voir le projet de règlement de la Commission européenne sur «l’usage durable des pesticides» qui est un copié-collé du programme des ONG écologistes… Ces dernières appelleront leur démarche «défense de l’intérêt général» pour ce qui est simplement du lobbying tout ce qu’il y a de plus professionnel. Bref, la réalité est complexe et bien moins complotiste que les tenants d’une écologie radicale voudraient le faire croire.
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