vendredi 9 octobre 2020

Parution du rapport 2019 du RASFF : + 17% de notifications en plus par rapport à 2018 pour les micro-organismes pathogènes. C'est open bar pour les pathogènes !

Je vous ai proposé un avant-goût de ce qu'est le nouveau rapport 2019 du RASFF dans des premiers éléments à considérer.

Voici donc une suite plus documentée et nouveauté cette année dans le rapport 2019 du RASFF, l'intégration du réseau d'Assistance Administrative et de Coopération ou AAC avec le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF).

Plutôt que de parler de RASFF, il semble que l'on devrait plutôt parler de iRASFF, selon la Commission européenne.

iRASFF est la nouvelle application en ligne grâce à laquelle les 32 pays membres du RASFF peuvent transmettre de nouvelles notifications sur des produits présentant un risque ou assurer le suivi des notifications précédemment transmises par d'autres membres. Il fonctionne comme une plateforme interactive en ligne et dispose d'un flux de travail spécifique pour permettre aux membres du réseau de collaborer sur les notifications de manière transparente. Il est conçu pour fonctionner à la fois au niveau national et européen. Un autre avantage est qu'il relie plus efficacement les notifications RASFF à d'autres systèmes tels que le système de commerce et de contrôle (TRACES) et le système informatique de fraude alimentaire.

Ainsi l'évolution du nombre de notifications au RASFF et à l'AAC au cours de la période de 2017 à 2019 révèle une montée en puissance rapide pour les notifications de non-conformités signalées via l'AAC.

Par exemple, en 2019, la France a demandé une AAC pour non-conformités à 42 reprises contre 44 aux Pays-Bas, 57 à la Belgique, 60 à l'Espagne, 270 à l'Autriche et ...787 à l'Allemagne.

Principaux résultats bruts en 2019

Un total de 4 118 notifications originales ont été transmises via RASFF, dont 1173 ont été classés comme alertes, 546 comme informations pour suivi, 882 comme information pour l'attention, 1 499 comme rejet aux frontières et 18 comme nouvelles. Ces notifications originales ont donné lieu à 10 388 notifications de suivi, représentant une moyenne de 2,5 suivis par notification originale. Pour les notifications d'alerte ceci la moyenne passe à 5,5 suivis par notification initiale.

Par rapport à 2018, le nombre de notifications d'alertes, impliquant un risque grave pour la santé d'un produit circulant sur le marché, a augmenté de 5%. L'augmentation en alertes est significatif pour la sixième année consécutive.

Les chiffres globaux présentent une augmentation significative de 10% de notifications originales par rapport à 2018 et une légère baisse de 1% des notifications de suivi, résultant en une augmentation globale de 2%.

Voici ces mêmes résultats pour 2017 et 2018, et vous pourrez le constater, tout augmente …

En 2017, un total de 3 832 notifications originales ont été transmises via le RASFF, dont 942 ont été classées en alerte, 596 en tant qu'informations pour suivi, 706 en tant qu'informations à l'attention et 1 588 en tant que notification de rejet aux frontières. Ces notifications originales ont donné lieu à 9 117 notifications de suivi, ce qui représente une moyenne de 2,4 suivis par notification initiale. Pour les notifications d'alerte, cette moyenne s'élève à 6,1 suivis par notification d'origine. Par rapport à 2016, le nombre de notifications d'alertes, impliquant un risque grave pour la santé d'un produit en circulation sur le marché, a augmenté de 11% avec 24% de suivis en plus transmis.

Les chiffres globaux présentent une augmentation très significative de 28% des notifications originales par rapport à 2016, ainsi qu'une augmentation de 25% des notifications de suivi, ce qui se traduit par une augmentation globale de 26%. Il faut remonter douze ans à 2005 pour voir une augmentation relative d'activité de cette ampleur dans le RASFF.

In 2018, un total de 3 699 notifications originales ont été transmises par le biais du RASFF, dont 1 118 ont été classées comme alerte, 493 comme information pour le suivi, 675 comme information pour attention, 1401 comme notification de rejet aux frontières et 12 comme nouvelles notifications. Ces notifications initiales ont donné lieu à 10 484 notifications de suivi, ce qui représente une moyenne de 2,8 suivis par notification initiale. Pour les notifications d'alerte, cette moyenne s'élève à 5,8 suivis par notification d'origine. Par rapport à 2017, le nombre de notifications d'alertes, impliquant un risque grave pour la santé d'un produit en circulation sur le marché, a augmenté de 19% avec 13% de suivis en plus transmis. L'augmentation des alertes est significative pour la cinquième année consécutive.

