dimanche 23 février 2020

Remarquable avis de l'Anses relatif à la filière de production des préparations en poudre pour nourrissons. Avis utile pour toutes les entreprises alimentaires !

L'Anses nous propose un avis révisé (qui annule et remplace l’avis du 19 septembre 2019. Les corrections effectuées sont décrites en Annexe 4.) relatif à la filière de production des préparations en poudre pour nourrissons.
L’Anses a été saisie pour réaliser une actualisation de l’expertise rendue par l’Afssa en 2008 (Contamination microbienne des préparations lactées en poudre destinées aux nourrissons et personnes âgées) (Afssa 2008), en particulier sur l’analyse des dangers et l’évaluation de l'efficacité des mesures de maîtrise mises en œuvre par les exploitants. L’avis de l’Anses servira de base à la rédaction d’une instruction technique qui détaillera les points de vigilance à examiner lors des inspections.
En appui de la saisine, quatre plans de maîtrise sanitaire (PMS) représentatifs de la diversité des procédés de fabrication et des productions ont été transmis par la DGAL.

La DGAL devrait donc avoir du grain à moudre pour ses inspections et les entreprises alimentaires fabricant de la poudre de lait pour nourrissons vont pouvoir ainsi disposer d’un outil équivalent à un guide de bonnes pratiques d’hygiène et des principes de HACCP, même si l’Anses indique en conclusion de son avis de 74 pages, excusez du peu, « l’Anses encourage vivement la filière à élaborer un guide commun sur les bonnes pratiques d'hygiène et des principes HACCP appliqués à la production des préparations en poudre pour nourrissons. »

C’est louable mais est-ce bien nécessaire ? Dans un tout autre domaine, le Syndicat National de l'Alimentation et de la Restauration rapide n’a toujours ce type de guide et qui s’en émeut …

L’important n’est pas là me semble-t-il et toutes les entreprises alimentaires devraient pouvoir bénéficier de cet avis clair, précis, documenté et argumenté, jugez plutôt …

Il est rappelé fort justement,
la plupart du temps, les produits mis sur le marché et impliqués dans les épidémies ont été considérés comme conformes sur le plan des dangers microbiologiques après la réalisation des analyses libératoires réglementaires. Cependant, il a été possible de retrouver les bactéries pathogènes dans l’environnement des sites de production de ces produits impliqués dans les épidémies, quelquefois même après plusieurs années.

C’est ce que notait déà une note de service de la DGAL de 2009,
Les analyses microbiologiques destinées à vérifier la conformité aux critères microbiologiques existants ne sont en aucun cas suffisantes pour garantir la sécurité sanitaire des aliments et il n’est pas possible d’évaluer précisément l’impact que peut avoir un critère microbiologique de sécurité sur la protection de la santé publique.

L’avis de l’Anses rappelle que pour bien connaître son produit, il faut bien maîtiser son environnement de fabrication,
Pour mieux caractériser les limites du contrôle microbiologique des produits finis, il a fallu étudier les modalités de contamination des produits au cours des fabrications et en déduire les conséquences en matière de lot contaminé et de performance de différents plans d’échantillonnage utilisés pour détecter la non-conformité des lots avant commercialisation.

La pédagogie de l’avis de l’avis de l’Anses commence avec l’application des principes HACCP, que tout un chacun est sensé connaître … et à cet égard le volet validation me paraît essentiel …

Le zoning ou la division en zones à risques distinctes ou zones d’hygiène de l’entreprise est une des clés de la réussite de la maîtrise des contaminants, selon le principe diviser pour mieux maîtriser et surtout éviter les transferts de contamination (appelée aussi contamination croisée).

L’Anses pointe « le nettoyage de l’environnement des équipements en portant une attention particulière aux points d’accumulation, en prohibant l’emploi de l’eau. De ce fait, il ne peut y avoir de désinfection. Le nettoyage sans eau s’obtient p. ex. par l’emploi de balais et balayettes, grattoirs et aspirateurs (mais pas par l’emploi de soufflettes) ».

Il me semble que les balais et balayettes sont à proscrire car ils peuvent remettre en suspension des poussières ; le recours à l’aspirateur individuel muni d’un filtre est utile car ce la permet de rechercher des contaminant dans le sac de recueil des poussières cumulées …

Le souci du détail est bien documenté par des experts et mis en avis en évidence par de très nombreux conseils judicieux …

Un autre intérêt de l’avis de l’Anses est l’analyse des quatre plans de maîtrise sanitaire (PMS) transmis par l’administration.
Parmi les points à approfondir, je retiens « les mesures ou actions suivantes font l’objet d’une description insuffisante dans les PMS expertisés » à savoir la « validation et vérification de l’efficacité des plans de nettoyage et de désinfection ».

J’ai mis ce point en avant car c’est une constante chez de très nombreuses entreprises alimentaires …

L’avis de l’Anses va jusqu’à proposer un tableau des « Principales mesures de maîtrise à appliquer au cours des étapes de production – conclusions de l’analyse des PMS, conditions d’efficacité et attendus pour l’inspection » ainsi qu’un autre tableau sur les « Actions pouvant être menées sur le plan microbiologique - conclusions de l’analyse des PMS et attendus pour l’inspection ».

Tout est fait pour mettre les entreprises face à leurs responsabilités !

Comme indiqué plus haut, après des aspects sur l’« Apport et limites du contrôle microbiologique du produit fini », viennent la « Prévention et surveillance de la contamination environnementale ».

L’Anses propose une « cartographie des voies de contamination » avec les « flux des matières premières, des produits et des matériaux de conditionnement », les « transferts liés aux opérateurs » et les « transferts liés aux flux d’air » et enfin les « autres transferts ».

Je me répète il s’agit ici d’un avis remarquable par sa qualité et sa précision qui fera date dans les avis du CES Biorisk et du GT « Poudres infantiles » ...

Épidémie de salmonelloses à Salmonella sérotype Bovismorbificans liée à la consommation de viande chevaline dans les Hauts de France. Souhaite-t-on la fin du filet américain ?


Filet américain
Santé publique de France vient de faire paraître le 18 février 2019 un article à propos d'une « Épidémie de salmonelloses à Salmonella sérotype Bovismorbificans liée à la consommation de viande chevaline ».

