« Drôle d’ambiance avant le salon », source article d'Olivier Masbou paru le 11 février sur son blog-notes
Cela ressemble à une veillée d’armes. A quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, c’est comme si chaque ‘camp’ se préparait à faire face à 9 jours difficiles, 9 jours où tout peut arriver.
Témoin de cette drôle d’ambiance, la « Lettre ouverte de Jean Luc Poulain ».
Extrait de la Lettre ouverte de Jean Luc Poulain |
On pourra retrouver l'intégralité de la Lettre ouverte sur ce lien sur Twitter.
C’est une grande première que le président du SIA s’exprime ainsi. Entre les lignes d’un long texte, l’inquiétude, qui découle d’une dégradation réelle des relations entre les agriculteurs et le reste du pays, transparaît. Jean-Luc Poulain appelle à « un nouveau contrat moral entre les Français, le pays et leurs paysans ! (.) L’idée est bien plus que jamais de créer des ponts plutôt que des murs ! ».
Côté Etat, gouvernement, pouvoirs publics, on souffle le chaud et le froid, au risque de déboussoler davantage les agriculteurs. Pour le chaud, il y a pour l’instant plutôt des paroles que des actes. C’est Emmanuel Macron qui le 17 janvier déclare être décidé à « défendre, renforcer, célébrer » l’exception agricole française. Et le 24 janvier, il indique, à propos de l’interdiction du glyphosate « en trois ans on ne fera pas 100 %, on n’y arrivera, je pense, pas ».
Quant à Didier Guillaume, qui s’aperçoit qu’il doit rester, pour un certain temps au moins, ministre de l’Agriculture, il est allé plus loin. « Continuons à faire de l’agriculture de conservation, parce que c’est un bon modèle et continuons à mettre du glyphosate tant qu’on n’a pas trouvé autre chose » a-t-il déclaré le 4 février à l’occasion d’une réunion du Contrat de solutions.
Enfin, Emmanuel Macron devait recevoir, ce mardi 11 février, en entretien individuel, les présidents de tous les syndicats agricoles. Curiosité, contrairement à l’habitude, l’agenda officiel de la présidence ne mentionnait pas la présence du ministre de l’Agriculture. Et ces entretiens n’étaient pas inscrits à l’agenda de Didier Guillaume. Pour le froid, ce sont plutôt des décisions définitives : avis du Conseil d’Etat sur les mutagènes, réponse du Conseil constitutionnel sur les produits phytos, interdiction des plastiques pour les emballages de fruits et légumes de moins de 1,5 kg, ZNT. Tout cela en moins d’un mois et demi.
Côté société, c’est la minorité bruyante qui se fait entendre. ONG, associations anti-spécistes ne baissent pas les bras, loin de là. L’action la semaine dernière de France3 Pays de Loire*, accompagné d’un militant, sur l’exploitation de Christiane Lambert en est un des derniers exemples criants.
Pas étonnant que dans ce contexte, les agriculteurs soient ultra remontés. Les tensions sur le terrain sont réelles, l’exaspération est forte.
Difficile d’imaginer un salon pacifié dans ce contexte. Nous l’avons déjà écrit (cf. notre Blog du 28 mai 2018), mais cela reste, hélas, toujours d’actualité : le moment est venu de « réparer le lien entre l’agriculture et la société ». Il y a urgence.
* le communiqué officiel de France Télévisions pour le salon de l’Agriculture annonce que l’émission ‘Dimanche en politique’ du 23 février aura pour sujet « Agribashing, comment renouer le lien entre les agriculteurs et les Français ». C’est le principe du circuit cours, voire de l’autarcie, appliqué à l’information.
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