samedi 2 juillet 2022

Rapport du RASFF 2021 ou réseau d'alerte dit rapide: augmentation de 19,6% des notifications !

«Réseau d'alerte et de coopération (ACN pour Alert and Cooperation Network) sur les aliments : le rapport 2021 montre une coopération accrue», source publication du rapport annuel 2021 de l'ACN.

Généralement quand on vous dit que la coopération est accrue, c’est pour éviter de dire que cette année 2021, encore, les notifications au RASFF de l’UE ont augmenté. A noter que le rapport RASFF 2021 est inclus dans ce rapport, nouvelle présentation par la Commission européenne, mais rien ne change dans le fond, tout augmente ou presque !

Résumé
La Commission européenne a publié son rapport 2021 du réseau d'alerte et de coopération qui montre que 2021 a enregistré le plus grand nombre d'échanges jamais atteint, ce qui peut être considéré comme un témoignage de la coopération accrue en Europe sur la sécurité des denrées alimentaires et des aliments pour animaux. En particulier, 4 607 notifications ont été transmises via le système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) liées à des risques sanitaires pour les denrées alimentaires ou aux aliments pour animaux, 2290 notifications d'assistance administrative et de coopération (non-conformités avec la législation de l'Union européenne sur la chaîne agroalimentaire qui ne présentent a priori pas de risque pour la santé), tandis que 407 suspicions de fraude ont également été détectées. La présence d'oxyde d'éthylène (468 notifications) a été la plus signalée, ce qui fait des pesticides le danger le plus important notifié (1 231), soit une augmentation de 61% par rapport à 2020. Parmi les soupçons de fraude, les notifications les plus fréquentes étaient liées au mouvement illégal de chats et chiens avec 114 au total, tandis que plus de la moitié d'entre eux concernaient des animaux provenant de pays non membres de l'UE. Les animaux de compagnie étaient souvent accompagnés de certificats de santé contrefaits, de passeports européens délivrés illégalement fournissant de fausses informations sur l'origine ou de faux résultats de laboratoire d'anticorps antirabiques. Cette dernière est particulièrement préoccupante pour les animaux provenant de pays où la rage reste répandue. Le rapport signale également que le commerce électronique devient également une voie de plus en plus importante par laquelle certains aliments parviennent aux consommateurs. En 2021, un total de 281 notifications au RASFF concernaient le commerce électronique en tant que principal moyen de commerce. La moitié des notifications concernant les produits échangés en ligne concernaient eds aliments diététiques, des compléments alimentaires et des aliments enrichis, suivis des matériaux en contact avec les aliments, signalés dans un tiers des notifications. Le réseau d'alerte et de coopération de l'UE est composé de membres du réseau du système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF), du réseau d'assistance administrative et de coopération (AAC) et du réseau sur la fraude agroalimentaire (FFN).

Le rapport de l’ACN est ici.

Réseau d’alerte dit rapide ou RASFF
En 2021, 4607 notifications ont été transmises via le RASFF, complétées par des notifications de suivi 19064 (fournissant des informations supplémentairestelles que les mesures prises et les détails de la traçabilité). Des échanges parallèles à l'intérieur du réseau ont eu lieu grâce à l'outil «conversation» qui permet un flux de communication rapide entre les points de contact. Le système a enregistré 5 748 conversations concernant les notifications au RASFF.

De plus, 2 290 notifications de non-conformité ont été partagées au cours de l'année, conduisant eux-mêmes à 46 94 conversations parallèles entre les membres du réseau, indispensables pour faciliter la coopération administrative.

Parmi les 4 607 notifications RASFF transmises en 2021, 4 102 concernaient des denrées alimentaires, 236 des aliments pour animaux et 269 des matériaux en contact avec des denrées alimentaires. Par rapport à 2020, des augmentations de 19,6% et 3,5 % du nombre de notifications initiales ont été enregistrées respectivement pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux.

Il est intéressant de souligner que les notifications initiales sur les matériaux en contact avec des denrées alimentaires ont plus que doublé par rapport à l'année dernière, passant de 123 (avec une moyenne de 138 sur la période 2017-2020) à 269 en 2021. Une telle tendance est une conséquence directe de l'action coordonnée de l'UE sur les matériaux plastiques en contact avec les aliments (FCM) en «poudre» de bambou.

En 2021, 53 «incidents» RASFF ont été transmis via le système. Un incident est créé dans iRASFF lorsque deux ou plusieurs notifications sont liées car, par exemple, elles partagent la même traçabilité en amont pour des produits similaires (mais pas identiques) soit il s'agit de produits identiques mais de lots différents. L'«incident» le plus fréquent concernait la présence d'oxyde d'éthylène (25 incidents).

En 2021, un tiers des notifications initiales étaient des alertes (1 455), nombre qui augmenté de 4% par rapport à l'année précédente. Cela signifie que dans 1455 cas, des produits présentant un risque grave pour la santé, suite à une notification au RASFF, ont été retirés du marché européen.