Les chiffres globaux présentent une légère baisse de 4% des notifications initiales par rapport à 2017 (après une forte augmentation en 2017) et une augmentation de 14% des notifications de suivi, ce qui se traduit par une augmentation globale significative de 9%.

Eclosion d'origine alimentaire
Une éclosion d'origine alimentaire peut être signalée par une seule notification au RASFF ou via plusieurs notifications liées à un événement épidémique particulier, dans lequel un incident de ce type est identifié.

En 2019, 64 notifications ont été déclenchées par une intoxication alimentaire. Dans ces rapports, le terme «intoxication alimentaire» fait référence à tout ce qui déclenche une réaction. Pas seulement des bactéries ou virus pathogènes mais aussi une contamination chimique, composition dangereuse d'un aliment ou la présence d'un allergène comme substance qui n'est pas étiquetée, à condition que le pays notifiant ait signalé que les consommateurs étaient affectés par la consommation de l'aliment. Donc il y a probablement plus de notifications concernant les résultats qui ont nui aux consommateurs, mais qui n'ont pas été signalés explicitement.

Au total, 40 notifications concernaient des éclosions d'origine alimentaire en 2019 ; la plupart des éclosions d'origine alimentaire signalées sont donc rapportées dans une seule notification au RASFF. Sur ces 40 notifications d'éclosions d'origine alimentaire, 14 ont identifié Salmonella comme la cause probable, 11 concernaient Listeria monocytogenes et sept notifications ont identifiés norovirus.

Le rapport dresse aussi le nombre d'épidémies dans plusieurs pays (multi pays) de l'UE qui sont au nombre de huit. Entre parenthèses vous avez le ou les numéros des notifications au RASFF de l'UE, il suffit de vous reporter au portail du RASFF pour retrouver la ou les notifications.
  1. Multi-country outbreak of Salmonella Poona infections linked to consumption of rice milk infant formula (RASFF news 2019.0224 by France)
  2. Multi-country outbreak of Listeria monocytogenes clonal complex 8 infections linked to consumption of cold-smoked fish products (RASFF 2018.0394, 2018.1833, 2018.2003, 2018.2870, 2018.3687, 2018.3808, 2019.0806, 2019.0999)
  3. Multi-country cluster of monophasic Salmonella Typhimurium infection in EU Member States (RASFF 2018.0895, 2018.2772, 2019.0690, 2019.0822, 2019.0286, 2019.0907, and 2019.1920)
  4. Multi-country outbreak of Listeria monocytogenes sequence type 6 infections linked to ready-to-eat meat products (RASFF 2019.3490)
  5. Foodborne outbreak caused by Salmonella enterica ser.Bredeney in chilled cooked pork prepa­ration from Romania, with raw material from Italy and Belgium (RASFF 2019.2572)
  6. Multi-country outbreak of Salmonella München infections in EU/EEA countries (RASFF 2019.0038, 2019.0807, 2019.0817, 2019.1490, and 2019.1633)
  7. Foodborne outbreak suspected to be caused by Salmonella enterica ser.Enteritidis in eggs from Poland (RASFF 2019.2765)
  8. Multi-country spread of Salmonella Coeln strains in EU Member States (RASFF news 2019.2879 by EFSA)
Notifications au RASFF par pays notifiant en 2019
La France n'a pas une 'tradition' de pays qui notifie beaucoup contrairement à l'Allemagne, l'Italie, les Pays-Bas et le Royaume-Uni. La France a moins notifié en 2019 qu'en 2018 (voir les résultats page 21 du rapport). Est-ce un problème de ressources humaines ?

Notifications au RASFF par pays à l'origine de la notification en 2019
La Pologne est le grand vainqueur avec 304 notification pour des produits d'origine Pologne. La France est seconde avec 194 notifications. C'est mieux qu'en 2018 où il y avait eu 215 notifications mais moins bien qu'en 2017 où il n'y avait eu que 13 notifications.

Derrière la seconde place de la France, il y a deux pays, l'Espagne et l'Allemagne, avec respectivement, 193 et 191 notifications.

Top 10 des principales catégories de dangers dans les produits originaires  d'un Etat-membre de l'UE
Micro-organismes pathogènes
575 notifications
Il y a eu 17% d'augmentation dans les notifications de micro-organismes pathogènes en 2019 par comparaison à 2018.

Salmonella
Salmonella est l'agent pathogène le plus fréquemment signalé dans les aliments des pays membres (371 notifications, en hausse de 51%). Il en va de même pour les non-Etats membres (347 notifications).

