Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de
produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à
nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux
entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un
manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire
une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.
Je
relaie bien volontiers l’article « Glyphosate
: désinformation et mensonge d'Etat »,
par
Gérard
Kafadaroff, André Fougeroux, Jean-François Proust, Philippe
Joudrier paru
le
26/11/2019 dans
La
Tribune .fr.
OPINION.
La façon dont a été traité le cas de cet herbicide sur les plans
politique et médiatique illustre une dérive inquiétante quand au
rapport de nos gouvernements à la science et à la vérité. Par
Gérard Kafadaroff, André Fougeroux, Jean-François Proust,
Ingénieurs agronomes, Philippe Joudrier, Directeur de recherche
honoraire INRA, membres du Collectif Science-Technologies-Actions.
« Le
monde se nourrit d'un peu de vérité et de beaucoup de mensonges »
Romain Rolland
Pendant
près de 50 ans le glyphosate a été utilisé à la satisfaction des
agriculteurs, des collectivités, des entreprises (SNCF notamment),
des jardiniers amateurs, sans susciter le moindre problème
sanitaire.
Les
écologistes ont commencé à le dénigrer lorsque, en 1996, Monsanto
a lancé des plantes génétiquement modifiées tolérant le
glyphosate, les fameux OGM diabolisés en France alors qu'adoptés
massivement dans la plupart des grands pays agricoles.
L'hostilité
au glyphosate a monté d'un cran, en 2012, lors de la publication à
grand fracas d'une étude de Gilles-Eric Séralini, scientifique
militant, cherchant à prouver la dangerosité du maïs transgénique
traité avec du glyphosate sur des rats de laboratoire. Une étude
très bien orchestrée sur le plan médiatique mais discréditée par
la suite sur le plan scientifique.
Enfin
le classement du glyphosate « cancérogène probable »
par le CIRC (Centre international de recherche sur le cancer) a
achevé le travail de démolition du fameux désherbant. Les
militants de l'écologisme politique, suivis par les décideurs
politiques, se sont emparés de cette information et l'ont
instrumentalisé sans vergogne, en occultant les avis favorables de
toutes les agences sanitaires dans le monde, y compris ceux de l'OMS
(Organisation mondiale de la santé), maison-mère du CIRC, ou encore
le classement de la viande rouge identique à celui du glyphosate.
Décision
irréfléchie
Ainsi,
pour séduire l'électorat écologiste et procéder à l'interdiction
politique du glyphosate, le Président Emmanuel Macron s'est appuyé
sur de fausses informations ! Un véritable scandale d'Etat !
Pire, cette décision irréfléchie a été prise contre l'avis
des agences sanitaires compétentes (ANSES, EFSA, ECHA),
sans une véritable analyse risques/bénéfices, sans véritable
concertation avec les professionnels concernés et en l'absence de
solutions alternatives.
Dans
la lignée de Ségolène Royal et sous influence de Nicolas Hulot,
tous deux hostiles au glyphosate, Emmanuel Macron a voulu afficher sa
fibre verte, en se portant à la tête de la croisade contre le
glyphosate lors du renouvellement de son autorisation proposée à
l'origine pour 15 ans puis pour 10 ans par la Commission européenne.
Après deux ans de discussions byzantines, une majorité qualifiée
des Etats membres a tranché en novembre 2017 pour un renouvellement
de l'autorisation limité à 5 ans, la France, vertueuse, optant pour
une « sortie
du glyphosate »
en
3 ans, malgré son engagement de ne pas sur-transposer les
décisions européennes. Un mois avant, Le
Monde publiait
une pétition de 54 députés de la majorité demandant
l'interdiction du glyphosate « le
plus rapidement possible »...
Hystérie
collective
Il
n'en fallait pas plus pour déclencher une hystérie collective sur
le glyphosate alimentée par la surenchère des militants
écologistes, des réseaux sociaux et d'une majorité des médias.
Une
paranoïa sécuritaire marquée par le déferlement de déclarations
démagogiques et alarmistes de dizaines d'experts auto-proclamés, de
maniaques de l'interdiction, toutes marquées par l'ignorance de la
réalité agronomique et de données scientifiques incontestables.
Une
édifiante illustration de la démocratie d'émotion, du catéchisme
de la pensée unique et de l'idéologie postmoderne en délicatesse
avec la démarche scientifique.
