jeudi 28 avril 2022

Il est urgent d'ériger l'alimentation en grande cause du quinquennat, selon le président de la Coopération agricole

«Il est urgent d'ériger l'alimentation en grande cause du quinquennat», p
ar Dominique Chargé, président de la Coopération agricole, qui fédère 2 200 entreprises coopératives. Source FigaroVox du 28 avril 2022. Article disponible en intégralité et gratuitement.
Extraits.

La tragique guerre en Ukraine révèle brutalement la fragilité de l'indépendance agricole française, écrit le président de la Coopération agricole Dominique Chargé. Selon lui, produire plus est une évidence quand on risque la pénurie. 

Ce conflit vient nous placer au pied du mur de la souveraineté alimentaire: la France sera-t-elle, dans les années à venir, encore en capacité de nourrir tous ses enfants ? Ce n'est pas certain. Pour éviter un tel désastre, il faut agir maintenant. Le défi est immense et collectif: producteurs, acteurs de l'agro-alimentaire, citoyens et consommateurs sont à bord du même bateau. (...)

Le conflit a donc un triple effet inflationniste sur les marchés agricoles, par la cause d'un choc d'offre de la matière première agricole, de l'énergie et de fertilisants. Une partie de nos agriculteurs et de nos entreprises risque de ne pouvoir s'en relever, ce qui affaiblirait d'autant ce secteur, déjà à la peine et aurait des effets néfastes sur l'ensemble de la chaîne agro-alimentaire qui est menacée, et avec elle, notre alimentation.(...)

Il est donc urgent d'ériger l'alimentation en grande cause du quinquennat à l'égal d'autres causes priorités fondamentales comme la sécurité, la santé et l'éducation. Il est urgent d'assurer la relocalisation de notre alimentation: cela est d'autant plus indispensable que la crise que nous vivons n'est pas que conjoncturelle, liée à l'Ukraine, elle s'est dessinée structurellement dans un passé récent, qui a vu notre agriculture et notre agroalimentaire décliner, et dans un futur proche qui va voir le nombre de bouches à nourrir croître de deux milliards d'ici 2050, alors même que plus de 800 millions de personnes souffrent de faim aujourd'hui. (...)

Produire plus est une évidence quand on risque la pénurie: céder aux lubies «décroissantes» serait au contraire absurde et mortifère. Cela implique d'abord une stratégie nationale pour construire de grands champions nationaux qui passe notamment par une baisse des charges et des impôts qui affaiblissent notre compétitivité : les opportunités de l'alimentation française doivent aussi s'enrichir avec un assouplissement des possibilités par les acteurs publics d'acheter des produits français. Enfin notre agriculture est concurrencée par des pays qui respectent moins de normes sociales, sanitaires ou environnementales que les nôtres. Notre vertu devient une faiblesse ! Nous proposons d'instaurer un principe d'équivalence des normes avec les pays tiers pour garantir l'absence de distorsion de concurrence au sein de l'Europe comme avec les pays extra-européens.

Produire mieux, c'est produire avec moins de carbone, moins de chimie, moins de plastique. Pour financer cette transition, il faut créer un Fonds qui investirait dans la modernisation et le verdissement de l'outil productif. Il faut également conditionner les décisions de retrait ou de restriction des traitements (phytosanitaires par exemple) à l'existence de solutions alternatives viables.

Enfin, produire durable, c'est continuer à participer à la dynamique socio-économique de nos territoires en poursuivant les efforts de promotion et d'apprentissage des métiers de nos filières alimentaires. Objectif: renouveler les forces productives alors que la moitié des agriculteurs partiront à la retraite d'ici à 2030. C'est également créer un « chèque alimentaire» pour faciliter l'accès des plus démunis à des produits frais et en circuits courts.

Ce plan est ambitieux. Mais il est crucial. Sans de telles mesures, nous ne pourrons enrayer le déclin agricole et alimentaire français. Durant l'antiquité, des pays comme l'Égypte ou la Tunisie étaient considérés comme les greniers de Rome. Ils sont aujourd'hui dépendants de la production agricole étrangère. À la merci des émeutes de la faim. C'est le spectre qu'il nous faut combattre aujourd'hui.

Complément
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Je suis en conflit depuis plusieurs années avec la revue PROCESS Alimentaire pour une triste question d’argent qui permettrait de récupérer et de diffuser correctement les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire s’est comportée et continue de se comporter en censeur et refuse tout assouplissement pour la modique somme de 500 euros. N’ayant pas les moyens d’aller devant la justice, je leur fait ici de la publicité gratuite. Derrière cette revue, il y a des aimables censeurs !

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