Il s'agit de Salmonella enterica serotype Bovismorbificans. L'article complet est ici.

Petite curiosité, on ne trouvera pas cet article sur la page d'accueil de Santé publique de France, pas plus dans la rubrique Actualités, mais sur la page Salmonellose

Voici les points clés :
Le 3 septembre 2019, la cellule régionale de Santé Publique France en région Hauts-de-France était alertée par la Direction des maladies infectieuses (DMI) de Santé publique France d’un excès de cas de salmonelloses à Salmonella sérotype Bovismorbificans dans les départements du Nord et du Pas-de-Calais au cours des deux premières semaines du mois d’août 2019, identifié par le Centre national de référence des Escherichia coli, Salmonella et Shigella (CNR-ESS, Institut Pasteur, Paris).
Vingt-cinq cas de salmonellose de sérotype Bovismorbificans, appartenant tous au même cluster génomique, ont été identifiés entre le 4 et le 26 août 2019. La courbe épidémique était en faveur d’une source alimentaire commune et ponctuelle de contamination. La survenue des symptômes, entre le 4 et le 22 août, était compatible et cohérente avec la distribution / mise sur le marché d’un aliment contaminé à durée de conservation courte.
Quarante-cinq pour cent des cas ont été hospitalisés pour leur salmonellose ; aucun décès n’a été rapporté. Les résultats de l’enquête alimentaire exploratoire ont rapidement fait ressortir une hypothèse forte : la consommation de viande chevaline crue ou peu cuite, rapportée par tous les cas interrogés, dans les jours précédant la survenue des symptômes. Aucun autre aliment n’a été consommé par la totalité des cas.
Les résultats des investigations épidémiologiques, microbiologiques et vétérinaires suggèrent que cette épidémie est attribuable à la consommation de viande chevaline crue sous forme de « hachis » ou peu cuite, contaminée par Salmonella Bovismorbificans, dans les jours précédant la survenue des symptômes. Les enquêtes de traçabilité ont identifié comme probable un circuit d’approvisionnement commun à tous les lieux d’achat des cas, avec un même grossiste belge, approvisionné par un abattoir et un atelier de découpe de viandes situés en Roumanie.
La prévention des infections d’origine alimentaire et de leurs complications nécessite un changement des habitudes alimentaires à risque. Elle passe notamment par l’information des personnes vulnérables, notamment sur les risques liés à la consommation des viandes hachées consommées crues ou insuffisamment cuites.
Les auteurs notent,
En conclusion, la prévention des infections d’origine alimentaire et de leurs complications nécessite un changement de certaines habitudes alimentaires à risque. Elle passe par l’information des personnes vulnérables sur les risques notamment liés à la consommation des viandes hachées crues ou insuffisamment cuites, pour lesquelles la contamination de surface des pièces de viande se trouve redistribuée au cœur de la viande et ne sera pas détruite en cas de cuisson insuffisante.

D'accord pour le risque lié aux personnes vulnérables, mais je retiens que ce qu'on nous dit à savoir « La prévention des infections d’origine alimentaire et de leurs complications nécessite un changement des habitudes alimentaires à risque ». En fait, ce ne n'est pas la viande qui ne doit pas être contaminée, mais c'est au consommateur de changer « certaines habitudes alimentaires ». C'est assez inquiétant comme type de démarche …

Pour étayer mon propos et pour mémoire, je citerais ces article de Jim Marsden, publié sur mon blog, à propos des steaks hachés, Pourquoi « Faites le juste cuire » ne marche pas (Why « just cook it » won’t cut it) et aussi Faites le juste cuire, ce n’est encore pas la réponse (« Just Cook It »: It’s still not the answer).

A propos de « la consommation des viandes hachées crues ou insuffisamment cuites », je pense que les auteurs de cet article devraient savoir ce qu'est un steak tartare communément consommé en France et pas que dans les Hauts-de-France … mais aussi précisément ce qu'est un filet américain … consommé en Belgique mais aussi dans les Hauts-de-France … plutôt que de parler de consommation de viande chevaline crue sous forme de « hachis ».

Comme le signale le journal La Meuse, le filet américain est un steak tartare qui a mal tourné

Pour plus d'explications, voyons ce qu'en dit l'AFSCA de Belgique sur le filet américain
Le législateur a défini clairement le « Filet américain », le « Steak haché préparé » et le « Bifsteck ». Ces préparations sont composées exclusivement de viande hachée crue de bœuf ou de cheval. Dans le cas du cheval, le vendeur doit l'indiquer clairement. (AR du 8 mars 1985).

L'AFSCA fournit aussi quelques règles de sécurité alimentaire :
Le filet américain est un mets de choix, apprécié par bon nombre de nos compatriotes, et consommé très régulièrement. Il peut garnir notre sandwich comme être le centre de notre assiette : américain-frites-salade. Beaucoup de commerçants en restauration de tous types le présentent à leur carte.

C'est pourquoi le législateur a défini des règles de fabrication très strictes.
Dans les boucheries, la fabrication de la viande hachée fraîche se fait à maximum 4°C. Pendant la phase de hachage proprement dite, les molécules subissent un frottement les unes contre les autres. Cela provoque une hausse de température. Pour maintenir une température inférieure ou égale à 4°C tout au long de la fabrication, le hachoir et la viande sont conservés au préalable en dessous de 4°C.La préparation obtenue doit aussi être conservée à maximum 4°C, même pendant la vente.

Le boucher peut mettre en vente la viande hachée fraîche durant 48 heures.
La température est un élément clé de la salubrité du produit fini. Le filet américain ou le steak tartare ne subissent pas de cuisson qui pourrait tuer les bactéries qu'ils contiennent.
Le boucher ou le restaurateur qui produisent du filet américain doivent aussi respecter les bonnes pratiques d'hygiène en général. Cela signifie que le local de fabrication ainsi que les équipements sont nettoyés tous les jours et désinfectés régulièrement. La personne qui manipule la viande le fait avec des mains propres, lavées au savon et à l'eau. Les ongles sont courts, propres, exempts de vernis. Les mains ne sont pas ornées de bijoux.
Le consommateur a aussi sa part de responsabilité dans la salubrité du filet américain.
Pour maintenir cette qualité hygiénique de manière optimale, il est conseillé au client de transporter la viande hachée dans un frigo box et, dès l'arrivée à la maison, de la placer dans le frigo. Le frigo doit être à bonne température et contrôlé par un thermomètre.


