« Une agence norvégienne évalue le risque Listeria
des sushis », source article
adapté de Joe Whitworth paru le 25 juin 2019 dans Food Safety News.
Un stockage correct
des produits de mer et une bonne hygiène sont importants pour éviter de
contaminer les sushis par Listeria en
quantités pouvant causer des maladies, selon une évaluation des risques en
Norvège.
Le Norwegian Scientific Committee for Food and Environment
(VKM) s'est penché sur la présence de Listeria monocytogenes (Lm)
dans les sushis à la suite d'une demande de l'Autorité norvégienne de sécurité
des aliments (Mattilsynet) afin de mettre à jour son avis sur la consommation
de sushis pour les femmes enceintes et d'autres groupes à risques.
La probabilité que
des groupes à risques soient exposés à Listeria
à des concentrations susceptibles de provoquer des maladies varie selon que l’item
contaminé est consommé sous forme de sushi ou de sashimi, les conditions de
stockage des matières premières et si le produit est fait maison ou acheté.
Selon l'évaluation
de VKM, trois facteurs déterminent si les femmes enceintes et les autres
groupes sensibles exposés à Lm aux
sushis en quantités pouvant entraîner la listériose développent effectivement
la maladie. Ce sont les règles d’hygiène et de sécurité des aliments, les conditions
de stockage des produits de la mer crus du producteur jusqu'à la préparation et
avant la consommation, et si les produits de mer crus sont préparés sous forme
de sushis ou de sashimis.
Le sashimi diffère
du sushi car il ne contient pas de riz mariné au vinaigre. Le vinaigre inhibe
la croissance de Lm, mais cela ne
fonctionne pas s'il n'est pas utilisé correctement. La dilution spécifique, le
pourcentage d'acidité et la durée d'immersion sont obligatoires pour une
utilisation efficace du vinaigre.
Comment minimiser les risques
Taran Skjerdal, qui
a dirigé les travaux d'évaluation, a déclaré que la manipulation des matières
premières était cruciale pour le développement de Lm.
« Les aliments crus doivent être transformés
dans de bonnes conditions d'hygiène, refroidis rapidement et conservés à 4°C ou
moins pendant sept jours au maximum avant la préparation et la consommation des
sushis. Ensuite, le sushi ne contiendra pas la bactérie en quantité supérieure
à la valeur seuil de probabilité accrue de développer une listériose chez les
consommateurs vulnérables. »
Que les sushis
soient faits maison ou achetés affecte la probabilité d'exposition à la bactérie.
« Cela tient en partie au fait que la
température dans le réfrigérateur du consommateur est souvent supérieure à
celle des prestataires professionnels et en partie au fait que les
professionnels ont généralement de meilleures chances de choisir des matières
premières appropriées. Si les prestataires professionnels et les consommateurs
utilisent des matières premières stockées pendant la même durée et à la même
température, la différence par rapport à la quantité de Listeria contenue dans
les sushis est minime », a déclaré Skjerdal.
Skjerdal a ajouté
qu'il était probable que la concentration de Lm soit plus élevée dans les sashimis que dans les sushis. Si le
sashimi est sur un plateau contenant des sushis et stocké, la bactérie se
développera plus rapidement dans les sashimi que dans le sushis. Les sashimis
libèreront également plus de liquide, ce qui pourrait contaminer les sushis si
les morceaux se trouvaient sur le même plateau.
De 2005 à 2018, 661
échantillons de fruits de produits de la mer importés ont été examinés pour
détecter la présence de Lm. Il a été
détecté dans 20 échantillons à une concentration toujours inférieure à 2 log
formant des colonies (ufc) par gramme.
Le manque de données de la littérature a décidé
de la méthode de VKM
Les données sur la
présence de Lm dans les constituants crus
et les sushis, les conditions de stockage réalistes à toutes les étapes de la
chaîne de production et la consommation de sushis n'étaient pas disponibles.
Les chercheurs ont donc mis en place des scénarios offrant les conditions les
moins appropriées, modérées et optimales pour la croissance de Lm.
En utilisant des
scénarios de stockage et de traitement des sushis, VKM a estimé l'exposition à
Lm chez les consommateurs de sushis transformés. Ils ont supposé que le poisson
était déjà contaminé une fois tué, car cela entraînerait la plus grande
croissance possible de Lm dans les
sushis jusqu'à leur consommation.
