jeudi 5 décembre 2019

Surveillance du SHU chez l’enfant de moins de 15 ans en France en 2018


Annonce : S’agissant de l’information à propos des rappels de produits alimentaires, pour le moment, il ne faut pas faire confiance à nos autorités sanitaires (Ministère de l’agriculture et DGCCRF). Ces deux entités ont fait et font toujours preuve d’une incroyable légèreté et d’un manque d’informations fiables vis-à-vis des consommateurs avec comme corollaire une absence de transparence en matière de sécurité des aliments.

Santé publique de France nous informe sur la Surveillance du syndrome hémolytique et urémique post-diarrhéique chez l’enfant de moins de 15 ans en France en 2018, misà jour le 12 septembre 2019.
Le syndrome hémolytique et urémique est une complication principalement rénale des infections à Escherichia coli  producteurs de Shiga-toxines (ou STEC). Rare, mais grave, il touche surtout le jeune enfant.

Pour Santé publique de France, il y aurait de « 100  à 160 cas par an notifiés en France ». J’ai du mal à comprendre cette façon de présenter les choses car les cas de syndrome hémolytique et urémique pédiatrique sont constamment supérieures à 100 depuis 2008 ...
En 2018, 154 cas de syndrome hémolytique et urémique pédiatrique ont été notifiés à Santé publique France. L’incidence annuelle du SHU pédiatrique était de 1,33 cas/105 personnes-années (PA) chez les enfants de moins de 15 ans, légèrement plus faible qu’en 2017 (1,40 cas/105 PA). L’incidence annuelle est maximale chez les enfants de moins de 3 ans (4,44 cas/105 PA) et diminue avec l’âge. En 2018, trois épisodes de cas groupés de SHU pédiatrique en lien avec la consommation de reblochons au lait cru, fabriqués par des producteurs différents, ont été investigués et ont fait l’objet de mesures de gestion.

Cela étant, il est important de noter que dans les cas groupés d’infection à STEC, « 17 investigations épidémiologiques ont été menées en 2018 suite à divers signalements » et « Pour la grande majorité, aucune source commune de contamination n’a été identifiée. »
Ces épisodes soulignent le risque associé au lait cru et aux fromages au lait cru. Il est nécessaire de privilégier des messages de prévention, en particulier auprès des populations les plus sensibles dont les jeunes enfants.

Episodes de l’année 2018
Certaines régions sont plus touchées par le syndrome hémolytique et urémique pédiatrique
En France, les taux d’incidence régionaux présentent chaque année une disparité importante. En 2018, les taux d’incidences régionaux les plus élevés ont été observés en Bourgogne-Franche-Comté (3,16 cas/105 PA), Bretagne (2,43/105 PA) et Normandie (2,19/105 PA). Ces régions figurent parmi celles qui présentent habituellement une incidence de SHU pédiatrique plus élevée.

Caractéristiques microbiologiques
Le sérogroupe le plus fréquemment observé était O26 (31 % des 133 cas de SHU avec un résultat d’analyse de selles disponible), suivi par le sérogroupe O80 (14 % des cas) (tableau 3). L’augmentation du nombre de cas de SHU associés à un STEC O157 observés en 2017 ne s’est pas poursuivie et ce sérogroupe ne représente que 8 % des cas en 2018.

Dans le cadre de la prévention du syndrome hémolytique et urémique de l’enfant, deux catégories d’aliments sont notamment en cause : les viandes hachées et les produits à base de lait cru.

Les viandes hachées.
Pour prévenir le SHU :
  • La chaîne du froid doit être respectée.
  • La viande hachée par le boucher à la demande doit être consommée dans la journée, et les steaks hachés surgelés ne doivent pas avoir subi une rupture de la chaîne du froid ou une décongélation.
  • La cuisson des viandes, et surtout de la viande hachée de bœuf, doit être effectuée à cœur. Pour cela, il faut s’assurer que la viande est cuite au centre et qu’elle n’est plus rosée.
Le lait cru
C’est un aliment très fragile qui peut être facilement contaminé par des bactéries. Le lait cru et les fromages à base de lait cru ne doivent pas être consommés par les enfants de moins de 3 ans ; préférer les fromages à pâte pressée cuite(type Emmental, Comté, etc.), les fromages fondus à tartiner et les fromages au lait pasteurisé.