Pour 1457 cas, des produits ont été bloqués au niveau européen aux frontières, les postes de contrôle frontaliers, et n’ont jamais atteint le marché européen (notifications de refus aux frontières). Ce nombre est revenu aux niveaux de 2019, après une baisse enregistré en 2020.

Cela signifie donc que pour les autres notifications (4 607 -1 457), les produits ont atteint le marché européen. -aa.

Notifications par pays
Au cours de l'année 2021, tous les membres du réseau d'alerte et de coopération ont été actifs dans le réseau RASFF, les plus actifs étant l'Allemagne, l'Espagne et les Pays-Bas avec respectivement 761, 524 et 446 notifications transmises, suivis de la Belgique (389), Italie (389) et Pologne (335). A noter que ce n’est pas dans la tradition française d’être parmi les bons élèves à notifier.

Concernant l'origine des produits, la Pologne a été le premier pays européen avec 381 notifications dont 263 concernant la présence de Salmonella dans la viande de volaille, qui dans 154 cas ont été notifiées par la Pologne elle-même. A noter que la France est deuxième avec 256 notifications, classement habituel pour notre pays. Cela étant, compte tenu du nombre très important de produits rappelés en France, ce classement n’est pas usurpé.

Si l'on considère les pays non membres de l’UE, la Turquie a été le pays le plus notifié avec 613 notifications, principalement liées à la découverte de pesticides (405), suivie de l'Inde (383), avec 272 notifications sur les pesticides et de la Chine (331) avec près de la moitié des notifications (160) concernant les matériaux en contact avec les denrées alimentaires.

Résidus de pesticides
En 2021, les résidus de pesticides ont été le problème le plus signalé au RASFF et ce pour la première fois de son histoire : 1 231 notifications, soit une augmentation de 61% par rapport à 2020 et plus que quadruplée par rapport à 2019.

Micro-organismes pathogènes
Les pesticides volent la edette aux micro-organismes pathogènes. Avec 863 notifications, les micro-organismes pathogènes restent une catégorie de danger très importante dans les produits alimentaires même si le nombre total de notifications a légèrement diminué au cours des dernières années.

Les trois quarts des notifications transmises (641) étaient dues à la présence de Salmonella. Dans près de la moitié d'entre eux (334), Salmonella a été détectée dans de la viande de volaille et des produits à base de viande de volaille, principalement d'origine polonaise (284). Dans un nombre considérable de notifications (145), le produit concerné appartenait à la catégorie des herbes et épices (dans 116 cas, il s'agissait de poivre noir du Brésil).

Listeria monocytogenes représentait 16% des déclarations liées aux micro-organismes pathogènes dans les aliments. La catégorie alimentaire la plus fréquemment concernée par ces notifications était, comme par le passé, les produits d'origine animale : lait et produits laitiers (45 notifications), viande et produits à base de viande, y compris viande de volaille (37), poisson et produits de la pêche (33).

89 notifications étaient liées à la détection de Escherichia coli et, dans 48 cas, elles concernaient Escherichia coli producteurs de shigatoxines, plus dangereux, retrouvés principalement dans les produits carnés autres que la volaille (33).

Éclosions d'origine alimentaire
En 2021, 33 foyers d'origine alimentaire ont été notifiés au RASFF. Sur ces 33 notifications d'épidémies d'origine alimentaire, 14 ont identifié Salmonella comme cause (probable), quatre étaient liées à Listeria monocytogenes, quatre étaient liées à une intoxication alimentaire à l'histamine, trois étaient liés à norovirus et trois à Escherichia coli.

Mycotoxines
La présence de mycotoxines dans les aliments a été notifiée dans 450 cas (6% d'augmentation par rapport à 2020 mais 23% de diminution par rapport à 2019) représentant la troisième catégorie de danger la plus notifiée, comme les années précédentes. Les trois quarts des notifications étaient des refus aux frontières.

La plupart des cas concernaient la détection d'aflatoxines (399), en particulier dans les fruits à coque (273). Cependant, la notification la plus récurrente, comme en 2020, concernait les figues sèches de Turquie (57). La plus fréquente dans les aliments est l'aflatoxine B1, une substance cancérigène et mutagène. Dans les autres cas, les notifications étaient principalement dues à l'ochratoxine A (47) détectée notamment dans les épices et les figues sèches.

Matériau en contact avec les aliments
269 notifications concernant les matériaux en contact avec les aliments ont été transmises en 2021, principalement (176) liées à la présence de substances non autorisées dans les produits en plastique (la moitié d'entre elles, 87, liées au commerce électronique). Dans la plupart des cas, du bambou a été détecté (154) mais aussi du bambou et du maïs ensemble (22), tandis que 12 concernaient la présence de blé.

Mise à jour du 6 juillet 2022. On lira l’article de Joe Whitworth dans Food Safety News, «EU sees rise in fraud exchanges and RASFF alerts in 2021». Tout augmente, cela doit être lié à l’inflation ...

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