Attention ! Votre banal sandwich aux graines de pavot pourrait bien contenir… de la morphine et de la codéine. Ces alcaloïdes ont été retrouvés, à des taux anormalement élevés, dans les urines de personnes ayant consommé récemment ce type de pain.
Alertées par le Centre antipoison de Paris, la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) et la Direction générale de la santé recommandent « d’éviter la consommation de produits de boulangerie contenant des quantités significatives de graines de pavot », en attendant le résultat de l’enquête.
Le professeur Jean-Claude Alvarez, chef du service de pharmacologie-toxicologie du centre hospitalier universitaire Raymond-Poincaré (AP-HP), à Garches (Hauts-de-Seine), est à l’origine de l’alerte.
En
effet, selon un communiqué
de presse de la DGS et de la DGCCRF du 1er mars 2019
« Signalement
aux autorités sanitaires de teneurs anormalement élevées en
alcaloïdes dans des graines de pavot : des investigations sont en
cours ».
Dans ces conditions et dans l’attente des résultats des investigations en cours, il est vivement recommandé d’éviter la consommation de produits de boulangerie contenant des quantités significatives de graines de pavot, en particulier avant d’exercer une activité nécessitant une attention particulière (conduite par exemple) ou pour les populations les plus à risque (femmes enceintes ou allaitantes, enfants, personnes ayant un risque de rétention urinaire et personnes à risque respiratoire).
L’exposition à de telles teneurs en alcaloïdes est susceptible de conduire rapidement et pendant plusieurs heures à des symptômes de type somnolence, confusion, fatigue, rougeur du visage, démangeaisons, bouche sèche, nausées, vomissements, constipation, rétention d’urine.
Les personnes qui viennent de consommer ces produits et qui présentent les symptômes précités sont invitées à contacter un Centre Antipoison en mentionnant cette consommation (coordonnées des Centres Antipoison et de toxicovigilance : http://www.centres-antipoison.net/).
En l'absence de symptômes dans les heures qui suivent la consommation des produits concernés, il est inutile de s'inquiéter et de consulter un médecin.
La question qui peut se poser est, a-t-on suivi les recommandations de l'EFSA ...
Dans
l'avis de
l'EFSA du16 mai 2018 sur « Alcaloïdes
de l'opium dans les graines de pavot : mise à jour de
l’évaluation »,
il est indiqué :
L'EFSA
a mis à jour son évaluation des risques liés aux alcaloïdes de
l'opium dans les graines de pavot, confirmant plusieurs de ses
conclusions antérieures, notamment la quantité de ces substances
pouvant être consommées en toute sécurité. Ce dernier avis étend
également les preuves qui devraient être prises en compte lors du
calcul du risque éventuel pour les consommateurs.
L’évaluation
précédente de
l'EFSA, publiée en 2011, fixait le niveau sûr – ou la dose de
référence aiguë (DARf) – à 10 μg par kilogramme (kg) de poids
corporel sur la base de la teneur en morphine des graines de pavot.
La
Commission européenne a demandé à l'EFSA de mettre à jour son
avis scientifique en tenant compte des nouvelles données sur la
teneur en alcaloïdes des graines de pavot soumises à l'EFSA depuis
2011.
Le
nouvel avis confirme le niveau de sécurité de 10 μg/kg de poids
corporel mais, cette fois-ci, en tant que « DARf de groupe » qui,
outre la morphine, prend en compte la teneur en codéine dans le
calcul de l'exposition alimentaire.
En
effet, les nouvelles données montrent que, dans certains
échantillons de graines de pavot sur le marché européen, la
concentration en codéine peut être supérieure à la concentration
en morphine.
Ce
niveau de sécurité pourrait être dépassé par les personnes qui
consommeraient de grandes quantités de graines ou d'aliments
contenant des graines de pavot non transformées. En raison de la
quantité limitée de données sur les produits alimentaires
contenant des graines de pavot, le groupe scientifique de l'EFSA sur
les contaminants de la chaîne alimentaire a mis en évidence
certaines incertitudes dans les estimations de l'exposition.
Le
groupe scientifique note également que les étapes de transformation
des aliments, telles que le lavage, le traitement thermique ou le
broyage, sont susceptibles de réduire la teneur en alcaloïdes des
graines de pavot entre 25 et 100%.
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