Dans le Nord de la France, le filet américain belge peut être aussi appelé le Ch’ti filet américain et il est réalisé à partir de viande de cheval ...


Enfin en complément des références de l'article de Santé publique de France, voici un article néerlandais de 2018, paru dans Eurosurveillance, « Outbreak of Salmonella Bovismorbificans associated with the consumption of uncooked ham products, the Netherlands, 2016 to 2017 » (Éclosion à Salmonella bovismorbificans associée à la consommation de produits de jambon cru, Pays-Bas, 2016 à 2017), et qui rapporte notamment :

Une augmentation du nombre de cas à S. Bovismorbificans a également été observée en France où 47 cas ont été notés en 2016.
Le séquençage du génome complet a indiqué que cette éclosion était une éclosion dans plusieurs pays, avec un petit nombre d'isolats de Belgique et de France identiques à la souche du foyer. Le nombre de cas confirmés dans ces pays était trop faible pour effectuer des études épidémiologiques. Cependant, l'enquête de traçabilité ayant conduit à un transformateur de viande belge, il est probable que des produits contaminés étaient également disponibles dans les magasins belges et éventuellement en France.

vendredi 21 février 2020

Une étude au Royaume-Uni suggère de nouvelles estimations plus élevées du rôle des aliments dans les maladies


« Une étude de la FSA suggère de nouvelles estimations plus élevées du rôle des aliments dans les maladies au Royaume-Uni », source communiqué de la Food Standards Agency (FSA) du 20 février 2020.

Une revue scientifique de la Food Standards Agency (FSA) estime qu'environ 2,4 millions de cas de maladies d'origine alimentaire surviennent chaque année au Royaume-Uni. Cela représente une augmentation par rapport à l'estimation de 2009 d'environ un million.

La FSA publie également une étude révolutionnaire de cinq ans sur l'étendue de norovirus dans les aliments réalisée par un consortium de scientifiques britanniques, et un autre document de la FSA qui passe en revue et met à jour l'évaluation développée au cours de ce projet.

Ces nouveaux chiffres n'indiquent pas une augmentation du total des maladies, ni aucun nouveau risque pour la santé publique, mais fournissent plutôt une meilleure estimation de la proportion de maladies intestinales infectieuses dues aux aliments. L'estimation globale de ce type de maladie, toutes sources confondues, reste la même, à environ 18 millions de cas chaque année au Royaume-Uni.

Ces nouvelles études et leurs modèles d'accompagnement révèlent:
  • environ 380 000 cas de norovirus liés aux aliments se produisent au Royaume-Uni par an.
  • une répartition des rôles des principales voies de transmission dans les aliments suggère que les repas au restaurant représentent environ 37% de tous les cas de norovirus d'origine alimentaire, les plats à emporter sont à 26%, la laitue à tête ouverte en vente au détail est à 30%, les framboises en vente en distribution à 4% et huîtres en vente en distribution sont à 3%.
  • l'estimation révisée des norovirus d'origine alimentaire, combinée à une meilleure analyse du nombre de maladies d'origine inconnue susceptibles d'être également causées par les aliments, suggère qu'environ 2,4 millions de cas estimés de maladies d'origine alimentaire au Royaume-Uni se produisent chaque année.
Le professeur Guy Poppy, conseiller scientifique en chef de la Food Standards Agency, a déclaré :
« Ce travail nous donne une bien meilleure idée du rôle des aliments dans la propagation de toutes les maladies intestinales infectieuses au Royaume-Uni. Cependant, cela ne signifie pas que plus de personnes se sentent mal, mais seulement que nous estimons que les aliments sont responsables de plus de cas existants qu'on ne le pensait auparavant. »

« La majeure partie de cette augmentation est due à de nouvelles recherches innovantes sur les norovirus d'origine alimentaire. Dans ce cadre, les plans de prélèvements se sont concentrées sur les cinq voies de transmission liées aux aliments les plus courantes. Bien que les pourcentages puissent sembler frappants, le risque pour les consommateurs reste très faible pour la plupart de ces voies. Par exemple, en moyenne, un individu ne se retrouverait avec un norovirus qu'une fois sur 15 000 portions de laitue à tête ouverte - ce qui prendrait environ 40 ans. Les huîtres présentent le risque le plus élevé par portion, avec une maladie probable en moyenne une fois sur environ 160 portions. »

« Nous ne modifions pas nos conseils aux consommateurs et aux entreprises. Au lieu de cela, cette recherche renforce la nécessité de normes les plus élevées de bonnes pratiques d'hygiène personnelle et alimentaire dans les établissements de restauration et à domicile pour éviter les infections. »

La professeur Sarah J. O’Brien, chercheuse principale de NoVAS (Norovirus Attribution Study), a ajouté:

« L'estimation de la contribution des norovirus à la charge des maladies d'origine alimentaire au Royaume-Uni a été particulièrement difficile jusqu'à présent. Cela est dû en grande partie au fait que les personnes ne vont pas chez le médecin en cas de souci avec les symptômes du virus des vomissements hivernaux. Et tout en étant utile pour prévenir la propagation du virus et atténuer la pression sur les milieux de santé, cela signifie que des informations cruciales sur le virus ne peuvent pas être collectées. C'est pourquoi le développement de la première évaluation des risques de ce type pour le Royaume-Uni est particulièrement important. »

La FSA peut désormais utiliser cette compréhension nouvelle et améliorée de l'importance des maladies d'origine alimentaire pour éclairer les efforts futurs de contrôle et de réduction du risque d'infection posé au public par les aliments par tous les pathogènes.

Une étude américaine révèle que le fromage au lait cru est une préoccupation de sécurité sanitaire


« Une étude révèle que le fromage au lait cru est une préoccupation de sécurité sanitaire », source Food Safety News.

Les produits laitiers crus sont une préoccupation de sécurité sanitaire pour les consommateurs, selon une étude récente parue dans Journal of Food Protection.

Le fromage fabriqué avec du lait non pasteurisé est un problème de sécurité sanitaire en raison d'une contamination possible par des pathogènes d'origine alimentaire, selon une étude de la Division of Food Processing Science and Technology de la FDA et de l'Institute for Food Safety and Health de l'Illinois Institute of Technology.

