samedi 28 novembre 2020

Il faut toujours se rappeler les histoires des personnes derrière des intoxications alimentaires à Listeria

«
Il faut toujours se rappeler les histoires de personnes derrière des intoxications alimentaires à Listeria», Joe Witworth.

Ce qui suit est rapporté dans un article de L'Est Républicain du 28 novembre 2020, hélas dans la rubrique Faits divers-Justice, « Listeria : une salade contaminée ruine la vie d'une maman de trois enfants près de Montbéliard ».

Courant 2014, au moins huit Bourguignons, Comtois et Alsaciens ont contracté la listériose. L’enquête de traçabilité remonte à un fabricant doubien de produits comtois comme «source probable» de contamination. L’instruction, toujours en cours, est conduite par un pôle parisien.

Témoignage.
« Notre vie, notre couple sont fichus. J’avais 58 ans et une énergie débordante quand j’ai été contaminée. Aujourd’hui, je suis grabataire ». Dans son pavillon de Grand-Charmont près de Montbéliard, Marie-Hélène Tinet fixe son regard mouillé par les larmes sur un horizon qu’elle est la seule à percevoir. Sans doute sur sa vie d’avant.

Avant qu’une bactérie de la famille des listeria ne vienne ruiner sa vie, son corps, ses projets. C’était un jour de printemps, il y a six ans déjà. Aujourd'hui, elle attend « avec fébrilité, un procès pour comprendre, malgré toutes les règles d’hygiène préconisées, comment des produits alimentaires peuvent être contaminés ».

Car c’est en mangeant de la charcuterie et des salades achetées dans une boutique doubienne spécialisée dans la fabrication de produits comtois qu’elle a contracté la listériose.
Mais ça, la maman de trois enfants ne le saura que bien plus tard. Il y a de la colère dans ses mots. Un terrible ressentiment quand elle songe qu’une fourchette de salade de tête de veau et de gras-double a pu ainsi faire basculer la vie de l’aide à domicile énergique qu’elle était, l’épouse qui gérait la maison, la cuisinière qui aimait recevoir à sa table, le bec fin qui appréciait les soirées restos entre amis. « La méningite bactérienne liée à la listeria a tout emporté, effacé, anéanti. Regardez la femme que je suis devenue ! »

Invalide à plus de 80%, Marie-Hélène Tinet présente des troubles neurologiques, de mémoire, d’élocution, de l’équilibre, une baisse de l’ouïe et souffre d’agueusie (perte totale du goût). Elle qui adorait le monde, aspire aujourd’hui à la solitude. Elle ne cuisine plus, parle peu, dort beaucoup.

« Des parties du cerveau sont désormais blanches. Ce qui a été effacé ne reviendra pas », lui a dit le corps médical. « Peut-être parce que la listériose n’a pas été diagnostiquée suffisamment tôt », avance avec prudence son mari, Roland, cadre PSA à la retraite.

C’était le 28 avril 2014. Marie-Hélène Tinet est prise de violents vomissements et de vertiges. Elle voit « les meubles, les objets à l’envers ». Le médecin diagnostique une méningite virale. Malgré le traitement prescrit, son état s’aggrave, la fièvre grimpe en flèche. Elle est conduite aux urgences à Montbéliard. Les analyses de sang ne détectent rien.

Quatre ans de rééducation et des séquelles
Nous sommes le 1er mai. Cinq jours plus tard, dans un état comateux, elle est réhospitalisée à Montbéliard puis transférée à Belfort. Les examens, IRM et ponctions lombaires livrent leur diagnostic : la patiente souffre d’une listériose de forme neuro-méningée. Trois semaines d’hospitalisation, quatre ans de rééducation par intermittence à Héricourt, une embolie pulmonaire, un rein défaillant, un zona et les séquelles que l’on sait plus tard, Marie-Hélène Tinet attend aujourd’hui que l’affaire soit renvoyée devant le tribunal.

Le commerçant mis en examen
Car la provenance de la listeria a pu être tracée jusqu’à la boutique doubienne de produits comtois, « source probable de la contamination ». Là où comme d’autres personnes contaminées, elle avait acheté salades, charcuterie et fromages. Le patron a été mis en examen pour blessures involontaires (entre autres) en mai 2019. Le pôle santé du parquet de Paris est saisi du dossier.

Dans un autre article, toujours selon L'Est Républicain du 28 novembre 2020,
En mai 2019, le patron du magasin est mis en examen pour avoir par maladresse, imprudence, négligence ou manquement à une obligation de sécurité involontairement causé une incapacité totale de travail supérieure à trois mois, notamment au préjudice de Marie-Hélène Tinet. Consterné par cette affaire, le producteur de produits régionaux met en cause un fournisseur de viande. L’instruction demeure en cours.
Santé publique de France rapporte l'investigation en janvier 2016 de cette « Épidémie d’infections à Listeria monocytogenes dans l’est de la France, 2014 ».

Onze cas ont été identifiés dans 5 régions.

Les prélèvements alimentaires et environnementaux réalisés au sein de l’établissement ont confirmé la présence de souches de Listeria monocytogenes de mêmes caractéristiques microbiologiques que les souches humaines. Aucun produit contaminé spécifique n’a pu être mis en évidence et l’hypothèse d’une contamination de divers aliments à partir d’une contamination environnementale diffuse et prolongée de l’Établissement A a été retenue pour expliquer la survenue de cette épidémie.

Que va bien pouvoir conclure la justice bien lente dans cette affaire ?

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