mercredi 1 avril 2020

Pendant l'épidémie de COVID-19, au secours, l'agribashing revient !


Dans un tweet du 31 mars, Gil Rivière-Wekstein d'agriculture & environnement avait donné le ton à propos d’un pic de pollution,
Pic de pollution : pour avoir 0 pollution agricole, la meilleure solution c’est... 0 production agricole, car toute les formes d'agriculture ont besoin d'engrais, y compris la #bio. Alors pourquoi cet acharnement sur l'agriculture ? Stop à l' #agribashing.
Mais voici l’éditorial de Jean-Paul Pelras dans l’Agri du 31 mars 2020, « Des paysans ou des « coquelicots » : il faudra choisir ! ». C’est à lire sans modération ...
Demain, autrement dit quand le ciel se sera éclairci, quand nous aurons retrouvé le chemin des plages et celui des restaurants, quand les rayons du supermarché seront à nouveau correctement achalandés, les politiques reprendront leurs places sur l’échiquier des conjectures en essayant de nous faire oublier, le plus vite possible, celui des conjonctures. Nous verrons alors revenir, entre autres prophètes, celles et ceux qui, parmi les environnementalistes du moment, ont dû se contenter de gigoter dans leur coin pendant que le monde essayait de se nourrir, sans rien trouver à redire cette fois ci, sur le modèle qui permet de garantir « la quantité ». Un modèle agricole désormais loué par nos dirigeants qui, en appellent à la solidarité, se transforment en recruteurs de main d’œuvre et invitent même la grande distribution à privilégier le produit français. Pour résumer la situation, en moins de quinze jours les agriculteurs de notre pays ont, pour certains, obtenu ce qu’ils réclamaient depuis une trentaine d’années.
Mais attention, car la lune de miel pourrait être de courte durée et la lune de fiel de retour avant l’été. En embuscade et confinés derrière des idéaux qui ne font plus recette depuis quelques temps, les écologistes préparent l’offensive. Tel le mouvement dit des « coquelicots » qui milite pour l’interdiction de tous les pesticides. Les « coquelicots » qui viennent de publier un communiqué où, tout en alimentant leur fonds de commerce, ils posent cette question : « les épandages d’engrais et de pesticides, qui redémarrent partout en France, peuvent-ils être une source de pollution de l’air et jouer en ce cas un rôle néfaste dans la propagation du virus ? »

Car ils n’ont plus de pot d’échappement à critiquer…
Nous y voilà, ou plutôt nous y revoilà avec un article paru dans Le Parisien qui enfonce le clou vendredi dernier en évoquant « le retour des activités agricoles émettrices de particules fines ». Ou encore cette « analyse » publiée dans Libé : « La crise du coronavirus est une crise écologique. Destruction de la biodiversité, élevage intensif et explosion des maladies infectieuses : tout est lié. Il faut changer d’urgence de modèle agricole, pour éviter de nouvelles crises sanitaires ». Même combat pour Le Monde, qui revenait en début de semaine sur la publication du collectif « Air-Santé-Climat ». Sans oublier Nicolas Hulot qui, comme témoin d’une apparition divine, déclare sur BFM TV : « La nature nous envoie un message (…) Une sorte d’ultimatum ». Quel crédit faut-il apporter à ces observateurs qui jettent leur dévolu tantôt sur les activités humaines en leur faisant opportunément porter la responsabilité du progrès, tantôt sur les pratiques champêtres car ils n’ont, pour l’instant, plus de pots d’échappements à critiquer ? Et bien, ce sera le crédit que la société voudra bien leur accorder au lendemain de cette pandémie. Va-t-on à nouveau contraindre l’agriculteur avec des dogmes qui limitent son activité, sa compétitivité et sa capacité à maintenir notre indépendance alimentaire ? Ou bien va-t-on revenir vers un peu de bon sens, en exigeant de la part des écologistes, et ce sera certainement très compliqué, qu’ils en fassent preuve à leur tour ? En d’autres termes, entre les paysans et les « coquelicots », il va falloir choisir.
Reste à savoir de quel côté vont se ranger les politiques qui ont, hélas, au moment des suffrages et une fois les crises passées, plus souvent besoin des seconds que des premiers.
Reste à savoir de quel côté vont se ranger les politiques qui ont, hélas, au moment des suffrages et une fois les crises passées, plus souvent besoin des seconds que des premiers.

NB : Tous les liens sont de mon fait. -aa

Ce samedi 28 mars, en pleine période de confinement, alors que la pollution a drastiquement baissé depuis deux semaines dans le monde, un pic modéré de pollution aux particules fines PM10* a curieusement été observé dans le nord de la France.
L’agriculture, secteur qui semble le moins touché par la crise du coronavirus, a souvent été pointée du doigt. Mais est-ce vraiment à juste titre ? N’avons-nous pas affaire à une situation plus complexe ? Nous allons voir que si…

*Les PM 10 sont des particules en suspension dans l'air dont le diamètre est inférieur à 10 micromètres, d'où leur nom particulate matter 10 en anglais ou PM 10.

Complément.


Alors que notre agriculture est mise à mal en cette crise de coronavirus, il faut déjà préparer son redressement. La France, pleine de ressources, doit impérativement maintenir une stratégie de souveraineté alimentaire. Mais pour cela il faut avant tout alléger nos agriculteurs d’un maximum de contraintes logistiques (manque de main d’œuvre, de transports, de produits de traitement) et normatives (durée hebdomadaire de temps de travail, contrats multi-travailleurs). Un mot d’ordre : en temps de guerre, il faut privilégier l’urgence.


Dans ce contexte, on lira « Agriculture : gagner la guerre de l'arrière », article de Pascal Perri paru dans Les Echos.
La pandémie de Covid-19 montre à quel point la souveraineté alimentaire de la France est stratégique. Notre pays doit alors renoncer de manière temporaire à ses contraintes normatives parfois excessives du « temps de paix » si elle entend gagner cette guerre de l'arrière contre le coronavirus, écrit Pascal Perri.

Complément du 4 avril 2020. On lira l'article très détaillé de seppi, Covid-19, particules fines, agriculture... et manipulation.

Complément du 4 avril 2020. Le blog Alerte Environnement rapporte cette image ci-dessous que je partage sans modération ...

La première étape consiste à réaliser qu’au-delà du phénomène d’agribashing, désormais reconnu de façon presque unanime, l’agriculture subit une véritable guerre de sape, qui vise à détruire notre modèle agricole. Et s’il est indispensable de construire un dialogue avec les consommateurs, il reste tout aussi nécessaire de neutraliser ces attaques répétées.
Ensuite, comme le révèle la crise du coronavirus, qui touche désormais le monde entier, le rôle incontournable de notre production alimentaire doit être pris au sérieux. Le président Emmanuel Macron a eu parfaitement raison de marteler, lors de son discours à la nation du 12 mars, que « déléguer notre alimentation est une folie ! ». L’indépendance de la France et de l’Europe exige que l’agriculture soit à nouveau considérée comme un secteur hautement stratégique, dont l’objectif est de nourrir tous les Français, et tous les Européens. Il s’agit donc, pour l’État comme pour les acteurs du monde agricole, de définir une véritable stratégie pour remettre du dynamisme dans nos filières, et pour laisser s’exprimer leurs potentiels. Dans le but, d’abord, de reconquérir les marchés français abandonnés au profit des importations, faute de compétitivité. Mais aussi pour consolider et promouvoir nos filières qui exportent.

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