Listeria monocytogenes et Escherichia coli O157:H7 ont été à l'origine de plusieurs éclosions et rappels liés au fromage Gouda à base de lait non pasteurisé. Au cours de la dernière année, il y a eu plusieurs éclosions liées au fromage à base de lait cru - Listeria au Canada et E. coli en France.

Objectif de l'étude
Le but de cette étude était d'évaluer la dynamique des populations de L. monocytogenes et E. coli O157:H7 pendant le vieillissement du fromage Gouda dans du lait non pasteurisé.

Listeria et E. coli ont été comparés aux populations microbiennes indigènes tout au long de la fabrication et du vieillissement. Les types de microflore indigène évalués comprenaient des entérobactéries, des bactéries lactiques, des bactéries mésophiles et des levures et moisissures.

Méthodes
Le lait non pasteurisé a été inoculé avec L. monocytogenes avec 1 ou 3 log UFC/mL ou avec E. coli O157:H7 avec 1 log UFC/mL, et le fromage Gouda a été fabriqué à l'échelle du laboratoire ou à l'échelle d'une usine pilote.

Les fromages ont été stockés à 10°C pendant au moins 90 jours, et certains fromages ont été stockés jusqu'à 163 jours.

Résultats
Les populations initiales de microflore indigène dans le lait non pasteurisé ne différaient pas de manière significative des essais à l'échelle du laboratoire ou à l'échelle d'une usine pilote, et la dynamique des populations tendait de façon similaire tout au long de la fabrication et du vieillissement du fromage.

Pendant la fabrication, environ 81% des populations totales de L. monocytogenes et de E. coli O157:H7 ont été retrouvées dans les échantillons de caillé.

À un niveau d'inoculation de 1 log UFC/mL, L. monocytogenes a survécu dans le fromage au-delà de 60 jours dans quatre des cinq essais.

E. coli O157:H7 a été détecté au-delà de 60 jours dans un seul essai.

Au niveau d'inoculation supérieur à 3 log, la population de L. monocytogenes a augmenté de manière significative, passant de 3,96 ± 0,07 log UFC/g au début du vieillissement à 6,00 ± 0,73 log UFC/g après 150 jours, ce qui correspond à un taux de croissance de 0,04 ± 0,02 log UFC/g/jour.

Les populations d'acide lactique et de bactéries mésophiles sont restées constantes à environ 8 à 9 log UFC/g pendant le vieillissement, tandis que les populations de levures et de moisissures ont augmenté régulièrement.

Cette étude contribuera à la connaissance de la survie de ces pathogènes pendant la production du fromage Gouda. Il aidera également les chercheurs à évaluer les risques pour la sécurité sanitaire de la consommation du fromage Gouda à base de lait non pasteurisé.

La Belgique et les aliments prêts à consommer, selon un audit de la DG Santé et sécurité alimentaire


Voici le résumé du rapport final d'un audit effectué en Belgique du 11 au 21 juin 2019 afin d'évaluer les contrôles officiels concernant la production d'aliments prêts à consommer.

Ce rapport décrit les résultats d'un audit réalisé en Belgique du 11 au 21 juin 2019 dans le cadre du programme d'audit publié par la direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire.

L'audit avait pour objectif d'évaluer les dispositions mises en place par les autorités compétentes pour vérifier le respect des exigences en hygiène alimentaire de l'Union européenne applicables aux aliments prêts à consommer.

Le rapport conclut que les contrôles officiels en place sur la production d'aliments prêts à consommer sont organisés et mis en œuvre sur la base de procédures documentées.

Les résultats d'un nombre relativement élevé d'échantillons officiels indiquent un bon niveau de conformité dans le secteur des aliments prêts à consommer.

Le système de contrôle est soutenu par un certain nombre de mesures visant à soutenir les exploitants du secteur alimentaire et à sensibiliser les consommateurs, afin de faciliter à la fois la conformité et de réduire le nombre d'intoxications d'origine alimentaire.

Les contrôles en place et mis en œuvre sont généralement efficaces pour identifier les non-conformités pertinentes en matière d'hygiène.

Cependant, une série de ces non-conformités (et qui peuvent effectivement avoir un impact sur la sécurité sanitaires des produits prêts à consommer) sont considérées comme mineures et automatiquement notées comme telles dans les listes de contrôle (checklists) mises à la disposition du personnel de contrôle.

En conséquence, elles ne sont pas suivis de manière à garantir une action corrective rapide de la part de l'exploitant du secteur alimentaire. L'équipe d'audit a également identifié des cas où les procédures de contrôle et la mauvaise compréhension par les inspecteurs de certaines règles applicables ont un impact sur la détection des non-conformités, principalement liées aux procédures des exploitants du secteur alimentaire fondées sur les principes HACCP et aux exigences du règlement (CE) n°2073/2005.

En outre, le processus d'agrément national permet, dans certaines circonstances, aux établissements d'exploiter et de mettre des produits sur le marché sans agrément approuvé.

Le rapport contient des recommandations aux autorités compétentes pour remédier aux lacunes identifiées.

Investigation sur une source d'augmentation de E. coli dans l'UE


« Investigation sur une source d'augmentation de E. coli dans l'UE », source Food Safety News du 21 février 2020.

Une source d'origine alimentaire est une voie à l'étude dans le cadre d'une augmentation de E. coli en Europe.

Entre 2017 et 2019, le Centre national de référence pour les bactéries gram négatifs multirésistantes et les responsables allemands de la santé ont détecté une augmentation de E. coli producteurs d'oxacillinase-244 (OXA-244).

Les autorités européennes ont déclaré que l'augmentation des cas de carbapénémases de type OXA-244 difficiles à détecter chez une espèce comme E. coli qui provoque des infections en ville est préoccupante. Ils ont ajouté qu'il existe un risque de transmission en ville qui pourrait contribuer à la perte des carbapénèmes comme options de traitement des infections graves à E. coli en Europe.

La source et la voie de transmission de E. coli producteurs d'OXA-244 en Europe et au Royaume-Uni ne sont pas claires.

