La direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) est intervenue à trois reprises, en mars, dans l’usine Buitoni de Caudry. Elle est co-saisie dans l’enquête judiciaire.
On se dit jamais deux sans trois interventions ...
La Voix du Nord pose cinq questions et pour ma part j’ai retenu celle-ci, «Quand la DGCCRF est-elle intervenue ?»
En 2022, la DGCCRF est intervenue à l’usine de Caudry le 17 mars. Le lendemain, les lots de la gamme Fraîch’up étaient retirés du marché. Le 30 mars, Jérôme Jaton, directeur général industriel, indiquait «ne pas avoir trouvé de trace de la bactérie E. coli» dans l’usine, ce que réfutait Le Canard enchaîné début avril. Nestlé a-t-il menti ? Selon un porte-parole de la DGCCRF, les résultats de l’inspection pouvaient ne pas avoir été communiqués à ce moment. Les enquêteurs sont de nouveau intervenus les 22 et 29 mars, suite à quoi un arrêté a été pris le 1er avril par la préfecture du Nord, interdisant la production en raison de «graves anomalies» relevées.
Pour mémoire, toutes les pizzas ont été produites dans une usine à Caudry dans les Hauts-de-France. Dans un premier temps, la production a été interdite par la préfecture le 1er avril à la suite de deux «inspections d'hygiène approfondies» les 22 et 29 mars par des agents de la Direction départementale de la protection des populations (DDPP) du Nord et de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui ont mis en lumière de graves manquements. L'usine a également fait l'objet d'une perquisition par la gendarmerie le 13 avril.
Ces inspections ont montré «de graves manquements en termes d’hygiène», faisant état de «la présence de rongeurs», d’un «manque d’entretien et de nettoyage des zones de fabrication» ou encore «de l’extraction de l’air insuffisante».
«Ces anomalies constituent une source importante de contaminations biologique, physique ou chimique des denrées alimentaires manipulées», précise la préfecture pour expliquer sa décision de fermeture.
Faut-il donc conclure de cela que l’intervention par la DGCCRF le 17 mars n’était pas considérée une «inspection d'hygiène approfondie» ? Certes, les produits ontrappelés le 18 mars, «…par mesure de précaution, et dans l’attente d’analyses complémentaires, l’entreprise, procède ce jour, au retrait-rappel de l’ensemble des pizzas de la gamme Fraîch’Up, de marque Buitoni, commercialisé à ce jour.»
Pourquoi l’usine n’a-t-elle pas été fermée dès le 18 mars 2022 et avoir attendu deux nouvelles inspections ?
Au sujet des constats faits à l‘usine de Caudry, Food Safety News rapporte une déclaration du PDG de Nestlé, Mark Schneider a également abordé les articles d'anciens employés parlant de mauvaises conditions d'hygiène dans les usines de production.
«En ce qui concerne la vidéo, permettez-moi simplement de vous dire que ce sont de vieilles photos de 2020. Elles ne sont pas représentatives des normes sanitaires et de qualité strictes d'aucune usine Nestlé, et elles ne sont pas non plus liées à la situation actuelle. Ils sont donc clairement sortis de leur contexte, et nous regrettons l'impression trompeuse que cela a créée.»
Des réponses autres devront être fournies par Nestlé dans cette affaire, à suivre ...
Précisons qu’au 25/04/2022, 55 cas confirmés ont été identifiés, dont 53 sont liés à des souches STEC O26, et 2 à des souches STEC O103. Lors du précédent point au 13 avril, il y avait 53 cas confirmés.
Réputé pour sa rigueur, le géant suisse est rattrapé par une dérive sanitaire locale. Sa discrétion est mal perçue.
Alors que le patron France de Ferrero a fait vendredi son mea culpa après le scandale des œufs Kinder contaminés à la salmonelle, rien de tel pour Nestlé. Sous le feu des projecteurs depuis plus de deux mois à cause de ses pizzas Buitoni Fraîch’Up contaminées à la bactérie E. coli, le géant suisse garde toujours le silence. Pourtant, sept nouvelles plaintes ont été déposées ce vendredi au tribunal judiciaire de Paris, et une enquête judiciaire planche sur les causes et responsabilités d’une des plus grandes secousses sanitaires qu’ait connues le leader mondial de l’alimentation (87 milliards d’euros de chiffre d’affaires).
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