dimanche 11 avril 2021

Putain de métier ! (Par Jean-Paul Pelras)

Voici un édito de Jean-Paul Pelras, Putain de métier ! paru dans l'agri le 10 avril 2021.

Putain de métier, répètent en boucle ces jours-ci celles et ceux qui ont une nouvelle fois tout perdu, car quelques petits degrés ont eu la mauvaise idée d’aller se balader au-dessous de zéro. Putain de métier, quand les rivières débordent et emportent tout sur leurs passages, car le paysan n’est plus autorisé à les nettoyer, quand le vent souffle un peu trop fort et arrache les bâches des tunnels ou des multi-chapelles, quand le ciel, plus souvent sans Dieu que sans nuages, menace les semis et les plantations, quand une neige lourde et inattendue fait s’effondrer des hectares de serres, quand la lumière pulvérulente de l’été dévore tout ce qui pousse dans les champs, dans les prés, dans les vignes, dans les vergers, quand une épidémie oblige à faire abattre le troupeau, quand la grêle en quelques minutes détruit une année de travail, quand le loup égorge l’agneau, quand les marchandises importées viennent usurper les marchés traditionnels, quand les contraintes administratives deviennent inadaptables et inadaptées, quand la maladie, l’insecte, le ravageur, les éléments ou les caprices du destin  ne laissent pas le temps de récolter, quand le dépôt de bilan pousse à l’irréparable ceux qui ne peuvent supporter l’inacceptable, quand les écologistes stigmatisent le paysan et dictent leurs dogmes pour faire accélérer la disparition de ce putain de métier.  Putain de métier où ceux qui veulent imposer un changement de modèle depuis Paris, ne connaissent de l’outil, ni l’usage, ni le prix.  Putain de métier que seulement 400 000 français osent encore pratiquer. 400 000 rescapés d’une érosion qui progresse un peu plus chaque année.

Après les beaux discours
Terrible ! Peut-être parce que les paysans ne sont pas en représentation, peut-être parce qu’ils ne confondent pas l’être et le paraître, peut-être parce qu’ils n’ont pas le temps d’idéaliser et de s’occuper des affaires des autres. Peut-être, tout simplement, parce qu’ils sont victimes de leur dignité ! Putain de métier où l’on a expliqué à leurs aïeuls voilà plus d’un siècle qu’il fallait mutualiser, cotiser, capitaliser… Putain de métier où ils regardent désormais filer les bénéfices des multinationales qu’ils ont eux-mêmes créées. Putain de métier où ceux qui sont censés le défendre confondent parfois défense et intérêt, dans le protocole de ses relations avec un pouvoir qu’il faut éviter de malmener. Putain de métier méprisé par ceux qui font pisser le chien dans le verger d’à côté, par ceux qui se servent impunément à la nuit tombée là où ils ne supportent plus, dans la journée, ni la mouche, ni la poussière du labour, ni le bruit de la benne à vendanger, ni le traitement, ni l’odeur du lisier. Putain de métier auquel, dans son immense mansuétude et à grands renforts de communication, l’Etat va accorder quelques deniers forcement dilués dans le grand boustrophédon des critères d’attributions. Putain de métier où, après les beaux discours et le temps des émotions, chacun le sait bien, les miettes de l’indemnisation seront, une fois de plus, proportionnelles à la franchise des considérations. A moins, mais nous pouvons toujours rêver, que, cette fois ci et les fois suivantes, ceux qui défendent ce « beau métier » et prétendent, dans les journaux ou devant les caméras de télévision, qu’il est impossible de s’en passer, décident une bonne fois pour toutes de le considérer pour ce qu’il est et pour ce qu’il fait.

Commentaire. Voici les propos d'un authentiquei salopard tenus sur une chaîne de télévision sans risque d'être contredit ...

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