mardi 20 avril 2021

Une étude évalue les contrôles alimentaires de l'UE pendant la pandémie, mais oublie l'essentiel

Un article paru dans Food Control (disponible en intégralité) traite des effets des contrôles en sécurité des aliments des importateurs européens durant la pandémie de COVID-19.

Faits saillants

  • Des événements déterminent chaque année le volume des notifications au RASFF de l'UE.
  • La plupart des pays touchés par la pandémie ont changé la catégorie de décision concernant les risques.
  • Les conséquences de la pandémie n'ont pas affecté le comportement des pays notifiants.
  • La pandémie n'a pas augmenté la catégorie attribuée au risque implicite lié à un aliment.

Résumé

Le COVID-19 a mis en évidence la fragilité du système économique mondial. En quelques mois à peine, les conséquences de la pandémie ont marqué les pays touchés à tous les niveaux et sans exception. Cet article analyse le profil des notifications de sécurité des aliments signalées par les pays européens au cours des cinq premiers mois de 2020. L'objectif était de détecter d'éventuelles modifications des réglementations en matière de sécurité des aliments imposées par les autorités de contrôle qui pourraient aggraver les impacts économiques de la pandémie. Bien que le COVID-19 ne semble pas être une maladie d'origine alimentaire, certaines épidémies ont été liées à des aliments importés, ce qui pourrait avoir affecté le comportement en matière de contrôle alimentaire des pays importateurs. Dans cette étude, des tableaux de contingence et des regroupements ont été utilisés pour évaluer les différences entre les années et les caractéristiques de notification et pour détecter des groupes homogènes pour aider à identifier comment les notifications rapportées pourraient avoir changé. Au cours de la période considérée dans cette étude, le volume des notifications concernant la plupart des denrées alimentaires importées a considérablement diminué. Cette baisse était une conséquence directe de la baisse du commerce international, qui aurait pu accroître la dépendance des pays vis-à-vis des sources nationales. La crise du COVID-19 n’a pas entraîné de changement substantiel dans le profil des pays européens en termes de caractéristiques des notifications déclarées (catégorie de produit et décision relative au risque). Cependant, les pays les plus touchés ont remplacé les rejets aux frontières par des alertes, ce qui peut indiquer une plus grande dépendance aux marchés intra-UE.

Conclusions

L'une des caractéristiques de la pandémie du COVID-19 est ses graves conséquences non seulement pour la santé des personnes, mais également à tous les niveaux de l'activité économique et sociale. Pour tenter de freiner la transmission rapide du virus, la grande majorité des pays ont fermé leurs frontières et confiné la population. Ces mesures ont provoqué d'énormes perturbations dans les chaînes de valeur locales et mondiales. Le commerce international des denrées alimentaires n'a pas fait exception et souffre considérablement de ces mesures restrictives. Cette situation pourrait avoir des effets néfastes sur la confiance des consommateurs et des gouvernements dans la sécurité des aliments Plus précisément, cette situation pourrait avoir des effets graves en ce qui concerne le risque que les produits importés ne soient pas conformes aux normes de santé et de qualité, même s'il n'y a pas de preuves que le COVID-19 peut se propager directement par les aliments et le système digestif humain.

En bref, ce document fournit des informations précieuses sur la possibilité d'améliorer les notifications de contrôle des aliments pendant la période initiale de la pandémie en Europe. À cette époque, les pays devaient faire face à une multitude de problèmes économiques et sociaux. Ainsi, il est plausible de s'attendre à ce qu'ils aient assoupli ou resserré leurs actions dans certains domaines clés, tels que la détection d'anomalies dans le commerce international des denrées alimentaires.

Le présent article apporte plusieurs nouvelles contributions à l'analyse des notifications de sécurité sanitaire des aliments. Premièrement, il couvre une vaste zone géographique et évalue la variation du comportement en matière de contrôle des aliments dans un large échantillon de pays européens. Deuxièmement, il fournit une analyse approfondie de la relation entre la pandémie de COVID-19 et le comportement de contrôle des aliments, exprimée en termes de fréquence des notifications signalées au cours d'une période donnée. Au cours de la période 2020 considérée dans cette étude, le volume des notifications concernant la plupart des denrées alimentaires importées, en particulier les fruits de mer et les denrées agricoles, a considérablement diminué. Cette diminution était une conséquence directe de la baisse du commerce international au cours des cinq premiers mois de 2020, qui aurait pu accroître la dépendance des pays importateurs à l’égard des sources nationales.

Troisièmement, ce document caractérise le profil des notifications alimentaires déclarées en fonction de leur moment de communication et d'autres caractéristiques clés. La crise du COVID-19 n'a pas été un facteur clé pour que les pays modifient leur profil en termes de catégories de produits et de décisions en matière de risque des notifications signalées. Cette stabilité est un signe positif dans le domaine de la sécurité des aliments destinés à la consommation humaine et rassure l'industrie agroalimentaire.

Comme quatrième et dernière contribution, l'analyse identifie des similitudes entre les pays en termes de produits et d'incidents qu'ils signalent. L'analyse montre que les conséquences de la pandémie n'ont pas sensiblement affecté le comportement des autorités notifiantes. L'Italie, la France, l'Espagne, les Pays-Bas, l'Allemagne et le Royaume-Uni ont été les pays les plus actifs, indépendamment de l'année ou du produit. Cependant, en ce qui concerne le type de notification signalé, les pays où la propagation du virus a le plus affecté ont changé leur profil en remplaçant les rejets aux frontières par des alertes. Ce changement peut à nouveau être lié à une dépendance accrue vis-à-vis des sources intra-UE.

L'étude couvre une courte période. L'utilisation de tableaux de contingence pour analyser les relations entre les variables ne fournit pas d'informations sur la force de l'influence de ces relations. Fournir ces informations pourrait être un objectif intéressant pour de futures enquêtes utilisant d'autres techniques économétriques. Il serait également intéressant d'identifier les modèles de notifications dans les périodes post-COVID-19 s'étalant sur deux ans ou plus. Enfin, l'analyse pourrait être étendue à un échantillon plus large de pays, en particulier ceux qui sont moins équipés pour effectuer des contrôles stricts de sécurité sanitaire des aliments pendant les pandémies.

Commentaire 

Patatras, les auteurs ont réalisé cette étude sur les cinq premiers mois de 2020. Ils n'ont donc pas intégré les très nombreuse notifications au RASFF de l'UE liées aux graines de sésame contaminées par de l'oxyde d'éthylène, et l'absence de contrôles de l'UE qui va avec, le résultat, on le connait,
- septembre 2020 : 1 notification
- octobre 2020 : 68 notifications
- novembre 2020 : 187 notifications
- décembre 2020 : 156 notifications
- janvier 2021 : 56 notifications
- février 2021 : 57 notifications
- mars 2021 : 33 notifications
- avril 2021 : 13 notifications

On peut donc raisonnablement se demander si l'étude aurait été la même ...

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