jeudi 2 janvier 2020

La Pologne, les volailles et Salmonella, une situation inextricable


Depuis un certain nombre d’années, quatre à cinq ans, voire plus, la Pologne rencontre des problèmes récurrents avec Salmonella que ce soit au niveau de ses volailles que de ses œufs sans oublier, en octobre 2016, les steaks hachés surgelés de Pologne destinés à une banque alimentaire de France

Voici que « La Pologne tente de lutter contre Salmonella dans la volaille », source article de Joe Whitworth paru le 2 janvier 2020 dans Food Safety News.

Avant d’aborder l’article proprement dit quelques éléments contextuels sur la Pologne en 2019 : le pays est devenu le premier pays de l’UE avec le plus de notifications pour les produits d’origine Pologne avec 300 notifications au RASFF de l’UE versus 185 en 2018, c’est dire …

La Pologne a ravi cette première place à la France qui, en 2018, était en tête avec 215 notifications au RASFF de l’UE versus 191 en 2019 (désormais à la deuxième place de ce classement atypique) ...

La Pologne tente de lutter contre le nombre élevé et croissant d'alertes liées à Salmonella dans les produits de volaille fabriqués dans le pays.

La DG Sante, l'unité de la Commission européenne chargée de la politique de sécurité sanitaire des aliments et de la santé, a cherché à savoir si la production et la mise sur le marché de volailles étaient conformes à la législation de l'UE et a fait état de constatations principalement positives.

L'audit en Pologne en mars et avril 2019 a inclus des visites dans un laboratoire vétérinaire régional, six abattoirs et sept ateliers de découpe. Les établissements à faible risque sont soumis à des contrôles une fois tous les 12 mois; les sites à risque moyen en ont une fois tous les six mois et les usines à haut risque une fois tous les trois mois.


Le plan officiel de prélèvements détecte plus souvent Salmonella
Entre janvier 2016 et mars 2019, 181 notifications du système d'alerte rapide pour les denrées alimentaires et les aliments pour animaux (RASFF) (44 en 2016; 50 en 2017; 65 en 2018 et 22 jusqu'en mars) concernaient la Pologne et Salmonella dans les produits de viande de volaille.

Un nombre impressionnant de 170 notifications au RASFF (ce chiffre est en fait encore plus impressionnant avec 194 notifications d’alerte -aa) concernait Salmonella et de la viande de volaille de Pologne en 2019 avec des sérotypes comprenant Enteritidis, Typhimurium, Infantis, Newport, Kentucky et Bredeney.

Sur la base des informations fournies par les autorités pour le premier semestre 2018, si Salmonella est présent, la probabilité de détecter ce pathogène dans le plan de prélèvements de l'entreprise est trois fois plus faible que lors du plan officiel de prélèvements. Ces données indiquent pour le second semestre 2018 une probabilité 2,5 fois plus faible.

Les autorités ont mis en place des procédures officielles de prélèvements spéciales au niveau des abattoirs pour vérifier la fiabilité de l'échantillonnage des autocontrôles des entreprises, qui donnent des taux de détection de Salmonella beaucoup plus faibles. Ils ont également revu les laboratoires privés agréés pour trouver la cause première de l'augmentation des notifications au RASFF.

L'Institut national de recherche vétérinaire (PIWet Puławy) a inspecté sept laboratoires privés effectuant des analyses pour des abattoirs de volaille. Après ces vérifications, cinq ont vu l'approbation pour les analyses de détection de Salmonella spp. retirée.

Selon le rapport d'audit, bien que les mesures de suivi des notifications au RASFF et des incidents alimentaires aient été rapides et complètes, elles n'ont généralement pas été efficaces pour prévenir la réintroduction de Salmonella dans la chaîne de transformation de la viande de volaille.

Un audit précédent avait mis en évidence des lacunes dans l'application des mesures nationales dans les établissements de production à faible volume : insuffisances sanitaires au niveau du site non détectées lors des inspections par les autorités, supervision et contrôle insuffisants de l'utilisation des additifs alimentaires et étiquetage des viandes séparées mécaniquemen et des problèmes liés aux mesures prises par les autorités en cas de résultats positifs dans les analyses officielles de Salmonella.

Lors de la dernière visite, dans un abattoir de sauvagine (oiseaux aquatiques sauvages) et de poulets de chair avec une usine de découpe et un établissement de produits à base de viande, l'équipe d'audit a noté que les capacités approuvées ne permettaient pas un nettoyage et une désinfection adéquats ou ne fournissaient pas un espace de travail requis pour la performance hygiénique des opérations.

En outre, la dernière modification d'une décision d'approbation en mars 2018 a permis à l'entreprise d'augmenter sa capacité d'abattage et de transformation malgré plusieurs notifications au RASFF dues à Salmonella et une à Campylobacter en 2017 et 2018.

Les vétérinaires autorisés paient les problèmes rencontrés
Selon les données officielles des plans de prélèvements de 2017, 1 119 lots de viande de volaille fraîche, y compris les carcasses, ont été analysés pour Salmonella spp. dont 118 n'étaient pas conformes car 55 étaient positifs pour Salmonella Enteritidis ou Typhimurium.

Le laboratoire officiel régional a analysé 780 échantillons officiels de produits de viande de volaille pour les critères microbiologiques en 2018 et 107 n'étaient pas conformes.

Dans deux usines de produits de viande de volaille visitées, il y avait de sérieuses exigences structurelles et d'hygiène qui n'avaient pas été détectées ou corrigées par aucun niveau des autorités de contrôle.

Selon le rapport d'audit, le nombre d'agents officiels en baisse, leurs bas salaires et la rémunération liée à la production des vétérinaires autorisés impactent l'application de la législation de l'UE.

L'équipe d'audit a été informée que le nombre de vétérinaires autorisés impliqués dans les contrôles officiels des établissements de viande était de 3 318 en 2018 et est resté constant entre 2016 et 2018. Cependant, au cours de la même période, le nombre de vétérinaires officiels permanents a diminué de 141, la plupart d'entre eux (90 ) dans les districts, de 2172 en 2016 à 2031 en 2018.

Un responsable de la sécurité des aliments devait superviser 45 établissements agréés avec une fréquence minimale de contrôles de une à quatre fois par an et un autre approuvé pour l'exportation aux États-Unis nécessitant un audit mensuel de deux jours et 262 entités alimentaires. Le fonctionnaire doit également participer à des audits au niveau régional de deux jours tous les trois mois et superviser 30 vétérinaires autorisés assignés dans le district.

Les vétérinaires autorisés sont payés en fonction du nombre d'animaux inspectés ou de la quantité de viande introduite dans l'atelier de découpe qu'ils supervisent. Si l'établissement est arrêté pour une raison quelconque, ils ne sont pas payés pour cette période. Ce système de paiement sape leur indépendance dans des situations où les mesures d'exécution nécessaires à prendre sur place incluraient l'arrêt des opérations d'abattage.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.