Un
inquiétant consensus quasi général reposant sur un mensonge d'Etat
dans le pays de Descartes et Voltaire…
Depuis
la décision d'Emmanuel Macron, les responsables politiques
découvrent peu à peu la réalité du glyphosate et les graves
conséquences pour les agriculteurs d'une « sortie
du glyphosate »qu'ils
tentent de corriger à travers dérogations et reports de date
d'interdiction. Quant aux alternatives promises, après deux ans de
gesticulation et de fausses promesses, elles se résument pour
l'essentiel à un retour au travail mécanique. C'est-à-dire, une
augmentation des coûts de production, des émissions de CO2 et un
coup d'arrêt aux techniques de conservation des sols (semis directs
et couvert du sol permanent) qui constituent le meilleur modèle pour
l'agroécologie en termes de fertilité des sols, de lutte contre
l'érosion, de piégeage de CO2 dans le sol et d'amélioration de la
biodiversité.
L'interdiction
du glyphosate programmée pour fin 2020 va à l'encontre d'une
agriculture agroécologique pourtant fortement promue, sans susciter
la moindre interrogation des responsables politiques de tous bords et
bénéficiant de l'étonnante passivité du milieu scientifique et de
la tiédeur des organisations professionnelles agricoles pourtant
directement concernées.
Cependant,
il faut noter les critiques émises en novembre 2019 par la mission
parlementaire « sur
le suivi de la stratégie de sortie du glyphosate », pointant
les importants surcoûts et les difficultés engendrées pour les
agriculteurs.
Autre
preuve de l'incurie du pouvoir : l'annonce en juillet 2019 d'une
nouvelle étude sur la cancérogénicité du glyphosate, demandée
par les ministres de l'Agriculture, de la Santé, de la Recherche et
de l'Ecologie, d'un coût de 1,2 million d'euros, dont les résultats
seront disponibles dans 18 mois ! Un nouveau gaspillage d'argent
public alors qu'il y a consensus scientifique international sur la
non-dangerosité du glyphosate et que son sort semble déjà
scellé en France.
Des
médias s'éloignant du journalisme
A
part quelques exceptions notables, les médias ont trop souvent
dérogé à la déontologie du journalisme, privilégiant les
informations anxiogènes sans en vérifier la véracité et en
ignorant les avis des véritables experts scientifiques.
De
façon surprenante, ce sont les journaux de gauche (Le Monde, L'Obs,
Libération) historiquement plus ouverts au progrès qui se sont
montrés les plus hostiles aux nouvelles technologies et ce
sont les chaînes publiques de télévision (France 2 notamment)
qui ont cédé le plus à la désinformation et au militantisme,
oubliant le cahier des charges France Télévision sur « l'honnêteté
et la pluralité de l'information ».
Ainsi
les nombreux procès intentés à Monsanto aux Etats-Unis par des
avocats prédateurs défendant des personnes attribuant soudainement
leur maladie au glyphosate ont été relayés sans décryptage par
les médias, alimentant la suspicion sur le désherbant.
Les
révélations peu convaincantes des Monsanto Papers ont été
instrumentalisées au lieu d'enquêter sur les
graves manquements du CIRC à
propos du classement du glyphosate. De pseudo-études scientifiques
de chercheurs opportunistes à charge contre le glyphosate sont
publiées régulièrement dans les médias sans s'assurer de leur
crédibilité scientifique.
La
victoire du militantisme écologiste
Le
combat du militantisme écologiste technophobe a été efficace. Il a
gagné les esprits de la population, influencé les juges de
tribunaux et orienté les choix politiques.
Les
marchands d'angoisse ont balayé les avis étayés s'appuyant sur la
réalité ou la science.
Bien
programmés et bien relayés, les coups médiatiques ont fait
mouche : du « procès
international citoyen » bidon
accusant Monsanto de « crime
contre l'humanité et écocide » à
la pétition de l'incontournable Greenpeace ou aux plaintes
de « pisseurs
volontaires » déposées
pour « mise
en danger d'autrui ».
Tâche
facilitée par le dénigrement systématique des pesticides par les
pouvoirs publics peu soucieux de l'indispensable protection sanitaire
des cultures et de sa contribution à la sécurité et la
souveraineté alimentaire de la France.
Le
mensonge d'Etat sur le glyphosate va coûter cher à la France et à
son agriculture à nouveau privée d'un outil contribuant à sa
compétitivité. Plus grave, il marque l'abandon de la gestion
rationnelle et éclairée du pays et le recours à la manipulation de
l'opinion pour des bénéfices électoraux immédiats. Il est encore
temps pour les politiques de prendre la seule bonne décision qui
s'impose : s'en tenir à la réglementation européenne et
autoriser le glyphosate.
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