L’évaluation suppose
que les processus de production a suivi les exigences en matière d’hygiène, de
durée de conservation et de stockage, sauf dans le cas de lacunes en hygiène à
la production et une origine inconnue des matières premières sont utilisés.
Les sushis fabriqués
à partir de matières premières crues transformés dans de bonnes conditions
d’hygiène, puis refroidis rapidement et conservés à 4°C ou moins pendant une
semaine avant préparation et consommation ne donneront pas lieu à des
concentrations de Lm supérieures à 1000 ufc par gramme, sur la base des hypothèses de
l’évaluation.
Pour les poissons et
crustacés contaminés par Lm. au début
du processus de transformation, les concentrations initiales de Lm, ainsi que la durée de vie après
décongélation et la température avant la préparation du sushi, affectent la
concentration finale de Lm dans le
sushi fini. Les espèces de poissons pouvant être conservées pendant de longues
périodes à des températures réfrigérées, telles que le flétan et le thon,
peuvent donc avoir des concentrations plus élevées de Lm que les espèces de poissons qui sont stockées pendant une
période plus courte, en supposant qu'elles soient contaminés par Lm.
Lorsque le scénario
de modélisation indiquait que le produit avait probablement des concentrations
de Listeria supérieures à 1 000 ufc
par gramme à la consommation, il était associé à une probabilité accrue de
listériose chez les femmes enceintes et les autres consommateurs vulnérables.
Le sushi produit à partir de cette matière première et le scénario de stockage
associé ont été jugés risqués.
Pour ces produits,
les scientifiques ont évalué si une température de stockage plus basse
réduirait la probabilité accrue de développement de la listériose à un point
tel que la maladie serait évitée.
Incertitudes
Les incertitudes liées à cette évaluation sont
particulièrement associées à:
- Une information inadéquate sur les conditions de stockage réalistes et la pression de la contamination.
- Des données insuffisantes concernant les conditions de préparation à la maison de ses propres sushis et/ou sashimis
- Des informations inadéquates sur la part du poisson dans la chaîne de production congelé pendant le stockage.
- Des informations inadéquates sur les fruits de mer importés, en particulier les espèces exotiques.
- Des données inadéquates sur la prévalence de la contamination de Lm et les concentrations initiales de Lm dans de poisson contaminé lors de sa mise à mort et/ou lors de la capture.
En France, selon l’InVS,
dans les recommandations pour les personnes à risques, les sushis et sashimis
ne figurent pas parmi les aliments à risque ; idem pour la fiche de
description de danger biologique transmissible par les aliments de l’Anses
relative à Listeria monocytogenes.
Selon une note bibliographique de 2007, « Du souci pour les sushis », il est indiqué :
La consommation de poisson cru ou peu cuit est de plus en plus fréquente en France. Est-ce une mode passagère ? Est-ce lié à la croyance que la chair de poisson cru est « bonne » pour la santé ? L'explosion récente du nombre de restaurants servant des sushis et des sashimis témoigne de ces nouvelles tendances. De plus, la consommation de plats à base de poisson cru lors de voyages à l'étranger (« ceviche » en Espagne ou en Amérique du Sud, « carpaccio » de perche en Italie du Nord, « gravlax » de saumon en Europe du Nord) a contribué à populariser ces habitudes. Pourtant, cela ne va pas sans risque de contamination bactérienne ou parasitaire. Dans les pays industrialisés, la consommation de chair de poisson cru est source de petites épidémies, le plus souvent (80 %) secondaires à des biotoxines ou à une intoxication histaminique, et plus rarement à une cause bactérienne (10 %).
Dans un article du
BEH de 2008 sur la Recrudescence
récente des cas de listériose en France,
il est noté,
De même, il est à évaluer si la consommation accrue de produits crus (sushi, poissons marinés) pourrait être source de nouveaux cas.
Dans le guide PNNS « nutrition pendant et après la grossesse » édité par l’INPES en septembre 2007 (chapitre « prévenir la listériose et la toxoplasmose), il est recommandé aux femmes enceintes de ne pas consommer les coquillages crus, le poisson cru (sushi, surimi, tarama) et les poissons fumés (saumon, truite).
Sans doute qu’une unité des messages en France serait utile …
Vous trouverez différents articles paru sur le blog ici, bon appétit!
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