Plus largement, la prévention du syndrome hémolytique et urémique de l’enfant passe, comme pour toute toxi-infection alimentaire, par le respect de gestes simples :
  • Le lavage des mains doit être systématique avant la préparation des repas, en sortant des toilettes ou après avoir changé les couches d’un nourrisson.
  • Les légumes, les fruits et les herbes aromatiques doivent être soigneusement lavés, particulièrement lorsqu’ils sont consommés crus.
  • Les plats cuisinés et les restes alimentaires doivent être suffisamment réchauffés et consommés rapidement.
  • Les enfants ne doivent pas boire d’eau non traitée (eau de puits…)
  • La conservation des aliments crus doit se faire séparément des aliments cuits ou prêts à être consommés.
  • Les ustensiles de cuisine et le plan de travail doivent être soigneusement lavés, en particulier lorsqu’ils ont été en contact préalablement avec de la viande crue.

NBLAnses indique « un mode de cuisson des steaks hachés plus adapté aux jeunes enfants permettrait une réduction significative du risque (cuisson à cœur à une température de 70°C). »

On pourra aussi lire Quand la cuisson « à cœur » du steak haché sera-t-elle une fois pour toute réglée pour les personnes à risque?

Complément du 29 décembre 2019On lira la note de service de la DGAL (DGAL/SDSSA/2019-365 du 02-05-2019), « Prévention de la consommation de fromages au lait cru par les enfants de moins de 5 ans ».
La présente instruction porte un message de prévention visant à éviter la consommation de fromages au lait cru par les enfant de moins de 5 ans.

A la suite « Des épidémies d’infections à EHEC en lien avec la consommation de fromages au lait cru ont été rapportées en France à plusieurs reprises » et comme en France, on n’assure que la surveillance épidémiologique du syndrome hémolytique et urémique pédiatrique
Les ministères de la santé et de l'agriculture ont convenu d'un message de prévention qui est le suivant :
  • le lait cru et les fromages au lait cru présentent un sur-risque important d'infection bactérienne chez l'enfant, surtout pour les moins de 5 ans ; ce sur-risque diminue avec l'âge jusqu'à 15 ans où il rejoint la normale, d'après les études ;
  • les enfants de moins de 5 ans ne doivent en aucun cas consommer ces produits, les cas observés ces dernières années confirment la sensibilité des enfants de cette tranche d'âge, chez lesquels les symptômes peuvent être dramatiques ;
  • ces préconisations sont également valables pour les autres populations à risque : femmes enceintes ou personnes immunodéprimées ;
  • les qualités nutritionnelles de ce type de produits, récemment soulignées par l'INRA, ne doivent en aucun cas occulter le risque sanitaire
Mais il n’est pas question que des fromages au lait cru consommés par les enfants de moins de 5 ans, il est rapidement fait état des steaks hachés ...
La note d'information interministérielle (DGS + DGAL) annexée à l'IT DGAL/SDSSA/O2007-8001 du 13 février 2007 reste toujours d'actualité : face au risque de syndrome hémolytique et urémique, « il faut impérativement, pour les consommateurs sensibles, cuire à cœur les steaks hachés c'est-à-dire à 65°C ».

Vous aurez noté la différence de températures de cuisson à cœur entre la recommandation du ministère de l’agriculture et celle de l’Anses … 65°C versus 70°C ...

La cerise sur le gâteau vient de ce qui suit, on apprend,
L'inspecteur qui constate que des fromages au lait cru ou des steaks hachés insuffisamment cuits sont servis à des enfants de moins de 5 ans le mentionne explicitement dans son rapport et évalue l'item « C6 : Conformité des produits finis » en « D – non-conformité majeure ».

Il ne doit pas faire cesser immédiatement ce genre de mauvaises pratiques ?

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