Augmentation des cas depuis 2013
Une porte-parole du Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a déclaré qu'il est probable que plusieurs voies de transmission jouent un rôle dans l'augmentation.

« La transmission par les aliments n'est qu'une hypothèse qui est actuellement envisagée dans le contexte des E. coli producteurs d'OXA-244 en Europe. Nous manquons de preuves sur l'origine alimentaire, comme l'isolement dans des denrées alimentaires d'isolats de E. coli producteurs d'OXA-244 avec une relation génomique étroite avec des isolats humains, ou une exposition commune à un certain produit par des personnes atteintes par E. coli producteurs d'OXA-244 dans différentes régions d'Europe », a-t-elle déclaré à Food Safety News.

Les données de l'UE ont montré que 33 cas à E. coli producteurs d'OXA-244 ont été détectés entre 2013 et 2015, suivis de 31 en 2016, 21 en 2017, 83 en 2018 et 116 en 2019. Cependant, l'utilisation du séquençage du génome complet (WGS) pourrait avoir conduit à une identification plus discriminatoire des cas à partir d'échantillons et a contribué à l'augmentation, selon des responsables.

Les données du WGS ont identifié un groupe principal, géographiquement dispersé, de E. coli de séquence type 38 avec le gène blaOXA244 présent dans les pays qui avaient soumis des données. Il s'agit du Danemark, de la Finlande, de la France, de l'Allemagne, de l'Irlande, du Luxembourg, des Pays-Bas, de la Norvège, de la Suède et du Royaume-Uni. La plupart des cas deces cas groupés ont été détectés en 2018 et 2019.

Les premiers isolats détectés aux Pays-Bas et au Royaume-Uni datent de 2013. L'un l'a été cette année. Une augmentation des E. coli ST38 producteurs d'OXA-244 a également été observée en Suisse.

Un chevauchement dans le temps et le lieu a été constaté pour quelques cas en Allemagne, indiquant une possible transmission de personne à personne. Les cas groupés associées aux soins de santé n'ont pas été observées et la transmission dans les milieux de santé ne peut pas expliquer la distribution dans 10 pays et différentes régions des pays sans réseaux hospitaliers liés.

La possibilité des aliments doit être étudiée
La transmission par le biais d'aliments d'origine animale ou non animale, par contact avec l'environnement ou contact direct avec les animaux, est possible, selon l'ECDC.

Cependant, aucun isolat de E. coli producteurs d'OXA-244 provenant de sources alimentaires ou animales n'a été identifié en Europe. Les aliments ou produits d'origine animale importés de régions où les carbapénémases de type OXA-48 sont endémiques ou des aliments d'origine nationale pourraient être un facteur contributif.

Des isolats de E. coli ST38, qui ne portaient pas le gène blaOXA244, ont été retrouvés dans de la viande, la volaille et les humains en Allemagne et chez le poulet vendu au détail en Norvège, avec des isolats apparentés également chez l'homme. Dans une étude aux États-Unis, la viande s'est révélée être une source possible d'infections des voies urinaires en ville causées par E. coli, avec ST38 une séquence type courant chez l'homme et la viande vendue au détail.

L'ECDC a déclaré qu'étant donné les implications potentielles pour la santé publique, la possibilité que des aliments et des produits animaux contaminés par E. coli producteurs d'OXA-244 soient distribués sur une vaste zone géographique nécessite une investigation. D'autres études sont nécessaires pour déterminer si l'environnement, les cultures, les animaux et les aliments contaminés par E. coli producteurs d'OXA-244 ont contribué à l'épidémie.

Des informations sur les voyages n'étaient disponibles que pour quelques cas, mais la Turquie et l'Égypte étaient des destinations ou des pays d'hospitalisation précédemment signalés.

E. coli ST38 porte souvent des gènes codant pour des bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE).

La porte-parole de l'ECDC a déclaré que la plupart des patients ne semblent être que des porteurs, donc asymptomatiques en termes de E. coli producteurs d'OXA-244, ou ont eu des infections des voies urinaires.

« En ce qui concerne la période d'incubation, il est connu que des organismes multirésistants tels que E. coli producteurs d'OXA-244 peuvent persister dans la flore intestinale pendant des mois. L'infection, en particulier les infections des voies urinaires, peut survenir à partir de cette source à tout moment pendant le portage. La période d'incubation peut donc être extrêmement variable, ce qui complique également les investigations épidémiologiques car l'exposition et la transmission peuvent se produire bien avant l'infection ou la détection. »

Epilogue provisoire des foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France : Norovirus inside !

Santé publique de France publie dans Eurosurveillanceun article, « Large commitant outbreaks of acute gastroenterits emergency visits in adults and food-borne event suspected to be linked to raw shellfish, France, December 2019 to January 2020 » ou Importante épidémie liée à des visites aux urgences pour gastro-entérites aiguë chez des adultes et foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France de décembre 2019 à janvier 2020.

Avant de citer des éléments de l'article proprement dit, permettez-moi de situer le contexte …

Santé publique de France nous explique que « Les gastro-entérites aiguës (GEA) hivernales sont souvent virales. Une recrudescence est observée chaque année, en France, comme en Europe, générant une augmentation des consultations médicales pour GEA. »

Par ailleurs, selon une étude de Santé publique de France en population générale réalisée de mai 2009 à avril 2010 en France métropolitaine a estimé que plus de 21 millions d’épisodes de gastro-entérites aiguës virales survenaient chaque année en France.

Si l'on se réfère à un article du BEH de janvier 2018 à propos des infections d'origine alimentaires en France métropolitaine,
Les norovirus apparaissent responsables du plus grand nombre de cas (517 593 cas, soit 34% du nombre total de cas d’origine alimentaire) ; ils sont au 3e rang en nombre d’hospitalisations (3 447 hospitalisations, 20% du nombre total d’hospitalisations pour infection d’origine alimentaire) et au 7e en nombre de décès.

On lira aussi cet article du blog du 13 janvier 2020, Coquillages et norovirus inside !

