Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de
produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à
nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux
entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un
manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire
une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.
Article
paru dans La
Libre.be le 25 octobre 2019, Vers
une Wallonie « zéro agriculteur » !,
Une
opinion de Marianne Streel, présidente de la Fédération Wallonne
de l’Agriculture (FWA), et de Anne Pétré Directrice des relations
publiques de la FWA.
Merci
à Olivier
Masbou d'avoir mentionné cet article.
2029…
La dernière exploitation agricole wallonne a fermé ses portes.
C’est triste…tout le monde s’accorde à le dire : les médias,
les responsables politiques, les citoyens… C’est triste, mais
c’est un peu tard pour s’en apercevoir. Les paysages ont déjà
beaucoup changé, depuis 4 ou 5 ans. Les terrains vagues sont de plus
en plus nombreux, et des routes sont coupées partout dans le pays,
parce que plus personne ne s’occupe d’entretenir le paysage.
L’approvisionnement
alimentaire est devenu compliqué : les pénuries, et l’inflation
sont un vrai problème, depuis que nous dépendons de pays étrangers
pour nous nourrir. Les rayons des supermarchés sont presque vides.
On sent monter l’agressivité dans la population. Surtout en
ville... Il faut dire que la nourriture est devenue rare, et hors de
prix.
A
la campagne, les coqs ne réveillent plus les habitants, et plus
aucun tracteur ne passe.
C’est
plus calme…c’est TROP calme ! Par contre, la nature a repris ses
droits. Un peu trop… Les citoyens qui essaient de cultiver leur
propre potager ont du mal à s’en sortir.
Envahis d’herbes
indésirables, leur production est bien maigre ! Il n’y a plus de
vaches dans les prés. Quelques-unes vivent encore dans la nature, à
l’état sauvage, et plus grand monde n’ose les approcher. Les
villageois qui voulaient prendre une vache ou un cochon à la maison
pour leur subsistance n’ont pas eu l’autorisation de le faire.
Les normes environnementales et de bien-être qui étaient appliquées
aux agriculteurs, et les contrôles mis en place existent toujours,
et ils sont trop lourds à gérer.
L’exode
a changé de sens. Autrefois, les citadins affluaient à la campagne
pour y trouver du calme. Maintenant, ils retournent en ville, parce
que l’accès à la nourriture y est plus facile, pour ceux qui ne
savent pas cultiver. Ceux qui jadis étaient qualifiés de néo-ruraux
ont perdu beaucoup d’argent, la terre et les maisons ne valent plus
rien dans les villages, depuis que tout a été laissé à l’abandon.
Bref,
les gens font comme ils peuvent pour se nourrir, mais ce qu’on peut
encore trouver dans les magasins n’est pas vraiment fiable :
personne ne peut réellement dire où cela a été produit, par
qui…et surtout comment. Mais bon, quand la nourriture se fait rare,
on devient moins regardant.
Le
Ministre de l’Agriculture est devenu Ministre des importations
alimentaires. Il a bien du mal à trouver des solutions durables. Il
finira sans doute au chômage. Comme les anciens agriculteurs, et
tous ceux qui travaillaient dans le secteur de l’alimentation, les
ouvriers et les employés de l’agro-alimentaire, les bouchers et
les boulangers, les restaurateurs et les artisans de produits de
bouche, les transporteurs de matières premières agricoles, les
commerciaux, les contrôleurs, les conseillers des cellules de
conseil et d’accompagnement qui encadraient les agriculteurs et les
gens qui travaillaient dans les administrations agricoles.
Les
émissions qui parlent de cuisine et d’alimentation n’ont presque
plus d’audience. Par contre, on voit de plus en plus de
documentaires sur l’agriculture. Les gens sont un peu nostalgiques.
Il paraît qu’on va ouvrir un parc de loisir à thème agricole pas
loin de Bruxelles.
"Martine
à la ferme" se vend à nouveau très bien… Les enfants
adorent, c’est leur livre de chevet préféré.
Les
fermes se sont toutes transformées en habitats partagés ou en
équipement de loisir collectif. C’est bien…c’est bruyant, mais
au moins, ça ne sent plus le fumier.
Dans
les autres pays d’Europe, c’est la catastrophe aussi…
L’agriculture familiale, c’est fini. Partout. Il reste juste
quelques fermes usines, dans certains pays, mais après les scandales
alimentaires qu’elles ont provoqués, les gens s’en méfient.
Fiction
ou scénario catastrophe ?
Vous
vous demandez ce que vous êtes en train de lire ? C’est un peu
gros ? Cela ne vous semble pas crédible ? Oui, c’est vrai, nous
avons peut-être un peu forcé le trait. Mais le moment est grave, et
il est grand temps de se ressaisir et de chercher des solutions pour
pérenniser notre modèle agricole familial.
Il
est urgent de sortir d’une vision polarisée de notre agriculture
wallonne, dont la diversité est, au contraire, la plus belle
richesse.
Les
prix de nos productions chutent, les agriculteurs souffrent, et
beaucoup d’entre-eux peinent à assurer les remboursements et les
charges de production. Et cela, ce n’est pas un scénario
catastrophe, ni de la science-fiction : c’est la réalité.
Et
ce n’est pas seulement triste, c’est dramatique. Et c’est une
situation d’urgence !
Pour
rappel, 48 % du territoire wallon voit sa gestion confiée aux
agriculteurs. Ils gèrent la production alimentaire et non
alimentaire, la beauté des paysages, ils s’occupent de
l’environnement et de la biodiversité.
Notre
agriculture repose sur l’élevage (bovins laitiers et viandeux,
porcs et volaille, etc) ainsi que sur les cultures (escourgeon,
froment, betteraves, maïs, chicorée, légumes de plein champ, lin
textile, chanvre, etc…), les fruits, légumes ou plantes
ornementales de nos horticulteurs. On voit aussi se développer des
productions moins traditionnelles (escargots, safran…) et de
nombreux services et diversifications (tourisme, produits de terroir,
activités pédagogiques à la ferme…).
Nous
devons impérativement préserver ce tissu rural si riche. Nous
devons travailler sur les relations agriculteur-agriculteur, mieux
collaborer entre nous. Mais il faut aussi que les relations
agriculteur-citoyen, agriculteur-riverain, et
agriculteur-consommateur se reconstruisent, sur le respect mutuel.
C’est
une part du problème. Mais il faut aussi que le cadre politique et
économique soit favorable, et aujourd’hui, c’est loin d’être
le cas. Or, il est difficile de construire et d’investir sur un
terrain économique fragile.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.