jeudi 19 mai 2022

Des bactéries à la manœuvre et une entreprise défaillante = pénurie de poudre infantile aux Etats-Unis

Les lecteurs du blog ont été tenus informés avec deux articles, l’un de Phyllis Entis, «Abbott Nutrition: la tempête qui se prépare» et l’autre de Bill Marler, «M. Abbott, vous allez aller en prison pour avoir fabriqué des préparations pour nourrissons contaminées».

Un article récent de L’Express explique bien «Pourquoi les Etats-Unis font face à une pénurie de lait en poudre».

Depuis plusieurs semaines, les parents américains peinent à trouver du lait en poudre pour leurs bébés. Une pénurie dans tout le pays due à une combinaison de facteurs économiques et sanitaires.

 Et de pointer la responsabilité du groupe pharmaceutique Abott Nutrition ?

Il est plus pertinent d'analyser les conséquences d'un scandale sanitaire dont est responsable l'entreprise pharmaceutique Abbott Nitrition, qui commercialise plusieurs marques de lait en poudre, dont Similac, consommée par des millions d'Américains. En février dernier, sur demande des autorités sanitaires, elle a dû rappeler ses produits après que des cas graves d'intoxications alimentaires ont été recensés chez des nourrissons. Quatre enfants avaient, en effet, été infectés par la bactérie Cronobacter, qui peut causer de graves infections chez les plus jeunes. Et alors que deux d'entre-eux ont perdu la vie, des traces de cette bactérie ont été retrouvées dans une usine d'Abott Nutrition du Michigan. Après enquête, l'agence américaine du médicament a conclu à un manque d'hygiène coupable de la part du groupe, qui, à ce jour, n'a pas repris la production.

Ce mercredi 11 mai, le groupe a dit s'efforcer «d'augmenter l'approvisionnement en faisant venir du Similac depuis le site de Cootehill en Irlande par avion et en produisant plus de Similac liquide et d'Alimentum». Sous réserve de l'autorisation de l'agence américaine du médicament, la production de lait en poudre pourrait reprendre d'ici deux semaines. 

Pendant ce temps, Bill Marler poursuit sa charge avec cet article du 19 mai 2022, «M. Abbott, vous allez faire face à des sanctions pénales».

Selon le CDC et la FDA, au moins 4 enfants ont été malades et deux d’entre eux sont décédés, après avoir bu du lait maternisé Abbott. Abbott nie la relation. Cependant, l'enquête et l'inspection qui en ont résulté (et les documents d’un lancuer d’alerte) ont révélé suffisamment de problèmes dans l'installation d'Abbott pour la fermer, causant des ravages dans l'approvisionnement en préparations pour nourrissons.

L'établissement est maintenant sur le point de rouvrir, mais pas avant que le procureur américain n'ait poursuivi Abbott et plusieurs employés. Dans la plainte, déposée par le ministère américain de la Justice au nom de la FDA, le gouvernement allègue que les préparations en poudre pour nourrissons fabriquées dans les installations d'Abbott Nutrition de Sturgis ont été contaminées parce qu'elles ont été fabriquées dans des conditions insalubres et en violation des exigences actuelles en matière de bonnes pratiques de fabrication.

Abbott avoue essentiellement des violations dans le décret de consentement ci-dessous. En vertu du décret de consentement proposé, Abbott Nutrition sera tenu de retenir les services d'un expert indépendant pour examiner les opérations de l'installation de Sturgis afin de garantir le respect de la loi. Cela comprend également des exigences pour analyser les produits, ainsi que pour cesser la production et informer rapidement la FDA en cas de détection de contamination. Le projet de décret d'agrément prévoit également la mise en place d'un plan de nettoyage-désinfection, d'un plan de surveillance environnementale et de programmes de formation des employés.

Voici des documents clés :

Veuillez lire ce qui précède et vous posez la question, est-ce ainsi que les préparations pour nourrissons auraient dû être fabriquées ?

Alors, qu'est-ce qui donne au gouvernement le droit d'accuser une entreprise et certains employés d'un crime ou d'un délit ?

Le Congrès a adopté le Federal Food, Drug, and Cosmetic Act (FDCA) en 1938 en réaction aux exigences croissantes de sécurité publique. L'objectif principal de la Loi était de protéger la santé et la sécurité sanitaire du public en empêchant les articles délétères, contaminés ou mal étiquetés d'entrer dans le commerce entre les Etats. En vertu de l'article 402(a)(4) de la Loi, un produit alimentaire est réputé «contaminé» si l'aliment a été «préparé, emballé ou conservé dans des conditions insalubres dans lesquelles il peut avoir été contaminé par des salissues ou dans lequel il peut avoir été rendu nuisible à la santé».

Un produit alimentaire est également considéré comme «contaminé» s'il contient ou contient une substance toxique ou délétère susceptible de le rendre nocif pour la santé. La Loi de 1938 et la Loi sur la modernisation de la sécurité des aliments récemment signée constituent aujourd'hui le principal moyen par lequel le gouvernement fédéral applique les normes de sécurité des aliments.

Le chapitre III de La loi traite des actes interdits, soumettant les contrevenants à la fois à la responsabilité civile et pénale. Les dispositions relatives aux sanctions pénales sont claires:

Les infractions criminelles comprennent la falsification ou le mauvais étiquetage d'un aliment, d'un médicament ou d'un appareil, et la mise dans le commerce entre les Etats d'un aliment, d'une médicament ou d'un appareil contaminé ou mal étiqueté. Toute personne qui commet un acte interdit enfreint le FDCA. Une personne qui commet un acte interdit «avec l'intention de frauder ou d'induire en erreur» est coupable d'un crime passible d'années de prison et de millions en amendes ou les deux.

Une condamnation pour délit en vertu du FDCA, contrairement à une condamnation pour crime, ne nécessite pas de preuve d'intention frauduleuse, ni même de conduite consciente ou délibérée. Au contraire, une personne peut être condamnée si elle occupait un poste de responsabilité ou d'autorité dans une entreprise tel qu'elle aurait pu empêcher la non-conformité. Les condamnations en vertu des dispositions sur les délits sont passibles d'une peine maximale d'un an ou d'une amende maximale de 250 000 dollars, ou les deux.

Le jargon juridique mis à part, si vous êtes un producteur d’aliments et que vous fabriquez et vendez sciemment ou non des aliments contaminés, vous pouvez (et devriez) faire face à des amendes et à des peines de prison.

Last but not the least, on apprend, «Pénurie de lait pour bébé aux États-Unis: Joe Biden instaure un pont aérien pour résoudre la crise». Bien entendu, la crise économique liée à l'Ukraine a bon dos, ici c'est surtout une entreprise qui n'a pas bien fait son job et cela a permis aux bactéries de le faire à sa place ...

Aux lecteurs du blog
Je suis en conflit depuis plusieurs années avec la revue PROCESS Alimentaire pour une triste question d’argent qui permettrait de récupérer et de diffuser correctement les 10 052 articles initialement publiés gracieusement par mes soins de 2009 à 2017 sur le blog de la revue, alors qu’elle a bénéficié de la manne de la publicité faite lors de la diffusion de ces articles. La revue PROCESS Alimentaire s’est comportée et continue de se comporter en censeur et refuse tout assouplissement pour la modique somme de 500 euros. N’ayant pas les moyens d’aller devant la justice, je leur fait ici de la publicité gratuite. Derrière cette revue, il y a des aimables censeurs !

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