Autre aspects, les communiqués de Santé publique de France :
  • le 3 janvier 2020, communiqué de Santé publique de France, 668 personnes contaminées, communiqué aujourd'hui disparu, mais heureusement le blog est là, voir ici, mais pas de communiqué sur le site du ministère de l'agriculture … comprenne qui pourra ?
  • le 10 janvier 2020, communiqué de Santé publique de France, « Toxi-infections alimentaires collectives suspectées d’être liées à la consommation de coquillages crus, bilan épidémiologique au 8 janvier 2020 », 1 033 personnes contaminées, voir aussi le blog, ici, mais toujours pas de communiqué sur le site du ministère de l'agriculture …

Autre aspect inquiétant de ces « foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France de décembre 2019 à janvier 2020 », le ministère de l'agriculture n'a fait part d'aucun avis de rappel, laissant le job aux distributeurs et aux entreprises alimentaires ...

Mais là aussi, il y a un souci car apparemment tous les distributeurs ne semblent pas vendre de coquillages en fin d'année, étonnant, non ? car certains n'ont procédé à aucun rappel ...

Pour les avis de rappel, d'après Ouah!, la référence en la matière, en décembre 2019, il n'y a pas eu de rappels de coquillages, mais en revanche 34 en janvier 2020 ; le sujet des rappels ne s'est pas clos avec janvier 2020, car comme l'indique Oulah!, il y a eu 1 rappel en février 2020.

Enfin au niveau des notifications au RASFF de l'UE, il y a eu 2 notifications en décembre 2019, mais aucune notification par la France.
En janvier 2020, il y a eu 28 notifications pour des coquillages de France, dont 4 notifications par la France. Enfin en février 2020, il y a eu 6 notifications au RASFF de l'UE dont 0 notification par la France. La dernière notification date du 20 février ...

Pour situer le contexte, il y a eu 35 notifications au RASFF de l'UE en 2018 pour la présence de norovirus dans des coquillages de France, dont trois notifications par la France. En 2019, léger mieux avec 8 notifications pour la présence de norovirus, dont 2 les 9 et 12 décembre 2019 ; sur ces notifications de 2019, 1 notification a été faite par la France.

Notons que ces « foyers de toxi-infections alimentaires collectives suspectés d'être liés à des coquillages crus en France de décembre 2019 à janvier 2020 » se sont également poursuivis en février chez d'autres Etats membres de l'UE. Le nombre de foyers de TIAC est pour l'instant inconnu ...

Last but not the least, l'article d'Eurosurveillance précité signale qu'il y aura au moins une suite. En effet, les auteurs prévoient d'« estimer l'excès de cas de maladies gastro-intestinales qui a eu lieu pendant la période de Noël et du Jour de l'An via les données de l'assurance maladie qui seront disponible d'ici trois mois. »

Espérons aussi qu'une version française de cet article paraîtra très prochainement.

