Zoom
sur les bactériophages prometteurs
cachés au sein du microbiote, source
communiqué
de l’Inrae du 17 janvier 2020.
La
composition du microbiote intestinal et le rôle de chacun des
organismes impliqués sont encore peu connus. On sait que le
microbiote est composé d’une grande quantité de bactéries de
centaines d’espèces différentes, chacune jouant un rôle
primordial sur le bon fonctionnement du tractus digestif et sur notre
santé. D’autres protagonistes microbiens comme les champignons,
les virus humain et bactériens (bactériophages) y sont retrouvés
mais sont moins connus.
C’est
pourquoi les chercheurs s’intéressent aux interactions entre
chacun des acteurs, notamment entre les bactéries et les
bactériophages. En 2015, une étude pionnière du virome du
microbiote de patients atteints de la maladie de Crohn avait montré
que ces derniers possèdent des bactériophages beaucoup plus divers
que les sujets sains, suggérant un rôle de ces bactériophages dans
la stabilité du microbiote. On connait deux classes de
bactériophages, les tempérés et les virulents. Les bactériophages
tempérés ne tuent pas systématiquement la bactérie. Au lieu de
s’y multiplier, ils peuvent s’y établir silencieusement et
attendre le moment propice pour ressortir en tuant la bactérie et se
disséminer. Les bactériophages virulents, quant à eux, se
multiplient et tuent la bactérie directement pour se disséminer.
Des
chercheurs d’INRAE se sont intéressés aux capacités infectieuses
de ces deux classes de bactériophages sur les bactéries du tube
digestif. Pour la première fois, ils ont isolé, cultivé et analysé
des bactériophages à partir d’échantillons de fèces d’un
groupe de 650 enfants. Ils ont ainsi extrait 150 bactériophages
capables d’infecter Escherichia
coli,
une
espèce abondante du tractus intestinal chez les enfants. En
cultivant et séquençant ces bactériophages, ils ont repéré
chaque catégorie et montré que les bactériophages tempérés sont
plus fréquents que les bactériophages virulents. Par la suite, ils
se sont servis de ces 150 bactériophages différents pour infecter
75 souches d’Escherichia
coli isolées
des mêmes échantillons. Bien qu’ils soient retrouvés plus
fréquemment, les phages tempérés n’infectent pratiquement pas
les bactéries, contrairement aux bactériophages virulents qui sont
très infectieux et plus rares. Enfin, ils ont comparé ces phages
virulents à ceux disponibles dans la collection d’Hérelle2, et
montré là encore qu’ils étaient plus infectieux.
Ces
bactériophages virulents particulièrement infectieux, isolés
directement à partir du corps humain, ouvrent des perspectives en
phagothérapie. Des travaux complémentaires seront menés afin de
mieux comprendre les mécanismes permettant à ces bactériophages
d’être aussi infectieux. En parallèle, des tests complémentaires
seront effectués en vue de les utiliser pour éradiquer E.
coli
en
cas d’impasse thérapeutique.
L’article
a été publié dans Nature.
NB :
E.
coli
semble être pris ici comme référence de bactéries pathogènes et
non pas comme bactéries commensales du tube digestif. En effet,
selon l’Anses,
La bactérie Escherichia coli (E. coli) est naturellement présente parmi la microflore digestive de l’Homme et des animaux à sang chaud. Certaines souches d’E. coli sont pathogènes parmi lesquelles les E. coli entérohémorragiques ou EHEC.
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