samedi 2 mars 2019

Le bœuf polonais et accessoirement Salmonella pomme de discorde entre la République tchèque, la Pologne et la Commission européenne


« La République Tchèque refuse de transiger à propos des contrôles sur le bœuf polonais », source article de Joe Whitworth paru le 2 mars 2019 dans Food Safety News.

La République tchèque a rejeté une demande de la Commission européenne visant à supprimer les mesures vétérinaires extraordinaires appliquées à la viande bovine en provenance de Pologne à la suite de la détection de Salmonella.

Le commissaire Vytenis Andriukaitis a adressé une lettre aux autorités tchèques le 25 février pour demander la levée des mesures d'ici la fin de la semaine. Maintenant que cela a été refusé, les États membres de l'UE voteront la semaine prochaine sur le point de savoir si la Commission européenne devrait ordonner la fin des mesures.

La République tchèque a informé la Commission européenne que Salmonella avait été retrouvé dans du bœuf de Pologne et était en contact avec les deux autorités nationales.

Une notification de la République tchèque au système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), en date du 21 février, a montré la présence de Salmonella Enteritidis dans du bœuf réfrigéré en provenance de Pologne, qui a également été distribué en Slovaquie. Le 27 février, une autre notification mentionnait la même souche d'agent pathogène dans les cuisses de poulet congelées de Pologne. La distribution comprenait à nouveau la Slovaquie.

Le ministère de l'agriculture et du développement rural de la Slovaquie a également mis en place des mesures concernant le bœuf en provenance de Pologne. Elle utilise des analyses de laboratoire pour vérifier la présence de bactéries et de résidus de médicaments vétérinaires dans ces produits avant leur mise sur le marché.

L'importateur doit mettre en place des analyses
L'administration vétérinaire nationale de la République Tchèque (SVS) a ordonné le retrait de 700 kg de bœuf de Pologne à la suite de la constatation de la présence de Salmonella le 20 février et a mis en place des mesures exceptionnelles exigeant que tout le bœuf polonais soit analysé dans un laboratoire agréé payé par l'importateur avant sa mise sur le marché.

« Chaque morceau de bœuf de Pologne devant être importé devra être examiné par l'importateur avant d'être mis sur le marché aux fins de protection de la santé. Nous devons protéger efficacement la santé des consommateurs », a déclaré Miroslav Toman, ministre tchèque de l'agriculture.

Des responsables de la République Tchèque ont informé la Commission européenne la semaine dernière de ses mesures vétérinaires extraordinaires visant à contrôler systématiquement la viande bovine en provenance de Pologne et la présence de Salmonella. La Commission a examiné les mesures et a conclu qu'elles semblaient disproportionnées par rapport à l'incident.

Anca Paduraru, porte-parole de la Commission européenne, a déclaré que la mesure jugée disproportionnée était un fardeau imposé aux opérateurs.

« La République Tchèque peut prendre des mesures, elle peut imposer des contrôles, il existe une législation européenne qui leur permet de prendre les mesures nécessaires pour se protéger. C’est une prérogative des autorités nationales, personne ne les empêche de prendre des mesures proportionnées », a-t-elle déclaré à Food Safety News.

« Le problème est qu’on impose un fardeau aux opérateurs tchèques. Selon nos informations, la mesure prise par SVS consisterait en une obligation pour les opérateurs tchèques qui reçoivent de la viande bovine de Pologne de faire procéder à des analyses de laboratoire de tous les lots de ce produit pour détecter la présence de Salmonella. Les opérateurs tchèques doivent donc exécuter eux-mêmes les analyses, ce qui impose un fardeau qui n'est pas remboursé par l'État et cela prend du temps et de l'argent. »

« Ce ne sont pas les autorités tchèques qui effectuent les contrôles à la frontière ou de faon aléatoire, elles imposent une charge aux opérateurs tchèques. Mais cette mesure imposée aux opérateurs est considérée comme disproportionnée par rapport à l’incident et elle peut créer des perturbations dans les échanges sur le marché intérieur de l’UE. Les opérateurs tchèques peuvent cesser d'acheter du bœuf en provenance de Pologne. L'intention devrait être de protéger le consommateur et c'est l'objectif de la législation de l'UE de garantir la sécurité des aliments et la protection des consommateurs. »

Paduraru a dit que les discussions étaient en cours et qu'elle ne pouvait pas anticiper la suite des événements.

Tournage secret dans un abattoir polonais
C'est le dernier litige concernant la Pologne et la viande. Un abattoir aurait abattu des vaches malades et envoyé la viande dans 13 pays de l'UE le mois dernier.

Une équipe d'auditeurs de la Commission européenne s'est rendue en Pologne du 4 au 8 février pour évaluer la situation des contrôles officiels effectués sur le terrain. Le rapport a été envoyé aux autorités polonaises le 21 février afin que les commentaires soient finalisés et publiés fin mars. Une évaluation générale du système de contrôle polonais de la viande était déjà prévue pour mars.

Le vétérinaire en chef polonais a fait un exposé devant le Comité pour la sécurité biologique de la chaîne alimentaire pour les plantes, les animaux, les denrées alimentaires et les aliments pour animaux à propos de l'incident du mois dernier.

« Les conclusions préliminaires, présentées aux États membres lors d'une commission permanente le 11 février, font apparaître un certain nombre de lacunes dans la mise en œuvre du système de contrôle officiel dans l'abattoir impliqué. À la demande de la Commission, le vétérinaire en chef polonais a présenté un état des lieux aux États membres », a déclaré Paduraru.

« La Commission a écrit aux autorités polonaises pour leur demander de présenter un 'plan d'action' visant à remédier aux insuffisances constatées lors de l'audit. Nous attendons également un rapport mensuel sur les audits effectués et les actions entreprises. Le vétérinaire en chef polonais a répondu et nous analysons actuellement la réponse. »

Complément. La République Tchèque vient de lever les contrôles sur la viande polonaise, source Food Safety News du 23 mars 2019.

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