Dans cette attente, le blog vous propose quelques éléments de cet article :
Le 27 décembre 2019, Santé publique France, l'Agence française de santé publique a identifié grâce à son système de surveillance syndromique (SurSaUD), une forte augmentation du nombre de visites pour des maladies gastro-intestinales, principalement des gastro-entérites aiguës (GEA) et des vomissements enregistrés le 26 décembre 2019.
Cela a été constaté à la fois dans les services d'urgence départementaux du réseau de l'Organisation de la surveillance coordonnée des urgences (OSCOUR) et dans les associations de médecins généralistes (MG) qui assurent les visites à domicile, SOS Médecins.
Parallèlement, les 26 et 27 décembre, un nombre anormalement élevé de foyers de toxi-infections alimentaires collectives (TIAC) suspectées d'être liées à la consommation de coquillage crus ont été signalées à Santé publque de France via le système de surveillance obligatoire. Nous décrivons ici ces épidémies concomitantes et les résultats des investigations.
Alerte d'une épidémie de gastro-entérites
Le nombre de visites pour GEA et vomissements par les services d'urgence départementaux et l'association de médecins généralistes pour des visites à domicile a considérablement augmenté les 26 et 27 décembre ( respectivement, n = 3 925 et 4 896) en France métropolitaine et en Corse chez des personnes de 15 ans et plus, par rapport à la nombre moyen de visites quotidiennes du 1er au 25 décembre 2019 (n = 1 161).
Parallèlement, les 26 et 27 décembre, 43 foyers de TIAC suspectés d'être liés à la consommation de coquillages crus, principalement des huîtres, ont été signalés à Santé publique de France via le système de surveillance obligatoire. Ce nombre était inhabituellement élevé par rapport aux années précédentes. Depuis 2006, entre 3 et 22 foyers de TIAC liés à la consommation de coquillages crus ont été déclarés par an en décembre.
Le ministère français de la santé a été informé le 27 décembre 2019 de l'augmentation du nombre de consultations pour GEA observées via le système de surveillance syndromique, ainsi que du nombre inhabituel de foyers de TIAC signalant un lien suspect avec des coquillages crus.
 Description des foyers de TIAC suspectés d'être liés à la consommation de coquillages crus
Au total, du 11 décembre 2019 au 22 janvier 2020, 197 foyers de TIAC suspectés d'être liés à la consommation de coquillages crus ont été signalés. Les cas ont été définis comme toute personne présentant des symptômes de gastro-entérite dans le cadre d'un foyer de TIAC. Les 197 foyers de TIAC signalés ont touché 1 121 personnes, dont 25 (2,2%) ont été hospitalisées. Aucun décès n'a été signalé. Les cas concernaient principalement des personnes de 15 ans et plus (96,8%; 695/719 cas avec des informations sur l'âge disponibles). Ces foyers de TIAC se sont produits dans toutes les régions de France métropolitaine (aucune foyer de TIAC n'a été notifiée en Corse). Les dates des repas suspects variaient du 3 décembre 2019 au 1er janvier 2020, avec un pic les 24 et 25 décembre (57,4%; 113/197).
Un deuxième pic, plus faible, a été observé le 31 décembre 2019 et le 1er janvier 2020, avec 22 foyers de TIAC signalés (11,2%). Le début des symptômes a varié du 4 décembre 2019 au 3 janvier 2020, avec un pic le 26 décembre. Les symptômes, principalement la diarrhée et les vomissements, et la période d'incubation étaient compatibles avec norovirus ou d'autres infections virales entériques.
Les investigations épidémiologiques entreprises par l'ARS et par les Directions départementales en charge de la protection des populations ont suspecté des coquillages crus, principalement des huîtres, comme une exposition commune des cas dans chacun de ces foyers de TIAC.
L'augmentation de l'activité observée grâce au système de surveillance syndromique étant concomitante à une forte augmentation de foyers de TIAC soupçonnée d'être liée à la consommation de coquillages crus, les événements semblent être liés.
Plusieurs éléments suggèrent que les foyers de TIAC, en plus de l'activité de GEA saisonnière typique, a contribué au pic observé de consultations: (i) l'augmentation très soudaine et forte des visites médicales d'urgence pour les maladies gastro-intestinales suggère des sources communes de contamination par rapport à une transmission d'humain à humain qui aurait été caractérisée par une plus grande diffusion dans la courbe; (ii) le moment des pics pendant les vacances de Noël et du Nouvel An où les huîtres sont plus consommées en France; (iii) l'augmentation concerne principalement les personnes de 15 ans et plus, des individus plus susceptibles de manger des coquillages que les enfants.
Par ailleurs, l'activité de GEA et des vomissements, ainsi que le nombre de notifications des foyers de TIAC ont diminué après le début de la nouvelle année, qui a coïncidé avec la fin de la période des fêtes et donc moins de consommation d'huîtres, ainsi que la fermeture des sites de récolte contaminés.
Rappelons que certains sites de production et de récolte ont été fermés dès le 21 décembre (Morbihan) puis d'autres arrêtés préfectoraux ont suivis… -aa.
Plusieurs foyers de TIAC à norovirus liés à la consommation de coquillages crus ont été décrits au cours des années précédentes pendant les périodes hivernales. Parallèlement, plusieurs pays européens ont signalé des intoxications alimentaires et des contrôles positifs à norovirus sur des lots de coquillages crus exportés de France et provenant de sites de récolte qui ont ensuite été fermés. Au 18 février 2020, deux notifications RASFF supplémentaires ont été publiées par la France les 22 et 24 janvier 2020 concernant une éventuelle contamination par norovirus dans des mollusques bivalves et des mesures de retrait ultérieures (RASFF 2020.0307 et 2020.0362) .En outre, entre le 14 janvier et le 10 février, 18 notifications au RASFF ont été publiés par cinq pays de l’Union européenne (Italie, Pays-Bas, Danemark, Suède et Finlande) concernant la contamination par norovirus d'huîtres vivantes de France (RASFF 2020.0217, 0223, 0292, 0345, 0375, 0431, 0445, 0450, 0458, 0482, 0483, 0498, 0504, 0564, 0571, 0626, 0638, 0654).
Comme vu plus haut, ces chiffres sous-estiment grandement les notifications au RASFF de l'UE : 2 en décembre 2019, 28 notifications en janvier 2020 et 6 en février 2020… -aa.
Aucune circulation d'une nouvelle souche ou variant de norovirus émergent n'a été identifiée par le Centre national de référence (CNR), ce qui aurait pu expliquer l'augmentation observée des GEA au cours de la saison d'hiver en cours. Au 18 février 2020, 28% de toutes les souches identifiées au CNR étaient du génogroupe GI, la même proportion que lors de la saison d'hiver précédente.
Étant donné que les proportions d'hospitalisations après la sortie des urgences et à la suite d'un foyer de TIAC étaient faibles, rien n'indique une maladie grave associée liée à ces éclosions. Une étude précédente estimait que 33,4% des cas de,GEA avaient consulté un médecin et 0,2% étaient allés aux urgences. Par conséquent, le nombre total de cas a été probablement sous-estimé, car de nombreuses personnes atteintes de GEA ne consultent pas pour leurs symptômes bénins.
Des recherches supplémentaires sont nécessaires pour estimer l'ampleur de l'épidémie et évaluer la proportion de cas pouvant être attribués à une intoxication alimentaire après la consommation de coquillages crus. Nous prévoyons d'estimer le nombre excessif de cas de maladies gastro-intestinales survenus pendant la période de Noël et du Nouvel An en utilisant les données de l'assurance maladie qui seront disponibles dans les 3 mois.
La grande quantité de foyers de TIAC signalée soupçonnée d'être liée à la consommation de coquillages crus suggère une contamination étendue des sites de récolte. À la suite de la notification de foyers de TIAC, 31 sites de récolte ont été fermés en raison de la contamination par norovirus, un nombre anormalement élevé par rapport aux années précédentes (11 en janvier 2018 et deux en janvier 2019). Des études antérieures ont montré que la contamination des huîtres par norovirus est généralement liée à une combinaison de conditions environnementales, y compris de fortes pluies avant la récolte. De fortes précipitations peuvent conduire à un débordement des stations d'épuration puis à une contamination fécale de l'eau. En décembre 2019, des précipitations inhabituellement fortes ont été enregistrées sur le territoire métropolitain, ce qui peut avoir contribué à la contamination des sites de récolte par des norovirus humains.
Une étude plus approfondie des facteurs de contamination à grande échelle des zones de production de mollusques doit être menée, en particulier en explorant les données sur les précipitations, les incidents de débordement des usines de traitement des eaux usées et les données sur la contamination fécale de l'eau sur ces sites de production. Cela contribuera à une meilleure compréhension des variables affectant la contamination des mollusques et pourrait être utilisé par les décideurs pour mettre en place des systèmes d'alerte précoce afin de prévenir la récurrence de tels épisodes.
RéférenceFouillet Anne, Fournet Nelly, Forgeot Cécile, Jones Gabrielle, Septfons Alexandra, Franconeri Léa, Ambert-Balay Katia, Schmidt Jeannot, Guérin Patrick, de Valk Henriette, Caserio-Schönemann Céline. Large concomitant outbreaks of acute gastroenteritis emergency visits in adults and food-borne events suspected to be linked to raw shellfish, France, December 2019 to January 2020. Eurosurveill. 2020;25(7):pii=2000060. 

Je suis d'accord pour que des systèmes d'alerte précoce soient mis en place … mais quand, comment, par qui ?

Je pense aussi qu'un site Internet unique aurait été le bienvenue pour éviter une cacophonie dans les informations et les avis de rappel ...

Surveillance du niveau de bactéries résistantes aux antimicrobiens chez les poulets du Royaume-Uni, selon la Food Standards Agency


« Les enquêtes de surveillance de la FSA montrent le niveau de bactéries résistantes aux antimicrobiens chez les poulets britanniques », source article de Joe Whitworth paru le 20 février 2020 dans Food Safety News.

