Décidément, il faut en permanence vérifier les informations
que l’on vous livre, je sais bien que les journalistes ne sont que des « Marchands
de nouvelles » plus ou moins orientées, pour reprendre le titre de
l’excellent livre d’Ingrid Riocreux, mais tout de même, en voici ici quelques
exemples … avec Listeria comme centre
d’intérêt …
Ainsi en est-il de ce titre de La Dépêche.fr du 22 mars 2019 : Alerte à la listeria :
des traces de la bactérie retrouvées dans un plat servi à 2000 élèves de
l'Aveyron.
Le terme « traces
de Listeria » évoque en moi des souvenirs anciens et j’aimerai ici citer quelques uns des articles commis entre 2009 et 2013 sur ce sujet,
- Listeria, ce pathogène qui laisse des traces …
- Des traces de Listeria font leur apparition !
- Les traces et les soupçons de Listeria
- Des traces de Listeria existent, je les ai rencontrées !
Il subsiste encore, hélas, une erreur souvent commise, les « traces de Listeria ». L’idée sans doute véhiculée est de dire « c’est sans doute présent, mais il y en a très peu
comme un résidu de contaminant chimique ».
« Rappelons ici qu’un contaminant biologique et notamment une contamination par Listeria monocytogenes ne se mesure pas par des traces mais par un nombre de bactéries par gramme, quand la quantification est possible. En effet, les méthodes microbiologiques utilisées, pour l’analyse des aliments vis-à-vis de ce germe, sont soit des méthodes de recherche, soit des méthodes de dénombrement. Les méthodes de recherche de Listeria dans les aliments consistent à rechercher la présence de Listeria dans une certaine quantité d’aliment ».
Comme indiqué, l’expression « traces
de Listeria » est
courante car malheureusement la culture scientifique n’est pas l’apanage de
nombreux journalistes et médias … on en sait quelque chose …
Ensuite,
« Pas de quoi paniquer », selon les services de l'Etat, qui affirment que « dans la majorité des cas, il ne se passera rien ».
Souhaitons-le, mais est-ce bien le rôle des services de l’Etat
de tenir de tels propos ?
Comme me rapporte un internaute de l’Aveyron qui m’a
transmis l’information, « À ce compte là, à quoi cela sert-il
de faire des rappels lorsqu'il y a présence de listeria ? »
Une analyse menée dans une cantine scolaire sur un plat de salade italienne a révélé la présence de la bactérie.Le traiteur, en l'occurrence L'Auberge de Bruéjouls, a subi au lendemain de cette découverte un contrôle des services vétérinaires qui n'a rien montré d'anormal. Le responsable de l'établissement, dépité, aimerait lui aussi connaître l'origine de la présence de cette bactérie, qui peut provoquer des maux de tête et de la fièvre. La listeria est surtout dangereuse pour les femmes enceintes, mais ces dernières ne figurent heureusement pas dans le public concerné.
Attendons et souhaitons que tout se passe pour le mieux
…
Dans le cadre de l’information « restons calme, no panic », la revue 60 millions de
consommateurs rapporte le 3 octobre 2018 à propos de « La
listeria, risques et précautions »,
Cet organisme est responsable de la listériose, une grave infection alimentaire : 20 à 30 % des cas aboutissent au décès du malade (et même au-delà chez les enfants à naître). Inutile cependant de déclencher une hystérie collective, les cas restent rares : l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) en dénombre moins de 400 par an.
Pas d’hystérie
collective donc et « Pas de quoi
paniquer » nous dit-on …
Cela étant, pour information, ce n’est pas l’Anses qui
dénombre les cas de listériose en France, mais l’InVS
qui dépend de Santé publique de France.
Et si l’on se penche sur ce que l’Anses sur la listériose,
on découvre :
La listériose en chiffres. Chaque année, 300 cas de listériose environ sont enregistrés en France. Il s’agit de cas isolés les uns des autres (sporadiques), aucune épidémie n’a été identifiée en France depuis 2003. En 2006, le nombre de cas recensés a augmenté, sans raison identifiée, puis s’est stabilisé en 2008. En 2010, on dénombrait 4,9 cas de listériose/million d’habitants et 5,2 cas pour 100 000 naissances.
Sur les épidémies, signalons pour mémoire ces deux
publications de 2014 et 2016 :
- Tourdjman M, Donguy MP, Leclercq A, Fredriksen N, Remonnay J, Chenal-Francisque V et al. Épidémie d’infections à Listeria monocytogenes dans l’est de la France, 2014. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2016. 8 p.
- Tourdjman M, Leroux B, Leclercq A, Laurent E, Chenal-Francisque V, King L, et al. Épidémie d’infections à Listeria monocytogenes liée à la consommation de brie au lait cru – France, 2012. Saint-Maurice : Institut de veille sanitaire ; 2014. 15 p.
Les chiffres cités n’ont pas été réactualisés, et il y a eu
de 2013 à 2017, respectivement 369, 373, 413, 375 et 371 cas de listériose en France
entière. L’incidence par millions d’habitants de 2013 à 2017 est respectivement
de 5,6, 5,6, 6,2, 5,6 et 5,5.
La listériose touche préférentiellement les sujets âgés, les femmes enceintes, les nouveau-nés, et les personnes dont le système immunitaire est altéré, en particulier les personnes atteintes de cancer, de maladies du foie, celles ayant eu une transplantation et les patients dialysés. Plus rarement, des personnes apparemment en bonne santé peuvent être affectées. Le risque de développer une listériose peut être réduit par le respect de bonnes pratiques d’hygiène alimentaire.
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