La viande occupe la majeure part des notifications, la viande de volaille en particulier en raison de la sécurité des aliments avec le critère absence de Salmonella Typhimurium et Enteritidis dans la viande de volaille fraîche. Il y a eu 181 notifications en ce qui concerne Salmonella dans les produits avicoles originaire de Pologne. Environ la moitié d'entre eux concernaient Salmonella Enteritidis ou Salmonella Typhimurium, pour lequel un critère de sécurité des aliments est fixé dans la volaille fraîche. Quatorze opérateurs ont été identifiés comme récurrents.

Listeria monocytogenes
Listeria monocytogenes dans les produits à base de poisson fumés à froid et prêts à consommer des produits carnés étaient en 2019 des causes importantes d'épidémies d'origine alimentaire. Listeria monocytogenes est particulièrement dangereux et même mortel pour les personnes dont le système immunitaire est affaibli. Listeria monocytogenes a été notifiée 16 fois dans des fromages de France (souvent à base de lait cru). Deux opérateurs ont été identifiés comme récurrents.

Escherichia coli producteurs de shigatoxines
32 notifications. Escherichia coli producteurs de shigatoxines peut causer des maladies d'origine alimentaire en raison de capacité à produire des toxines. La contamination est d'origine animale ou humaine et est donc le plus souvent retrouvé sur des produits de viande (non traités thermiquement), 15 notifications et des fromages,14 notifications.

Norovirus
Il y a eu 17 notifications (en baisse de 64%) dont huit ont signalé la présence de norovirus dans les huîtres de France. Deux notifications concernaient des groseilles rouges congelées en provenance de Pologne. Là, ce n’étaient pas d’opérateurs récurrents.

Allergènes
194 notifications (soit une augmentation de plus de 30%)
Il est intéressant de noter que les pays qui notifient les problèmes d'allergènes dans des produits sont des produits de leur propre pays.

Corps étrangers
137 notifications
Les trois types les plus fréquemment rencontré sont le métal, le verre et le plastique.

Autres dangers présents dans les notifications
  • composition
  • métal
  • nouvel aliment
  • autres contaminants microbiologiques
  • mycotoxines
  • étiquetage absent / incomplet / incorrect
  • toxines naturelles (autres)
Il y aurait beaucoup à dire sur le danger 'autres contaminants microbiologiques', car de nombreux pays rapportent la présence de pathogènes dans cette catégorie de danger.

Top 3 des principales catégories de dangers et de produits originaires de pays non membres de l'UE
Comme d'habitude, les problèmes relatifs aux mycotoxines et aux micro-organismes pathogènes sont les principaux problèmes pour les produits des pays non-membres de l'UE, les mycotoxines étant le type de danger le plus rapporté.

Mycotoxines
534 notifications, principalement des aflatoxines suivies par l'ochratoxine A et le déoxyvalénol.

Micro-organismes pathogènes
399 notifications
La plupart des problèmes signalés sur les agents pathogènes dans les aliments provenant de pays non membres de l'UE concernent toujours les découvertes de Salmonella. Salmonella a été principalement notifiée dans des graines de sésame (184 notifications), suivie de la présence de Salmonella dans des herbes et épices (88 notifications). Le Soudan était le pays d'origine le plus notifié (99 notifications sur les graines de sésame). Le Brésil a été notifié 65 fois concernant la présence de Salmonella dans du poivre noir.

Résidus de pesticides
253 notifications

Complément.

En ce qui concerne les maladies d'origine alimentaire et hydrique et zoonoses (EPIS-FWD) :
En 2019, 88 demandes urgentes (DU) ont été lancées par 23 pays participants (sur un total de 52 pays du réseau) ou par l'ECDC (une DU). Le plus souvent, les DU étaient liées à la salmonellose (44%), suivie de la listériose (23%), et les infections à Escherichia coli productrieurs de vérocytotoxines (VTEC) (12%) et hépatite A (9%).
En moyenne, 11 pays ont répondu à chaque DU et 31 ont répondu à au moins une.
En 2019, l'ECDC et l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) ont produit trois évaluations rapides conjointes liées à des épidémies.
La participation à EPIS FWD a augmenté. Le nombre de DU lancées en 2019 était le plus élevé depuis la plateforme a été lancé et 54% de plus que la moyenne annuelle affichée au cours des cinq dernières années. Les années précédentes, une moyenne de 57 DU ont été publiées sur la plateforme.

Mise à jour du 10 octobre 2020. On lira l'article de Joe Withworth dans Food Safety News, Les notifications au RASFF dépasse la barre des 4 000 en 2019.

Le graphe ci-dessous se passe de tout commentaire ...

Cliquez sur l'image pour l'agrandir

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.