mardi 27 août 2019

A propos d'une éclosion particulière à Salmonella dans un café-restaurant de l'aéroport d'Oslo, Norvège, 2017


C'est une étude intéressante, parue dans Eurosurveillance, que nous propose des scientifiques de Norvège et qui concerne les résultats de leurs investigation à propos d'une « Augmentation de la période d'incubation lors d'une éclosion prolongée de Salmonella Typhimurium monophasique avec une contamination environnementale d'un établissement de restauration commerciale à l'aéroport d'Oslo, Norvège, 2017 ».

Je vous en propose quelques aspects, mais l'article vaut plus que le coup d'oeil…

Mesures de maîtrise
La société exploitant le café (et restaurant) de l'aéroport d'Oslo a pris d'importantes mesures de contrôle, notamment plusieurs périodes de fermeture volontaire, de rénovation de la cuisine et de nettoyage en profondeur, mais l'élimination de la source de la contamination de l'environnement s'est avérée difficile. Cela était probablement dû à la contamination de l'environnement par des échantillons prélevés sur plusieurs sites, par exemple. un siphon de cuisine, un robinet et une étagère en acier, tous positifs pour la souche épidémique.

L'inspection environnementale a révélé plusieurs faiblesses dans les procédures d'hygiène de la cuisine et de la manipulation des aliments, facilitant éventuellement la contamination croisée des aliments et la prolongation de l'épidémie.

Cette épidémie met en lumière l’importance de veiller à ce que les manipulateurs d’aliments reçoivent une formation adéquate leur permettant de se conformer aux mesures et procédures d’hygiène strictes tout au long de la manipulation des aliments afin d’éviter la contamination de l’environnement.

Outre ces pratiques de manipulation et d'hygiène des aliments, des audits d'hygiène intensifiés et une collecte régulière de prélèvements environnementaux pourraient être envisagés, en particulier dans un contexte où de grandes quantités de fruits et de légumes crus sont transformés dans une cuisine commerciale.

Un suivi auprès des entreprises de nettoyage est également important pour garantir que les opérations de lavage se déroulent comme prévu.

Source d'infection
Nous ne pouvons pas conclure comment la source de l'infection a été introduite dans ce café. Nous prévoyons deux hypothèses possibles : la source de l'infection a été introduite soit via un produit alimentaire contaminé, soit via un personnel infecté.

Pour l'hypothèse que la source d'infection ait été introduite via un aliment contaminé, plusieurs points doivent être pris en compte.

Premièrement, alors que toute la chaîne de cafés s’approvisionne en ingrédients auprès des mêmes grossistes, aucun autre café exploité par cette société en Norvège (ou dans d’autres pays) n’a été associé à des infections similaires.
Cependant, il est connu dans la littérature que des lots partiels d'aliments peuvent être contaminés et on ne sait pas toujours à quel moment la contamination s'est produite.

Deuxièmement, les cas signalés ont consommé différents aliments et boissons du café, ce qui rend moins probable qu'un seul aliment contaminé soit la source directe d'infection pour tous les cas. Il est toutefois possible qu'un seul produit ait introduit l'agent pathogène dans l'environnement de la cuisine.

Troisièmement, l’épidémie a été prolongée, même si les aliments manipulés au café étaient des produits frais avec une courte durée de conservation. Enfin, la souche de l'épidémie n'a pas été détectée dans les échantillons d'aliments recueillis au café après le début de l'épidémie; il convient toutefois de noter que les produits alimentaires des lots utilisés en août n'étaient pas disponibles au moment de la collecte des échantillons. La détection de la souche épidémique dans des échantillons environnementaux indique que la contamination du café était étendue.

L'hypothèse d'une introduction dans un aliment contaminé est corroborée par la manière dont les produits frais ont été transformés au café, car l'inspection environnementale a révélé le risque de contamination croisée.

Certaines preuves appuient l'hypothèse d'un personnel infecté comme source d'introduction.

Premièrement, la souche épidémique était présente dans des échantillons prélevés sur certains membres du personnel, ce qui indique que la souche avait circulé parmi le personnel. Cependant, les membres du personnel ont déclaré avoir consommé des produits alimentaires du café et avoir été exposés au travail.

Deuxièmement, après avoir été informée de l'épidémie, la société exploitant le café a demandé à tous les membres du personnel de fournir un prélèvement négatif de selles avant de pouvoir se rendre au travail; certains membres du personnel asymptomatiques ont été identifiés de cette manière.

Enfin, les informations obtenues auprès de la société exploitant le café indiquent que des membres du personnel pourraient avoir été malades avant le début de l'épidémie. Cependant, il est impossible de savoir si une souche antérieure a provoqué une maladie antérieure.

Conclusions et recommandations
Cette épidémie à S. Typhimurium monophasique d'origine commune, MVLA type 3-13-12-NA-210, à l'aéroport d'Oslo de MLVA de type 3 a des implications qui vont au-delà du cadre local, dans la mesure où les cas ont résidé dans plusieurs comtés dispersés à travers le pays.

Bien que notre demande à l'Epidemic Intelligence Information System (EPIS) n'ait renvoyé aucun cas international, une éclosion dans un aéroport international pourrait facilement avoir des implications géographiques plus vastes. En outre, le café, qui traite de grandes quantités d'ingrédients frais, fait partie d'une chaîne internationale, la société exploitant des cafés dans au moins sept pays européens, en plus de pays situés en dehors de l'Europe.

Les résultats épidémiologiques et microbiologiques des cas et des prélèvements environnementaux obtenus au café confirment l'hypothèse d'un foyer lié à une origine commune à S. Typhimurium monophasique, MLVA type 3-13-12-NA-210.

Après le 18 décembre 2017, aucun autre cas, ni isolat de la souche épidémique n'a été identifié au Laboratoire national de référence du Norvegian Institute of Public Health, ce qui indique que les mesures de maîtrise mises en place, y compris la fermeture volontaire du café, ont permis de mettre fin à l'épidémie.

Nous recommandons une surveillance moléculaire pour la détection et l'investigation des épidémies, des mesures d'hygiène renforcées en cas de contamination environnementale établie et une sensibilisation aux longues périodes d'incubation dans lesquelles une contamination à faible dose peut être un facteur déterminant de la transmission.

NB: On lira aussi cet article de 2017 qui traite de cette contamination à Salmonella dans un café-restaurant d'Oslo.

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