Il y a eu un déclin de E. coli résistants aux antimicrobiens mais pas de Campylobacter chez le poulet d'après l'enquête de la Food Standards Agency (FSA).

Deux enquêtes annuelles ont analysé le poulet réfrigéré vendu au Royaume-Uni, l'un examinant certains E. coli résistants aux antimicrobiens (RAM) et l'autre Campylobacter résistants aux antimicrobiens. Les résultats vont de 2017 à 2018. Une étude précédente portait sur le bœuf et le porc.

L'utilisation d'antibiotiques est importante pour traiter les infections et prévenir les maladies chez les animaux et les humains. Cependant, la surutilisation ou la mauvaise utilisation des antimicrobiens dans les milieux d'élevage et de soins de santé a été liée à l'émergence et à la propagation de micro-organismes qui leur sont résistants, rendant le traitement inefficace et posant un risque pour la santé publique.

Paul Cook, responsable scientifique de la FSA dans l'évaluation des risques microbiologiques, a déclaré: « Bien qu'il existe des preuves de la présence de bactéries RAM chez le poulet vendu au Royaume-Uni, il est encourageant de voir les niveaux se maintenir et même diminuer. Le risque de contracter des infections liées à la RAM en mangeant ou en préparant de la viande contaminée reste très faible tant que vous suivez de bonnes pratiques d'hygiène et de cuisson. »

Résultats pour E. coli résistants aux antimicrobiens
Au total, 309 échantillons de poulet ont été collectés et testés pour E. coli entre janvier et décembre 2018 dans 10 chaînes de supermarchés. Ils comprenaient du poulet entier, des filets de poulet et d'autres découpes comme des quartiers, des cuisses et les pilons. Deux échantillons provenaient de Pologne, mais tous les autres provenaient du Royaume-Uni.

La proportion de prélèvements positifs pour E. coli produisant des bêta-lactamases à spectre étendu (BLSE) est passée de 65,4% en 2013/14 à 29,7% en 2016 et 8,4% en 2018.

Aucun prélèvement de E. coli n'était résistant aux carbapénèmes. Au total, 13 échantillons ont été cultivé sur gélose avec l'antibiotique colistine, mais aucun n'était positif pour les gènes de résistance à la colistine médiés par les plasmides mcr-1, mcr-2 ou mcr-3.

Les échantillons positifs pour E. coli producteurs AmpC sont tombés de 16,3% en 2016 à 5,2% en 2018. La proportion d'échantillons qui ont été cultivés sur gélose contenant du céfotaxime a également diminué en 2018 à 13,6% contre 45,1% en 2016.

Les proportions d'échantillons de poulet avec E. coli avec AmpC+BLSE et le phénotype BLSE étaient plus élevées dans les échantillons sans peau que sur la peau des échantillons.

Quarante-deux échantillons de E. coli étaient résistants au céfotaxime, une céphalosporine de troisième génération. Parmi ceux-ci, 23 ont exprimé une résistance au phénotype BLSE, 16 se sont révélés exprimer une résistance au phénotype AmpC et 3 ont exprimé une résistance au phénotype BLSE et AmpC.

Les isolats avec un phénotype combiné de résistance à BLSE+AmpC étaient en moyenne résistants à plus d'antimicrobiens. Aucun isolat n'était résistant aux antimicrobiens, azithromycine, méropénème, témocilline ou tigécycline.

« Cette réduction du niveau de E. coli résistants aux antimicrobiens sur la viande de poulet depuis 2013/14 peut être liée à l'interdiction par le British Poultry Council de l'utilisation de céphalosporines de troisième et quatrième génération dans les troupeaux utilisés pour la production de viande de volaille au Royaume-Uni en 2012 dans le cadre de la gestion des antimicrobiens », selon le rapport.

Résultats de Campylobacter résistants aux antimicrobiens
L'autre enquête a testé 1769 échantillons de poulet réfrigéré entier, produit au Royaume-Uni entre août 2017 et juillet 2018 pour Campylobacter.

Un total de 393 des isolats de Campylobacter prélevés sur 392 échantillons de poulet vendus en distribution ont été testés pour la RAM sur 1 114 échantillons positifs. Au total, 263 isolats provenaient de grands distributeurs et 130 de petits magasins. Cela comprenait 328 isolats de Campylobacter jejuni et 65 isolats de Campylobacter coli.

Le niveau d'isolats résistants aux antimicrobiens était similaire à ce qui avait été signalé dans l'enquête précédente d'août 2016 à juillet 2017. La découverte d'isolats de Campylobacter résistants aux antimicrobiens sur des poulets signifie qu'il est important de manipuler les oiseaux de manière hygiénique et de les cuire à cœur pour réduire les risques pour la santé publique, selon les chercheurs.

La résistance à la ciprofloxacine a été identifiée dans 52% des isolats de Campylobacter jejuni et un peu moins de la moitié des isolats de Campylobacter coli. Deux isolats de Campylobacter jejuni et deux de Campylobacter coli étaient résistants à l'érythromycine et 52 pour cent des isolats de Campylobacter jejuni et 60 pour cent des isolats de Campylobacter coli étaient résistants à la tétracycline.

Aucun d'entre eux n'était résistant à la gentamicine, tandis que 2% des Campylobacter jejuni et 9% des Campylobacter coli étaient résistants à la streptomycine.

La résistance à plusieurs antibiotiques, donc une résistance à trois classes d'antimicrobiens non apparentées ou plus, a été retrouvée dans six isolats de Campylobacter coli et cinq Campylobacter jejuni. Une proportion plus élevée d'isolats de Campylobacter coli a montré une résistance à plusieurs antibiotiques mais la raison de cela n'est pas bien comprise.

Les pourcentages d'isolats résistants aux fluoroquinolones étaient similaires aux années d'enquête précédentes, mais plus élevés que les données des études antérieures. La proportion de Campylobacter jejuni résistant à la tétracycline était significativement plus faible dans cette étude par rapport aux données antérieures.

Des différences dans les niveaux de résistance à la ciprofloxacine et aux tétracyclines des isolats des oiseaux standard, en libre parcours et bio a été examinée sans aucun résultat significatif.